[alerte] - Jean-Michel Bérard - 12 novembre 2017

jean-michel.berard xx orange.fr

Table des matières

[alerte] - JM Bérard – 12 novembre 2017

Nostalgie

Moi mon colon, celle que j’préfère c’est la guerre de 14 18

Alcoolisme

Les paradise papers

Parole d’évangile : gag 2.0, le pape vs les smartphones

Documents à votre disposition

Orthographe

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Fin de la lettre du 12 novembre 2017

 

 

 

Nostalgie

https://www.youtube.com/watch?v=bKQZy2PJtq8

https://www.youtube.com/watch?v=FyM8NVl4yBY

Ne soyez pas stressés comme cela : prenez un peu de temps pour cliquer sur les liens. Un peu d’air frais.

La pièce Émilie Jolie est superbement reprise

https://www.emilie-jolie.com/dates/

C’est magnifique, même pour un adulte nostalgique. Mais c’est aussi superbe de le voir avec un enfant. Réjouissez-vous, ce n’est pas que pour les parisiens, cela tourne dans les régions.

Moi mon colon, celle que j’préfère c’est la guerre de 14 18

Brassens https://www.youtube.com/watch?v=l2F5qaHzkj0

(L’un des lecteurs du site sur lequel j’ai trouvé ce lien croit utile de préciser que c’est une chanson pacifiste ! Il a peut-être raison : beaucoup ne sont pas sensibles au second degré.)

Ce 11 novembre des enfants (volontaires éclairés ?) des conservatoires municipaux, des enfants (volontaires éclairés ?) des écoles et tout un ensemble de personnes à écharpe tricolore ou à signes de reconnaissance d’anciens combattants sont rassemblés au son des tambours et du clairon devant la mairie. C’est le 99e anniversaire de l’armistice (nom masculin) de 1918, signé par les autorités à 5 h 15 du matin et annoncé par les clairons sur tous les champs de bataille à 11 heures Combien de morts entre-temps ? On rend hommage à juste titre au soldat inconnu, mais que dire du dernier mort avant le signal de fin ? C’est la loterie… Pas de chance…

Jusqu’à l’an dernier, on pensait que l’arme atomique, terrifiante, était la dissuasion absolue contre la guerre. : elle existe pour que personne n’ose s’en servir. On voit bien aujourd’hui que divers docteurs Folamour ne partagent pas cette opinion, qu’ils sont prêts à s’en servir et que des tueries de masse sont donc encore possibles. Mais des boucheries de masse comme 14-18 semblent aujourd’hui impossibles : il n’y a plus de conscrits à envoyer à la boucherie. On fait la guerre à distance sur des écrans. Mes lecteurs historiens me démentiront peut-être, il me semble que la guerre de 14-18 était un pur conflit économique entre les grandes entreprises des pays, pimenté par quelques ambitions territoriales sur l’Alsace et la Lorraine. Les expressions pacifistes étaient peu développées, même chez les enseignants. L’école primaire tant regrettée de Jules Ferry a formé des générations d’enfants à considérer que « mourir pour la patrie est le sort le plus beau, le plus digne d’envie. » Ça au moins c’était une bonne école, pas dégradée par l’écriture inclusive. C’était la vraie égalité : tout le monde pouvait se faire tuer. On partait gai et la fleur au fusil. Bon, il y avait sans doute des planqués, mais n’en parlons pas, cela gâcherait le tableau. Quant à l’Église catholique romaine (pilier de la civilisation française, dit-on !) elle a toujours béni les armes. (Bon, j’avoue, je ne sais pas si c’est encore vrai en 2017.) Il est plus chrétien de donner la mort avec une arme ayant reçu une bénédiction. Et c’est aussi une consolation pour celui qui est tué.

Je pense à tous ceux, de tous les pays, qui sont morts (y compris à mon grand-père mort d’une bronchite à Verdun. Il avait été appelé à la guerre par le tocsin pendant que ma mère, sa fille, naissait dans un chalet de montagne), je pense à ceux qui survivaient, moins bien traités que des animaux de compagnie, dans les tranchées épouvantables et en sortaient pour servir de viande à boucherie à la mitraille d’en face, je pense à tous ceux qui, ne voulant plus servir de viande à boucherie, ont été fusillés pour l’exemple sur ordre de leurs officiers, aux femmes qui ont acquis un droit à l’existence sociale en faisant tourner la société pendant que les hommes étaient à la guerre. De tous les pays. Et à tous ceux que j’oublie. Merci de m’envoyer des messages pour me dire qui j’ai oublié.

Alcoolisme

Source Le Monde 18 octobre 2017, tribune libre de Martine Daoust et Mickaël Naassila de la société française d’alcoologie.

C’est dès le primaire qu’il faut sensibiliser les enfants aux risques liés à la consommation d’alcool. Pour être efficace cette action doit mobiliser toute la communauté éducative et impliquer les parents. La proportion d’élèves déclarant avoir déjà été ivres au cours de leur vie passe de 6 % parmi les élèves de 11 ans à 41 % parmi les élèves de 15 ans.

Avant de citer quelques passages de l’article, que j’approuve, je crains que cela ne soit difficile. Les producteurs d’alcool ont réussi à faire considérer le vin comme un élément intouchable de la culture française. Les lois destinées à réduire la consommation d’alcool sont progressivement sapées, les dégâts économiques et sociaux causés par la consommation d’alcool ne sont que timidement pris en compte dans les questions de santé publique.

Tout est rentré à l’école, éducation à l’environnement, au Code de la route, aux gestes qui sauvent. L’alcool, on n’y arrive pas.

Les professionnels du champ sanitaire s’alarment régulièrement de l’épidémie massive d’alcoolisation constatée chez les jeunes. C’est aussi le cas pour le cannabis. Plus la consommation est précoce, plus les effets à long terme sont importants. [Remarque JM B : bien qu’en très grande partie inefficace, la lutte contre la consommation de cannabis est tonitruante et médiatisée. Consommer du cannabis met en péril les consensus sociaux. Pas l’alcool, qui fait partie du consensus social. Après cela on n’a plus le temps de parler d’alcool, dont les ravages sociaux sont à mon avis plus importants.]

L’école trébuche sur les dernières marches de la prévention des conduites à risque. L’alcool restant de loin la substance la plus consommée, la plus accessible, la plus ancrée dans la société.

Les paradise papers

Vous avez comme moi suivi ce feuilleton. Une fois la semaine écoulée, où les auteurs de l’étude ont découpé en tranches et livré petit à petit les résultats pour se ménager une audience suffisante, les conclusions sont d’une limpidité totale : les personnes très riches et les grandes entreprises pratiquent des méthodes, légales, presque légales ou pas légales du tout, d’optimisation fiscale, en clair des techniques pour échapper le plus possible à l’impôt.

Gérard Longuet, homme politique de la droite ultralibérale, déclare même que c’est tout à fait normal, car l’impôt en France est « confiscatoire ». On ne sait pas ce que veut dire ce terme, mais cela évoque une terreur fiscale qui fait peur. Il est bien normal de ne pas payer ses impôts à un monstre ! Rappel : homme politique très engagé à l’extrême droite (Occident, GUD) Longuet a exercé plusieurs mandats de député ou de sénateur et a été plusieurs fois ministre. Cela a semble-t-il peu formé son sens de l’État !

Je maintiens que, sauf peut-être dans de très rares modèles de sociétés à faible population fonctionnant sur des structures sociales très originales, je n’imagine pas une société structurée où l’on vive sans impôts. Il faut un système de santé, un système de police et de justice, une armée, un système éducatif, des infrastructures d’équipement… Je sais bien. Pour l’éducation, en France, plusieurs courants politiques ultralibéraux de droite préconisent de supprimer l’éducation nationale et, avec les impôts économisés, de laisser chaque famille acheter le système scolaire privé qu’elle souhaite. C’est aussi aux États Unis la thèse des partisans de Trump qui estiment que ce n’est pas à l’état de s’occuper de la sécu et que c’est à chacun de se débrouiller pour acheter, ou pas, les assurances qu’il veut. C’est beau la liberté individuelle. Mais les hôpitaux US ne sont pas tenus de soigner ceux qui n’ont pas souhaité, ou ont estimé ne pas avoir les moyens d’acheter une assurance. Une fois leur survie immédiate assurée (exemple : stopper une hémorragie sans en soigner la cause), on les met hors de l’hôpital.

Pour les personnes privées, on peut à raison estimer que l’impôt est mal réparti, favorisant certaines couches sociales et en défavorisant d’autres. On peut estimer que le produit de l’impôt est mal utilisé par l’État. Cela se discute, lors d’élections, de mouvements sociaux, de négociations sociales. Mais cela ne met pas en cause la nécessité de l’impôt. J’ai vraiment du mal à supporter l’idée que les personnes très riches peuvent organiser une « optimisation » visant à échapper aux impôts.

Pour les entreprises, je suis encore plus sévère. Au XIXe siècle il y avait une bourse, de la spéculation, des scandales. Mais au total il me semble (illusion de ma part ?) que capital s’investissait beaucoup dans les moyens de production, usines, machines, personnel humain (qui faisait partie des moyens de production.) Les ouvriers avaient peu de droits, mais le capital s’investissait beaucoup dans la production. Ce n’est plus du tout le cas : le capital est surtout un capital financier, il faut servir des intérêts importants aux actionnaires, et il est souvent de meilleur rapport d’investir dans des produits financiers que dans la production. Et bien sûr il faut « optimiser » les impôts, pour ne pas priver les actionnaires de toutes les sommes pourtant dues aux États. Je sais, beaucoup se disent « voici encore les ressassements de JM B. » Il me semble pourtant que les paradise papers en sont une démonstration évidente.

Un exemple (je laisse un peu courir mon imagination, je ne suis pas économiste.) Une entreprise d’une grande marque automobile étrangère s’est installée dans le nord de la France. Je n’essaie pas d’imaginer les contreparties qui leur ont été offertes dans les négociations préalables. Mais tout de même les actionnaires ont fait leurs calculs, et constaté que, impôt confiscatoire ou non, cela valait le coup de s’installer en France. L’entreprise dispose du coup de réseaux routiers, ferrés, de réseaux d’alimentation en énergie et en internet bien entretenus et payés par les impôts. Elle dispose d’une main-d’œuvre qualifiée, titulaire de Cap, de Bep, de Bts, de diplômes universitaire ou de diplômes d’ingénieurs acquis dans le système éducatif français payé par les impôts. Elle dispose d’une main-d’œuvre en bon état de marche grâce au système de santé. Les enfants du personnel bénéficieront de l’école et de l’université. Je ne sais rien sur les pratiques de cette entreprise. Je suppose qu’elle pratique aussi l’optimisation fiscale. Si c’est le cas, c’est très choquant, compte tenu de tout ce que lui apportent les impôts français. Mais on ne peut de nos jours espérer que les actionnaires (qui sont souvent des fonds de pension ou des sociétés sans visage humain) aient des sentiments. Cela ne fait pas partie du jeu.

Parole d’évangile : gag 2.0, le pape vs les smartphones

Télérama.fr 10 novembre 2017, Emmanuel Tellier

Quels fragments de nos vies parviennent encore à échapper à la smartphonite aigüe, cette affection virale qui pousse nos contemporains à filmer tout ce qui leur passe sous les yeux : plat au restaurant, célébrité dans la rue, belle-maman promenant le chien [Je proteste : c’est une atteinte à la dignité des belles-mères : il serait ridicule de les photographier, alors qu’il est normal de photographier sa mère. Remarquez c’est facile : il suffit que le conjoint prenne la photo pour renverser la situation JM B] L’invasion des téléphones portables a atteint des proportions telles que même le pape François a décidé d’en faire un sujet lors de son audience hebdomadaire place Saint-Pierre : « Cela me rend triste quand je célèbre la messe et que je vois tant de téléphones portables en l’air. […] Pas seulement des fidèles mais aussi des prêtres et même des évêques. La messe n’est pas un spectacle. » À peine prononcé le sermon circulait déjà sur les réseaux sociaux, filmé par des centaines de téléphones portables. Vertigineux.

Bien sûr, tous les croyants qui entendaient le pape se sont donnés pour mission de diffuser la bonne parole. Avec leurs téléphones portables. Les croyants pensent que, à l’époque du Christ, les apôtres ont reçu le don des langues pour porter sa Parole dans le monde entier. Plus besoin de don des langues pour échanger (j’allais dire bêtement : pour se parler.) Les réseaux sont là. Le signe est-il porteur de sens ?

Documents à votre disposition

Grâce à Chris Boissin, magicien à la fois de ma mémoire et de la mémoire de mon ordinateur, j’ai à nouveau accès à un espace que j’avais créé pour mettre à disposition divers documents (textes, photos). Je n’ai recherché aucune cohérence, ces documents sont là parce qu’ils me semblent pouvoir vous intéresser. Flânez, cliquez. Je pense que dans des moments de détente vous pouvez trouver ici de quoi vous régaler.

http ://alerte.entre-soi.info/nuage

Ou encore

https://drive.google.com/drive/folders/0B_Wky0_FwW1tekd3aXNsOEpwVk0

J’ai essayé tous les documents, cela fonctionne. Pour certains documents un message s’affiche « un petit problème est survenu » (petit problème, petit dessert, petite piqure… Quelle est l’unité de mesure ? Quel est le degré à partir duquel un problème est grand ?) il suffit de cliquer sur télécharger comme le propose le message. J’ai retrouvé avec plaisir des documents dont j’avais un peu oublié l’existence. Je constate que malheureusement je n’ai pas suivi mes propres conseils : beaucoup de documents ne sont pas datés, le nom de l’auteur manque sur certains.

Orthographe

Ce texte est écrit dans l’orthographe recommandée 1990 en suivant, si je n’ai pas fait d’erreur, les recommandations du logiciel « Le Robert Correcteur ».

http ://www.orthographe-recommandee.info/

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Inscription sur la liste de diff sur simple demande. On peut aussi se désinscrire, sans même avoir à remplir un long questionnaire pour savoir les raisons du départ ! Les adresses des destinataires n’apparaissent pas lors de l’envoi.

Vous pouvez m’écrire à

jean-michel.berard XX orange.fr

Ce qui est écrit dans cette lettre n’engage strictement que moi, sauf bien sûr s’il s’agit de la citation d’un appel ou d’un communiqué.

Les remarques et réactions que vous m’envoyez concernant ce que j’écris me sont précieuses, indispensables, car elles font rebondir la réflexion.

 

Les messages que vous m’envoyez, s’ils concernent le contenu de la lettre [alerte], sont réputés pouvoir être diffusés dans la lettre, un peu comme le courrier des lecteurs qui écrivent à un journal, mais sans que votre nom soit cité. Si en m’envoyant une réaction à propos de la lettre vous ne souhaitez pas du tout qu’elle soit publiée, merci de me le signaler.

Outre l’envoi par courrier électronique sur simple demande, les lettres [alerte] sont consultables sur

http ://alerte.entre-soi.info

Fin de la lettre du 12 novembre 2017