[alerte] - JM Bérard - 26 octobre 2019

Table des matières

 

La gauche des peuples, l’esprit de lutte

Compteur linky, suite

Everest, une irrésistible ascension

Un peu d’histoire, contre la torture

Torture en Algérie

CGU de la lettre [alerte] mise à jour du 4 janvier 2019

Fin de la lettre du 26 octobre 2019

 

 

****************************

Les lettres [alerte] sont disponibles sur

http://alerte.entre-soi.info

****************************

Ce texte a été revu par le logiciel Antidote (orthographe, grammaire, langue). J’ai choisi l’option « orthographe rénovée 1990. » Ce logiciel m’a été recommandé par la linguiste Danièle Cogis.

****************************

La gauche des peuples, l’esprit de lutte

Texte complet de la lettre de Laurent Joffrin du 25 octobre 2019.

Attention : la lettre de Joffrin est soumise à droit d’auteur, j’ai demandé et obtenu l’autorisation de la citer intégralement, vous n’avez pas ce droit et ne pouvez donc pas transmettre ce texte.

Jai demandé à Libération le droit de reproduire ces billets de Joffrin dans la présente lettre [alerte]. J’ai cet accord, le seul « prix » que j’aie à payer est un échange de références, et je cite donc les références :

www.liberation.fr https://ptitlibe.liberation.fr/accounts/login/

La gauche disparait ? En France peut-être, tant le duo formé par macronisme et lepénisme tend à occuper la scène publique, en l’absence d’une alternative crédible dans le camp divisé de la justice sociale. Dans beaucoup de pays, les organisations progressistes traditionnelles ont décliné, voire sont marginalisées. Mais un peu partout sur la planète, une gauche des peuples prend le relai des appareils défaillants. Quoique disparates, issus de situations très différentes, plus de dix mouvements populaires agitent les nations, au même moment, sur plusieurs continents. Que demandent-ils ? Plus de démocratie, plus de justice sociale. Autrement dit des thèmes qui composent le patrimoine le plus classique de la gauche sous toutes les latitudes.

Au Chili, des manifestants nombreux et déterminés rejettent le libéralisme économique outrageusement inégalitaire mis en œuvre depuis des décennies.

En Bolivie, les protestations portent sur le fonctionnement de la démocratie, confisquée aux yeux des manifestants par le président Morales, qu’on accuse de tricherie électorale.

En Équateur, on met en cause une classe politique gangrenée par la corruption et la tentation autoritaire.

À Hongkong, on défile sans relâche pour dénoncer l’inféodation du gouvernement à la dictature chinoise, tout en stigmatisant les inégalités sociales excessives qui sévissent dans l’archipel.

Au Liban, la population récuse la classe dirigeante et la rébellion s’étend jusqu’à la contestation du pouvoir omniprésent du Hezbollah.

En Algérie, le mouvement de protestation contre un régime brutal, corrompu et néanmoins inamovible ne faiblit pas.

En Égypte, l’opposition au gouvernement, quoiqu’en phase d’accalmie, reste virulente.

En Irak, une partie du peuple se rebelle contre des dirigeants également corrompus et accusés de laisser la part trop belle à l’influence iranienne.

En Guinée, les manifestants mettent en cause la «présidence à vie» d’Alpha Condé et réclament plus de démocratie.

Etc.

Sociologues, journalistes, analystes divers mettront en exergue les différences entre tous ces mouvements. Il n’empêche : un hasard – qui n’en est pas vraiment un – fait que dans dix pays, simultanément, une partie de la population s’insurge contre le manque de démocratie et contre des inégalités béantes. Tous ces protestataires demandent de nouvelles formes démocratiques, de nouveaux dirigeants élus régulièrement, et une plus grande redistribution des richesses. Tous ont deux ennemis : la malgouvernance, le libéralisme sans frein.

Les grands esprits du haut de leur implacable lucidité diront ensuite, en ces temps de nationalisme, de démagogie populiste et de réaction identitaire, que les valeurs de liberté et de progrès social n’intéressent plus personne.

Ce texte de Joffrin va à l’encontre de mon pessimisme habituel. L’avenir, selon lui, ouvre quelques perspectives, puisque les peuples se réveillent.

Mais alors, où en sommes-nous ? Sur l’état de notre cadre de vie, il me semble que, excepté les négationnistes qui suivent Trump de façon irresponsable, le consensus est assez général sur l’existence du réchauffement climatique, la pollution de l’air, des eaux, la montée du niveau de la mer qui entrainera d’immenses déplacements de population, la fonte des glaciers et des glaces polaires, le dégel du permafrost, la perte de la biodiversité, l’évolution de la production d’aliments vers des priorités qui vont affamer une grande partie des populations, du fait des choix faits par les tenants d’une agriculture visant plus le profit que le fait de nourrir les populations, l’appropriation par le privé de biens vitaux comme l’eau, les forêts… (Bon, ça va ! C’est une phrase longue, d’accord, mais Proust faisait des phrases beaucoup plus longues. Et je ne me couche pas de bonne heure.) J’en oublie ? Oui, surement. Je parle de tout cela au fil de ces lettres, rien de nouveau pour vous, lecteurs. Les divergences portent d’une part sur le fait de savoir quelle part de ces catastrophes est due à l’homme et d’autre part sur les délais dans lesquels ces catastrophes créeront pour la vie des humains sur Terre des inconvénients majeurs. Les associations militent activement, l’information à ce sujet se développe, mais on doit bien constater aussi qu’il y a un grand consensus des dirigeants des pays industrialisés pour ne prendre aucune mesure efficace. La crainte est que des mesures efficaces contribuent au chômage, thèse controversée. En France, le Président de la République fait de moins en moins illusion dans le rôle de grand défenseur de la nature et en même temps de la civilisation du pétrole.

En même temps, j’ai déjà cité des articles ici, des auteurs de plus en plus nombreux évoquent une crise globale du système économique dominant, appelons-le capitalisme pour faire simple. Surendettement des entreprises, fragilité des banques qui détiennent toujours, depuis la crise de 2008 des actifs pourris, difficultés de définir une politique efficace pour le Fonds Monétaire International.

Catastrophes écologiques, crise économique, développement des luttes. Beaucoup d’économistes nous rassurent : continuons comme cela, de toute façon depuis la chute du mur et à part quelques exceptions très locales, nous ne connaissons pas d’autre mode de production viable. Il me semble que c’est un peu à courte vue : nous ne connaissons pas d’autre mode de production, il n’y a donc pas de structures organisées, genre internationale communiste, qui agissent de façon structurée pour mettre en place un autre mode de production. Mais cela n’empêche pas du tout que le mode de production actuel s’effondre dans ses propres impasses. Que se passera-t-il ? Je doute qu’il existe des prophètes sérieux qui puissent répondre. Sos, si vous êtes un prophète sérieux, écrivez un article pour la prochaine lettre.

Compteur linky, suite

J’ai fait une grande découverte scientifique. Je reçois de diverses associations des critiques contre le compteur linky. Or je n’ai pour ma part aucun problème avec ce compteur : il a été installé à ma demande, il n’y a pas eu d’erreurs de branchement, il n’a pas explosé… J’émets donc une hypothèse, sans grand espoir, car elle est très difficile à vérifier : il y a de nombreuses critiques sur linky ; les dysfonctionnements seraient-ils dus à l’angoisse des consommateurs ? Certains consommateurs se disent affectés par les courants CPL émis. Je pense que cela doit faire de la peine au compteur. Peut-on penser que d’autres comme moi émettent des signaux de sympathie positifs auxquels le compteur est sensible ? Il faudrait vérifier. Si cela se vérifie, c’est grave, car ce linky affectif, qui ressent les émotions des clients, serait le début d’une invasion technologique et affective des extra-terrestres. Je crois que j’ai déjà émis cette hypothèse, mais je n’ai eu aucun écho de votre part. Dans mon immeuble, mon compteur linky personnel est installé dans le couloir collectif, d’une jolie couleur moutarde. Il provoque la fureur de mes voisins qui craignent les courants CPL. C’est un effet collatéral positif, c’est agréable de provoquer la fureur des voisins sur des craintes totalement irrationnelles, beaucoup d’appareils dans nos domiciles utilisent déjà le CPL. Ou alors le CPL linky serait-il de couleur moutarde dans les fils, différent du CPL des autres appareils ?

L’enquête de Que Choisir auprès des consommateurs :

Bilan : les résultats de notre questionnaire et ceux du sondage convergent. Enedis devra donc rechercher d’autres arguments pour contester nos critiques. Les motifs d’insatisfaction sont identiques, les ennuis mentionnés, également. Poses mal réalisées, coffrages qui ne ferment plus alors qu’Enedis fournit aux installateurs des supports spéciaux pour compenser la surépaisseur de Linky, coupures de connexion sur les box Internet, installations qui disjonctent, chauffe-eaux (oui c’est bizarre, dans l’orthographe 1990 les mots composés sont considérés comme un seul mot, et l’on accorde sur la fin du mot ; et pourtant les chauffe-eaux chauffent de l’eau… Effet surprenant de l’application des règles) électriques ne fonctionnant plus pendant les heures creuses, appareils en panne… Sur ces anomalies, relevées aussi bien par les usagers sondés que par les abonnés à notre newsletter, nous avions déjà épinglé Enedis en 2017. Or elles persistent, même s’il s’en produit un peu moins.

J’ai toute confiance dans cette association de consommateurs et ne suis pas en mesure de contester à moi tout seul les résultats d’une enquête sérieuse. (Plus de mille personnes si ma mémoire est bonne). Simplement, sans que cela remette en cause les résultats de l’enquête, je tiens à dire que je n’ai pour ma part observé aucun de ces inconvénients. L’un de vous m’a signalé un problème rencontré par l’un de ses amis : dans sa maison de campagne, le compteur a été installé dans le jardin et a été envahi par les fourmis. Il a fallu le déplacer à l’intérieur de la maison. Apprenant cela, j’ai bien sûr, comme vous l’auriez fait vous-mêmes, protesté auprès de la ligue de défense de la biodiversité. On sait les conséquences funestes qu’aurait la disparition des abeilles, et l’on recommence avec les fourmis. Remarque : je pensais cette dernière phrase purement humoristique, mais en fait, compteur linky ou pas, je ne crois pas que les homm·es vivraient bien sans fourmis. (homm·es  est une graphie ironique pour « les hommes et les femmes. ») Lorsque j’occupais une maison avec un grand jardin, je me ruinais dans l’achat de produits chimiques, contre les fourmis, contre les « mauvaises » herbes… Je crois même avoir acheté des produits contenant du glyphosate, dont l’usage à l’époque n’était pas règlementé. J’ai changé et ai totalement résolu le problème : j’habite un tout petit immeuble qui n’a pas de jardin. Je plaisante à peine : a-t-on totalement pris en compte les effets négatifs de l’habitat pavillonnaire, en particulier pour des pavillons déjà construits, qu’il est difficile et coûteux d’isoler après-coup ? Il me semble aussi qu’un habitat pavillonnaire génère plus de déplacements qu’un habitat en immeubles.

Everest, une irrésistible ascension

Fondé sur un article du journal Le Monde, 25 octobre 2019.

En 1786, Balmat et Paccard effectuent la première ascension du Mont-Blanc. Pourquoi si tard, alors que la montagne était là depuis très longtemps ? Vous, mes cousins qui connaissez bien ces questions, avez-vous peut-être une hypothèse ? Il me semble que les personnes qui habitaient Chamonix cultivaient leurs prés, élevaient le bétail, mais n’avaient rien à faire au sommet des montagnes. Il fallait une évolution des mentalités pour qu’apparaisse le désir d’exploration, de connaissance, qui du coup poussait à aller là où il n’y avait aucune raison d’aller.

L’Everest est situé au Népal, 8848 m d’altitude, est identifié comme le plus haut sommet du monde. Il a été escaladé pour la première fois en 1953 par Edmund Hillary et Tensing Norgay

https://fr.wikipedia.org/wiki/Everest

Citation du journal Le Monde : durant les trente ans qui ont suivi le succès de l’expédition de 1953 moins de 500 personnes ont gravi le Toit du Monde. Aujourd’hui elles sont aussi nombreuses à le faire chaque année, créant de dangereux embouteillages au sommet. Charles Buffet, journaliste, écrit : « on est passé des expéditions nationales qui incarnent la fierté d’un pays à des expéditions purement commerciales. Même si elle reste un sport dangereux, l’expédition deviendrait une autoroute pour touristes fortunés. […] L’expédition n’est plus un but en soi pour les alpinistes soucieux de se faire un nom. Cela n’intéresse plus les alpinistes traditionnels, le géant himalayen est trop encombré, trop balisé. » Les escalades sont prises en charge par une agence commerciale, qui s’occupe de tout : avion, hélico jusqu’au camp de base, wifi, repas, guides, tentes, assistance médicale, prise en charge de 8kg de déchets, 96 000 euros. Nul ne dit que c’est facile, il faut en particulier s’entrainer longtemps avant de partir au manque d’oxygène. Mais tout de même, cela crée une saturation des itinéraires, par des personnes pas vraiment capables de les accomplir. Le guide François Damilano estime que ce serait une vision élitiste de la montagne que de tenter de restreindre les accès. Mais il reconnaît une nécessité de « régulation », en veillant à ce que les escalades ne soient pas réservées aux « ultrariches ». Pourquoi parler de cela ? Parce que me semble-t-il c’est devenu un problème préoccupant pour l’ensemble du monde. Le tourisme fait vivre Venise, mais le détruit massivement ! L’argent, les moyens techniques rendent de plus en plus facile le fait d’accéder « partout », mais à quel prix pour les destinations visées? Je dis cela, mais n’ai pas de solution. Il serait peu démocratique de réserver l’accès de sites trop fréquentés à des « ultrariches. » Mais en même temps peut-on laisser Venise, ou tous les grands sites touristiques mondiaux s’effondrer sous notre poids ? En tout cas, pour cette année, le Népal exige que les agences qui organisent une montée la proposent à un prix minimum de 31 500 euros, mais il n’a pas limité le nombre d’expéditions.

En Savoie, à Valloire-Saint Jean d’Arves, les trois aiguilles d’Arves ont été escaladées pour la première fois en 1839, 1873, 1878. Pourquoi si tard alors qu’elles sont là depuis… Je pense qu’il serait un peu facile d’attribuer ces escalades tardives à un manque de curiosité des habitants. Le Mont-Blanc n’a été escaladé que tardivement. Peut-être un sociologue pourrait-il nous dire pourquoi c’est à cette période seulement qu’on s’est mis à aller quelque part sans raison, juste pour revenir. Bon, d’accord, si on n’y va pas, on ne peut pas en revenir.

Un peu d’histoire, contre la torture

Je trouve l’émission d’histoire sur France inter de 13h30 à 14h très intéressante : vulgarisation synthétique, mais, je crois, rigoureuse, présentation vivante.

Aujourd’hui 24 octobre 2019 l’affaire Mis et Thiennot, 1946. Extrait de Wikipédia : Les chasseurs Mis et Thiennot sont accusés d’avoir tué le garde-chasse. À la mi-janvier 1947, André Le Troquer, avocat parisien et homme politique, vient assurer, à leur demande, leur défense. Il leur fera accepter un système de défense axé sur la rétractation de leurs aveux, qui auraient été signés sous la pression violente des policiers.

Entre juin 1947 et juillet 1950, trois procès en cour d'assises se succédèrent à Châteauroux, Poitiers et Bordeaux. Ils aboutiront à la condamnation de Raymond Mis et Gabriel Thiennot pour crime à des travaux forcés. Une requête en grâce présidentielle a abouti à leur libération en juillet 1954.

Il faut rappeler que ces évènements ont eu lieu en 1946. Les communistes avaient participé à la résistance de façon souvent héroïque, mais tout de même, ils étaient communistes ! Un article de l’Humanité :

https://www.humanite.fr/mis-et-thiennot-50-ans-dinjustice-568485

Extrait de l’Humanité : Parmi eux, Raymond Mis, vingt ans, et Gabriel Thiennot, dix-neuf ans. Le premier est un immigré d’origine polonaise. Le second fait partie d’une famille de militants communistes, connus pour leur rôle dans la Résistance.

L’enquête est traitée par une brigade de police mobile de Limoges, sous la direction d’un commissaire fasciste, Georges Daraud. « Pendant la Seconde Guerre mondiale, les choix de cet officier étaient ceux de la révolution nationale du maréchal Pétain et d’une coopération avec l’occupant nazi », a révélé Jean-Pierre Mignard, documents à l’appui. Georges Daraud a supervisé l’interrogatoire des jeunes hommes du 1er au 8 janvier 1947, à l’hôtel de ville de Mézières-en-Brenne. « Ce qui s’est passé dans cette mairie fut si épouvantable qu’il a ensuite fallu nettoyer les murs pour que le conseil municipal puisse s’y dérouler », raconte Léandre Boizeau, président du comité de soutien. « Raconte ? » Je préfèrerais qu’il fasse état de ses sources. Bon, il semble très convaincu, ne mettons pas ce qu’il dit en doute, ce serait sans doute trop long de citer ses sources dans un entretien. De plus cette affaire est si célèbre qu’il serait immédiatement recadré par d’autres personnes ayant étudié l’affaire s’il bluffait.

Dès le début, certains doutent de la culpabilité des accusés. Depuis, cinq requêtes en révision ont été déposées et refusées. En 2019, certains doutent toujours de la culpabilité de Mis et Thiennot. Un comité de soutien dépose une sixième requête en révision du procès. Les motifs de l’action de ce comité de soutien sont que les aveux de Mis et Thiennot ont été obtenus sous la torture. Le comité de soutien demande une modification de la loi afin que toute déclaration obtenue sous la torture soit considérée comme nulle. Je suis un peu étonné : je ne pensais pas que des aveux dont on semble certain qu’ils ont été obtenus sous la torture puissent être valides et je serais donc assez favorable à la révision de la loi. Certes la nouvelle loi sera difficile à écrire : quelle est la limite de la torture, quelles preuves pourront en apporter les torturés, comment protéger efficacement les droits des victimes du suspect torturé sans aboutir à une mise en cause systématique de l’action de la police ? C’est clair : il faut éviter la torture, non seulement pour respecter les droits de l’homm·e, mais par un simple souci réaliste d’efficacité. (Oui, c’est comme la dernière fois, l’écriture homm·e est ironique pour marquer la difficulté d’écrire « les hommes et les femmes. », alors que le point médian était censé résoudre cette difficulté. L’usage correct du point médian est, par exemple, les avocat·es, qu’il faut lire « les avocats et les avocates. » Pour taper le point médian, faire alt250.) Un regret : depuis quelque temps des scènes de grande violence exercée par la police contre des jeunes ont été souvent filmées et diffusées. Je ne doute pas que les enquêtes avancent, mais je n’ai pas connaissance des résultats. Ces faits ne répondent sans doute pas à la définition légale de la torture.

Rappel Wikipédia octobre 2019 : L’article 1 de la Convention des Nations Unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants est la définition juridique de la torture internationalement reconnue :

"Le terme "torture" désigne tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aigües, physiques ou mentales, sont intentionnellement infligées à une personne aux fins notamment d'obtenir d'elle ou d'une tierce personne des renseignements ou des aveux, de la punir d'un acte qu'elle ou une tierce personne a commis ou est soupçonnée d'avoir commis, de l'intimider ou de faire pression sur elle ou d'intimider ou de faire pression sur une tierce personne, ou pour tout autre motif fondé sur une forme de discrimination quelle qu'elle soit, lorsqu'une telle douleur ou de telles souffrances sont infligées par un agent de la fonction publique ou toute autre personne agissant à titre officiel ou à son instigation ou avec son consentement exprès ou tacite. Ce terme ne s'étend pas à la douleur ou aux souffrances résultant uniquement de sanctions légitimes, inhérentes à ces sanctions ou occasionnées par elles."

Spontanément me vient à l’esprit la mort atroce de Jean Moulin.

Torture en Algérie

Je n’ai pas parlé de la torture durant la guerre d’Algérie : une loi d’amnistie a été adoptée qui fait que les personnes poursuivies pour de tels faits sont amnistiées. Je ne suis même pas sûr d’avoir le droit d’en parler. Ce sont des lois raisonnables, assez souvent prises après un conflit, pour éviter d’éternelles divisions des populations entre elles. La loi d’amnistie a été votée, je ne pense pas qu’elle ait suffi a abolir les peines, les douleurs, les haines résultant de cette guerre. Wikipédia : La fin de la guerre d'Algérie de 1962 est suivie d'une large loi d'amnistie pour les actes commis en relation avec cette dernière, qu'ils soient du fait du FLN, de l'OAS ou des militaires français. Cette loi est complétée en 1966. Une troisième loi d'amnistie est votée en juillet 68. Un amendement présenté par le député socialiste Gaston Defferre prévoit la réintégration dans les cadres et leurs grades des officiers ayant participé à l'OAS.

Enfin, en 1982, François Mitterrand fait voter une quatrième loi, qui permet notamment aux généraux ayant organisé le putsch d'avril 1961 de toucher leur retraite d'officiers généraux et d'être réintégrés dans leurs décorations. 1961, un putsch séditieux.

Je ne pense pas que les harkis, qui avaient fait confiance à la France et la soutenaient, souvent au prix de leur vie, aient été aussi bien traités par la France. Je ne suis pas très familier du mode de raisonnement militaire, mais je crains bien que, aux yeux des décideurs français, les harkis au fond étaient un peu des traitres à leur propre patrie ! C’est un peu comme les convertis dans les religions ! Harkis fidèles à la France, mais traitres à l’Algérie !

Outre une position de principe contre la torture, je pense que les gradés et le pouvoir politique qui donnaient l’ordre de torturer en Algérie se trompaient lourdement. La torture peut permettre en urgence d’obtenir des renseignements, de collecter des noms, d’arrêter des réseaux, elle tente de semer la terreur. Mais il est clair que toutes ces guerres « contre les peuples » (Viet Nam, Algérie…) ne peuvent pas être gagnées militairement. La pratique de la torture suscite des réactions de réprobation, même de la part d’États qui sur ce point devraient mettre la sourdine. À terme les « guerres du peuple » obtiennent presque toujours le soutien des opinions publiques internationales, et les « ennemis du peuple », même très puissants comme les USA au Viet Nam doivent se retirer piteusement. Du coup les officiers se plaignent amèrement d’avoir été lâchés par le pouvoir politique, complotent, créent l’OAS. Pourtant un général n’est pas n’importe qui, il a fait des études, il a en particulier étudié l’histoire. Il devrait savoir que les guerres « contre le peuple » ne se gagnent pas militairement, et que au contraire elles se perdent politiquement. Bon, j’ai pris un vocabulaire marxiste pour désigner les « rebelles » par l’expression « le peuple ». C’est évidemment beaucoup plus complexe, il y a eu au sein des « rebelles » algériens de vifs conflits et l’on voit bien en 2019 que, même si la guerre a été « gagnée » par le FLN on est loin, en Algérie, d’en être sorti. Au lieu d’espérer la victoire, la France ne pouvait-elle préparer une transition plus démocratique ? Au total je ne sais pas qui a gagné, mais je pense que, même si le pouvoir politique avait lâché davantage la bride aux actions militaires, l’armée française ne pouvait pas gagner la guerre militairement. Finalement, qui a « gagné » en Algérie ? Je crois que les jeunes Algériens qui manifestent en ce moment dans les rues d’Algérie posent la question !

Je n’oublie pas que le FLN pratiquait aussi la torture et la terreur physique.

Comme pour les soldats US revenant du Viet Nam, a-t-on pensé aux dégâts causés sur les appelé du contingent ? Je n’étais pas en Algérie, je ne sais pas si les appelés devaient pratiquer la torture. Il me semble que non, mais ils en avaient connaissance. Je connais au moins un appelé qui est revenu totalement détruit psychiquement, et un autre très troublé. Dans un tout petit village.

Il faudra que je publie un autre article pour dire que je ne considère pas le terrorisme islamiste radical comme une guerre du peuple qu’il faudrait soutenir.

Bon, voilà où nous emmènent Mis et Thiennot. Bon c’est vrai j’aime bien me balader dans les idées sans itinéraire trop rigide. Et la cohérence, alors ? Ben oui, c’est comme ça.

CGU de la lettre [alerte] mise à jour du 4 janvier 2019

Merci des critiques de ceux de vous qui seraient en désaccord avec tel ou tel point de ces CGU, je modifierai.

CGU signifie « Conditions générales d’utilisation. » Ce sont celles que vous n’avez pas l’habitude de lire lorsqu’on vous demande d’attester que vous les avez lues. Moi non plus d’ailleurs, mais j’ai tort, car les conséquences sont parfois désagréables. Les commerçants le savent bien. Ils savent que dans l’ensemble on va signer sans lire et qu’il faudra attendre les réactions d’internautes plus vigilants ou d’associations pour nous faire prendre conscience.

Ces CGU du 4 janvier 2019 sont valables à partir du 4 janvier 2019 et jusqu’à nouvelle mise à jour.

Directeur de publication JM Bérard, diffusion JM Bérard Chris Boissin.

Inscription sur la liste de diffusion sur simple demande. On peut aussi se désinscrire, sans même avoir à remplir un long questionnaire pour donner les raisons du départ. Les adresses des destinataires n’apparaissent pas lors de l’envoi.

Tous les textes écrits par JM B dans la lettre sont libres de diffusion, à condition de préciser la source (Lettre alerte JM Bérard) et la date. La lettre elle-même est libre de diffusion, les droits pour les textes cités sont réputés avoir été respectés par JM B.

En application du RGPD (règlement général sur la protection des données personnelles, règlement européen renforcé par la France) ne sont inscrits sur la liste de diffusion de la lettre que ceux qui ont exprimé par un acte explicite l’accord pour être inscrits. Ce règlement a une portée très générale. On ne devrait pas en principe recevoir de messages commerciaux ou de messages associatifs ou militants sans avoir donné un accord explicite. Les mentions du genre « si vous ne dites pas non, vous continuerez de recevoir nos envois » ne sont pas légales : il faut un accord explicite. Lorsque le RGPD est entré en vigueur, j’ai demandé à chacune des personnes qui reçoit la lettre par courrier électronique de me confirmer qu’elles souhaitaient la recevoir. J’ai été surpris et déçu, car guère plus de la moitié des personnes concernées ont donné leur accord. J’ai malgré cela décidé de continuer d’envoyer la lettre à tous, mais je n’aurais pas dû.

Le fait de recevoir la lettre ne signifie pas qu’on soit en accord avec son contenu. En dehors des gestionnaires JM Bérard et C. Boissin, nul ne connait les adresses des destinataires, qui ne sont communiquées ou vendues à quiconque.

Vous pouvez m’écrire à

jean-michel.berard xx orange.fr

Ce qui est écrit dans cette lettre n’engage strictement que moi, sauf bien sûr s’il s’agit d’une citation.

Les remarques et réactions que vous m’envoyez concernant ce que j’écris sont précieuses, indispensables, car elles contribuent à la réflexion de tous.

Lorsque je publie l’une de vos réactions, je ne mentionne pas votre nom. La liste de diffusion comporte près de 300 abonnés, qui plus est la lettre est disponible sur internet et je pense que vous ne tenez pas forcément à ce que votre qualité de lecteur de [alerte] soit diffusée ainsi à tous les vents. Je peux selon ce que vous souhaitez citer votre prénom ou vos initiales, ou continuer à garder la mention « reçu de l’un de vous ».

Les messages que vous m’envoyez, s’ils concernent la lettre [alerte], sont réputés pouvoir être diffusés dans la lettre, un peu comme le courrier des lecteurs qui écrivent à un journal, mais sans que votre nom soit cité. Si en m’envoyant une réaction à propos de la lettre vous ne souhaitez pas du tout qu’elle soit publiée, il faut me le signaler.

La lettre [alerte] est hébergée et diffusée par le serveur Ouvaton, dont la charte et les CGU garantissent la confidentialité de nos données.

Outre l’envoi par courrier électronique sur simple demande, les lettres [alerte] sont consultables sur

http://alerte.entre-soi.info

Fin de la lettre du 26 octobre 2019