Alerte, FAQ

FAQ, Questions fréquemment posées sur la lettre [alerte]
Dialogue avec B le 8 12 2008
Bon, soyons réalistes : ce sont les questions fréquemment posées par B.
 

- B. : tu sembles exclure la possibilité, pour les démocraties, de réglementer le système capitaliste, pour éviter les dérives du "tout profit" et imposer la prise en compte l'être humain ?

- JM B : effectivement, je n'avais pas réalisé ce pessimisme foncier de la lettre. Mais en y réfléchissant, il me semble que, actuellement, la mondialisation des systèmes financiers et économiques, qui n'était pas aussi lourde à l'époque du new deal, fait que je ne crois pas que les sociétés où domine actuellement le système ultralibéral puissent trouver calmement l'énergie pour réagir, réglementer et prendre en compte l'humain et l'avenir de l'humanité. Il y faudra malheureusement des crises, des conflits, des guerres civiles, des guerres, des déplacements de population, des famines, la naissance de régimes autoritaires, que sais-je encore. Je ne les appelle nullement de mes vœux, je ne souhaite pas les provoquer, je les crains, ils me semblent malheureusement inévitables.

- B. : tu risques d'apparaitre comme souhaitant le retour de systèmes qui pourtant ont prouvé largement leur échec économique et leurs ravages humains, dans le bloc soviétique, en Chine et autres. Qui plus est, ces régimes ont sans doute contribué à empêcher la recherche d'une "voie médiane". Et leur faillite a une lourde responsabilité dans l'état actuel de désarmement culturel et organisationnel du mouvement social.

- JM B : je n'ai jamais dans la lettre fait preuve de nostalgie à l'égard de ces systèmes. J'ai même dit que j'étais d'accord avec les plans de sauvetage des banques, qui pourtant répondent à la logique : profits pour le privé, déficits pour le public. Comme beaucoup, je pense que l'effondrement des banques aurait crée des malheurs encore plus grands. Je n'ai jamais dit non plus qu'il faut travailler à détruire l'économie de marché. Je constate simplement que le système s'effondre sous sa propre logique. C'est mon petit slogan paradoxal, pas si bête : pour survivre, le système ultralibéral doit se détruire lui-même.

-B. : mais alors que proposes-tu ? La dérision visant des salauds ou des cons - au demeurant très réels - ne masque-t-elle pas notre incapacité à résoudre des problèmes que leur élimination le jour du "grand soir" ne suffirait pas à résoudre ?
- JM B : l'humour et l'ironie de la lettre ne visent jamais, je crois, des personnes mais des situations et des systèmes. Je ne propose rien, au sens que je ne propose aucune ligne politique structurée. Je suis un peu comme le passager d'une voiture, qui dit au conducteur : il y a un mur et tu fonces droit dedans. Je ne suis pas au dehors, je suis dans la voiture. C'est le titre de la lettre : [alerte]. Je n'ai pas de solution. La lettre n'est pas l'organe d'une organisation qui aurait un projet global d'avenir. Simplement, je fonde de grands espoirs sur la floraison de livres, éditeurs, associations, groupes locaux, groupes de réflexion, revues, blogs, etc. Et donc j'y contribue.

- B. : est-ce à dire que par son format réduit et lapidaire, la lettre [alerte] ne peut pas être le lieu d'élaboration d'une pensée complexe ?
- JM B : la lettre est lapidaire. Elle alerte, fait circuler les alertes, les informations, les indignations, les débuts de débats. Les lieux d'élaboration de la pensée complexe sont ailleurs : éditeurs (Les Editions de la découverte, par exemple), revues (Prochoix, Ravages par exemple), blogs (les liens apparaissent dans la dernière partie de la lettre, mais peu de vous s'y connectent), groupes de réflexion, associations, que sais-je encore. Heureusement. Ce serait un peu paradoxal que de me voir en  maitre de la pensée et en définisseur de La Ligne.

 

Publié le vendredi 23 janvier 2009 par Jean-Michel Bérard