[alerte] - JM Bérard - 25 juillet 2016

Sommaire

Orthographe

Loin de Paris

Un peu d'histoire

Les chemins des huguenots

Aujourd'hui

En butinant çà et là 4

Télérama : retreindre nos libertés

Télérama : sorties

Books : limites, peut-être ne voit-on que ce que l'on sait déjà ?

En feuilletant Le Monde et Libération

Vers l'homme inhumain

Pokemon go

Reçu de l'un de vous : j'ai mal à la France

À suivre

À propos de [alerte

Le nuage de [alerte

Fonctionnement de la lettre [alerte

Fin

 

 


 

Orthographe

 

Ce texte est écrit dans l’orthographe recommandée 1990 en suivant (sauf oubli !) les conseils de correction du dictionnaire électronique Robert.

http ://www.orthographe-recommandee.info/index.htm

Loin de Paris…

Le plaisir de retrouver les montagnes, un peu enneigées sur les sommets, leur couleur qui change chaque jour en fonction du temps, de l'humidité, la beauté à couper le souffle des tonalités du ciel le soir… Le plaisir de retrouver la maison accueillante héritée de la famille, les proches et les amis, les échanges « en vérité », la chaleur d'une fête de famille à la fois simple et riche de sens… La perspective de planter un bouleau de l'Himalaya, betula utilis jacquemontii.

Un peu d'histoire

Les chemins des huguenots

Durant l'été l'Association à vocation écologique et culturelle de Fontcouverte, Savoie, organise chaque mardi une conférence sur l'histoire de la Savoie : public nombreux (beaucoup plus de gens du pays que de touristes), conférencier historien ayant travaillé en profondeur son sujet. Le sujet cette fois-ci : les chemins des huguenots chassés des endroits où ils vivaient, en bonne cohabitation avec les catholiques romains (les « papistes ») jusqu'à la révocation de l’Édit de Nantes par Louis XIV en 1 685. Finie la cohabitation instaurée par Henri IV. Dans notre région les huguenots devaient quitter leurs villages, leurs biens, pour s'exiler par exemple à Genève.

Le chemin des huguenots :

http://www.surlespasdeshuguenots.eu/index-fr_ipad.htm

Une analyse historique de la révocation de l'édit de Nantes :

http://pedagogie.ac-toulouse.fr/daac/religieux/editnantrevocation.htm

Pour moi qui ne suis pas féru d'histoire, c'est un texte remarquable de rigueur et de clarté. Vraiment, je souhaite que sa lecture vous passionne autant qu'elle m'a passionné.

Aujourd'hui

La haine contre l'Autre désigné comme source de tous nos maux a malheureusement toujours existé. Les « migrants », chassés de chez eux par la violence, ne marchent pas sur des chemins mais se noient dans des canots. Ils commencent à susciter de fortes réactions de rejet. L'assimilation des terroristes jihadistes à l'ensemble des croyants musulmans progresse à grande allure, même si pour l'instant elle ne s'exprime pas de façon massive et spectaculaire. Jusqu'à quand ? J'ai souvent une assez bonne intuition de la situation politique et de ses évolutions. En ce moment, je suis totalement aveugle ! Sans le prédire, je crains le basculement d'une opinion jusqu'ici majoritairement assez clairvoyante. On assisterait alors à des violences de masse contre des musulmans, pas en tant que terroristes mais en tant que simples croyants musulmans. Bon, je l'ai dit, cela n'est ni une prédiction ni une intuition, une grande crainte. Aucun rapport bien sûr avec la haine contre les juifs soigneusement attisée par Hitler à sa prise de pouvoir. :-(

En butinant çà et là

Je vous ai signalé le bulletin d’information de books, fondé sur des livres ou des revues, fondé donc sur de l’écrit.

http://www.books.fr/inscription-booksletter/

http ://www.books.fr

Je vous ai aussi signalé la lettre quotidienne de Télérama, dont j'apprécie l'ouverture culturelle. Quelques bribes extraites de ces deux sources :

Télérama : retreindre nos libertés

Le festival de cinéma en plein air à la Villette est annulé pour des raisons de sécurité. Tout comme de nombreux rassemblements culturels, à Paris (tournoi de basket, où je ne suis jamais allé) et sur tout le territoire (modification drastique du festival des arts de la rue de Châlons-sur-Saône, que j'aime beaucoup). L'imagination des terroristes fanatiques, ou des peut-être faibles d'esprit comme à Nice est sans limite, leur façon de procéder toujours différente et imprévisible. Certes il faut prendre des précautions, mais à ce train-là nous risquons de supprimer nos propres libertés, nos propres modes de vie, de pensée, de plaisir. À chaque attentat la droite opportuniste et le gouvernement coincé en rajoutent sur des mesures sécuritaires chaque fois plus lourdes et à l'efficacité d'ailleurs contestable. (L'utilité de l'état d'urgence, prorogé de six mois après Nice, est mise en doute par un très sérieux rapport parlementaire, et de toute façon a bien montré à Nice qu'il n'avait pas un rôle de potion magique !). Je ne joue pas les héros, je suis d'un courage physique plus que modéré, mais je ne me suis à aucun moment posé la question, fin juin, de savoir si j'irai ou non au festival Voix sur Berges (chorales au bord du canal) alors qu'il avait été un moment question de l'interdire pour des raisons de sécurité. Il peut y avoir un attentat n'importe où, n'importe quand, dans n'importe quel pays et suivant des techniques à chaque fois surprenantes. Il faut tout faire pour combattre l'extrémisme fanatique, il faut prendre des mesures de sécurité raisonnables, mais pas donner d'emblée la victoire aux intégristes en renonçant à tout !

Une remarque qui va sans doute vous paraitre incongrue, mais… Il y a en France plus de 3 000 morts par an sur les routes, ce nombre est en hausse depuis le début du septennat Hollande et pourtant chaque fois que le gouvernement, bien timidement, propose des mesures de prévention c'est la levée de boucliers : atteinte à la liberté de circuler, aux libertés fondamentales des automobilistes. On est finalement prêt à accepter qu'il y ait pour lutter contre le terrorisme un moyen de surveillance derrière chacun de nos actes, mais pas pour lutter contre l'augmentation du nombre de morts sur la route. Très franchement, je n'ai pas peur lorsque je me déplace dans Paris, mais j'avais peur lorsque je conduisais une voiture, et pas seulement parce que je conduisais mal. Et, je suis peut-être bizarre, je n'arrive pas à comprendre notre différence de comportement pour se préserver de la mort.

C'est n'importe quoi, cher JM B. Quel rapport entre un terroriste fanatique et la façon de conduire ? Un rapport terrible, me semble-t-il : la place laissée à la pulsion de mort, pure et totalement intolérable chez les terroristes, plus masquée et mieux tolérée pour les morts de la route et bien d'autres secteurs de notre société. (Obésité, pollution, réchauffement climatique, destruction de la biodiversité… qui pourtant font beaucoup de morts.) Bon, j'attends vos critiques, mais notez bien que je n'ai jamais dit que les assassins de la route justifient les assassins terroristes !

Télérama : sorties

Pour ceux qui n'ont pas pu ou pas souhaité quitter Paris, dix idées de sortie

http://www.telerama.fr/sortir/comme-un-touriste-dans-ma-ville-10-idees-de-sorties-pour-redecouvrir-paris,130406.php#xtor=EPR-126-newsletter_tra-20160718

Books : limites, peut-être ne voit-on que ce que l'on sait déjà ?

Ce sont de mauvais découvreurs, ceux qui pensent qu'il n'y a pas de terre parce qu'ils ne voient que la mer.
Francis Bacon, Du progrès et de la promotion des savoirs.

En feuilletant Le Monde et Libération

Vers l'homme inhumain

On ne peut prendre pour argent comptant ce que l'on lit sur internet, et il faut développer, pour soi, des stratégies minimales de vérification. Cela dit j'avoue que lorsque je lis Le Monde ou Libération je suis moins vigilant, car je suppose que les journalistes ont vérifié leurs sources. Cela dit il m'arrive d'avoir du mal à croire ce que j'écris à partir de ces deux sources. En est-on vraiment déjà là ?

J'apprends dans Libération du 22 juillet 2016 que des coureurs cyclistes pratiquent le brain doping (dopage par le cerveau). Il n'y a pas encore de traduction française. Cela consiste à stimuler certaines zones du cerveau en plaçant sur crâne des électrodes. Cette méthode n'est pas interdite par l'agence mondiale antidopage, et tout laisse à penser qu'elle est déjà expérimentée cette année dans le peloton du Tour. Les études disponibles montrent que la transcranial current simulation peut améliorer les performances sportives et réduire la perception de la fatigue.

Évidemment ces recherches sont toujours habillées de masques honorables : traiter les accidents vasculaires cérébraux, les troubles de la mémoire, la dépression… On imagine tout l'intérêt que cela peut avoir pour créer des surhommes, en particulier chez les soldats au combat. L'auteur de l'article ajoute que cette technique est peu couteuse et facile à mettre en œuvre. Bon, est-ce choquant ? On a déjà des voitures jouet télécommandées, des drones tueurs pilotés à distance, pourquoi ne pas piloter les êtres humains grâce à un joystick ? Oui, c'est choquant.

Pour élargir notre réflexion : le philosophe Michel Benassayag publie un article intitule "Cohabiter avec le digital sans être écrasé par lui, voilà le défi."

http://www.telerama.fr/idees/miguel-benasayag-philosophe-cohabiter-avec-le-digital-sans-etre-ecrase-par-lui-voila-le-defi,143338.php#xtor=EPR-126-newsletter_tra-20160602

(Je sais, certains de vous me disent : cliquer sur tous les liens de la lettre [alerte] prend trop de temps. Je vous propose des réflexions, des chansons qui m'ont intéressé ou ému. Après, c'est vous qui voyez !)

Extraits : C'est la prochaine frontière qui, dans la science-fiction d'antan, nous transformait en mutants : le cerveau « augmenté », c'est-à-dire une amélioration de nos performances cognitives grâce aux nouvelles technologies qui dépasse l'entendement. Penser plus vite, penser plus fort ! Les progrès de la génétique et ceux de la modélisation digitale du cerveau annonceraient une ère nouvelle et « radieuse », affirment certains, dans laquelle la séparation entre l'homme et la machine ne sera plus tranchée. Pour le meilleur ou pour le pire ? La réponse du philosophe et psychanalyste Miguel Benasayag, auteur de Cerveau augmenté, homme diminué, aux éditions de La Découverte. […] Michel Benassayag : Pour pallier l’oubli dû à la dégénérescence sénile, on cherche à établir une connexion permettant une accessibilité immédiate à un disque dur qui abriterait une énorme quantité d’informations. Aujourd’hui, le projet des chercheurs, c’est de ne plus faire la différence entre le cerveau d’une personne et un ordinateur dans lequel on aurait recueilli toute l’information qu’il renferme. L’objectif, c’est la construction d’un cerveau post-organique. Sauf que cette hypothèse dominante ignore que la pensée est en permanence liée à la matière. Contrairement à un ordinateur, le cerveau sélectionne et modifie les souvenirs en fonction de l’état du corps d’un individu, de ses affects, de sa situation. Une mémoire saine fonctionne ainsi sur deux principes : l’oubli et la transformation du passé. C’est un processus de sculpture permanente. L’incapacité des chercheurs en technosciences à percevoir la différence de nature qui existe entre l’artefact et le réel traduit un impensé de notre culture […] Il existe une peur ancestrale véhiculée par des nostalgiques frileux qui croient toujours que c’était mieux avant. Lors de sa création, l’imprimerie s’est ainsi vue accusée de produire de l’ignorance, sous prétexte que la vulgarisation des textes interdirait de les interpréter correctement. Moi, je ne suis ni technophile ni technophobe. Il n’empêche que nous vivons une rupture anthropologique et idéologique majeure. L’acquisition de la langue puis celle de l’écriture furent deux grandes révolutions pour l’espèce humaine. La digitalisation est la troisième : les manipulations contemporaines modifient la nature même du vivant. L’actuel déploiement d’une immense puissance technologique est malheureusement capturé dans un imaginaire de dérégulation, privé de toute sagesse. […] Le danger, c’est d’imaginer que l’on puisse se passer du corps. Comme s’il était possible de penser, d’aimer, de s’informer à l’aide de mécanismes digitaux. [...]Dans les luttes, s’inventent des modes de résistance et de solidarité au sein desquels émerge aussi une utilisation de la technologie qui ne formate pas l’humain. Tout dépend de qui fixe l’objectif. La machine ou le projet ?

Eh ben dis donc ! J'ajouterais : tout dépend qui contrôle le projet. Des groupes économiques et idéologiques travaillant dans le secret ? Des projets élaborés de façon démocratique et dans la transparence ? Allez, devinez qui va l'emporter !

Pokemon go

Les radios, les journaux rivalisent d'articles et d'analyses sur ce nouveau et important phénomène social qu'est le jeu électronique du pokemon go. Je suis tout à fait capable de résumer les articles que j'ai lus, mais franchement je n'ai jamais pratiqué les jeux vidéo et ne pourrais vous faire de Pokemon go qu'une analyse bien abstraite. Si l'un de vous pratiquant ces activités pouvait nous envoyer un article.

Reçu de l'un de vous : j'ai mal à la France

J’ai mal à la France du 14 juillet.

Débauche de bottes, chars, canons, bombes et fusils d’assaut. Tintamarre de Marseillaises guerrières et sanguinaires. La France entière se mire dans son armée, sanctuaire de la Nation. La France populaire se félicite de son statut de grande productrice exportatrice d’armement militaire. Deuxième pays exportateur d’armement du monde ! Nous sommes les meilleurs pour donner la mort, les plus forts pour exterminer.

Il est vrai qu’à force de toujours se croire ou se vouloir « les meilleurs au monde » en tout, on ne peut éviter cet exploit dans le domaine militaire. Le Docteur Schweitzer se retourne dans sa tombe, Marie Curie se voile la face, Charles de Foucault pleure toutes les larmes de son corps, Jean Jaurès désespère.

Quelconque quidam oserait troubler le credo de cette grand-messe nationaliste et guerrière se voit voué aux gémonies. Qu’il se taise et se cache, ce traitre à la Nation !

Oui, j’ai mal à la France. Pourquoi ce peuple ne pourrait-il se contenter d’être un peuple comme tous les autres ? Un peuple simple et laborieux, pacifique et accueillant, convivial, heureux de vivre dans la simplicité ? De partager sa littérature et ses arts, d’éclairer l’humanité de ses lumières, sans nécessairement chercher en tout « l’exception française ».

Pourquoi ce peuple régicide persiste-t-il à se contempler dans les glaces de Versailles, nostalgique des fastes de courtisans frivoles et de sujets prosternés en jabot et dentelles ? Oui, j’ai mal à la France nombrilique et aveugle, nostalgique d’une grandeur de pacotille, pleurant ses chimériques ambitions de domination militaire.

J’ai mal à cette France que j’aime. Parce que je l’aime, justement…

J’aime qu’elle soit humaine, tout simplement. Qu’elle ait le courage de quitter sa peau nationaliste et narcissique, le courage d’écouter d’autres peuples, le courage de la modestie.

Le courage de la simplicité.

À suivre

Je vous avais promis des articles sur l'éducation nationale : liberté de l'enseignement privé hors contrat, classe inversée. Sur les évolutions du numérique : enseignement de l'informatique à l'école, loi sur le numérique de Mme Axelle Lemaire. Ces articles sont toujours en cours d'élaboration. Et puis vous savez ce que c'est, on fait ses valises, on voyage, on perd son temps à échanger chaleureusement avec ses amis et ses proches, à faire d'émouvantes fêtes de famille au lieu, comme il se devrait, de rester assis seul devant son ordinateur. Et du coup la lettre [alerte] prend du retard !

À propos de [alerte

Diffusion libre à condition de citer la source, [alerte] JM Bérard, et impérativement la date.

 

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Inscription sur la liste de diff sur simple demande. On peut aussi se désinscrire. Les adresses des destinataires n’apparaissent pas lors de l’envoi.

Vous pouvez m’écrire à

jean-michel.berard (x) orange.fr

Ce qui est écrit dans cette lettre n’engage strictement que moi, sauf bien sûr s’il s’agit de la citation d’un appel ou d’un communiqué.

Les remarques et réactions que vous m’envoyez concernant ce que j’écris me sont précieuses, indispensables, car elles font rebondir la réflexion.

Lorsque je publie l’une de vos réactions, je ne mentionne pas votre nom. La liste de diffusion comporte près de 300 abonnés, qui plus est la lettre est disponible sur internet et je pense que vous ne tenez pas forcément à ce que votre qualité de lecteur de [alerte] soit diffusée ainsi à tous les vents.

Les messages que vous m’envoyez, s’ils concernent la lettre [alerte], peuvent être diffusés dans la lettre, un peu comme le courrier des lecteurs qui écrivent à un journal, mais sans que votre nom soit cité. Si en m’envoyant une réaction à propos de la lettre vous ne souhaitez pas du tout qu’elle soit publiée, merci de me le signaler.

Outre l’envoi par courrier électronique sur simple demande, les lettres [alerte] sont consultables sur

http ://alerte.entre-soi.info/

Fin

de la lettre du 25 juillet 2016