[alerte] - JM Bérard - 15 janvier 2016

_________________________________________________________________________

Sommaire

Pour notre plaisir

La philharmonie

Le Triton

Robotisation générale

Wikipedia

Bonjour monsieur, bonjour madame

Petits flash

On n'est pas couché

Ce que Donald Trump dit des États Unis

État d'urgence, déchéance de nationalité

Lettre alerte

Le nuage de [alerte]

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Fin



Pour notre plaisir

Avis de l'une de vous : Le Dieu des catholiques doit beaucoup à Jean-Sébastien Bach.

La philharmonie

La « grande salle » de la philharmonie (Porte de Pantin à Paris) a été inaugurée en janvier 2015. Architecture intérieure magnifique, acoustique remarquable. J'y ai entendu le Requiem de Mozart. Nuances, énergie, puissance, émotion. Peut-être l'une des plus belles interprétations que j'aie entendues.

Le Triton

Mais si, vous savez bien, le Triton est une salle consacrée à la musique aux Lilas. Mais non, ce n'est pas loin ! De l'autre coté du périph pour les parisiens, juste au bout de la ligne 11, quinze minutes du Châtelet. Bien sûr si vous habitez La Roche sur Yon c'est moins commode.

Le Pont des Artistes d’Isabelle Dhordain : reprise d’une émission de radio culte sur Trit[online], la télé-web du Triton

C’est avec un immense enthousiasme qu’Isabelle Dhordain et le Triton s’associent pour cette 25ème saison du Pont des Artsites qui mettra un visage sur la voix mythique d’Isabelle. En effet, cette émission mensuelle enregistrée tous les troisièmes jeudis du mois, en public, au Triton, sera diffusée sur sa télé-web, Trit[online].En 1988, Isabelle Dhordain crée sur France Inter, “Le Pont des Artistes”, une émission consacrée à la chanson dans laquelle elle reçoit artistes reconnus et artistes en devenir, souvent dès leurs débuts. […]

« J’ai fait ma dernière émission radio avec Dominique A. C’est tout naturellement avec lui que je démarre ma première émission télé !... Dominique A, Sanseverino, Yaël Naïm, Juliette tous découverts sur le Pont dès leurs débuts parraineront à leur tour les découvertes de la chanson comme le groupe Hollydays, la chanteuse Yoanna ; et puis je retrouverai avec plaisir ceux que je suis dans leurs destinées musicales : Féloche, Angélique Ionatos, la Maison Tellier...»  Isabelle Dhordain

En savoir plus

http://www.letriton.com/programmation/le-pont-des-artistes-1-1808

http://www.letriton.com/

Enregistrement de l'émission le 21 janvier à 19 heures.

Robotisation générale

Dans la lettre précédente je résumais un article du journal Le Monde montrant comment de très nombreux emplois humains vont être à court terme effectués par des robots.

Reçu de l'un de vous : Très belle alerte en ce début d'année. On peut ajouter à l'article sur la robotisation générale que la robotisation réduira massivement le nombre d'heures de travail humain nécessaire. Alors quand un Macron ne rêve que du travail du dimanche et beaucoup de la casse des 35h. et du Code du travail, le Moyen Âge côtoie l'époque contemporaine...

Wikipedia

Le Monde, 13 janvier 2016, David Larousserie. Citations et résumés de l'article :

L'encyclopédie en ligne Wikipedia comporte 1,7 millions d'articles en français, 300 entrées nouvelles sont ajoutées en français chaque jour. Wikipedia est publié en 250 langues, deux millions de contributeurs proposent, corrigent, améliorent les articles.

Outre le fait de consulter les articles sur les sujets à propos desquels on se pose des questions, l'immense base de données mises à disposition gratuitement est utilisée pour analyser les suicides dans un pays, suivre les évolutions d'une épidémie de grippe (en suivant la consultation des articles sur ce sujet), établir un glossaire technique, classer les universités en fonction du nombre de fois où elles sont citées, etc.

L'ouverture et la transparence offrent ce que les chercheurs adorent : la vérifiabilité et la reproductibilité.

L'avenir ouvre de grandes perspectives : rassembler toute la connaissance mondiale et la rendre intelligible par les machines. [Remarque JM B : on mesure dans cette expression l'immensité des perspectives ouvertes, mais aussi la vigilance dont à il faudra faire preuve à l'égard de la validité des algorithmes qui analyseront les connaissances.]

Ces projets marquent les immenses développements économiques que vont connaître les bases de connaissance. Accessibles aux traitements par les ordinateurs, ces bases permettront de « fouiller » dans tout un ensemble de données même très vaste pour répondre à des questions directes même complexes : « quels sont les politiciens également scientifiques nés près de Paris depuis 1900. » (Je comprends bien la complexité de la question et la prouesse qu'il y a à trouver la réponse dans une immense base de données. Je vois moins bien l'intérêt immédiat de la question ! JM B).

Autre exemple cité dans l'article : il s'agit de concevoir des logiciels qui, à partir de la phrase « Elvis Presley est un chanteur né le 8 janvier 1935 à Tupelo Mississipi » pourront répondre à la question « En quelle année est né Elvis Presley ».

On pourra alors relier entre elles les connaissances provenant de diverses bases.

On arrive, à la fin de l'article, à la question qui préoccupe les milieux universitaires depuis la naissance de Wikipedia il y a quinze ans : quelle fiabilité accorder aux articles de Wikipedia, qui peuvent être écrits par tout un chacun, sans e label d'un diplôme, d'une thèse, d'une validation en bonne et due forme. Pendant tout un temps (je ne sais pas si c'est encore le cas) des universités acceptaient que Wikipedia soit utilisé comme outil de travail mais refusaient qu'il soit cité dans les bibliographies.

Depuis les débuts, les procédures de Wikipedia sont devenues plus strictes : nécessité de citer les sources, conservation en ligne de l'historique des modifications, analyse constante par l'ensemble de la communauté. Cela désoriente un peu mes réflexes dogmatiques : comment peut-on connaître la validité d'une information si l'on ne se réfère pas à une institution, une publication, une attestation ? Eh bien pourtant... Des études ont été faites en comparant les articles de Wikipédia avec les articles d'encyclopédies traditionnelles, écrites par des équipes reconnues comme compétentes : les résultats sont « bien souvent » satisfaisants ! Attention : cela ne veut pas dire du tout que la majorité (constituée par les contributeurs de Wikipédia) est source de vérité, mais tout simplement que les procédures complexes mises en place par Wikipédia assurent des recoupements qui finalement aboutissent à une information aussi fiable que celle des encyclopédies traditionnelles. Je dois avouer que c'est une idée qui m'a longtemps choqué ! Plusieurs personnes citées dans l'article du journal témoignent du fait qu'il est très formateur d'engager ses élèves, ses étudiants dans l'écriture d'articles pour Wikipédia, car on comprend ainsi de l'intérieur comment cela se construit.

Bonjour monsieur, bonjour madame

En français, cette formule relève d'une politesse courante, que l'on apprend aux enfants dès tout petits.

J'étais intrigué : pourquoi, pour dire bonjour, prend-on comme critère le sexe, alors que bien d'autres éléments caractérisent chaque personne ? Comprenons-nous bien : je ne me pose pas du tout une question à la mode du type « Pourquoi distinguer alors que tout le monde est pareil ? » Non. Mais je me demande pourquoi c'est à ce critère que l'on s'accroche. Pourquoi, au fil des siècles n'a-t-on pas trouvé une salutation plus générale comme « Bonjour à toi, être humain » ? (Au fil des siècles on aurait trouvé plus simple pour dire cela.) À un docteur on dit « Bonjour docteur » . Dire « Bonjour monsieur, bonjour madame » à un prêtre en soutane ou à une religieuse en tenue apparaît comme une intention délibérée d'ignorer la religion. Alors pourquoi « Bonjour monsieur, bonjour madame ? » Dit-on cela depuis longtemps ? Qu'en est-il dans les autres civilisations ?

Comme je ne savais trop dans quel sens réfléchir, j'ai demandé à mon ami Jean-Pierre Sarmant de m'aider. Il a fort aimablement écrit le texte ci-dessous, et, comme je le pensais connaissant JP S, je n'ai pas été déçu, même s'il décrit sa réflexion comme incomplète. De quoi penser.

Deux précisions :

JP S n'est pas un lecteur de la lettre [alerte], le fait qu'il ait écrit ce texte ne signifie en aucun cas qu'il approuve ou désapprouve la lettre.

JP S a écrit ce texte pour [alerte] en répondant en quelque sorte à une « commande » de ma part. Exceptionnellement, (ce n'est pas la règle habituelle de la lettre) je vous demande de considérer ce texte comme couvert par le droit d'auteur.

Le sujet est intéressant.

[…] Je ne suis pas tenté par l'hypothèse de différenciation sexuée. Tout d'abord, faut-il que le genre existe ce qui n'est le cas ni en chinois ni en turc et autres langues altaïques.

J'aurais envie de dire que le souci, très variable pour chaque pays au cours du temps et donc des évolutions sociales, est plus de marquer des conditions.

Le français Monsieur, Madame est, dans la mesure où il est devenu général,  une démocratisation (et donc une dévaluation) d'appellations initialement aristocratiques.

On appelle désormais Monsieur un serveur. Garçon, mon brave etc. sont obsolètes. 

Les anglais Sir et Madam ne subsistent que dans des conditions de grande distanciation, c'est plutôt "appelez-moi  moi Bill".

Il y a encore peu, les italiens adoraient les professore, ingéniée ... mal ressentis par les gens sans titres, les allemands raffolent encore souvent du Herr doktor.

Les pauvres russes ont été tellement traumatisés par le passage de gospodin-gospozha à tovarishc, neutre en effet mais à implication politique puisque l'on réservait grazhdanin-grazhdanka (citoyen) de façon un peu menaçante à des sans-parti, de telle sorte qu'ils n'utilisent plus aucune interpellation :

privet (salut)...

En chinois pourtant sans genre, xiansheng et nüshi qui sont un peu Monsieur-Madame font bourgeois ce qui ne gêne plus personne (je pars bientôt en mission avec une conférence pour laquelle on me confirme qu'il faudra commencer mon adresse par xianshengmen, nüshimen...) le tongzhi (camarade) est en régression et fait tout à fait membre du PC.

Dans le village de mes parents quand j'étais petit on parlait le patois local. Je me suis renseigné : tout le monde se connaissait, on disait « Bonjour » sans même le faire suivre du prénom, du nom ou du sobriquet. Quelques habitants un peu riches et supérieurs aux autres disaient « Bonjour, dame » à une dame âgée. Je ne sais pas ce qu'ils disaient aux hommes.

Cela remonte à mon enfance, je n'en suis pas sûr, mais il me semble que en patois les mots équivalant à « monsieur » et « madame » n'existaient pas.

Je sais que beaucoup de vous vont souvent en Afrique ou y sont nés, d'autres ont discuté avec des aborigènes d'Australie, qu'en est-il chez les Inuit ? Merci d'enrichir encore la réflexion si vous le voulez bien. Comment se salue-t-on ailleurs ?

Petits flash

On n'est pas couché

Le premier ministre de la république française participe samedi à l'émission « On n'est pas couché » de Laurent Ruquier. On en est là. Imaginons de Gaulle ou Mitterrand dans un truc comme ça ! (J'ai vérifié, dans le titre de l'émission il n'y a pas de s à couché.) À Davos, grand raout mondial des décideurs économiques (ultralibéraux, comme il se doit) le premier ministre de la France rencontrera le chanteur du groupe rock U2. (Ça c'est un jeu de mots à l'américaine : you to, you two ?)

Ce que Donald Trump dit des États Unis

Le Monde, 15 janvier 2016.

Aux USA, dans les débats entre membres du parti républicain, Donald Trump vient en tête des sondages, malgré ses ignorances (il pense que Paris est en Allemagne), ses approximations, ses mensonges. [Je suis de plus en plus convaincu qu'une majorité ne suffit pas pour être démocratique. Démocratie égale principes démocratiques plus majorité JM B]. Donald Trump a attaqué l'homme politique John McCain qui a été fait prisonnier par les vietnamiens pendant la guerre et torturé pendant cinq ans. Je préfère les gens qui ne se font pas capturer, a déclaré Trump. Barack Obama annonce son intention de recevoir 10 000 réfugiés syriens, pour Trump ce nombre monte à 250 000. Les USA comportent 11 millions de sans-papiers, Trump affirme « 33 millions ». Le taux de chômage est 5,9%, 21% dit Trump. Les faits comptent-ils vraiment dans la politique américaine, se demandent deux universitaires. Ils constatent que le nombre de personnes désinformées et actives en politique est bien supérieur au nombre de personnes informées, qui, elles, sont souvent peu actives.

État d'urgence, déchéance de nationalité

Sans aucune illusion mais juste pour le principe et avec humour j'ai envoyé un petit billet à un ami homme politique socialiste :

« Je ne sais s'il est dans tes pouvoirs de « faire remonter », comme on dit. Pourrais-tu signaler aux instances du PS que certaines personnes de gauche (je pense être de gauche) estiment qu'il n'est pas bon d'espérer gagner un peu de sécurité au prix de la perte réelle d'une partie de nos libertés. Les terroristes veulent détruire nos libertés, il n'est pas utile de le faire nous-mêmes à leur place. »

Dans Libération les 9 et 10 janvier, Daniel Blanchard, 45 ans, militant associatif, par ailleurs originaire d'Algérie : « j'ai plus peur du changement de société que du terrorisme. »

Pour le reste, je vous soumets des citations d'un article de Mathieu Lindon, écrivain et journaliste, Libération, je n'ai pas noté la date.

(Eh, c'est un peu paresseux de recopier au lieu de rédiger vous-même. Sans doute, mais je trouve qu'il exprime des idées fortes et qui me font réfléchir, même si je pense qu'il va trop loin dans l'assimilation PS FN.)

« La gauche et le déchéanchantement : Si j'ai bien compris, avec sa déchéance de nationalité et l'état d'urgence infini, Hollande a la délicatesse de faire en sorte que l'arrivée au pouvoir de Marine Le Pen ne soit pas un choc. S'il change tout avant, elle n'aura rien à changer après. […] François Hollande a désormais la double nationalité, de gauche et de droite, conservera-t-il les deux sans déchoir ? […] La dédiabolisation du Front National n'est plus dans les détails de la seconde guerre mondiale mais dans la volonté du pouvoir en place qui se pique pourtant d'en faire, par morale, son adversaire principal. »

Titre d'un journal vu dans un kiosque le 15 janvier 2016 : « Hollande met l'armée au cœur du dispositif antiterroriste ». Je n'ai pas lu l'article mais, en soi, je trouve ce titre bien inquiétant : sommes-nous en guerre civile ? Contre qui le président veut-il lancer se troupes ? Je croyais que la sécurité sur le territoire était le fait de la police, de la gendarmerie, des CRS. Pourquoi l'armée ? J'ai trouvé : on va nommer le chef d'état major des armées ministre de la cohésion sociale, cela rassurera.

Titre du journal « Le Monde » le 16 janvier 2016 : La justice s'alarme d'être mise à l'écart. Les deux plus hauts magistrats de France constatent la défiance renouvelée de l’État envers ses juges ; l'autorité judiciaire a été écartée du contrôle des lois sur le renseignement et l'état d'urgence.

Dans les mesures prises du fait de l'état d'urgence, les juges de l'ordre judiciaire sont écartés du contrôle a priori et a posteriori. Le pilotage est donné aux préfets et aux procureurs de la république, dépendant hiérarchiquement de l'exécutif. Depuis Montaigne on considère qu'un état démocratique sépare les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Exit le judiciaire ! Je ne voudrais pas me vanter, j'ai peu lu Montaigne, mais il me semble que le gouvernement l'a encore moins lu. Ou alors il a décidé que la lutte contre le terrorisme justifiait l'abandon de la démocratie !

Martine Aubry s'oppose à la déchéance de nationalité. « On pourrait demander aux Français s'il faut torturer les terroristes, ils diraient oui, ils ont peur, c'est normal. Mais cela ne veut pas dire que le politique doit le faire. » Elle cite François Mitterrand : « Ne pas gouverner avec les sondages, c'est la différence entre un homme politique et un homme d’État. »

Lettre alerte

Diffusion libre à condition de citer la source, [alerte] JM Bérard, et impérativement la date.

Le nuage de [alerte]

J’ai placé dans le nuage de [alerte] des textes et documents divers, avec le seul critère qu’ils me semblent intéressants et méritent d’être portés à votre connaissance. Cliquez, naviguez. Pour accéder au nuage cliquer sur :

alerte.entre-soi.info/nuage

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Inscription sur la liste de diff sur simple demande. On peut aussi se désinscrire. Les adresses des destinataires n’apparaissent pas lors de l’envoi.

Vous pouvez m'écrire à

jean-michel.berard (x) orange.fr

Ce qui est écrit dans cette lettre n’engage strictement que moi, sauf bien sûr s’il s’agit de la citation d’un appel ou d’un communiqué.

Les remarques et réactions que vous m’envoyez concernant ce que j’écris me sont précieuses, indispensables, car elles font rebondir la réflexion.

Lorsque je publie l’une de vos réactions, je ne mentionne pas votre nom. La liste de diffusion comporte 200 abonnés, qui plus est la lettre est disponible sur internet et je pense que vous ne tenez pas forcément à ce que votre qualité de lecteur de [alerte] soit diffusée ainsi à tous les vents.

Les messages que vous m’envoyez, s’ils concernent la lettre [alerte], peuvent être diffusés dans la lettre, un peu comme le courrier des lecteurs qui écrivent à un journal, mais sans que votre nom soit cité. Si en m’envoyant une réaction à propos de la lettre vous ne souhaitez pas du tout qu’elle soit publiée, merci de me le signaler.

Outre l’envoi par courrier électronique sur simple demande, les lettres [alerte] sont consultables sur

http://alerte.entre-soi.info/

Fin

de la lettre du 15 janvier 2016