[alerte] - JM Bérard - 9 janvier 2016

Sommaire

Pour notre plaisir

Un film

Un restaurant

Un livre

Robotisation générale, quelle sera la place de l'homme ?

Déchéance de nationalité, état d'urgence, modification du code pénal

La préservation de notre cadre de vie

Progrès de la science

Numérique et enseignement

La police manque d'effectifs

Économie de marché, la formule magique, mieux que abracadabra

Lettre alerte

Le nuage de [alerte]

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Fin

Pour notre plaisir

Un film

À peine j'ouvre les yeux.

Le premier film de la metteuse en scène tunisienne Leyla Bouzid. Une beauté, une énergie vitale nous portent tout au long du film, l'énergie vitale de Farah qui vient d'avoir son bac et s'investit avec force comme chanteuse dans un groupe folk-rock. J'allais recopier le résumé paru dans « Le Monde », mais je trouve que cela affadit. Les avancées de Farah vers sa propre liberté, les belles relations avec sa mère, ses souffrances lorsque le groupe, politiquement engagé, est victime de la répression policière. Et, malgré les difficultés, le souffle de la vie. De plus, la musique est superbe. Bon, je n'écris pas cela pour moi, je l'ai déjà vu, mais peut-être pour vous.

Un restaurant

Le Café du commerce 51 rue du Commerce Paris 15, métro Commerce.

Un livre

Le dernier livre en date de Qiu Xiao Ling. Je l'ai prêté, je vous en parle une prochaine fois.

Robotisation générale, quelle sera la place de l'homme ?

Extraits et résumés d'un article paru dans « Le Monde » les 2 3 4 janvier 2016, Frédéric Joignot. Les citations sont en italiques, mes résumés en caractères droits.

Des machines intelligentes, de plus en plus performantes, reprennent peu à peu les activités humaines., tous secteurs confondus, jusqu'où vont-elles remplacer l'homme ?

De nombreux emplois sont robotisés, nous ne le percevons pas clairement car ces robots ne sont pas humanoïdes.

Les économistes voient cette nouvelle étape de l'automatisation comme une des roues motrices de la troisième révolution industrielle (machines à vapeur, travail à la chaîne, robolution). Remarque JM B : une révolution économique est-elle nécessairement un progrès pour l'humanité ?

De plus en plus d'usines sont robotisées, les machines communiquent entre elles, l'ensemble de la production industrielle rentre en réseau, de la production à la vente. Le règne de l'entreprise entièrement robotisée est annoncé, avec de moins en moins d'homme pour la faire tourner.

De nombreux robots font déjà partie de notre environnement : téléphone portable, électroménager, prothèses, robots domestiques, robots chirurgiens. (J'ajoute : assistance aux personnes. JM B)

Une étude américaine estime que 702 emplois humains sont menacés à court terme.

80% des voitures seront peut-être autonomes en 2050 : adieu les taxis.

Les robots remplaceront aussi des travaux « experts » : il existe déjà des logiciels journalistes, recherchant et analysant les informations, écrivant les articles. Ces machines intelligentes vont à court ou moyen terme remplacer des employés ou des cadres spécialisés.

Se pose alors la question « pour quelles tâches l'homme n'est-il pas remplaçable ? »

Nous avons perdu des milliers d'emplois avec la fin des voitures à cheval, mais l'industrie automobile en a créé. Le fondateur d'une entreprise de robotique estime qu'il faudra investir dans des entreprises de création de logiciels, d'applications, de solutions écologiques, tous les métiers où l'invention humaine est indispensable.

Quelques remarques de JM B:

Ma grande préoccupation : comment et par qui seront élaborés les logiciels qui commanderont ces machines ? Ne risquons-nous pas de nous trouver dans un monde opaque, où les machines, programmées sans que nous sachions sur quels principes, agiront « pour » nous mais sans notre volonté. Les professionnels voudront protéger leurs logiciels au nom du secret industriel. Quels seront les moyens de contrôle laissés aux citoyens ? Comment savoir, par exemple, selon quels principes médicaux et en fonction des intérêts de quel laboratoire seront programmés les machines d'assistance aux personnes âgées, et tout à l'avenant.

Une autre préoccupation : ces perspectives nécessitent une profonde évolution de notre système éducatif. Il nous faudra former des créateurs d'applications, de logiciels, de solutions écologiques. Il me semble que cela valide les objectifs déjà proposés il y a longtemps de 80% d'une classe d'âge au niveau du bac, d'orientation accrue vers le supérieur. Ce n'est pas de la démagogie laxiste, c'est tout simplement un besoin pour l'avenir. Reste à trouver comment le système éducatif pourra faire face, alors qu'il est pour l'instant profondément inégalitaire et sélectif.

Déchéance de nationalité, état d'urgence, modification du code pénal

Je suis effaré, choqué, effrayé par tous les projets du président et du gouvernement visant à modifier en profondeur notre constitution et nos lois pour lutter contre le terrorisme. Il faut lutter contre le terrorisme. Mais pas au prix d'une restriction excessive de nos libertés. Les terroristes veulent attenter à nos libertés, faut-il les aider ? C'est juste une accroche pour un article étayé dans le prochain numéro.

La préservation de notre cadre de vie

J'achète un produit surgelé dans un sachet en plastique transparent. Sur le sachet est collé un papier qui porte la seule mention « Ce papier ne contient pas de bisphénol ». Je n'ai pas tout compris. Coller un papier juste pour dire qu'il ne contient pas de bisphénol. Bon, il faut se réjouir, toutes les précautions sont prises.

Progrès de la science

Libération, le 8 janvier 2016.

Allons, ne zappez pas tout de suite. J'ai tenté d'écrire pour ceux qui disent « je ne comprends rien à la physique ». Si vous ne comprenez pas, dites-le moi, j'essaierai d'être plus clair.

Après de longues évolutions de la chimie et de la physique au fil des siècles on décrit de nos jours ainsi la matière qui nous entoure : elle est formée d'atomes, chaque atome est lui-même formé d'un noyau composé de particules positives, les protons, et neutres, les neutrons. Ordinairement, chaque noyau est environné d'électrons, particules négatives. Tous les atomes dont le noyau a le même nombre de protons constituent un élément chimique. Les noyaux des atomes de l'élément fer ont 26 protons, ceux de l'élément azote 7 protons. Jusqu'à il y a quelques jours on connaissait 112 éléments, de l'hydrogène qui a 1 proton dans son noyau au copernicium qui en a 112. Par un travail en laboratoire consistant à utiliser des machines permettant de faire s'entrechoquer des particules en leur communiquant une forte énergie, on a créé des éléments qui ont 113, 115, 117 et 118 protons dans leur noyau. Ces éléments n'existent pas du tout dans la nature, et on une durée de vie n'excédant pas quelques millièmes de seconde. À quoi ça sert ? A rien. A priori, les connaissances scientifiques ne servent à rien, elles servent à connaître et expliquer notre monde. On espère tirer de l'étude de ces éléments nouveaux une meilleure connaissance de la matière des noyaux. Très souvent, les découvertes scientifiques ont, à plus ou moins long terme, des applications pratiques, mais ce n'est pas l'objectif initial.

Bien sûr certains de vous ont remarqué que ce que j'écris tourne autour de la description du tableau de Mendeleieff. Je n'en ai pas parlé car il m'a semblé que cela n'aidait pas à mieux comprendre. À vos Wikipedia !

https://fr.wikipedia.org/wiki/Tableau_p%C3%A9riodique_des_%C3%A9l%C3%A9ments

Numérique et enseignement

On a trop souvent soutenu des thèses telles que « avec l'ordinateur et de bons logiciels éducatifs les enfants et les adolescents pourront se passer de la médiation du professeur. » Je n'ai jamais pensé cela, j'ai toujours considéré qu'il y a une dissymétrie entre celui qui a appris des trucs, à l'école et dans sa vie, et celui qui ne les connaît pas du tout, et que l'adulte est un médiateur indispensable dans les apprentissages, pour peu que l'élève soit actif dans son travail et que l'on sorte du modèle encore trop présent de la transmission en entonnoir.

Deux articles de la revue en ligne « Le café pédagogique » vont à mon avis dans ce sens.

Grandir connectés : Les adolescents face à Internet

Que sait-on de l'impact d'internet et du numérique sur la culture des adolescents ? Surtout ce que nous disent les mythes urbains, comme celui des Digital Natives. Maître de conférence à l'université de Rouen et formatrice Espe, Anne Cordier y est allé voir de plus près. Une enquête ethnographique auprès de collégiens et de lycéens lui permet de proposer un autre rôle pour les enseignants. Face aux jeunes qui "grandissent connectés" , le professeur a encore toute sa place pour peu qu'ils veuille la prendre...
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2016/01/08012016Article635878329990941787.aspx

Anne Cordier : Culture numérique : L'enseignant reste un passeur

Quelles modifications le numérique apporte-il au développement intellectuel et personnel de l'enfant ? Quel doit être le rôle de l'enseignant? Et quelle place pour le professeur documentaliste ?

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2016/01/08012016Article635878329984545664.aspx

La police manque d'effectifs

À Ajaccio des personnes tendent une embuscade à des pompiers. C'est intolérable. On ne les a pour l'instant pas retrouvés. Le lendemain, en «représailles » contre des auteurs inconnus 300 personnes se rassemblent, crient « les arabes dehors nous sommes chez nous » et détruisent une salle de prière musulmane. On ne les a pas retrouvés non plus. Les journalistes du Petit Journal de Canal + ont enquêté. Ils ont déterminé en quelques jours que ce rassemblement était à l'initiative d'une milice d'autodéfense d'extrême droite, ils ont enregistré un entretien avec l'une des « responsables » de ce mouvement. Apparemment, en plein état d'urgence, la police, les services secrets ignorent tout de ce mouvement. Décidément la police manque d'effectifs ! Les journalistes ont aussi enquêté dans les milieux nationalistes corses (ceux qui ont gagné les élections régionales). Chez eux, pas de problème, ils déclarent en substance sur le ton de la plaisanterie : « les arabes dehors, ce n'est pas trop notre truc. Nous sommes nationalistes, nous c'est plutôt ''les français dehors'' ». On respire.

Économie de marché, la formule magique, mieux que abracadabra

Sous l'influence des évolutions politiques et idéologiques, il semble maintenant y avoir un consensus général, de la « gauche (?) » hollandaise à la droite sarkoziste pour convenir que « Nous sommes dans une économie de marché » et que l'on n'y peut rien, que l'on ne peut limiter les excès de cette économie, réguler ou, oh horreur, réglementer. Nous sommes dans une économie de marché, toute décision économique doit s'inscrire dans le cadre de la liberté sans limite du marché. C'est devenu une formule magique dans les débats politiques. Imaginez : que vous soyez de droite ou de gauche, vous débattez avec un adversaire. Vous vous trouvez en difficulté. Il suffit de sortir le joker « Nous sommes en économie de marché, vous le savez bien. », marquant ainsi une connivence. L'adversaire est annihilé !

Lettre alerte

Diffusion libre à condition de citer la source, [alerte] JM Bérard, et impérativement la date.

Le nuage de [alerte]

J’ai placé dans le nuage de [alerte] des textes et documents divers, avec le seul critère qu’ils me semblent intéressants et méritent d’être portés à votre connaissance. Cliquez, naviguez. Pour accéder au nuage cliquer sur :

alerte.entre-soi.info/nuage


Fonctionnement de la lettre [alerte]

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http://alerte.entre-soi.info/

Fin

de la lettre du 9 janvier 2016