[alerte] - JM Bérard - 20 septembre 2015

Sommaire

Bribes

Réduire le nombre de fonctionnaires

Vie associative

L'école

Le temps pour s'approprier les choses

École : apprend-on à comprendre ?

À toutes fins utiles

Un film

À propos de [alerte]

Le nuage de [alerte]

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Fin


Bribes

* En face de moi dans l'autobus deux femmes musulmanes très voilées s'installent. Elles se connaissent et bavardent. L'une est noire, l'autre pas, elles s'expriment et échangent en français, avec un accent mais en français. Je suis content. Tiens, contrairement à ce que dit une partie de la droite, l'intégration fonctionne bien ! Je suis en revanche plus sceptique lorsque je lis que, dans les banlieue, le port du voile est un outil de libération de la femme.

* Vieillir c'est ce qui nous empêche de mourir jeune. Extrait du journal d'une résidence pour personnes âgées, propos d'une résidente.

* Extrait du journal d'une résidence pour personnes âgées, à propos de la rentrée scolaire : le souvenir d'école le plus marquant pour Mme C. fut lorsque deux de ses voisines de classe sont arrivées avec une étoile. Elles lui ont demandé si elles devaient changer de place. Mme C. leur a répondu : restez là, plus que jamais.

Réduire le nombre de fonctionnaires

C'est le poncif de l'économie libérale, les fonctionnaires ne produisent pas de valeur, il y en a trop. Qui plus est, une partie de l'opinion publique pense que les fonctionnaires sont payés à ne rien faire. Lesquels ? Les enseignants ? Les policiers ? Les infirmières ? On ne sait pas, mais de toute façon il y en a trop ! Sarkozy supprimait un poste sur deux lorsque les fonctionnaires partaient à la retraite. Cette thèse revient en cour, comme par exemple dans le dernier rapport de la cour des comptes, et bien sûr chez Emmanuel Macron, notre ministre de droite de l'économie.

Mais dans ces conditions, que devient la notion de service public ?

Un exemple : lorsqu'on achète une voiture d'occasion, la sous préfecture de St Jean de Maurienne en Savoie ne délivre plus de cartes grises. La préfecture de Chambéry avertit sur son site qu'elle ne répond pas au téléphone et qu'il est tout à fait déconseillé de se présenter aux guichets. Il faut traiter le dossier par correspondance. Cela va sans doute faciliter les démarches lorsqu'il manque un document ou lorsqu'un document est mal rempli. La solution : confier la confection des cartes grises au privé ! Si si ! Des personnes privées peuvent désormais recevoir une délégation de service public pour établir les cartes grises. Cela se fait en dix minutes, on repart avec sa carte grise et l'on paie 26 euros, en plus bien sûr du timbre fiscal de la carte grise. C'est génial : on supprime des fonctionnaires et on les remplace en douce (étiez-vous au courant?) par un service privé payant.

Cela dit, rien n'est simple : quel est le contour du service public ? Les gens qui n'ont pas de voiture doivent-ils payer des impôts pour que ceux qui ont une voiture fassent faire leur carte grise par les fonctionnaires des préfectures ? Les automobilistes ne doivent-ils pas payer eux-même ?

On peut effectivement, cela n'est pas absurde, tout remettre à plat et réfléchir au cas par cas. Qu'est-ce que le service public ? Pas simple !

En France on considère que la formation (école, collège, lycée, université) contribue à l'avenir du pays et concerne donc tout le pays. Dans l'ensemble l'éducation est gratuite, financée par les impôts d’État. Aux États Unis, les études universitaires sont très chères. On part du principe du chacun pour soi. Les impôts de ceux qui n'ont pas d'enfants étudiants ne doivent pas servir à payer les études des étudiants. Les parents des étudiants se saignent aux quatre veines, les étudiants font des emprunts qui parfois les endettent pour la vie. France, USA, deux conceptions du service public. Je préfère la conception française.

Supprimer un poste de fonctionnaire sur deux lors des départs en retraite ? À condition d'avoir un vrai débat public sur ce qu'est le service public.

Vie associative

Féricy, Seine et Marne, 635 habitants. Toujours la créativité et le dynamisme des habitants et de la municipalité pour la vie associative, culturelle, écologique.

Aujourd'hui 13 septembre 2015, fête du cheval de trait et de l'âne. Cela ne vous dit peut-être rien mais ces deux catégories d'animaux participent à la vie économique, aux loisirs, au tourisme. En Île de France l'association Chev'ânes comporte de nombreux clubs. Cette association et la mairie de Féricy organisent tous les deux ans une journée d'animation qui attire près de 3 000 participants.

Il fait beau, l'atmosphère est détendue, tous flânent, assistent aux prestations des animaux, goûtent les mets proposés par la buvette, échangent avec leurs amis. Les animaux travaillent à leurs labeurs habituels (débardage, labourage) et font des démonstrations des activités de loisir : promenades en calèche, épreuve de maniabilité, carrousel, présentation en bande.

Il existe en France neuf espèces de chevaux de trait et huit espèces d'ânes reconnus par les haras nationaux.

Dans l'agriculture, ces animaux ont une place croissante. Ainsi dans la viticulture on remplace de plus en plus les engins mécaniques par des chevaux qui abîment moins les sols. Dans certaines forêts le débardage des bois coupés est réservé aux chevaux, le engins à essence sont interdits.

On connaît bien la place du cheval et de l'âne dans le loisir et le tourisme : randonnées en roulotte, randonnées assistées par des ânes pour porter les bagages, promenades en calèche. Bonjour à Marie et à ses cinquante ânes, mes voisins en Savoie.

Et c'est aussi une activité de passion : dressage dans des activités diverses, compétitions.

Évidemment raconté ainsi cela prend une tournure didactique qui rend mal compte de l'ambiance et du plaisir de la journée. Peut-être dans deux ans vous rencontrerai-je à la fête, peut-être en profiterons-nous ensemble ?

L'école

Le temps pour s'approprier les choses

Une fête à la campagne. Les organisateurs ont réalisé pour les enfants un labyrinthe : dans un carré d'une trentaine de mètres de coté ils ont disposé des balles de paille qui matérialisent les allées du labyrinthe. Un drapeau pour l'entrée, un drapeau pour le but, au centre. Aucun « responsable » pour expliquer ce qu'il « faut » faire. Le matin, les enfants ont déjà inventé un nouveau jeu : au lieu de partir de l'entrée pour atteindre le but, ils explorent systématiquement tous les chemins du labyrinthe, sans but particulier. On explore, on explore, on recommence. L'après-midi les enfants ont renoncé à marcher dans les allées du labyrinthe et sautent de balle de paille en balle de paille pour éprouver leur agilité. Certains parents tentent de revenir à une activité normale : il ne faut pas sauter sur la paille, il faut marcher sur le sol. Mais pourquoi donc ? Il est clair, hélas :-) que ces initiatives des enfants nuisent gravement à l'école traditionnelle : il n'y a pas de compétition entre les enfants, pas de but que l'on pourrait évaluer. Où va-t-on ? En fin d'après-midi des enfants ont trouvé que l'on peut sortir la paille des balles et se la lancer dessus. Rigolo sans doute, mais à mon avis un peu moins créatif car cela nécessite de détruire...

École : apprend-on à comprendre ?

Le responsable (Michel Lusssault) de l'organisme (CSP) qui écrit les programmes de l'école et du collège vient de rendre sa copie. Il déclare : « Pour la première fois depuis 30 ans, les programmes sont tournés vers la compréhension des élèves. Nous ne voulons pas former des élèves qui utilisent des recettes sans comprendre. Or souvent, des élèves de CP savent lire sans comprendre ce qu’ils lisent, compter sans comprendre à quoi ça sert, situer un lieu sans savoir vraiment où il se trouve. » Je n'ai pas encore lu les projets de programmes. Pour ne pas braquer les conservateurs avant les élections, la ministre axe sa communication sur le calcul, la lecture, la dictée. Le président du CSP est un peu surpris du choix de cet angle de communication qui limite la portée des projets de programme. Pour ma part je suis un peu surpris de ce que dit le président du CSP. À titre personnel, j'ai effectivement tendance à penser que l'école ne se donne pas suffisamment comme objectif le fait que les élèves comprennent et se donne un peu trop comme objectif que les élèves sachent répéter. Je pourrais donc mot pour mot écrire tout ce que dit le président. Mais, comme tout ce qui est dans cette lettre, c'est un avis personnel, partial et qui n'engage que moi. Quelle drôle de manie des hommes politiques et du président du CSP que de dire : avant moi, rien n'allait, maintenant tout va aller mieux. Dans la bouche d'un responsable ministériel cette analyse à l'emporte pièce et cette autosatisfaction me laissent dubitatif. S'il suffisait de changer les programmes pour changer l'école, cela se saurait ! Il faut plus que cela : des efforts à long terme de formation et de conviction des profs, une coopération en profondeur avec les parents, la production d'outils pédagogiques, le travail de « didactisation » qui, comme le dit le président du CSP, n'est pas fait dans les programmes. La baguette magique de Michel Lussault n'a pas à elle seule, je crois, le pouvoir de transformer la citrouille en carrosse. En revanche, un changement de ministre, un changement de majorité auront le pouvoir de transformer le carrosse en citrouille. Éternel problème de l'éducation nationale : le temps de réponse de l'institution est long, la durée de vie d'un ministre est courte.

À toutes fins utiles

Prévenir l'accident vasculaire cérébral, vidéo à regarder, lien à diffuser à vos amis. Il me semble que le simple fait de prendre cinq minutes pour regarder cette vidéo peut sauver des vies, y compris la vôtre.

https://www.youtube.com/watch?v=MDyTqlvbnQI

Un film

L'une de vous me conseille le film Nous venons en amis, qui a aussi une très bonne critique dans Télérama.

Le cinéaste a survolé les forêts du Soudan, les décharges, les villages misérables et les raffineries gigantesques. […] Au nom de l'aide au développement, Chinois et Américains polluent et exproprient. Au nom de l'humanitaire des évangélistes texans pratiquent un prosélytisme entre paternalisme et propagande. […] Le cinéaste a survolé l'essentiel : le festin des prédateurs. Car, comme le dit l'un des protagonistes du film « Même la lune appartient à l'homme blanc. »

J'irai le voir, bien sûr. Avec toutefois un esprit critique vigilant. J'avais beaucoup aimé, du même auteur, Le cauchemar de Darwin, montrant le pillage de l'Afrique, l'exploitation de ses habitants et les trafics d'armes à propos de la pêche de la perche du Nil dans le lac Victoria en Tanzanie. J'avais été un peu déçu d'apprendre plus tard qu'il ne s'agissait pas d'un documentaire rigoureux, mais d'une réalité un peu romancée, dans le genre « si ce n'est pas vrai, cela pourrait l'être. » Je ne mange plus de perche du Nil (pourtant délicieuse), je maintiens que le film était utile, mais avec un peu de méfiance. J'irai voir « Nous venons en amis ». Après avoir vu Marguerite.

À propos de [alerte]

Diffusion libre à condition de citer la source, [alerte] JM Bérard, et impérativement la date.

Le nuage de [alerte]

J’ai placé dans le nuage de [alerte] des textes et documents divers, avec le seul critère qu’ils me semblent intéressants et méritent d’être portés À votre connaissance. Cliquez, naviguez. Pour accéder au nuage cliquer sur :

id=0B_Wky0_FwW1tekd3aXNsOEpwVk0&usp=sharing

Fonctionnement de la lettre [alerte]

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Outre l’envoi par courrier électronique sur simple demande, les lettres [alerte] sont consultables sur

http://alerte.entre-soi.info/

Fin

de la lettre du 20 septembre 2015