[alerte] - JM Bérard - 7 juin 2015

Sommaire

Bribes

Fête des mères

Biodiversité : notre futur est au fond des océans

Sciences et vie quotidienne

Instinct de mort, pourquoi ta victoire ?

Alerte, humour et parodie

La pression monte

Le commerce reprend ses droits

Relançons le débat ? Ou pas

Pesticides

À propos de [alerte]

Le nuage de [alerte]

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Fin


Je savoure

* La vie de Galilée, Bertolt Brecht, jusqu'au 21 juin 2015 au théâtre Le Monfort 01 56 08 33 88

En cette période de questionnement sur la place de la science dans la société, les relations entre la science et le dogmatisme, l'intolérance en général, un spectacle indispensable.

Par « période » j'évoque bien sûr l'époque de Galilée ! Toute relation avec des faits actuels...

J'ai été étonné par mes propres manques de repères historiques ; j'ai consulté mon moteur de recherche préféré, Qwant, qui, jusqu'à plus ample informé me semble meilleur de Google : c'est en 1616 que l’église a obligé Galilée à se rétracter et à convenir que le fait que la terre n'est pas le centre du monde n'est qu'une simple hypothèse. L’Église autorisa la publication d'ouvrages sur l'héliocentrisme en 1750. En France le roi Louis XIV, roi soleil au règne glorieux, a régné de 1643 à 1715. Rendez-vous compte : durant tout le règne de Louis XIV (héritage de la pensée de Descartes, Molière, Lafontaine, Racine), l'église interdisait que l'on dise que la Terre tournait autour du Soleil.

* zoo de Vincennes : intéressant, même sans enfants ! Il faut descendre à la station porte dorée du tram T3.

Bribes

Fête des mères

Reçu de l'une de vous :

À propos de la fête des mères, eh bien si j'en crois mes petits enfants... on ne prépare plus rien à l'école, même en maternelle. En effet, il semblerait que cela ait provoqué beaucoup trop de problèmes avec les familles recomposées... (et vu la stupidité d'une institutrice qui avait puni une de mes petites-filles, orpheline de mère, car elle refusait de faire le cadeau qu'elle avait décidé, j'avoue ne pas regretter cet abandon...JM B : stupidité semble un qualificatif bien faible !). Ce qui ne m'a pas empêché d'être infiniment touchée dimanche de recevoir (...par Interflora !), un splendide bouquet de roses de mes enfants.

Biodiversité : notre futur est au fond des océans

Extrait du site

http://www.up-magazine.info/index.php?option=com_content&view=article&id=4671:notre-futur-est-au-fond-des-oceans&catid=173:bio-diversite&Itemid=824

Les terra incognita existent encore sur notre planète.

Le fonds des océans en est une, de taille.

Dans un numéro spécial de la revue Science publié le 22 mai 2015 une équipe de chercheurs, internationale et multidisciplinaire, a cartographié l’extraordinaire biodiversité d’un large éventail d’organismes marins. Issues d’une partie des 35 000 échantillons collectés dans les océans de la planète durant l’expédition Tara Oceans, ces données constituent des ressources sans précédent pour la communauté scientifique, dont un catalogue de plusieurs millions de nouveaux gènes, qui vont transformer la façon dont on étudie les océans et dont on évalue le changement climatique.

Depuis plus de 10 ans la goélette Tara a parcouru 300 000 kilomètres sur tous les océans et réalisé dix expéditions pour étudier et comprendre l’impact des changements climatiques et de la crise écologique sur l’Océan, avec des résultats concrets.

Voir aussi

http://oceans.taraexpeditions.org/m/science/les-actualites/itw-deric-karsenti-une-avancee-scientifique-majeure-pour-locean/

Remarque  : à la surface de la terre la biodiversité recule à grande allure. On est heureux de constater que le plancton marin présente, lui, une grande biodiversité, malgré les tonnes de matière plastique, de pétrole et autres amabilités que l'humanité déverse dans les mers. Une fois de plus on constate que les critiques faites aux « intégristes écolos » ne tiennent pas la route. On leur reproche de vouloir défendre la planète. La planète va bien, c'est l'existence de l'homme sur la planète qui est en jeu. Une fois l'espèce humaine disparue, il restera le plancton, les cafards et tout un tas de trucs sympas. Le titre de l'article dont j'ai donné le lien est « notre futur est au fond des océans ». Notre ? Le futur de la planète, oui. Le futur de l'espèce humaine, c'est moins sûr.

Sciences et vie quotidienne

Je sais, vous n'aimez pas cela. J'aurais dû mettre un autre titre !

* Canicule : ce vendredi 5 juin 2015 la météo prévoit des températures très élevées. À la radio, pour plaisanter, un journaliste dit « il faudra passer l'après-midi les pieds dans le frigo. » J'ai bien compris, c'est une plaisanterie, mais je me demande si cela ne témoigne pas aussi d'un manque de culture scientifique. Un réfrigérateur est une petite armoire fermée le plus hermétiquement possible. Le compresseur tourne, il prend un peu de chaleur dans la petite armoire et rejette beaucoup de chaleur dans la pièce. Plus qu'il n'en prend. Au bout d'un temps l'intérieur de la petite armoire est froid, mais la pièce a été réchauffée. Si vous laissez la porte ouverte, le compresseur tourne en permanence, il prend de la chaleur mais ne parvient pas à refroidir l'intérieur de la petite armoire puisque la porte est ouverte. En revanche il continue de rejeter beaucoup de chaleur dans la pièce. Un réfrigérateur ouvert réchauffe beaucoup la pièce dans laquelle il est. Pour refroidir les pieds, il faut soit mettre les pieds dans l'armoire fermée (difficile) soit poser les pieds directement sur la paroi du freezer. Fortement déconseillé, les pieds risquent de se coller à la paroi. Cela refroidira les pieds, mais la pièce sera chauffée comme par un radiateur. Pour refroidir une pièce on ne peut donc pas utiliser un frigo. Il faut un climatiseur, qui prend la chaleur à l'intérieur mais la rejette à l'extérieur par un système d'évacuation.

On dit que le niveau scolaire baisse. Lorsque, il y a longtemps, j'étais au lycée, on apprenait les lois de Carnot. Je ne sais pas du tout si nous faisions le rapport entre ce que nous apprenions et le fonctionnement d'un frigo. On s'intéressait surtout à la machine à vapeur, fleuron du développement de l'industrie. Et surtout j'aimerais beaucoup savoir comment les gens de mon âge qui sont allés au lycée décrivent le fonctionnement d'un frigo. Que reste-t-il de nos études ? Nous avions un « bon niveau » pour passer le bac, mais que savions-nous vraiment ?

* Reconversion énergétique : le monde entier, du moins à ce qu'on nous dit, est mobilisé pour la conférence de Paris sur le climat et cherche des solutions de reconversion pour remplacer les énergies fossiles par les énergies renouvelables. Simultanément, étrange campagne publicitaire de Total, publicités pleine page dans les journaux : « Total investit massivement dans le gaz naturel, la plus propre des énergies fossiles ». C'est tout de même une bien étrange idée de Total que de lancer une campagne massive en faveur des énergies fossiles. Le gaz naturel, dit Total, est la plus propre des énergies fossiles. Mais là n'est pas le problème : en tant qu'énergie fossile le gaz naturel produit du dioxyde de carbone et participe au réchauffement climatique. On est loin de la reconversion énergétique. Étrange idée que de lancer une telle campagne à l'approche de la conférence de Paris. Total balise préventivement le terrain : touche pas à mon énergie fossile.

Instinct de mort, pourquoi ta victoire ?

Source : Le Monde, 5 juin 2015.

Ce n'est pas de l'humour : je suis révolté, furieux, écœuré devant la montée de l'instinct de mort dans notre société.

La mort, bon, on sait, chacun meurt un jour ou l'autre. Même si les fanatiques de la « philosophie » et du business transhumanistes travaillent à lutter contre la mort. Pour ma part, j'ai horreur de la mort programmée : peine de mort, suicide assisté, mais je sais que chacun meurt.

Mais pourquoi l'instinct de mort ? Nous sommes en plein paradoxe. Les progrès technologiques protègent l'homme et sa santé, notre société est encadrée, balisée, surveillée et pourtant tout se passe comme si tout progrès devait se payer par une part de mort : accidents de la route, obésité, pollution par les pesticides, réchauffement climatique... C'est comme si un principe ancestral enfoui en nous nous rappelait que Dieu décide de la mort et que tout progrès doit être puni d'une certaine façon. (Bon, on me fait remarquer que j'oublie la récompense qu'est la vie éternelle, mais cela ne fait pas partie de mes repères habituels.) Tout se passe comme si nous nous reprochions de vouloir trop goûter les fruits de l'arbre de la connaissance ! Le mystère réside dans le fait que nous nous punissons nous-mêmes : rien ne nous oblige à manger trop, à rouler trop vite sur la route, à consommer trop, à polluer les nappes phréatiques et à compromettre le séjour de l'homme sur terre par le réchauffement climatique. Rien ne nous oblige.

C'est dans ce contexte que je suis révolté par la pétition lancée par le professeur Joyeux, au nom de « l'institut pour la protection de la santé naturelle. » Au risque de vous surprendre, je pense que cette pétition est un (trop) bon exemple du travail de l'instinct de mort. La pétition a récolté 500 000 signatures en quinze jours. La pétition est rédigée de façon habile et porte en apparence sur un point « technique » concernant la disponibilité des vaccins en France. Il me semble cependant que, dans le contexte actuel, cette pétition vient malencontreusement au secours de toute la mode anti-vaccins qui s'étend dans les pays riches. Je pense que, avant de lancer une pétition forte inquiétante pour l'ensemble de l'opinion, le professeur (un prof de médecine, ce n'est pas n'importe qui) avait beaucoup d'autres moyens de lancer une alerte, s'il fallait lancer une alerte. Je je n'ai pas signé la pétition, je désapprouve la méthode semeuse d'inquiétude qu'a choisie le professeur.

Cela étant dit, il ne me semble pas utile d'aller plus loin dans l'analyse du texte de la pétition. Je reviens donc, hélas une fois de plus, sur le débat concernant les vaccins.

La pétition est rédigée de façon habile, mais au fond vient juste au bon moment pour alimenter la campagne de méfiance. Cela me choque beaucoup : dans le monde entier les beaux esprits bobo mettent en cause les vaccins. Vive la santé naturelle, ce qui laisse toute leur place aux charlatans divers vendant des plantes « naturelles ». La pétition du professeur Joyeux (un professeur) renforce massivement ce mouvement de méfiance contre la vaccination. Dans plusieurs pays du monde, on observe déjà, du fait de la méfiance contre les vaccins, une réapparition de maladies quasiment disparues.

Je parle souvent des vaccins dans cette lettre, mais je vais tout de même me répéter.

- les vaccins permettent de lutter contre les épidémies. À titre d'exemple, depuis la vaccination, la méningite et la coqueluche ont fortement régressé. 165 cas de coqueluche en 2013, 7 000 en moyenne par an avant la vaccination en 1966. Avant 1945 45 000 cas de diphtérie étaient déclarés par an en France, dont 3 000 mortels. Avant 1940 le tétanos tuait 400 personnes par an. Grâce aux vaccins, ces maladies ont disparu en France sauf cas rarissime. Que se passerait-il si l'on ne vaccinait plus ? En ce moment, par suite des refus de vaccination, la rougeole refait son apparition en France, et le mouvement concerne beaucoup de pays développés dans le monde(oui, on appelle pays développés ces pays dans lesquels les croyances les moins fondées circulent), ou du moins les milieux bobo des pays développés. Au passage je vous signale que le tétanos est une maladie mortelle, le vaccin protège efficacement. La vaccination des bébés est obligatoire et, selon les sources que j'ai consultées, il faut, selon son âge, faire un rappel tous les 10 ans. Demandez à votre médecin.

- comme tout médicament (mais aussi comme toute plante naturelle) un vaccin peut présenter un danger. Mais un vaccin n'est diffusé que lorsque des expériences méthodiques ont démontré que les risques sont très faibles par rapport à la protection. Ajoutons que certains arguments sur les risques des vaccins sont faux : une hypothèse circule selon laquelle l'aluminium comme adjuvant dans les vaccins (utilisé depuis plus d'un siècle) diffuserait dans le cerveau et serait responsable de Alzheimer ou Parkinson, cette hypothèse ne repose sur aucun fondement scientifique démontré.

- pourquoi une telle mode dans le monde entier ? Saturés par les progrès technologiques nous voulons revenir à la « nature ». Cela laisse toute leur place aux charlatans, médecines parallèles et officines vendant très cher des produits « naturels ». Nul ne peut se passer de smartphone ultra-technologique, mais pour sa santé il faut revenir à la nature, sans que rien puisse prouver l'efficacité de ces traitements souvent charlatanesques. Bon, je sais bien : en Afrique, en Chine, des plantes traditionnelles sont utilisées depuis des siècles et soignent vraiment. C'est vrai. Cela ne pose pas de problème à la médecine « occidentale » : on analyse les plantes, on recherche les principes actifs, on fait des études sérieuses d'efficacité et de dangerosité et si ces études sont concluantes on fabrique des médicaments. Pourquoi fabriquer des médicaments plutôt que prendre directement les plantes sur place ? Pourquoi passer par l'industrie pharmaceutique ? D'abord parce que les médicaments font l'objet d'études sérieuses sur leur efficacité et leur dangerosité. Ensuite par ce que, avec des plantes, dans les pays occidentaux, on n'est en général pas suivi par un médecin, on dose au hasard ou au gré des prescriptions d'un gourou.

Vu le nombre de plantes toxiques dans le monde, je ne sais pas d'où peut venir l'idée que « c'est naturel, ce n'est pas dangereux. » Un seul tout petit exemple : je n'y connais pas grand chose, mais je me suis promené dans la forêt avec une personne compétente : il existe des plantes portant des baies magnifiques et pourtant très toxiques. Beaucoup de champignons sont toxiques ou mortels. La belladone, aux baies superbes, est hautement toxique. D'où peut venir l'idée absurde que ce qui vient de la nature n'est pas dangereux ?

Les vaccins peuvent être dangereux ? Oui : rien n'est inoffensif, mais la vente d'un vaccin est précédée de nombreux essais pour prouver que les risques sont bien inférieurs aux avantages.

De nos jours, la mode est d'entrer dans un grand mouvement bobo mondial de retour à la nature, de refus du système, de contestation de l’État. Que dira un adversaire de la vaccination à un handicapé physique ou mental dont la maladie aurait pu être évitée par le vaccin, que lui dira-t-il ? « Tes parents ont bien fait de ne pas te faire injecter des saloperies dans le corps ils ont préféré la nature. Tu es en fauteuil roulant, mais au moins on n'a pas violé notre mère nature en te vaccinant. » Il ajouterait peut-être aussi « Il faut lutter contre le grand capital qui possède les labos pharmaceutiques ». Sans doute faut-il lutter aussi contre les fabricants d'automobiles. Il dirait en conclusion « Entre le risque réel mais statistiquement faible d'effets secondaires et le grand risque d'attraper la maladie, tes parents ont préféré t'exposer au risque de la maladie. Du même coup ils ont aussi exposé l'ensemble de la population au risque de la maladie, car un vaccin n'évite les épidémies que si la couverture vaccinale est suffisante. ».

Le problème est le même, de nos jours, pour toute affirmation scientifique : la moindre rumeur circulant sur les réseaux sociaux a plus de poids que des avis d'experts ou des campagnes de prévention. Cela fait chic, cela fait esprit fort de s'opposer à la « science officielle ». « Le système » veut décider pour moi, mais je résiste en prenant moi-même les choses en main !

Vous l'avez constaté depuis quelques temps dans [alerte], je critique souvent le gouvernement. Pour une fois je cite en positif la ministre de la santé Marisol Touraine : « Je trouve indigne de la part d'un médecin de faire croire qu'un vaccin c'est mauvais pour la santé. »

La pétition du professeur a recueilli 500 000 signatures, c'est beaucoup. Donc, probablement, certains d'entre vous ont signé. Je publierai vos réactions, sans commentaire individuel désobligeant, je vous le promets.

Bon. Lutter contre les vaccins mettra vos enfants en danger, mais aussi l'ensemble de la population, puisque le taux de couverture vaccinal ne sera pas atteint. C'est comme rouler trop vite sur la route : cela ne serait pas grave si cela ne mettait que votre vie en danger. (;-) Mais cela menace aussi la vie des autres.

Attention : ce que j'ai écrit avec vivacité peut laisser penser que je suis contre le débat scientifique. Il est vrai que, à première vue, je ne suis pas du tout convaincu par les arguments de Joyeux, mais cela ne doit pas empêcher le débat. Je n'en ai d'ailleurs pas parlé. Simplement est-ce bien responsable pour un professeur de médecine de lancer une pétition alarmiste au moment même où tous les pays se désolent de la méfiance contre la vaccination ? Je pense qu'un scientifique responsable avait bien d'autres moyens, si besoin, de lancer un débat scientifique, d'abord entre pairs et en alertant les différentes autorités sanitaires sans ameuter et terrifier la population comme première méthode d'action. C'est la tactique de l'arme de destruction massive, on vise haut et fort, sûr de son bon droit, mais attention aux dommages collatéraux que serait une nouvelle baisse massive de la vaccination.

Remarque de l'une de vous : je suis partisan de la vaccination en général, mais j'ai des doutes personnels concernant la vaccination contre la grippe. Il me semble que d'une année sur l'autre le vaccin n'est pas forcément efficace contre les virus qui vont vraiment se développer. Personnellement je fais appel à la couverture protectrice de l'homéopathie et je ne me fais pas vacciner.

Alerte, humour et parodie

J'avoue être un peu épaté. Mon billet humoristique et parodique sur les chaussettes célibataires a suscité chez vous une vague de créativité pleine d'imagination. Sur un sujet dont je n'imaginais pas l'importance !

Jusqu'à maintenant, les lettres [alerte] qui avaient suscité de votre part le plus de réactions étaient celles sur la fin de vie, l'euthanasie, le suicide assisté. Du sérieux. Et nous voici en plein délire imaginatif. C'est chouette... Je pense que peut-être la dureté de la crise, la montée des idées d'extrême-droite, les discours de Nicolas Sarkozy sur l'immigration incitent à se créer une petite oasis rigolote. Bon, je ne sais pas si je referai cela souvent. Vous risquez de vous lasser, et puis ce n'est pas si facile.

Voici donc une série d'apports nouveaux qui, je pense, mettent fin à ces riches échanges.

La pression monte

J'ai reçu cela de l'un de vous. Je dois le publier car il vient de l'un des plus fidèles contributeurs et un ami qui plus est. Je n'ai pas le choix. (lol !). Je dois cependant vous signaler que le dispositif décrit comporte un gros risque de sécurité. Voir ma mise en garde à la fin du billet. Je décline toute responsabilité.

Madeleine, consciente de mon désarroi permanent, m'a acheté des chaussette siamoises.

Simple comme bonjour : il suffit, à l'usine chinoise ou pakistanaise ou plutôt sri-lankaise, ou tunisienne, oh puis après tout, n'importe quelle usine, il suffit donc de coudre au sommet de chaque chaussette, juste sous la partie élastique, cette élastique qui chaque soir dépose une trace rougeâtre sous le mollet, trace de l'attachement indéfectible de "ma" chaussette à moi, car oui ma chaussette veut rester collée à ma peau ; pourquoi donc m'en séparer chaque soir ? pourquoi ne pas dormir avec ma chaussette ? elle serait bien, là au chaud, au fond du lit, lovée dans son odeur, macérée dans sa chaleur... mais voilà, je m'en sépare chaque soir, ingrat, la jette sur le parquet et l'oublie toute la nuit... et demain je prendrai n'importe laquelle et enfilerai la droite sur le pied gauche et enfoncerai le pied droit dans la chaussette gauche et puis et puis,... à l'usine donc, n'importe où dans  le monde, il suffit, comment n'y a-t-on pas pensé plus tôt ? il suffit, mais oui bien sûr ! de coudre une toute petite pression, une pression du type de celles qui ferment ma braguette, la coudre là au sommet, juste sous l'élastique... Admirons la prudence de cet ami qui ferme sa braguette par des boutons pression, au lieu de prendre le risque moderne généralisé d'être coincé par une fermeture Éclair.

Attention ! restons vigilants : il faut, pour chaque paire, une paire de pressions : une pression mâle et une pression femelle.

Si c'est pas génial ça ?

Problème : les chaussettes sont siamoises dans l'armoire et séparées pour leur travail. Il faut les re-réunir pour leur repos, leur lessive, les re-séparer au séchage, les re-réunir pour l'attente dans l'armoire.

Las ! dans mon armoire lézardent de nouvelles chaussettes orphelines, je porte des chaussettes dotées de pressions femelle femelle, ou mâle-mâle, j'ai perdu tout espoir de pouvoir leur faire retrouver leur sœur jumelle. Madeleine a agrafé une bleue sur une noire, une brune sur une lignée, une pointure 42 sur une 36, etc, etc,...

Tout est donc à refaire.

Comme le monde d'ailleurs !

Mise en garde de sécurité JM B : le procédé décrit consiste à coudre un bouton pression mâle sur une chaussette et un bouton pression femelle sur l'autre. Imaginons, pendant la marche du porteur de chaussettes, que le bouton pression mâle soit pris d'un violent désir pour le bouton femelle (ou le contraire). Les boutons cousus sur chaque chaussette ne pouvant contenir leurs pulsions se précipitent l'un vers l'autre pendant la marche, s'agrafent et voici le marcheur coincé, les deux pieds dans le même sabot, condamné à une lourde chute. C'est un problème sans solution, car si l'on ne prend pas un bouton mâle et un bouton femelle on ne peut pas agrafer ! Ou alors faut-il tremper les chaussettes dans le bromure avant de les porter ? L'un de vous a-t-il fait l'expérience ?

Le commerce reprend ses droits

Reçu de l'une de vous : À propos des chaussettes, cette malédiction, hélas très répandue, est désormais levée avec les miraculeux "accroche-chaussettes". Il suffit lorsque le locataire des chaussettes les quitte, qu'il les fasse entrer dans l'instrument adéquat ; elles sont ainsi reliées dans la corbeille à linge sale, dans la machine à laver et dans le sèche-linge ou sur le fil à linge ! Astucieux, n'est-ce pas ? Dois-je préciser que ces petits engins précieux sont vendus sur amazon (14,86€ les 20) mais on les trouve aussi dans certains bazars...

Merci, c'est un scoop, je ne savais pas que cela existait. Et surtout en écrivant mon article parodique sur les chaussettes je ne savais pas que c'est un problème réel dont se préoccupe le grand capital. (Si Amazon le vend c'est que c'est un vrai problème !) Cet article donne en plus une indication sur la taille moyenne d'une famille, puisque les appareils sont vendus par 20, ce qui doit correspondre à la taille moyenne d'une famille recomposée pour une lessive par semaine. Bon, c'est un peu juste. Il ne faut pas changer trop souvent de chaussettes. Ou faire la lessive plus souvent.

Je me demandais si c'était de l'humour : eh bien non cela existe vraiment !

http://www.amazon.fr/Ruco-Lot-20-accroches-chaussettes/dp/B000I46D9K

Relançons le débat ? Ou pas

L'une de vous relance le débat : pourquoi n'y a-t-il pas de chaussures orphelines ? Il faudrait aussi se demander s'il y a des collants célibataires. Bon, je ne méconnais pas du tout l'importance de la question, mais peut-être avons-nous passé assez de temps là-dessus pour cette fois-ci.

Pesticides

L'association « agir pour l'environnement », lance une pétition pour hâter l'interdiction de la vente des pesticides aux particuliers. Cette interdiction est prévue, mais seulement pour 2022. C'est le temps dont les producteurs de pesticides ont besoin pour se préparer !

Mon regret : dans un temps analogue cette pétition a recueilli beaucoup moins de signatures que celle du professeur Joyeux sur les vaccins.

Pour signer

http://stop-roundup.agirpourlenvironnement.org/

Je signe cette pétition pour tenter de faire preuve d'une certaine logique dans mes actions personnelles contradictoires. Oui, j'utilise du roundup (cancérogène probable) pour entretenir mon jardin en Savoie. Je sais que cela manque totalement de sens civique. Cela m'a été reproché. Ayant signé, je ne pourrai plus utiliser le roundup puisqu'il sera interdit. Ou alors, ayant signé j'aurai fait mon devoir et pourrai continuer d'utiliser le roundup sans culpabiliser.

À propos de [alerte]

Diffusion libre à condition de citer la source, [alerte] JM Bérard, et impérativement la date.

Le nuage de [alerte]

J’ai placé dans le nuage de [alerte] des textes et documents divers, avec le seul critère qu’ils me semblent intéressants et méritent d’être portés à votre connaissance. Cliquez, naviguez. Dernier document mis en ligne : le texte de B. Wolff sur l'effet Mpemba. Pour accéder au nuage cliquer sur :

https://drive.google.com/folderview?id=0B_Wky0_FwW1tekd3aXNsOEpwVk0&usp=sharing

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Inscription sur la liste de diff sur simple demande. On peut aussi se désinscrire. Les adresses des destinataires n’apparaissent pas lors de l’envoi.

jean-michel.berard x orange.fr

Ce qui est écrit dans cette lettre n’engage strictement que moi, sauf bien sûr s’il s’agit de la citation d’un appel ou d’un communiqué.

Les remarques et réactions que vous m’envoyez concernant ce que j’écris me sont précieuses, indispensables, car elles font rebondir la réflexion.

Lorsque je publie l’une de vos réactions, je ne mentionne pas votre nom. La liste de diffusion comporte 200 abonnés, qui plus est la lettre est disponible sur internet, et je pense que vous ne tenez pas forcément à ce que votre qualité de lecteur de [alerte] soit diffusée ainsi.

Les messages que vous m’envoyez, s’ils concernent la lettre [alerte], peuvent être diffusés dans la lettre, (un peu comme le courrier des lecteurs qui écrivent à un journal), mais sans que votre nom soit cité. Si en m’envoyant une réaction sur la lettre vous ne souhaitez pas du tout qu’elle soit publiée, merci de me le signaler.

Outre l’envoi par courrier électronique sur simple demande, les lettres [alerte] sont consultables sur

http://alerte.entre-soi.info/

Fin

de la lettre du 7 juin 2015