[alerte] - JM Bérard - 22 mars 2015

Sommaire

Porter secours en urgence

J'ai apprécié

Tout va bien

Sécurité, libertés ? La loi sur le renseignement

Éducation nationale : détricoter

La France abandonne sa Sécurité routière

L'effet Mpemba

Effet Mpemba : vos contributions

Consommation

À propos de [alerte]

Le nuage de [alerte]

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Fin

Porter secours en urgence

Quiconque, à tout âge (vous, un ami, la personne à qui vous êtes en train de parler), peut être victime d'un accident vasculaire cérébral, AVC. Il est dans ce cas vital d'appeler le 15 en extrême urgence. Vous pouvez prendre trois minutes de votre vie pour regarder cette petite séquence vidéo qui vous permet de reconnaître un AVC. Trois minutes pour éviter peut-être de graves séquelles.

https://www.youtube.com/watch?v=MDyTqlvbnQI

J'ai apprécié

Je vous propose un film, tout en vous disant que c'est un film difficile, et difficile à supporter. Lorsque je l'ai vu il y avait quatre personnes en tout dans la salle. Et pourtant je vous le propose.

Crosswind, la croisée des vents, de M. Helde a pour thème la tentative de génocide des peuples baltes (en particulier estonien) par Staline, de 1941 jusqu'à sa mort. Télérama dit « une formidable et bouleversante expérience de cinéma. » Je trouve que cela fait un peu guide touristique pour parler des souffrances de toutes ces personnes. Austérité, rigueur, bouleversement face à ce rouleau compresseur impitoyable de la déportation et de la destruction de l'humain dans l'être.

Tout va bien

En Israël, Benjamin Netanyahou gagne les élections. La veille du scrutin il déclare qu'il n'est pas favorable à l'existence d'un état palestinien. L'existence d'un état de Palestine et de l'état d'Israël vivant en paix aux cotés l'un de l'autre est pourtant depuis de nombreuses années l'épine dorsale de toute la politique internationale. Illusoire ? En tout cas axe admis, en paroles au moins, par tous. Exit l'état de Palestine. Netanyahou n'a pas dit quel avenir il réserve aux palestiniens qui vivent en Palestine. C'est sans doute une question sans importance. En tout cas sans importance pour être élu.

En France, le premier ministre Valls déclare en substance : j'ai peur pour mon pays, la France, qui va se fracasser contre le Front National. Voilà une critique sérieuse et fouillée des thèses du FN ! Devenus lucides grâce aux déclarations de Valls les personnes qui comptaient voter FN vont y renoncer.

Sécurité, libertés ? La loi sur le renseignement

C'est toujours le même problème : pour assurer notre sécurité, jusqu'où pensons-nous pouvoir sacrifier des bribes ou des pans entiers de nos libertés ? Quelles garanties individuelles donner aux citoyens, quelle part faut-il laisser à la société pour se protéger et protéger les citoyens ? Ces débats ont connu une intensité croissante avec le développement du numérique : fichiers, caméras de surveillance, surveillance des données personnelles par les états. Et la montée du terrorisme un peu partout dans le monde exacerbe ces débats.

La loi sur le renseignement discutée ce 19 mars 2015 à l'assemblée nationale est un très beau concentré de ces contradictions. On ne peut pas laisser des terroristes tuer des journalistes, des policiers, des clients juifs d'un hypermarché. Il faut donner aux services de renseignement le droit de surveiller, écouter, ficher. Mais jusqu'où ? Comment savoir à l'avance que quelqu'un deviendra un terroriste ? Doit-on considérer chacun comme un terroriste potentiel, tout enregistrer, tout pister, cela servira bien un jour ou l'autre...

La loi débattue ces jours-ci donne davantage de droits aux services de renseignement. Elle est d'ailleurs présentée de façon étonnante : jusqu'à présent les services faisaient tout cela sans y être autorisés, c'est un progrès pour les libertés de les autoriser puisque du coup cela deviendra légal. Au moins ce sera officiel ! En principe ! En clair, jusqu'à maintenant les services faisaient ces choses illégales et tout le monde le savait ! Le premier ministre, le ministre de l'intérieur sont eux-mêmes un peu gênés : nous ne voulons pas nuire aux libertés.

Désormais les services de renseignement pourront poser des micros dans les locaux, géolocaliser les personnes, capter ce que l'on frappe sur le clavier d'un ordinateur, « siphonner » le contenu d'un téléphone portable lorsqu'on passe à coté de la personne. Les données pourront être collectées directement auprès des opérateurs. Des logiciels permettront d'analyser les activités des personnes sur internet (quels sites consulte-t-il, etc...) pour déterminer si cette personne a un profil permettant de soupçonner des activités terroristes. Grandiose : c'est un logiciel qui, en fonction de ce que je fais sur internet, me classera dans les terroristes potentiels. Je suppose que l'on pourra facilement savoir si une personne a des activités syndicales, associatives ou politiques, mais en principe, en principe, ce n'est pas le but. En principe.

Tout cela semble exorbitant. On nous répond: c'est justifié, il faut bien détecter à l'avance les terroristes. Mais qui sera ainsi pisté ? À peu près tout le monde, à tout hasard, comme aux USA ? Un nombre restreint de personnes, mais déterminées comment ? Au fil des gouvernements, qui peuvent devenir peu démocratiques, sait-on jamais, va-t-on vers une surveillance généralisée et secrète ?

La Commission nationale de l'informatique et des libertés s'inquiète, dans un avis confidentiel que « Le Monde a pu se procurer. » Qu'est-ce que cela veut dire ? Avant Sarkozy, la Cnil émettait des avis conformes et publics. Conforme, cela voulait dire qu'une loi utilisant l'informatique pour pister les citoyens ne pouvait exister que si la Cnil donnait son accord. Depuis Sarkozy la Cnil émet des avis simples (le gouvernement n'est pas tenu de les suivre) et non publics. « Le Monde a pu se procurer » signifie que pour diffuser ses réserves la Cnil (ou quelqu'un d'autre) a été obligé d'organiser une fuite illégale. C'est la transparence démocratique ! Notez que, c'est sans doute un oubli, Hollande au pouvoir n'a pas rétabli les droits antérieurs de la Cnil.

La Cnil, donc, s'inquiète devant l'extension des surveillances, extension mal définie, et devant le fait que la nature de ce que l'on peut surveiller est mal définie. La Cnil observe que certaines dispositions sont telles que les garanties pour préserver les droits et les libertés ne sont pas suffisantes pour justifier une telle ingérence.

La Cnil ne s'attarde pas sur un point qui, pour moi, est pourtant essentiel : le contrôle des activités des services de renseignement sera confié à diverses instances administratives, et non à des instances de l'ordre judiciaire. Étrange conception de la séparation des pouvoirs. Et étrange méthode que celle qui consiste à écarter les juges. Sont-ils a priori complices des terroristes ?

Sur France Info ce 19 3 2015, Alain Marsaud, député UMP des français de l'étranger (et ancien juge d'instruction) déplore le caractère intrusif de cette loi. Il est UMP, mais a été juge, et même chef de la section antiterroriste du parquet de Paris. On voit bien que l'on ne peut pas faire confiance aux juges, même devenus députés UMP, pour réprimer à tout-va !

Globalement une grande majorité des personnes sondées approuvent cette loi, qui à leurs yeux va permettre de se défendre contre les terroristes. D'une part, rien n'est moins sûr. On peut surveiller massivement, mais comment exploiter tout cela ? Et d'autre part il faut tout de même un peu de naïveté pour penser que les gouvernements actuels et futurs seront assez sages pour ne pas « trop » surveiller, en étendant la surveillance à un grand nombre de personnes et un grand nombre d'activités (politiques, associatives, religieuses...) Tout système de surveillance a toujours tendance a vouloir en savoir plus.

Il n'y a pas à ma connaissance contre cette loi de mouvement massif de défenseurs des libertés, de pétitions, de manifs. Après les attentats de janvier, c'est difficile.

Le conseil national du numérique, organisme officiel, publie un avis assez sévère, je ne peux tout recopier mais vous laisse le soin de lire.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Conseil_national_du_num%C3%A9rique

http://www.cnnumerique.fr/wp-content/uploads/2015/03/2015-03-19_CP_Renseignement-2.pdf

Dans ce communiqué le conseil s'inquiète d'une extension significative du périmètre de la surveillance, qui ne se limite pas au terrorisme mais concerne aussi, par exemple, la prévention es violences collectives. Inquiétant, et cela passe en douce sous le prétexte des attentats contre Charlie ! Prévention des violences collectives ? Cela va-t-il viser les manifestations ? Les actions des Zadistes à Sievens ou Notre Dame des Landes ? Ah non, c'est juste pour dissuader les agriculteurs de la FNSEA qui versent du fumier devant les préfectures. En tout cas on ne voit pas bien le rapport avec le terrorisme, et l'on comprend bien que cette loi Charlie est une excellent prétexte. Je vous laisse le soin de lire la suite. Le conseil dans sa conclusion s'inquiète de la multiplication des dispositions législatives qui visent à une surveillance accrue des citoyens sur internet.

Le danger est clair : on part d'une nécessité admise par tous de protéger la société contre le terrorisme, on définit mal comment cette protection sera encadrée et l'on finit par surveiller tout le monde à propos de tout. Manuel Valls pense que notre société risque de se fracasser contre le FN. Cela ne sera même pas utile : les lois seront déjà en vigueur, il ne restera plus au FN qu'à les appliquer dans un sens extensif.

L'organisation La quadrature du net dénonce la « désastreuse dérive du gouvernement. »

https://www.laquadrature.net/fr/renseignement-desastreuse-derive-du-gouvernement-valls-sur-la-surveillance

Capital à mes yeux : quelles instances seront chargées de contrôler les services de renseignement ? Dans l'état actuel du projet, ce qui est prévu est assez inconsistant, beaucoup espèrent que cela sera précisé au cours des débats, j'en reparlerai.

Dernières nouvelles : le journal Le Monde consacre aux périls de cette loi son titre de une le 21 mars (« Une loi à risques pour les libertés publiques »), la totalité de la page 11 (« Un projet de loi sur mesure pour les services secrets ») et l'éditorial (« Renseignement, des servies spéciaux sans contrôle ») Cette lettre est assez longue pour aujourd'hui. Je reprendrai cela dans la prochaine, cela en vaut la peine. Je pourrai aussi, du coup, vous rendre compte de l'avancée des débats. Mon pronostic : pour plaire à l'opinion, les députés vont durcir la loi.

Éducation nationale : détricoter

C'est fou comme, en ce moment, la classe politique détricote. Pourquoi l'usage massif de cette expression qui correspond pourtant à une pratique pas si répandue, le tricot ? Ce sont des termes neutres, comme déconstruire au lieu de démolir. On détricote, on ne met pas à bas systématiquement. C'est plus doux. Surtout lorsqu'on détricote ce qu'ont fait nos propres amis !

La dernière vague massive de détricotage visait la loi Alur sur le logement, mise en place par Cécile Duflot. Dès sa nomination comme premier ministre, Emmanuel Valls s'est employé à (ou a été accusé à tort de, ce n'est pas mon propos aujourd'hui) détricoter la loi, dont de nombreuses dispositions tel l'encadrement des loyers apparaissaient intolérables aux professionnels de la profession.

Aujourd'hui 15 mars 2015 la revue en ligne « Le café pédagogique » estime que Valls et Vallaud-Belkacem détricotent une partie de ce que Peillon avait mis en place sur l'éducation, pour aller dans un sens qui, globalement, convient mieux aux partis de droite.

Citation

Le détricotage de la loi Peillon à l'ordre du jour

Lors de l'audition du Comité de suivi de la loi d'orientation par la Commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale, le 18 mars 2015, l'opposition a entamé un recadrage de la loi Peillon qui semble être en situation de s'imposer [le recadrage, pas la loi JM B] si on en juge par les réactions d'Yves Durand, président du Comité de suivi. En première ligne se trouvent la réforme des rythmes et les Espe. Mais ce sont aussi les bases pédagogiques de la loi qui sont ouvertement remises en question.
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2015/03/19032015Article635623468259736680.aspx

J'ai déjà parlé ici du pilotage calamiteux et de l'échec piteux de la réflexion sur l'évaluation des élèves.

Je ne sais plus quand, on disait, à propos de futures élections, « Au secours la droite revient ». Actuellement, on ne peut que constater qu'elle est déjà bien implantée dans les rouages du système. On n'a même pas pensé à crier, cela s'est fait en douceur.

La France abandonne sa Sécurité routière

Mon insistance à parler de sécurité routière agace, je le sais, quelques uns d'entre vous. Et pourtant, peut-on rester indifférent face à tous ces morts et handicapés, en particulier devant l'inertie du gouvernement ?

J'aurais voulu recopier entièrement la page 14 du journal Le Monde, 18 mars 2015, dont le titre est donné ci-dessus. Je tenterai seulement de synthétiser et d'en donner quelques extraits.

L'article est signé de Claudine Perez-Diaz et Claude Got. Il y a des années que je vous parle de Claude Got, remarquable, rigoureux et intègre professeur de médecine spécialiste de santé publique. Les deux signataires viennent de démissionner du comité des experts auprès du Conseil National de Sécurité Routière. C. Got est un grand personnage, et qui plus est ce n'est pas un rigolo qui passe son temps à démissionner. Ce geste est un signal très fort, inquiétant.

Pour la première fois depuis douze ans la mortalité annuelle sur les routes a progressé de 171 tués au cours des 13 derniers mois. […] JM B : je pense que les deux auteurs ont mal rédigé cette phrase. Ils veulent dire que le nombre de morts, qui baissait régulièrement chaque année, a cette année augmenté. Augmenté de 171 tués. L'accident de la route demeurera la première cause de mort chez les jeunes adultes. À ces disparitions s'ajoute un nombre équivalent de handicaps graves. […] Le Conseil national de la sécurité routière devait se prononcer le 16 juin 2014 sur l'abaissement de 90 à 80 km/h de la vitesse maximale sur le réseau non autoroutier. Le ministre de l'intérieur est intervenu avant la présentation du rapport qui devait précéder le débat et le vote, pour dire qu'il n'adopterait pas cette mesure. […] En refusant d'écouter avant de décider, le ministre a ridiculisé de CNSR, il a écarté la mesure qui permettrait de renouer avec de bons résultats et d'atteindre l'objectif fixé par le gouvernement (2 000 morts par an en 2020. Cet objectif ne sera pas atteint.) La démagogie a prévalu sur l'efficacité.[...] En 1972 73 un petit groupe d'experts à la demande du premier ministre Jacques Chaban-Delmas a proposé l'obligation du port de la ceinture de sécurité et la limitation à 90 km/h. Suite à ces mesures la mortalité sur douze mois est passé de 17 022 fin novembre 1973 à 14 296 fin novembre 74. En 2002 Jacques Chirac a mis en œuvre le dispositif de radars automatiques [et d'autres mesures impopulaires], … En moins de dix ans la mortalité est passée de 8 000 à moins de 4 000.

Dans la suite de l'article les auteurs décrivent la multiplicité des groupes, commissions et comités qui travaillent sur la sécurité routière, et le fait que la politique de sécurité ne soit plus interministérielle. L'inexistence de la ministre chargée de l'écologie et des transports est flagrante, constatent les auteurs.

Les décideurs politiques ont décidé d'attendre et de ne rien faire. […]

Nous quittons ce dispositif en perdition pour agir au sein d'autres structures, notamment associatives, avec une parole libérée de tout devoir de réserve.

Évidemment les politiques sont plus sensibles à la « voix du peuple » qu'à celle de Claude Got : voulez-vous nous priver du plaisir de conduire ? Voulez-vous créer du chômage dans l'industrie automobile ? Être passé de plus de 15 000 morts à moins de 3 000 est suffisant, faut arrêter, là ! 3 000, c'est déjà bien ! Des clopinettes. Surtout pour ceux qui sont restés vivants !

L'effet Mpemba

C'était le point essentiel de ma lettre de la semaine dernière. Historique de la question : l'un de vous entend parler sur France Info de l'effet Mpemba et me demande ce que j'en pense. Effet Mpemba : dans certaines conditions, l'eau chaude gèlerait en un temps plus court que l'eau froide lorsqu'on place le récipient dans un congélateur ou à l'extérieur lorsqu'il fait très froid.

J'ignorais tout de cet effet, je lis l'article qui lui est consacré sur Wikipédia, je trouve que cet article manque de rigueur et me dis que cela va être une belle possibilité d'analyser à bon compte dans cette lettre le mauvais fonctionnement de l'analyse critique rationnelle sur internet.

Erreur ! Les choses sont beaucoup plus complexes que je ne l'avais cru. De nombreuses publications sont consacrées à cet effet, de nombreux sites scientifiques en parlent. Ayant lu une partie (petite partie) de tout cela, ayant tenté d'analyser ce qui s'y dit, je suis encore pour l'instant intimement convaincu que cet effet n'existe pas. Mais en sciences on ne travaille pas sur une intime conviction... Deux amis chercheurs scientifiques (je veux dire : qui font de la recherche, ce qui n'est pas mon cas) ont accepté d'y travailler. Il faudrait un travail considérable pour établir des conclusions sérieuses : dépouiller les revues, refaire les manips. Qui plus est le débat ainsi soulevé conduit à des réflexions sur l'histoire et la philosophie des sciences (qu'est-ce qu'une connaissance scientifique...) qui ne peuvent se limiter au format de la lettre [alerte].

Une certitude : j'ai employé à tort le terme canular. C'était une commodité de rédaction pour regrouper les trois articles de ma lettre. Canular suppose une intention délibérée de construire une information fausse (souvent par plaisanterie). Ce n'est pas le cas de l'effet Mpemba qui, au fil des articles apparaît comme un débat scientifique non tranché.

Autre certitude : pour parler de l'effet Mpemba il faut le définir. Les différents sites consultés n'ont pas la même définition. Certains prennent en considération l'instant où l'eau (au départ chaude ou moins chaude) atteint 0°C, d'autres sites prennent en considération le moment où l'eau commence à geler. Ce n'est pas pareil : le phénomène de surfusion, bien connu, fait que parfois l'eau reste liquide sans geler à une température inférieure à 0°C.

Conclusion provisoire : suspension provisoire des publications à ce sujet dans cette lettre. Poursuite du débat entre ceux qui le souhaitent, je veux bien transmettre les messages, placer des textes dans le cloud de [alerte]... À suivre. Pour le moment, je reste sur une sensation sceptique, mais pas du tout étayée. En revanche deux lecteurs de [alerte] chercheurs scientifiques ont beaucoup travaillé ; ils donnent des éléments solides pour aller dans le sens de l'existence de l'effet Mpemba et pour donner des éléments d'explication.

Au cours du débat que j'ai eu avec certains de vous, vous m'avez envoyé des documents fort intéressants. Je peux les communiquer à ceux de vous qui le souhaitent.

Un point m'a frappé. Ce phénomène pourtant surprenant et étonnant n'a suscité que très peu de réactions de votre part, lecteurs de [alerte], au contraire de la parhélie. (Mais au moins la parhélie c'était beau !) Certes, mon article sur Mpemba était un peu erratique, puisque au fur et à mesure de la rédaction mes intuitions initiales s'estompaient. Mais je crains aussi que l'on se trouve face à la réalité bien connue : la science ne fait pas partie de la culture. Comme m'a dit l'une de vous, on peut vivre très bien sans connaître l'effet Mpemba. Dirait-on la même chose de Proust (que je n'ai pas lu) ou de Bunuel ? Et puis sans doute voit-on les conséquences du fait que la grande majorité des personnes gardent un mauvais souvenir de leurs études de physique : s'embarquer dans une telle réflexion c'est courir le risque de « ne rien comprendre » et de se faire taper sur les doigts, par le prof ou même par l'auteur de la lettre [alerte] !

Effet Mpemba : vos contributions

Comme je vous l'ai dit ci-dessus, un débat courtois et civilisé a lieu en ce moment, auquel travaillent activement deux lecteurs de [alerte] chercheurs scientifiques et moi. L'effet Mpemba existe-t-il, comment le définir, comment l'expliquer ? Lecture de textes, analyses, interprétation. J'ai demandé aux deux chercheurs de rédiger un petit texte pour dire aux lecteurs de [alerte] quels sont les termes du débat. C'est un peu tôt, m'ont-ils répondu. À suivre donc. Extraits de leurs messages :

Les débats scientifiques, dans mon boulot de chercheur, peuvent être très brutaux, et les controverses violentes (à commencer par celle d'Aristote et de Platon)...

Une citation que j'aime bien, et qui est je crois de Roosevelt : "si vous trouvez que l'éducation coûte cher, essayez donc l'ignorance", particulièrement pertinente si l'on considère ce qui se passe dans le monde...

Ce débat entre nous est une illustration très intéressante – pour tout public il me semble – de la difficulté d’acquérir des “certitudes scientifiques”, tout particulièrement lorsqu’il s’agit de phénomènes “impurs”, […] la connaissance scientifique progresse par débats et controverses, dans lesquels la position des interlocuteurs évolue.

Je partage bien sur ce qui est dit, mais je perçois aussi les risques de relativisme : il n'y a pas de certitude en science, ce qui est vrai à une époque ne l'est plus à l'autre, etc. Je ne suis pas du tout d'accord avec ces affirmations exprimées dans ces termes, mais il faudra y revenir.

Consommation

Au supermarché. J'essaie d'acheter du miel dont je sache à peu près d'où il vient et ce qu'il contient. Pas facile. Bon, je vais me rassurer en achetant du miel bio. Bio ? Comment être sûr que les abeilles qui parcourent de longues distances n'ont butiné que des plantes bio ? Mais enfin, c'est mis en pot dans les Pyrénées, par une famille (une famille, c'est bon, ça, coco) qui exerce depuis 1920. En cherchant bien je trouve qu'il s'agit d'un mélange de miels originaires et non originaires de la Communauté Européenne. C'est la démarche bio : on produit le miel n'importe où dans le monde et on le transporte en avion et camions diesel pour être mis en pot dans les Pyrénées au lieu de le mettre en pot sur place. Allez, j'achète.

À propos de [alerte]

Diffusion libre à condition de citer la source, [alerte] JM Bérard, et impérativement la date.

Le nuage de [alerte]

J’ai placé dans le nuage de [alerte] des textes et documents divers, avec le seul critère qu’ils me semblent intéressants et méritent d’être portés à votre connaissance. Cliquez, naviguez. Pour accéder au nuage cliquer sur :

https://drive.google.com/folderview?id=0B_Wky0_FwW1tekd3aXNsOEpwVk0&usp=sharing

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Inscription sur la liste de diff sur simple demande. On peut aussi se désinscrire. Les adresses des destinataires n’apparaissent pas lors de l’envoi.

jean-michel.berard x orange.fr

Ce qui est écrit dans cette lettre n’engage strictement que moi, sauf bien sûr s’il s’agit de la citation d’un appel ou d’un communiqué.

Les remarques et réactions que vous m’envoyez concernant ce que j’écris me sont précieuses, indispensables, car elles font rebondir la réflexion.

Lorsque je publie l’une de vos réactions, je ne mentionne pas votre nom. La liste de diffusion comporte 200 abonnés, qui plus est la lettre est disponible sur internet, et je pense que vous ne tenez pas forcément à ce que votre qualité de lecteur de [alerte] soit diffusée ainsi.

Les messages que vous m’envoyez, s’ils concernent la lettre [alerte], peuvent être diffusés dans la lettre, (un peu comme le courrier des lecteurs qui écrivent à un journal), mais sans que votre nom soit cité. Si en m’envoyant une réaction sur la lettre vous ne souhaitez pas du tout qu’elle soit publiée, merci de me le signaler.

Outre l’envoi par courrier électronique sur simple demande, les lettres [alerte] sont consultables sur

http://alerte.entre-soi.info/

Fin

de la lettre du 22 mars 2015