[alerte] - JM Bérard ' 13 février 2015

Sommaire

À savourer

Rigolo ?

Codes, uniformes et genre

L'après 11-janvier

Évaluation des élèves : l'impasse

À propos de [alerte]

Le nuage de [alerte]

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Fin


À savourer

Je sais, vous allez vous moquer de moi, mais j'aime bien les épisodes télé de Adrien Monk. (TMC, 17h.) Ce détective ne se remet pas de la mort accidentelle de sa femme et est atteint de troubles obsessionnels compulsifs spectaculaires, disons qu'il est totalement maniaque de l'ordre et de la propreté. Il ne peut vivre qu'avec l'aide d'une infirmière qui, par exemple, lui tend une lingette chaque fois qu'il doit serrer la main de quelqu'un. Mais ce sont justement ces troubles qui font de lui un détective remarquable : il remarque aussitôt le dossier compromettant que l'assassin pressé a rangé un peu de travers ou le fait que la femme qui monte dans l'avion a des talons un peu plus hauts que celle qui était au comptoir d'enregistrement, assassinée entre temps par son mari. C'est encore mieux qu'au judo : transformer ses faiblesses en outil d'action. Bon, c'est du cinéma. Dommage.

Rigolo ?

* Le président des jeunes UMP est un Africain qui vit en France sans papiers depuis longtemps. Évidemment on peut trouver rigolo que le président des jeunes de l'UMP soit un sans-papiers. Ce qui ne me fait pas rire est que cette affaire a été sortie par le Canard Enchaîné. UMP ou pas, est-ce bien le rôle du Canard que de dénoncer les sans-papiers ?

* Accidents de la route : en janvier 2015 il y a eu par rapport à janvier 2014 28 morts de plus sur la route. En revanche le nombre de blessés a baissé. On progresse : au lieu d'être en fauteuil roulant toute leur vie les accidentés meurent tout de suite. Il faudrait y penser : si l'on augmentait nettement les vitesses autorisées, il y aurait moins de blessés.

* Vaccins : (source Le Monde 12 février 2015) Titre de l'article du journal : aux États Unis la rougeole devient une maladie de riches. Dans la plupart des états des USA le vaccin contre la rougeole est obligatoire. Dans certains états il y a des dérogations : convictions religieuses, convictions personnelles (?). La rougeole était autrefois une maladie de pauvres. Le nombre de cas aux USA avait baissé du fait des vaccins. Ce nombre remonte, dans les milieux favorisés. Dans certains quartiers favorisés de Los Angeles le taux de vaccination est de 30%, comparable à celui du Tchad. Il faudrait un taux de 92% dans l'ensemble du pays pour prévenir les épidémies.

Une partie des parents cultivés ont été très sensibles aux campagnes dénonçant les dangers de la vaccination. Certains pensent même que le vaccin peut développer l'autisme, alors que aucune étude, aucune, n'a validé cette hypothèse. Les parents préfèrent prévenir la rougeole par des jus de fruits bio et du baby yoga. (Je cite Le Monde.)

Certains parents sont fâchés du fait que la non-vaccination des enfants des autres met en danger leurs propres enfants et voudraient rendre la vaccination obligatoire sans dérogations. Mais aux USA c'est perçu comme une atteinte à la liberté.

Une bonne nouvelle : la rougeole ne vient pas des immigrés, elle est le fait des bons Américains. Les immigrés mexicains sont beaucoup mieux vaccinés(98% de la population). La rougeole est éliminée au Mexique. Un médecin US constate : nous sommes maintenant exportateurs de rougeole. La nature a horreur du vide : dès qu'il y a un petit interstice l'instinct de mort reprend ses droits. (Rappelons que chez le nourrisson la rougeole peut être mortelle.)

* Surveillance : extrait de la lettre d'information de l'association Creis-terminal le 11 février 2015 :

Logiciels mouchards, métadonnées, réseaux sociaux et profilage : comment l’État français nous surveille

La France suit-elle le même chemin que les États-Unis et sa National Security Agency (NSA), en matière d’espionnage généralisé des citoyens ? Quelques jours après les attaques des 7 et 9 janvier Manuel Valls annonce de nouvelles mesures pour mieux surveiller Internet. Une loi sur le renseignement, déjà prévue avant les attentats, sera votée dans les prochains mois. Elle vient renforcer la nouvelle loi antiterroriste votée en novembre 2014, ainsi que la loi de programmation militaire adoptée un an plus tôt et la loi sur la sécurité intérieure (Loppsi 2) de 2011. Tous ces textes élargissent progressivement les possibilités de surveillance d’Internet. Et ce en dehors du contrôle judiciaire et quel que soit le profil des citoyens. Qui communique avec qui ? Quand ? Et de quel endroit… Nous sommes désormais tous sous surveillance.

http://www.bastamag.net/De-loi-en-loi-un-perimetre-de

Vous connaissez mon leitmotiv : entre sécurité et liberté, l'opinion publique penche plutôt pour restreindre les libertés. Et cela arrange tous les pouvoirs, de droite comme de gauche. Comment justifier, entre autres, que toutes ces mesures restreignant les libertés se fassent en dehors du contrôle de la justice ?

* Laïcité : un excellent article, d'actualité du professeur Meirieu sur le mythe de la « laïcité pure » et de « l'instruction pure. » Un régal à la lecture

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2015/02/13022015Article635594112270740848.aspx

Codes, uniformes et genre

Dans Le Monde une photo grand format de la visite du premier ministre à Marseille. Un groupe imposant s'avance. On ne voit que des hommes. Il y a probablement une ou deux femmes, mais dont on aperçoit à peine un bout de chevelure. Les hommes sont tous en uniforme, c'est à dire costume sombre et cravate. Il y en a cependant deux en blouson : sans doute les gardes du corps.

Autre chose : réunion d'un comité national de haut niveau, où l'on discute de vrais problèmes et où l'on prend de vraies décisions. Une vingtaine de personnes autour de la table, deux femmes en tout. Les deux tiers des hommes sont en uniforme costume sombre et cravate.

Bon, on peut se dire que lorsqu'on porte un uniforme c'est pour marquer que l'on n'est pas là à titre personnel, mais que l'on endosse l'habit de la fonction. Lorsque une haute personnalité vient, le préfet porte un bel uniforme avec des motifs dorés. Cela permet à la personnalité de savoir que c'est le préfet. Dans un comité de haut niveau un type en jeans sans cravate serait-il moins écouté ? Peut-être.

Quant aux femmes, il est bien connu que plus l'on monte dans la hiérarchie des entreprises et des administrations moins il y a de femmes. Normal, c'est génétique. Comme le disent certains traditionalistes de tous bords, les femmes doivent élever les enfants, modifier cela c'est détruire les fondements mêmes de l'humanité. On ne peut pas aller contre la nature. (Je ne plaisante pas : ce type de traditionalistes a tout de même obtenu le retrait du fascicule « Les ABCD de l'égalité », destiné à lutter contre les préjugés sexistes à l'école. J'exagère un peu : je parle des traditionalistes alors que dans ce cas il s'agit des traditionalistes intégristes chrétiens de la manif pour tous.)

Bon, lorsqu'il y a peu de femmes dans une réunion, je le regrette, je ne peux pas faire de charme à ma voisine. Ah bon, ça aussi c'est une remarque macho ? Le Diable est partout !

L'après 11-janvier

Aussitôt après les massacres du 7 janvier et avec un point culminant le 11 un immense nombre de personnes se sont rassemblées dans les rues. Rassemblements chaleureux, signe d'une solidarité contre l'horreur. Mais un fois cela constaté, il reste à comprendre, pour savoir comment agir maintenant. Qu'est-ce qui au fond rassemblait les personnes qui sont venues, mais aussi qu'est-ce qui rassemblait celles qui ne sont pas venues ? Un homme politique (Hollande?) a déclaré « La France a changé. » Peut-être, mais en quoi ? Il faudrait maintenant me semble-t-il des sondages d'opinion très fins sur les motivations de ceux qui sont venus et de ceux qui ne sont pas venus. Il faudrait, à partir de ces données, de analyses de sociologues, d'historiens, de politiciens.

Le Monde le 12 février 2015, amorce le débat « Quel avenir pour la France du 11 janvier ». Quatre articles, avec des points de vue très différents : Nicolas Truong, Eric Deschamps et al. , Peter Stolterdijk, Pierre Rosanvallon.

Titre et chapeau de l'article de Rosanvallon, professeur au collège de France, chaire d'histoire moderne et contemporaine du politique : « Une communauté d'effroi ne fabrique pas l'union nationale. » Loin de l'union sacrée, les manifestations du 11 janvier ont révélé les profonds clivages qui divisent la France « impliquée » et la France « abandonnée ». Le seul rappel à l'ordre républicain ne suffira pas à refaire société.

Bon, on n'est pas dans le consensus bisounours. Il reste du pain sur la planche pour travailler le sens du 11-janvier.

Évaluation des élèves : l'impasse

Je développerai dans les numéros suivants de [alerte], pour aujourd’hui je me contente, en tant qu'info de dernière minute, de quelques extraits de la revue en ligne « Le café pédagogique » de ce vendredi 13 février 2015. Vive déception : les problèmes d’évaluation des élèves sont cruciaux, en particulier pour faire évoluer le fait que l'école en France est la plus inégalitaire de toutes celles des pays développés. Le ministre Hamon a maladroitement lancé la réflexion sur ce sujet, la ministre Najat Vallaud Belkacem a continué de façon encore plus maladroite, et aujourd'hui c'est le constat de l'impasse. Cela me rend furieux. Mais cela dit, bon, l'échec était prévisible, tant tous les conservatismes s'exercent sur ces questions d'évaluation. Petit rappel, car j'en ai déjà beaucoup parlé dans les lettres précédentes : la question n'est pas celle du signe final de l'évaluation : notes, lettres, ce débat n'a strictement aucun intérêt. Le problème est « qu'est-ce qu'on évalue » pour que cela soit utile aux élèves et permette de mettre en place des stratégies pour mieux apprendre. » Mais cela est fort difficile, car cela suppose une modification en profondeur des méthodes d'enseignement. Impossible, dans une machine aussi lourde et objet de tant d'enjeux.

Extrait de la revue « Le café pédagogique » 13 2 2015.

Qu'est-elle aller faire dans cette galère ? C'est peut-être ce que se dit N Vallaud Belkacem après avoir réceptionné le 13 février le rapport du jury de la conférence nationale sur l'évaluation. Un rapport "qui fera date", dit la ministre. Mais elle réserve ses décisions pour avril après avoir entendu le Conseil supérieur des programmes. La ministre veut aller vers "une évaluation positive des acquis des élèves". Elle veut "abandonner un système qui décourage les élèves et accentue le déterminisme social". Mais elle décide que la voie empruntée n'est pas la bonne. Le rapport proposait une vision centralisée et normée de l'évaluation. Derrière cette question de l'évaluation c'est bien la conduite du changement qui est interrogée. La ministre aurait-elle découvert qu'on ne change pas des pratiques pédagogiques en décrétant le changement ?
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2015/02/13022015Article635594218064697444.aspx

A mes yeux c'est probablement un très grave échec. J'y reviendrai.

À propos de [alerte]

Diffusion libre à condition de citer la source, [alerte] JM Bérard, et impérativement la date.

Le nuage de [alerte]

J’ai placé dans le nuage de [alerte] des textes et documents divers, avec le seul critère qu’ils me semblent intéressants et méritent d’être portés à votre connaissance. Cliquez, naviguez. Pour accéder au nuage cliquer sur :

https://drive.google.com/folderview?id=0B_Wky0_FwW1tekd3aXNsOEpwVk0&usp=sharing

Fonctionnement de la lettre [alerte]

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jean-michel.berard x orange.fr

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Outre l’envoi par courrier électronique sur simple demande, les lettres [alerte] sont consultables sur

http://alerte.entre-soi.info/

Fin

de la lettre du 13 février 2015