[alerte] Jean-Michel Bérard

**********************************************************

Ce texte est écrit dans l’orthographe recommandée 1990. Si vous n’êtes pas familier avec cette orthographe, certaines façons d’écrire vous apparaitront comme des fautes. Actuellement, les deux orthographes (usuelle et recommandée 1990) sont acceptées.

http://www.orthographe-recommandee.info/

***********************************************************

À savourer

* Reçu de l’un de vous. Je n’y suis pas encore allé mais ce qui en est dit ici est alléchant :

Je ne sais pas si vous connaissez le Musée des lettres et manuscrits.

Ce musée est situé au 222 Bd St Germain Paris 7.

Le groupe avec qui j’étais avait une conférencière. Nous avons fait une visite de 10 heures à 12 h 30, mais on peut y passer des heures.

Il y a différentes collections (histoire, littérature, musique, sciences, artistes). Actuellement il y a une exposition temporaire sur les correspondances amoureuses.

On part des hiéroglyphes pour aboutir aux textes de notre époque. Il y a des manuscrits d’Einstein, de Mme du Châtelet, de François 1er, Louis XVI, Mozart, Brassens, Van Gogh….

* Autant en emporte le vent : film, 1939, Vivien Leigh, Clark Gable. Il y a bien longtemps que je ne l’avais vu. Revu avec grand plaisir. (Sur DVD, mais je suppose qu’on peut aussi l’acheter en vidéo à la demande.)

***********************************************************

Au fil des jours

* Consommation

Au rayon semi-frais du supermarché (produits sous barquettes en plastique) j’achète des tortellinis ricota épinards. (C’est un genre de raviolis.) La lecture de l’étiquette m’apprend que ces tortellinis sont faits de 60 % de pâte et de 40 % de farce. Et que dans la farce les épinards représentent 5,7 % (de la farce ? Du produit total ? Du produit total semble-t-il.). Bon, ils n’ont pas menti, il y a bien des épinards dans la farce ! Allez ne nous plaignons pas. Ce produit semble correct, et l’étiquetage est très clair. 5,7 % d’épinards ! 14 grammes pour 250 grammes.

* Logique de guerre

La commande avait été passée dans les règles, l’un des navires de guerre est déjà construit, mais le président Hollande refuse la livraison à l’acheteur, la Russie. Motif : la Russie pourrait se servir des navires de guerre pour faire la guerre.

* Évolutions techniques et sociologiques : le vocabulaire de l’année

Communiqué de l’association Creis Terminal : pour la 5e année et cela devient un classique, je propose d’élire le mot numérique de l’année. Il reflète une tendance structurante ou ce qui a marqué l’année. Ainsi, en 2010 a été élu Community manager, en 2011 Cloud computing, en 2012 Big data et en 2013 Responsive design (avec des équivalents français qui ont suivi, pas toujours faciles à utiliser : gestionnaire ou animateur de communautés en ligne, informatique nuageuse, données colossales, design adaptatif).

Les six termes nominés pour 2014 sont :

Smart city (ville intelligente)

Socionaute (internaute sur les réseaux sociaux)

Selfie (photo de soi réalisée via un smartphone ou une tablette, dans l’optique de montrer une expression, un lieu, une personne importante à côté)

Transformation numérique ou transformation digitale

Impression 3D

Homme augmenté

* Pollution et échauffement climatique

Notre ministre de l’écologie Ségolène Royal est déjà célèbre pour ses talents de prestidigitatrice. C’est elle qui a lancé l’idée qu’il faut lutter contre le réchauffement climatique sans que cela coute aux pollueurs : pas d’écotaxe, ce sera à l’ensemble de la population de payer pour la pollution et les dommages créés par les transports routiers.

De plus en plus fort : de récentes études montrent le grand danger des particules fines émises en particulier par les véhicules diésel anciens. Pour soutenir les véhicules "propres" Mme Royal pense leur permettre de circuler sur les voies d’autobus. Génial : sous prétexte d’écologie on pénalise une fois de plus les transports en commun au profit de la voiture individuelle. Quelle artiste ! Il est clair que les voies pour les transports en commun ne sont utiles que si elles permettent vraiment une meilleure circulation des bus. Si de nombreuses voitures les empruntent, elles perdent toute utilité. De plus, comment contrôler ?

* Pollution et échauffement climatique, bis

À la télé, émission C dans l’air : des études utilisant des techniques de détection inconnues jusqu’alors montrent la forte concentration en particules ultrafines dans l’air de Paris. Ces particules présentent de très forts risques pour la santé. Entre autres sur le plateau de l’émission un représentant de l’industrie automobile : selon lui la pollution en particules ultrafines n’est pas essentiellement due à la circulation des automobiles. Elle vient surtout du chauffage au bois. (Serait-ce une raison pour ne pas s’occuper de la pollution crééee par la voiture ?) Et surtout, dit-il, les véhicules diésel modernes n’émettent plus de particules fines. (Solution : il faut inciter les vieilles voitures diésel à ne plus rouler et encourager l’achat de voitures neuves.) Mais l’un des experts présents sur le plateau douche ce bel enthousiasme : les voitures diésel qui émettent moins de particules émettent plus de gaz carbonique. On gagne en particules, on perd en réchauffement climatique… Dur dur ! Je n’ai pas écouté attentivement l'ensemble de l'émission : je n’ai pas entendu d’experts sur le plateau conseiller de prendre de nombreuses mesures pour réduire la circulation des voitures individuelles. C’est antidémocratique. La voiture individuelle c’est la liberté des plus pauvres. Mourir d’asphyxie ou de dessèchement, oui, mais libres !

* Tour de passepasse de F. Hollande

Lors de la conférence sur l’écologie organisée par le président de la République, F. Hollande, en vrai démocrate, a promis l’instauration de référendums locaux, symboles de la démocratie participative. Là encore, quel magnifique tour de passepasse. Les référendums locaux peuvent permettre de déterminer une position sur les intérêts locaux. Mais ils ne peuvent prendre en compte les intérêts généraux de la société, qui transcendent les intérêts locaux. Il me semble assez évident que si l’on organise un référendum local sur la culture du maïs dans une zone où les producteurs de maïs sont nombreux les résultats de cette "démocratie participative" iront forcément dans le sens des producteurs de maïs : surutilisation de l’eau, usage de produits chimiques, indépendamment d’une prise en compte de la mise en péril de notre cadre de vie. Ce n’est pas faire injure aux producteurs de maïs, c’est normal. Cela montre seulement que l’idée de référendum local est une fausse idée démocratique.

***********************************************************

Culture ou marchandise ?

J’ai évoqué dans la précédente lettre les risques que créent les différents outils de recherche informatique : gardant en mémoire ce qui nous a déjà intéressés ou ce que nous avons déjà acheté, les outils de recherche nous proposent des choix qui correspondent à ce que nous aimons. Création d’une "bulle culturelle" autour ce chacun de nous, repli sur soi plutôt qu’ouverture au monde.

Hasard du calendrier, Michel Gerrin publie dans Le Monde du 28 novembre un article intitulé "La drôle de culture de Fleur Pellerin" qui traite le sujet de façon beaucoup plus approfondie.

Citations :

Fleur Pellerin (ministre de la culture) effectue dans son ministère un tournant radical en direction des industries culturelles et du numérique. Une ministre qui assimile la création à un levier de croissance. […]. Pour capter les cerveaux la ministre vante "les algorithmes de recommandation de contenus." vous aimez tel livre, vous aimerez tel autre. […] Comment expliquer à la ministre qu’une politique culturelle ne consiste pas à se calquer sur les méthodes d’Amazon en donnant aux gens ce qu’ils aiment mais à inciter des derniers à découvrir des œuvres qu’ils ne connaissent pas. On appelle cela l’éducation artistique. Si la culture est réduite à une marchandise à vendre dans un temps disponible, autant transformer le ministère en secrétariat d’état au commerce culturel.

Dans les négociations concernant le commerce international il est pour l’instant convenu d’une exception culturelle qui fait que l’éducation et la culture ne sont pas soumis à la libre concurrence. Sans cette exception, par exemple, il est probable que la création cinématographique française ne résisterait pas longtemps aux grosses machines de production US. Les négociations sur l’accord de commerce international (libre concurrence du renard libre dans le poulailler libre !) étaient suspendues, elles vont reprendre. Je crains le pire !

**********************************************************

Fin de la lettre du 2014 12 2/2 décembre 2014

***********************************************************

À propos de [alerte]

Diffusion libre à condition de citer la source, [alerte] JM Bérard, et impérativement la date.

Le nuage de [alerte]

J’ai placé dans le nuage de [alerte] des textes et documents divers, avec le seul critère qu’ils me semblent intéressants et méritent d’être portés à votre connaissance. Cliquez, naviguez. Pour accéder au nuage cliquer sur :

https://drive.google.com/authuser=0#folders/0B_Wky0_FwW1tekd3aXNsOEpwVk0

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Inscription sur la liste de diff sur simple demande. On peut aussi se désinscrire. Les adresses des destinataires n’apparaissent pas lors de l’envoi.

jean-michel.berard x orange.fr

Ce qui est écrit dans cette lettre n’engage strictement que moi, sauf bien sûr s’il s’agit de la citation d’un appel ou d’un communiqué.

Les remarques et réactions que vous m’envoyez concernant ce que j’écris me sont précieuses, indispensables, car elles font rebondir la réflexion.

J’explique dans chaque numéro pourquoi, lorsque je publie l’une de vos réactions, je ne mentionne pas votre nom. La liste de diffusion comporte 200 abonnés, qui plus est la lettre est disponible sur internet, et je pense que vous ne tenez pas forcément à ce que votre qualité de lecteur de [alerte] soit diffusée ainsi.

Les messages que vous m’envoyez, s’ils concernent la lettre [alerte], peuvent être diffusés dans la lettre, (un peu comme le courrier des lecteurs qui écrivent à un journal), mais sans que votre nom soit cité. Si en m’envoyant une réaction sur la lettre vous ne souhaitez pas du tout qu’elle soit publiée, merci de me le signaler.

Outre l’envoi par courrier électronique sur simple demande, les lettres [alerte] sont consultables sur :

http://alerte.entre-soi.info/