[alerte] - JM Bérard 25 novembre 2014

Sommaire

À savourer

Moteur de recherche, protection de la vie privée et isolement intellectuel

Suicide mode d'emploi

Massacres sur la route

Pollution de l'air

Suicide organisé et couteux

Conceptions du monde

À propos de [alerte]

Le nuage de [alerte]

Fonctionnement de la lettre [alerte]

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Ce texte est écrit dans l’orthographe recommandée 1990. Si vous n’êtes pas familier avec cette orthographe, certaines façons d’écrire vous apparaitront comme des fautes. Actuellement, les deux orthographes (usuelle et recommandée 1990) sont acceptées. Pour en savoir plus recopiez ce lien dans votre barre d'adresse :

http ://www.orthographe-recommandee.info/

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À savourer

Joli et intéressant, le film de Woody Allen Magic in the moonlight. Un Allen de bon cru. Je n’étais pas très convaincu, et suis allé le voir sur les conseils de l’un de vous. Beaucoup plus intéressant que les critiques ne me l’avaient fait supposer. La raison et ses rigidités, la passion et ses imprévus. Woody Allen sans cesse créatif.

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Moteur de recherche, protection de la vie privée et isolement intellectuel

C’est un débat d’une actualité hélas toujours présente : Google, le moteur de recherche le plus utilisé, fait partie d’un vaste réseau multiforme cherchant à régenter des secteurs clé de notre vie : le domaine des objets connectés, le domaine de la santé. On sait aussi que le moteur de recherche ne se contente pas de donner des réponses, mais stocke la trace des recherches pour les revendre aux commerciaux, et peut-être un jour aux politiques qui traqueront nos façons de penser, nos centres d’intérêt. De plus les algorithmes de Google sont couverts par le secret industriel et personne ne peut dire clairement selon quels critères un lien vient en numéro 1 des réponses de Google : simple recherche ou orientation subreptice de la pensée ?

Dans ce contexte, j’ai reçu la mise à jour automatique de mon navigateur Mozilla Firefox, qui dit assurer maintenant une meilleure protection de ma vie privée. J’ai à cette occasion été informé de l’existence du moteur de recherche duckduckgo. Ce moteur de recherche promet une grande protection de la vie privée, en ne gardant pas trace des recherches. Il promet aussi de ne pas constituer une "bulle" autour de chacun de nous. Google propose à nos recherches des résultats qui utilisent nos recherches antérieures, en centrant sur ce qui est supposé nous intéresser. On crée ainsi une bulle réduisant considérablement l’internet à notre propre monde, alors que duckduckgo reste ouvert sur l’ensemble de la toile (forcément, puisqu’il ne stocke pas les résultats de nos recherches antérieures.)

Cette question de la bulle, est au fond un problème général sur les choix que nous proposent les outils numériques : on nous "aide" à choisir ce qui nous plait, laissant de coté une partie du monde, une partie de notre ouverture d’esprit.

Le hasard fait que, au moment où j’écris cet article, Le Monde (26 novembre 2014) publie un article intitulé "Les réseaux sociaux accros aux algorithmes, les médias s’inquiètent de voir la circulation de l’information dépendre des règles de calcul." Information choisie par l’algorithme, non par le journaliste.

Je n’ai pas étudié l’argumentaire concernant le moteur de recherche duckduckgo en détail, je l’ai placé comme moteur par défaut. À l’usage j’en suis très satisfait. Je pense que certains d’entre vous ont des idées précises sur la protection de la vie privée promise par duckduckgo. J’attends impatiemment vos réactions. Lien à recopier dans la barre d'adresse

https://fr.wikipedia.org/wiki/DuckDuckGo

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Suicide mode d’emploi

Pour que l’économie fonctionne, il faut bien faire quelques sacrifices humains.

Massacres sur la route

Source Ligue contre la violence routière.

L’Observatoire national interministériel de la Sécurité routière (ONISR) vient de publier le bilan de l’accidentalité routière pour le mois d’octobre 2014. Avec 350 personnes tuées le mois dernier, contre 308 en octobre 2013, soit +42 personnes, l’ONISR enregistre une hausse de la mortalité routière de 13,6 %.

[…] L’augmentation de la mortalité routière en cette année 2014, qui succède à deux baisses consécutives particulièrement marquées, intervient comme la première remontée de la mortalité routière après douze années de baisse ou stagnation.

Pollution de l’air

Les journaux du 24 novembre 2014 nous expliquent que jusqu’à maintenant on mesurait la pollution de l’air à Paris en prenant en compte les "grosses" particules. Les moyens de détection modernes permettent désormais de s’intéresser aux particules beaucoup plus petites, et beaucoup plus dangereuses pour la santé humaine. Les résultas sont effrayants, mais je ne reprends pas, vous en avez entendu parler et plusieurs journaux ont fait leur une à ce sujet. Il va bien falloir réduire la circulation automobile dans Paris. C’est une question de vie ou de mort, mais sans aucun doute le conseil municipal de Paris va être accusé d’intégrisme vert par les partisans de la bagnole individuelle.

Suicide organisé et couteux

La combustion du charbon ou de l’essence produit des particules nocives, et contribue au réchauffement climatique d’une façon alarmante. Jusqu’à maintenant, on espérait limiter le réchauffement de la planète à 2°C en 2050, ce qui aurait déjà des conséquences dramatiques : hausse du niveau des mers avec inondation des zones côtières, déplacement des zones de culture. Actuellement, faute d’avoir pris à temps des mesures de limitation, les scientifiques pensent qu’il sera difficile d’éviter un réchauffement de 4°C en 2100. Et c’est là que je m’interroge sur notre suicide collectif. Le Monde, sous la plume de six économistes internationaux (je n’ai pas noté la date) nous explique que la plupart des pays du G20 subventionnent massivement la recherche de nouveaux gisements d’énergie fossile. "Les gouvernements devraient taxer les émissions de carbone pour en refléter le cout social plutôt que de subventionner l’exploitation et le développement des énergies carbonées. […] Si vous tentez de sortir d’un trou, pourquoi continuez-vous à payer quelqu’un pour le creuser ?"

J’avoue avoir été stupéfait à la lecture de cet article. Je savais que l’on ne prend dans le monde que peu de mesures pour limiter la consommation de produits carbonés, je savais que l’on subventionne l’industrie automobile, mais subventionner massivement la recherche de combustibles carbonés, alors qu’on en brule déjà trop, au lieu de subventionner les productions d’énergie renouvelable, les bras m’en tombent.

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Conceptions du monde

Il y a bien longtemps j’ai déposé dans le nuage (cloud) de la lettre [alerte] un article du philosophe François Jullien, article qui m’a passionné et décrit en particulier les différences de conception de l’être et du monde dans la pensée chinoise et dans la pensée issue de la civilisation grecque.

Pour lire cet article recopiez ce lien dans votre barre d'adresse

https://drive.google.com/?authuser=0#my-drive

puis cliquez sur "public" puis sur "sinologue Jullien".

L’un de vous, et je l’en remercie beaucoup, a fait un gros travail en relisant ce texte, et en l’enrichissant de développements nouveaux. Un régal. Merci.

J’ai éprouvé un plaisir particulièrement profond à la lecture d’un entretien avec le philosophe et sinologue François Jullien. Ce dialogue déjà ancien (1998) m’est apparu comme une nouveauté rafraichissante  !

L’auteur explique que, spécialiste de la philosophie grecque qu’il étudiait à «  Normale Sup  », il éprouvait le sentiment «  qu’il y avait comme une sorte de familiarité avec la Grèce qui l’empêchait de la connaitre  ». Il souhaitait trouver un point de recul pour mieux l’interroger.

Et ce fut le choix de la Chine dont la pensée s’est édifiée de façon totalement indépendante du parler Indo-européen. Avec elle, les rapports d’histoire avec la pensée européenne sont restés longtemps lointains et épisodiques.

Et il explique longuement les raisons de ce choix, toute cette recherche ayant pour but final de «  sortir de la contingence de sa pensée  ». Il précise en outre, que le dépaysement recherché se trouve non seulement dans la différence linguistique mais aussi dans le fait que la Chine, à la différence d’autres nations «  exotiques  » a développé une pensée explicitée et commentée dans des textes innombrables.

C’est un bonheur pour moi de rencontrer (même par l’écrit) des personnes qui ressentent un tel besoin d’aller au-delà de l’évidence des mots, des pensées et des certitudes qui nous paraissent aller de soi  ! Se méfier de tout ce qui semble faire l’unanimité, car cela cache beaucoup d’ignorance sur la nature exacte de ces concepts, c’est difficile et voilà un homme qui nous déclare avoir trouvé une voie efficace.

Certes, il lui a fallu entreprendre tout d’abord l’étude d’une langue difficile et ensuite plonger dans les méandres d’une littérature philosophique de la taille d’un océan, c’est admirable  !

Tout au long de l’entretien, il précise les retombées de cette méthode  ; il voit tout d’abord que la philosophie chinoise ignore la notion «  d’être  » qui se trouve au fondement de la pensée occidentale  ; elle ignore la notion de  Dieu,etc. En lisant ce texte, on ne se perd jamais, on ne s’ennuie jamais, tout semble éclairant.

Mais que s’est-il donc passé depuis que ce dialogue avec Jullien en 1998 a eu lieu  ?

François Jullien a poursuivi une belle carrière universitaire, il est titulaire de la «  Chaire sur l’Altérité  » à la Maison des Sciences de l’homme,

Il a dirigé plusieurs collections aux PUF et chez d’autres éditeurs,

Plusieurs colloques ont été organisés autour de sa pensée, en France et à l’étranger,

Il a reçu le «  Grand Prix de philosophie  » de l’Académie Française en 2011,

Il est devenu l’un des penseurs français les plus traduits (dans une vingtaine de pays),

Il a rédigé 17 ouvrages depuis «  Un sage est sans idées ou l’Autre de la philosophie  » en 1998 jusqu’à «  Vivre de paysage ou l’Impensé de la raison  » qui vient de sortir chez Gallimard.

Ainsi je me rends compte que je viens de lire un texte admirable à bien des points de vue, mais surtout que je viens de rencontrer un homme très important pour la pensée moderne et je compte maintenant sur lui pour m’aider à comprendre et à décrypter le dit et le non-dit de notre monde actuel.

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Fin de la lettre du 2014 11 25/25 novembre 2014

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À propos de [alerte]

Diffusion libre à condition de citer la source, [alerte] JM Bérard, et impérativement la date.

Le nuage de [alerte]

J’ai placé dans le nuage de [alerte] des textes et documents divers, avec le seul critère qu’ils me semblent intéressants et méritent d’être portés à votre connaissance. Cliquez, naviguez. Pour accéder au nuage recopiez ce lien dans votre barre d'adresse puis cliquez sur public

https://drive.google.com/?authuser=0#my-drive


Fonctionnement de la lettre [alerte]

Inscription sur la liste de diff sur simple demande. On peut aussi se désinscrire. Les adresses des destinataires n’apparaissent pas lors de l’envoi.

jean-michel.berard x orange.fr

Ce qui est écrit dans cette lettre n’engage strictement que moi, sauf bien sûr s’il s’agit de la citation d’un appel ou d’un communiqué.

Les remarques et réactions que vous m’envoyez concernant ce que j’écris me sont précieuses, indispensables, car elles font rebondir la réflexion.

J’explique dans chaque numéro pourquoi, lorsque je publie l’une de vos réactions, je ne mentionne pas votre nom. La liste de diffusion comporte 200 abonnés, qui plus est la lettre est disponible sur internet, et je pense que vous ne tenez pas forcément à ce que votre qualité de lecteur de [alerte] soit diffusée ainsi.

Les messages que vous m’envoyez, s’ils concernent la lettre [alerte], peuvent être diffusés dans la lettre, (un peu comme le courrier des lecteurs qui écrivent à un journal), mais sans que votre nom soit cité. Si en m’envoyant une réaction sur la lettre vous ne souhaitez pas du tout qu’elle soit publiée, merci de me le signaler.

Outre l’envoi par courrier électronique sur simple demande, les lettres [alerte] sont consultables sur :

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