[alerte] - JM Bérard] 22 octobre 2014

Sommaire

À savourer

Tel qu’en lui-même l’éternité le change

Histoire de l’école

Apprendre avec le numérique, mythe moderne

Entendons-nous bien

Confusion dans [alerte], carton rouge

Niveau ignoble du débat

À propos de [alerte]

Le nuage de [alerte]

Fonctionnement de la lettre [alerte]


**********************************************************

Ce texte est écrit dans l’orthographe recommandée 1990. Si vous n’êtes pas familier avec cette orthographe, certaines façons d’écrire vous apparaitront comme des fautes. Actuellement, les deux orthographes (usuelle et recommandée 1990) sont acceptées.

http ://www.orthographe-recommandee.info/

***********************************************************

C’est les vacances. Ce numéro est envoyé en avance, avant le départ vers la montagne. Il n’y aura probablement pas de numéro la semaine prochaine. Il est difficile d’admirer le coucher du soleil sur les aiguilles et d’écrire [alerte]. Et puis il faut entretenir le terre-plein à coté de la maison, tondre l’herbe, planter les fleurs.

***********************************************************

À savourer

L’émission de Charline Vanhoenacker et Alex Vizorek "Si tu écoutes j’annule tout" sur France inter de 17 heures à 18 heures. Charline Vanhoenacker fait aussi un billet quotidien dans la matinale. Un régal d’humour, de style et de pertinence. [Oui je sais, elle est belge et pire encore c’est une femme. Mais bon, de nos jours… :-)]

***********************************************************

Tel qu’en lui-même l’éternité le change

C’est bien connu, toutes les personnes qui partent en retraite, tous les morts n’ont que des qualités. Le PDG de Total est mort dans un accident d’avion. Toute la classe politique de droite à gauche loue ses qualités, sympa, jovial bon français, grand capitaine d’industrie. Tous les dirigeants du monde aussi, de la Russie à l’Iran. Et tous les employés de son groupe.

Ce n’est bien sûr pas le moment de parler du total mépris, du total oubli de Total concernant le réchauffement climatique, la pollution. Ce n’est pas le moment non plus d’évoquer les immenses dégâts causés par le naufrage du pétrolier Erika. D’autant moins que la plupart des demandes d’indemnité faites à Total ont été jugées irrecevables. C’est jugé ! Ce n’est sans doute pas le moment non plus d’évoquer la politique de Total en Françafrique et particulièrement au Gabon. Ce n'est pas le moment non plus d'évoquer le lobbying démesuré de Total pour les gaz de schiste. C’est comme dans l’opérette d’Offenbach : fermons les yeux. Trop sympa, big moustaches.

Bon, je dois faire partiellement amende honorable à la lecture des journaux : mes préjugés m’ont fait oublier que Total a fortement investi dans l’énergie solaire, faisant de ce groupe le numéro 2 mondial du secteur.

***********************************************************

Histoire de l’école

J’en parle souvent, pour combattre l’idée reçue fausse selon laquelle l’école de Jules Ferry et du certif était un modèle dont nous devons avoir la nostalgie, alors que l’école actuelle serait en pleine décadence.

La revue en ligne "Le café pédagogique" rend compte de l’ouvrage "La méritocratie républicaine".

Présentation du "Café"

Comment est née l’école sélective ? Comment s’est installé le redoublement comme mode de gestion ordinaire de la classe ? C’est aux origines de l’école républicaine que nous conduit le livre de Jérôme Krop. Professeur agrégé et docteur en histoire contemporaine, il fait revivre dans un petit livre court et vivant les premières années des écoles primaires parisiennes. Il nous révèle les origines prérépublicaines de l’école de Jules Ferry. Née avant la démocratie, l’école primaire des Jules a installé durablement la sélection et le redoublement dans ses références. Cette trace du Second Empire est arrivée jusqu’à nous.

Article du "Café"

http ://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/10/20102014Article635493873072437841.aspx

Cela secoue un peu nos représentations usuelles de l’école de Jules Ferry. Allez, deux citations (qui ne rendent pas compte de l’ensemble d’un article très dense) :

Les difficultés de l’école à répondre aux difficultés des élèves des quartiers populaires se manifestent par des comportements d’évitement. Les élèves qui ne parviennent pas à profiter de leur scolarité pratiquent l’école buissonnière. L’absentéisme atteint couramment 20 % dans les cours élémentaires dans les quartiers ouvriers de la capitale et de sa banlieue. Cet absentéisme est croissant en cours d’année, signe d’une démobilisation des élèves. De plus, à Paris, en 1901, 10 % des enfants de 6 à 13 ans ne sont inscrits dans aucun établissement scolaire. Ce sont souvent des enfants de 11 ou 12 ans, qui n’attendent plus rien de l’école et qui rejoignent le monde du travail ou parfois le monde de la petite délinquance urbaine. […]

La pédagogie de l’école des années 1870 à 1914 est une pédagogie de la défiance pour reprendre l’expression d’Antoine Prost. Elle repose largement sur la mémorisation et la répétition des mêmes apprentissages et des mêmes exercices. Elle se méfie de l’activité spontanée de l’enfant et cherche davantage à marquer durablement le futur adulte qu’à permettre à l’enfant de s’épanouir dans le présent. C’est particulièrement visible dans l’intense préparation qui précède les épreuves du certificat d’études primaires. Ces conceptions pédagogiques n’ont pas été sans effet. En attestent les souvenirs très durables que les leçons de l’école primaire ont laissé (laissés ?) aux élèves qui ont connu ce modèle pédagogique. De plus, bien que peu innovante, la pédagogie de cette école et ses exigences en terme de travail personnel étaient très lisibles pour les familles. [et suscitaient donc une meilleure adhésion des familles, JM B]

Allez, c’est ben vrai, en 2014 l’école est en décadence, c’était mieux avant.

Remarque : compte tenu de la (réelle) baisse du niveau en orthographe il devient difficile de faire des jeux de mots. Titre d’un article du respectable journal Le Monde : "Heurts et malheurs du pro business à la française". L’expression habituelle est "heurs et malheurs" avec "heurs" au sens de "bonne fortune, évènement positif". Le fait de titrer "heurts" indique-t-il un manque de culture du journaliste ou un jeu de mots volontaire pour accentuer le propos ? L’orthographe, c’était mieux avant !

***********************************************************

Apprendre avec le numérique, mythe moderne

Le Café pédagogique, 21 10 2014.

Là encore, le Cafécite une étude qui met à mal beaucoup de nos idées reçues sur l’usage du numérique dans l’enseignement.

Présentation du Café :

Les élèves utilisent mieux que nous le numérique car ce sont des "digital natives". On apprend mieux avec le numérique car il motive. Et puis il s’adapte mieux aux besoins des élèves. On a tous entendu ces affirmations. Mais qu’en est-il en vrai ? Dans "Apprendre avec le numérique" (Retz), Franck Amadieu et André Tricot, tous deux membres du laboratoire Cognition Langues Langages Ergonomie du CNRS, passent au crible de la recherche 11 propositions populaires. Et ça fait mal. Car ils démontrent qu’il s’agit de mythes modernes. Faut-il pour autant jeter le numérique à la poubelle des outils éducatifs inutiles ? Les auteurs ne le pensent pas. Ils s’en expliquent.

Article du Café :

http ://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/10/21102014Article635494737667005194.aspx

Une citation, conclusion des auteurs : Débarrassés de l’idée angélique du numérique miracle ou de l’idée réactionnaire du diable numérique, il faut essayer d’être rationnel avec le numérique.

Je partage cette façon de mettre en doute des idées reçues considérées comme des vérités d’évangile. À vous de lire l’article, surtout si vous avez longtemps cru en ces vérités.

***********************************************************

Entendons-nous bien

Un "sujet" fort intéressant au journal de France 2 le 21 10 2014 : un nombre considérable de personnes entendent mal. (Je n’ai pas retenu le nombre, mais il est très grand) et ne veulent pas le reconnaitre. Et surtout ne veulent pas mettre d’appareil auditif.

On se rend compte que l’on entend mal lorsqu’on ne comprend pas bien ce qui est dit en présence d’un bruit de fond. On fait répéter, on monte la télé, et l’on ne se rend pas compte de l’inconvénient réel qu’il y a à mal s’entendre, dans tous les sens de l’expression, avec son entourage.

Il est vrai que ces appareils sont très couteux et mal remboursés. Les aides auditives que l’on vend en pharmacie sont très déconseillées par le corps médical.

Mis à part cet élément déterminant du prix, les causes de cette hésitation sont essentiellement le fait que cela donne l’air vieux. Pourquoi un appareil auditif, et pas les lunettes ?

Les appareils modernes sont tout petits, exactement réglés pour votre audition. Et contrairement à ce que l’on croit, ne pas mettre d’appareil lorsque l’audition commence à baisser aggrave la dégradation, les capacités du cerveau se restreignent.

C’est cher, c’est mal remboursé, mais franchement, si cela n’est pas totalement hors de votre portée financière, n’hésitez pas.

***********************************************************

Confusion dans [alerte], carton rouge

Dans la précédente lettre [alerte] je déplorais l’existence de nombreuses idées reçues fausses sur les pauvres.

J’écrivais : "Un couple avec deux enfants peut gagner plus avec le revenu de solidarité active qu’avec le Smic. (41 % des sondés le pensent). Faux : en y ajoutant toutes les indemnités qui vont avec, le RSA est de 1 372 euros pour un couple avec deux enfants, le Smic est de 1 939 euros. Il vaut mieux travailler que toucher le RSA."

Cette affirmation provient d’un livre édité par ATD quart-monde repris par Libération le 17 octobre 2014. L’une de vous, dont j’admire la vigilance, me fait remarquer que le Smic brut mensuel est de 1 445 euros, et pas 1 939. Elle a raison, j’ai mal lu et mal recopié l’article de Libé : la somme donnée de 1 372 euros pour le RSA représente le RSA plus les indemnités qui vont automatiquement avec pour une famille de deux enfants. Et la somme de 1 939 euros pour le SMIC représente le SMiC plus les allocations familiales et l’allocation logement. Mon affirmation n’était donc pas claire, j’ai mal cité Libé. Cette fois-ci j’ai bien cité, mais n’ai pas de moyen de vérifier les nombres énoncés.

Cela dit, si le RSA plus les primes représente 1 372 euros et le Smic brut mensuel sans les primes 1 445 euros, il demeure qu’il vaut mieux travailler au Smic que compter sur le RSA. Sauf nouvelle erreur de ma part.

***********************************************************

Niveau ignoble du débat

Source France inter, une chronique le 27 10 2014 en fin d’après-midi, je n’ai pas noté le nom du chroniqueur, très ému.

Il y a bientôt des élections aux États Unis (élections de mi-mandat). Le président Obama va sans doute les perdre. La frange extrémiste de ses adversaires républicains est prête à tout pour l’abattre. Ainsi court sur la toile l’expression "Obama Ebola". Une partie des Américains n’ont jamais digéré d’avoir un président noir. Le virus Ebola vient d’Afrique, Obama aussi, la similitude des consonances fait le reste. Obama égale danger mortel. À propos de la lutte contre le virus aux USA il n’y a pourtant rien à reprocher à Obama. Et sa loi sur la sécurité sociale, contestée par ses adversaires, permet à des milliers (millions ?) d’Américains de se soigner. Mais peu importe : Obama Ebola. Salopards.

Cela dit la violence, la mauvaise foi et la bêtise des arguments des partisans de la Manif pour tous en France sont du même ordre.

***********************************************************

Fin de la lettre du 2014 10 22/22 octobre 2014

***********************************************************

À propos de [alerte]

Diffusion libre à condition de citer la source, [alerte] JM Bérard, et impérativement la date.

Le nuage de [alerte]

J’ai placé dans le nuage de [alerte] des textes et documents divers, avec le seul critère qu’ils me semblent intéressants et méritent d’être portés à votre connaissance. Cliquez, naviguez. Pour accéder au nuage cliquer sur :

nuage de [alerte]

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Inscription sur la liste de diff sur simple demande. On peut aussi se désinscrire. Les adresses des destinataires n’apparaissent pas lors de l’envoi.

jean-michel.berard x orange.fr

Ce qui est écrit dans cette lettre n’engage strictement que moi, sauf bien sûr s’il s’agit de la citation d’un appel ou d’un communiqué.

Les remarques et réactions que vous m’envoyez concernant ce que j’écris me sont précieuses, indispensables, car elles font rebondir la réflexion.

J’explique dans chaque numéro pourquoi, lorsque je publie l’une de vos réactions, je ne mentionne pas votre nom. La liste de diffusion comporte 200 abonnés, qui plus est la lettre est disponible sur internet, et je pense que vous ne tenez pas forcément à ce que votre qualité de lecteur de [alerte] soit diffusée ainsi.

Les messages que vous m’envoyez, s’ils concernent la lettre [alerte], peuvent être diffusés dans la lettre, (un peu comme le courrier des lecteurs qui écrivent à un journal), mais sans que votre nom soit cité. Si en m’envoyant une réaction sur la lettre vous ne souhaitez pas du tout qu’elle soit publiée, merci de me le signaler.

Envoi par courrier électronique sur simple demande,

jean-michel.berard   orange.fr