[alerte] - JM Bérard - 19 octobre 2014

Sommaire

À savourer

Beauté de la chimie

Et encore

La vie de nos ministres : dur dur !

À force de grignoter nos libertés, qu’en restera-t-il ?

Salauds de pauvres

Des exemples

À table, il faut se servir en premier s’il n’y en a pas pour tout le monde

À propos de [alerte]

Le nuage de [alerte]

Fonctionnement de la lettre [alerte]


Ce texte est écrit dans l’orthographe recommandée 1990. Si vous n’êtes pas familier avec cette orthographe, certaines façons d’écrire vous apparaitront comme des fautes. Actuellement, les deux orthographes (usuelle et recommandée 1990) sont acceptées.

http ://www.orthographe-recommandee.info/

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À savourer

Beauté de la chimie

Envoyé par l’un de vous, merci.

Je ne sais pas vous connaissez ce site :

http ://beautifulchemistry.net/

On y voit des réactions (électrolyse, précipitations, dégagements gazeux…) filmées avec grossissement.

C’est beau comme tout, et, pour les chimistes, cela permet de mieux comprendre l’évolution des phénomènes. L’évolution des techniques d’enregistrement des images est spectaculaire. Il n’y a pas si longtemps (je ne sais pas : dix ans ? Vingt ans ?) on avait filmé grâce à une caméra ultra-rapide la petite goutte qui ressort hors du liquide lorsqu’on verse quelque chose dans le liquide. Cette petite goutte est devenue un classique de toutes les pubs, en particulier des pubs pour le café. C’est soit la goutte, soit George Clooney.

Et encore

Eh bien… Cette rubrique "à savourer" n’est pas très riche cette semaine. Mais bon, c’est aussi de votre responsabilité ! Faites partager vos coups de cœur, vos intérêts, vos émotions aux lecteurs de la lettre en envoyant des petits quelque chose.

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La vie de nos ministres : dur dur !

Le Premier ministre et le ministre de l’agriculture ont dormi dans un refuge de montagne en Savoie. Que ne faut-il faire pour montrer aux maires de montagne que l’on s’intéresse ! C’était une soirée simple : au repas (sans nappe) on a mangé de la matouille. Vous ne savez pas ce que c'est ? Normal, c'est un coup de com pour vous montrer que l'on a mangé un plat régional simple. Puis on a dormi sur place. (Le gite classé comme équivalent à un hôtel trois étoiles était sans doute assez grand pour loger les agents de sécurité, les membres des cabinets et les communicants.) On dit aussi qu’ils ont trait des vaches. À la main ? Actuellement la quasi-totalité des fermes, même petites, pratiquent la traite à la machine. Les ministres ont-ils simplement inséré les pis des vaches dans les embouts ? Ou alors ont-ils trait à la main ? Pas facile. Les vaches ont sans doute été bien surprises. Elles en rient encore, les vaches.

Bon, allez, je suis obligé de rectifier : les sites d’info disent que les ministres ont assisté à une traite, pas qu’ils ont trait. Ils ont sans doute été bouleversés et cela a changé leur compréhension du monde.

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À force de grignoter nos libertés, qu’en restera-t-il ?

La loi du ministre de l’intérieur Cazeneuve contre le terrorisme a été adoptée par le parlement le 16 octobre 2014.

On reste stupéfait par l’énergie que mettent tous les gouvernements à grignoter nos libertés. Les occasions ne manquent pas : tel crime bouleverse l’opinion publique, le terrorisme menace, certains jeunes sont fanatisés par le djihadisme… Qu’importe le motif, la méthode reste la même, s’appuyer sur des faits incontestables pour grignoter les libertés.

On se rappelle par exemple la loi juridiquement ahurissante portant sur la rétention de sureté mise en place par Nicolas Sarkozy. Au moment du procès le tribunal estime que les crimes commis par le condamné sont si insupportables que l’on pourra le garder en prison même lorsqu’il aura totalement purgé sa peine, si on l’estime dangereux : prison non pas pour ce qu’on a fait mais pour ce que l’on pourrait faire. Cette loi n’a pas été abrogée par F. Hollande.

S’appuyant sur des faits très graves (terrorisme, fascination de certains jeunes pour le djihadisme) la loi Cazeneuve prévoit des mesures qui peuvent être gravement liberticides.

L’essentiel de la loi vise à interdire de quitter le territoire à tout ressortissant français lorsqu’il existe des raisons de croire qu’il se rend sur un théâtre d’opération de groupements terroristes et dans des conditions susceptibles de le conduire à porter atteinte à la sécurité publique lors de son retour. Cette disposition est largement appuyée par l’opinion : il est bien normal, dit-on, d’empêcher les futurs terroristes de passer à l’acte. Sous une apparence d’évidente nécessité, cela revient à créer un délit d’intention. Et comment saura-t-on qu’il existe "des raisons sérieuses de croire" ? Devra-t-on se fier aux enquêtes des services de renseignement ? Comment pourra-t-on se défendre si les documents sont classifiés ? Cette loi porte en germe un immense arbitraire.

Plus grave encore : après le vote à l’assemblée nationale et juste avant le vote au sénat, le ministre introduit par surprise une disposition étonnante : on pourra interdire l’entrée en France d’un ressortissant de l’Union européenne ou d’un membre de sa famille s’il présente une menace pour la sécurité publique. Cette mesure serait prise par une autorité administrative, et non judiciaire. Ce texte est en totale contradiction avec le principe de libre circulation des ressortissants de l’union européenne. Le ministre ne prend même pas la peine d’avancer le prétexte du terrorisme. Il suffira de menacer de porter atteinte à la sécurité publique. Expression juridiquement vague, qui peut permettre d’accuser n’importe qui de n’importe quoi.

C’est une mesure qui permet d’interdire à à peu près n’importe qui l’accès au territoire.

Petit à petit les terroristes gagnent, nous supprimons nous-mêmes nos libertés pour éviter que les terroristes n’y portent atteinte.

Les gouvernements, de droite comme de gauche, qui mettent en place de tels textes sont bien irresponsables. Quel usage sera fait de ces textes contre les libertés de chacun. Sil un jour un gouvernement non démocratique prend le pouvoir en France, il n’aura aucun effort à faire pour créer des lois liberticides. Elles seront déjà déroulées comme un tapis rouge sous ses pieds.

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Salauds de pauvres

Les chroniqueurs expliquent que l’effondrement des valeurs de solidarité provient en partie du fait que, il n’y a pas si longtemps, la société permettait à chacun d’espérer au moins un avenir meilleur pour ses enfants, alors que ce n’est plus le cas.

L’inquiétant succès du livre de Zemmour en est un témoignage : les conceptions ultra-réactionnaires ne touchent pas seulement la classe ouvrière abandonnée et qui porte ses espoirs vers le FN, elles concernent aussi les intellos.

Monte ainsi de façon irrésistible l’idée que les pauvres sont pauvres parce qu’ils ne se remuent pas pour changer leur sort, et que les chômeurs sont chômeurs parce qu’ils l’ont bien cherché et n’ont pas assez cherché de travail.

Se renforcent massivement une quantité d’idées reçues, totalement fausses mais qui font recette. (Libération 17 octobre 2014.) Ces idées fausses mais fortement ancrées sont dénoncées avec vigueur par le président de ATD quart-monde à l’occasion de la journée mondiale du refus de la misère. (Oui oui, il y a une journée mondiale contre la misère, c’est réconfortant ! Bon d’accord on imaginerait difficilement une journée mondiale pour la misère, mais l’existence d’une journée contre réchauffe le cœur des miséreux qui, comme chacun sait, souffrent sur les escaliers de la Butte.)

Quelques idées reçues : faire la manche, cela rapporte ; les gens du voyage roulent en Mercédes ; l’immigration augmente en France ; la mixité sociale nuit à la réussite scolaire. Des études précises montrent que cela n’est pas vrai, mais on y croit.

ATD quart-monde publie, avec une quarantaine d’associations partenaires, un livre "En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté". C’est important, mais hélas inutile : ces idées sont ancrées, irrationnelles, et ne peuvent être combattues par des arguments rationnels. Je vais malgré tout en donner quelques illustrations.

Des exemples :

Un couple avec deux enfants peut gagner plus avec le revenu de solidarité active qu’avec le Smic. (41 % des sondés le pensent). Faux : en y ajoutant toutes les indemnités qui vont avec, le RSA est de 1 372 euros pour un couple avec deux enfants, le Smic est de 1939 euros. Il vaut mieux travailler que toucher le RSA.

Les pauvres ne paient pas d’impôts. (71 % des sondés le pensent). Actuellement, plus d’un foyer fiscal sur deux (et donc pas seulement les pauvres) ne paie pas d’impôt sur le revenu. Qui plus est l’impôt sur le revenu ne représente qu’une petite partie des recettes de l’état. L’essentiel est apporté par la TVA. Tous, riches ou pauvres, paient des impôts, mais ces impôts sont indirects, invisibles.

Les pauvres font tous les guichets purs obtenir des aides, qui sont faciles à obtenir. (71 % des sondés le pensent.) En 2014, environ 30 % des personnes ayant droit à la couverture maladie universelle ne l’ont pas demandée, 60 % des personnes ayant droit à l’aide complémentaire santé ne l’ont pas demandée, 68 % des ménages pauvres ne demandent pas le tarif réduit EDF auquel ils ont droit.

L’une des premières mesures que prendra Nicolas Sarkozy lorsqu’il sera président sera d’organiser un référendum pour instituer le principe selon lequel toute personne qui touche une indemnité (RSA, chômage) devra faire en échange un travail d’intérêt général. Beaucoup de vous, lecteurs de [alerte] approuvent ce projet. Je ne suis pas de cet avis. D’une part les bénéficiaires des allocations chômage ont cotisé (payé par avance) lorsqu’ils étaient en activité pour avoir droit à des indemnités si leur situation se détériore. D’autre part je trouve cela bien humiliant : on va dire par exemple à un ingénieur ou à un tourneur-fraiseur au chômage : vous n’avez pas été capables de trouver du travail, il faut participer au ramassage des saletés que les automobilistes balancent au bord des routes. Je trouverais plus juste de demander cela aux automobilistes. En outre, indépendamment du principe que je trouve humiliant, c’est impossible à organiser. Je vois les difficultés logistiques qu’a le maire d’une petite commune à organiser un dimanche de ramassage des saletés au bord des routes avec des personnes pourtant volontaires, je ne vois pas du tout comment on pourrait organiser des travaux d’intérêt général à grande échelle. Mais cela plait. Punissons les pauvres, c’est bien leur faute.

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A table, il faut se servir en premier s’il n’y en a pas pour tout le monde

Surtout si ça rapporte.

J’en ai souvent parlé, mais il se trouve qu’à midi j’ai mangé du quinoa, ce qui m’incite à vous en parler à nouveau.

Le quinoa est une espèce de la famille de la betterave, considérée comme une pseudo-céréale. Je l’achète en grains (Tipiak ! Pirate !) et le consomme comme du couscous. Le quinoa est cultivé sur les hauts plateaux d’Amérique latine. Il est très digeste et contient tous les acides aminés nécessaires à la vie, au contraire d’autres céréales qui n’en contiennent qu’une partie.

Quel est le problème ? Le quinoa est très à la mode dans les pays développés. Du coup les prix sur le marché mondial montent. Cette nourriture est devenue inaccessible aux habitants du coin, alors qu’elle a pourtant des caractéristiques nutritives très positives. Bon d’accord, c’est moi d’abord !

Vous savez que le même problème se pose pour d’autres cultures vivrières, en Afrique, en Amérique latine. Des sociétés internationales investissent les terres et cultivent ce qui va rapporter à l’export, au détriment de l’alimentation des habitants locaux.

Pourquoi nous raconter tout cela ? Vous z’aviez qu’à pas manger de quinoa.

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Fin de la lettre du 2014 10 19/19 octobre 2014

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Diffusion libre à condition de citer la source, [alerte] JM Bérard, et impérativement la date.

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