[alerte] - JM Bérard - 4 octobre 2014

Sommaire

À savourer

Le château de Guédelon

Choses vues, lues, entendues

Choses vues : relativité des cultures

Choses lues : relativité des cultures 2

Entendu

De l’inconvénient des idées préconçues

Faire peur

Laisser faire

Nous sommes au bord du gouffre

Nous sommes au bord du gouffre, prenons le temps d’observer et d’analyser

Nous sommes au bord du gouffre, faisons un pas en avant…

Le mondial de l’automobile

La voiture "2 litres aux 100"

La voiture sans conducteur

Je vais m’en fourrer jusque-là

La vie de nos ministres

Évolutions de la langue française

À propos de [alerte]

Le nuage de [alerte]

Fonctionnement de la lettre [alerte]



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Ce texte est écrit dans l’orthographe recommandée 1990. Si vous n’êtes pas familier avec cette orthographe, certaines façons d’écrire vous apparaitront comme des fautes. Actuellement, les deux orthographes (usuelle et recommandée 1990) sont acceptées.

http ://www.orthographe-recommandee.info/

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À savourer

Le château de Guédelon

Le château et le chantier sont situés sur la commune de Treigny, près d’Auxerre dans l’Yonne.

Surprenant projet que celui de Michel Guyot, appuyé par Marilyne Martin : construire un château reproduisant un château du moyen âge, en n’utilisant que les matériaux et les techniques du XIIIe siècle.

Le chantier est ouvert au public depuis 1998. Les initiateurs du projet, aidés par un comité scientifique, ont décidé la construction d’un bâtiment supposé dater de 1229 et appartenant à un petit seigneur local.

Quel intérêt ? Se promener dans le parc, visiter ce qui est déjà construit du château, mais surtout parcourir les différents ateliers et parler avec le forgeron, le cordier, le bucheron, la dame qui fabrique les pigments, les tailleurs de pierre. Comprendre comment ces techniques sont employées dans la construction du château, comprendre comment les techniques ont évolué jusqu’à l’époque actuelle. C’est un "chantier d’archéologie expérimentale".

70 salariés travaillent au projet, les ressources ne sont que celles apportées par les entrées des visiteurs.

Un problème non résolu : à quoi travailleront les ateliers dans 25 ans, lorsque la construction du château sera terminée ?

Sans vraiment demander son avis, j’ai instauré mon ami AM historien officiel de la lettre [alerte]. Appel : as-tu un avis sur cette réalisation, en particulier sur la rigueur scientifique et historique de ce travail ?

Quoi qu’il en soit, c’est une très belle journée.

Il vaut mieux prendre son billet et réserver assez tôt par internet. Personnellement, je vous conseillerais de couper votre journée par la visite guidée.

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Choses vues, lues, entendues

Choses vues : relativité des cultures

Un banc, un parc, du soleil. Sur le banc une dame munie d’un parapluie pliant plié se tape doucement et méthodiquement sur la tête. On se dit "elle est bizarre". Et tout d’un coup on pense à la relativité des cultures : cette dame d’apparence asiatique est sans aucun doute en train d’appliquer une technique de médecine chinoise pour faire circuler l’énergie. Bizarre si l’on est loin du Yang Tse Kiang.

Choses lues : relativité des cultures 2

Dans Le Monde du 1er octobre 2014 un article évoque l’usage du tableau numérique au collège Charpak de Goussainville. Une enseignante d’histoire déclare : "pour des jeunes peu familiers des livres, c’est plus attractif, plus naturel." Curieuse conception de la nature et de la culture. Et curieuse conception de l’enseignement : on prend acte de l’échec. C’est vrai que les livres sont bien encombrants. Elle aurait aussi pu dire "pour des jeunes qui savent mal lire, les diaporamas sont plus attractifs, plus naturels." Bon, ne me faites pas de procès d’intention : elle voulait sans doute dire que le numérique est un moyen d’accès facilitant. Mais j’aime bien prendre les mots au pied de la lettre.

Entendu

Cité par France Inter une phrase du Chat de Philippe Gelück : "l’optimiste voit le verre à moitié plein, le pessimiste à moitié vide, aucun de ces deux cons ne se demande pourquoi on ne leur sert que des demi-verres." Bon, c’est drôle mais ça se discute, on peut rêver d"une société où l’on consomme moins…

De l’inconvénient des idées préconçues

Au moment où le président Hollande a décidé de nommer Jacques Toubon défenseur des droits j’avais été parmi ceux qui avaient protesté contre ces douteux compromis politiques. Cette prise de position de ma part avait suscité des réserves de certains de vous.

La lecture d’un article du Monde le 3 octobre 2014 m’invite à réfléchir davantage. Toubon estime que les moyens du défenseur des droits doivent être augmentés, il estime que la défense des droits fondamentaux doit être vraiment accessible à ceux qui sont victimes d’abus. Il veut, tout en respectant la liberté d’expression sur l’internet, lutter contre le fait que les réseaux sociaux peuvent être l’expression débridée de l’exclusion et de la haine de l’autre. Il veut contribuer à mettre en place le droit de vote des étrangers aux élections locales. Le défenseur des droits doit, dit-il, répondre à la façon dont les élus et l’administration mettent en œuvre les lois sur l’obligation scolaire, les étrangers, les demandeurs d’asile, les enfants, les mineurs isolés, les camps de roms, le logement social et privé.

Il arrive que l’exercice d’une responsabilité conduise la personne qui en est chargée à se dépasser. Avais-je critiqué un peu vite Hollande pour la nomination de Toubon ? Les critiques faites contre celui-ci l’ont-elles conduit à évoluer ?

Faire peur

Le Parisien, 3 octobre 2014

"En France chaque jour une voiture est volée toutes les cinq minutes." Ça fait peur. A bien y regarder, cela ne veut absolument rien dire : chaque jour ou alors toutes les cinq minutes ? Veut-on dire que l’on ne vole pas les voitures la nuit ? Et puis au total, par rapport à l’ensemble du parc automobile, cela représente quel pourcentage ? Beaucoup ? Pas beaucoup ?

Laisser faire

Titre du Figaro le 3 octobre 2014 : la fronde fiscale se répand. Ce que le Figaro appelle fronde fiscale est le fait que plusieurs centres des impôts ont été vandalisés. Heureusement le personnel n’était pas là. Les représentants de la loi et l’ordre ont un vocabulaire bien doux pour désigner la vandalisation de bâtiments publics, la destruction de portiques couteux. C’est comme pour la chasse dans le sketch des inconnus : il y a la bonne violence de droite et la mauvaise violence de la racaille.

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Nous sommes au bord du gouffre

Actuellement le consensus est quasi-total pour constater que la planète se réchauffe du fait de l’activité de l’homme et que cela va conduire à des catastrophes.

Nous sommes au bord du gouffre, prenons le temps d’observer et d’analyser

La loi sur la transition énergétique présentée par la ministre de l’environnement Mme Royal a bonne presse. Intelligemment la ministre présente cette loi comme un levier de sortie de crise. Diminution de moitié de notre consommation totale d’énergie en 2050, baisse de 30 % du recours aux ressources fossiles en 2030 avec augmentation concomitante du renouvelable, réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Bon, il semble que le financement de ces mesures ne soit pas très précis, il semble que la réflexion sur la fiscalité écologique soit très absente de la loi, mais j’apprécie le fait que la prise en compte de ces préoccupations ne soit pas présentée comme un obstacle à la sortie de crise : la recherche de nouvelles formes de production d’énergie va stimuler la créativité, la création d’emplois dans certains secteurs. Pour me faire une opinion plus globale, j’attendrai le vote final et la réalité de la mise en œuvre.

Nous sommes au bord du gouffre, faisons un pas en avant…

Forcément, c’est la seule chose que nous sachions faire, continuons comme avant. C’est ainsi que la seule annonce importante de Nicolas Sarkozy pour marquer son retour médiatique a été de dire qu’il fallait exploiter les gaz de schiste. Quelle rigidité mentale, quel manque d’imagination. Je n’entrerai même pas dans le débat sur les dangers de l’exploitation des gaz de schiste pour le sol, les nappes phréatiques et tout à l’avenant. Je constate simplement qu’actuellement le consensus est quasi-total pour constater que la planète se réchauffe du fait de l’activité de l’homme et que cela va conduire à des catastrophes. Est-ce vraiment le moment de rechercher de nouvelles sources d’énergie fossile ? Encore un instant, Monsieur le bourreau ! Mourons, mais sans rien changer…

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Le mondial de l’automobile

Oui, on ne l’appelle plus salon, cela commence le 4 octobre 2014 à Paris.

On constate depuis quelque temps une évolution sociologique concernant l’usage de la voiture individuelle : les villes sont saturées, les banlieues des villes sont massacrées par les zones industrielles et commerciales induites par l’usage de la voiture, la pollution est une évidence pour chacun. Les jeunes achètent moins de voitures, on est moins attaché à la possession : covoiturage, partage de biens. Mais on constate aussi que des pans entiers du territoire ne sont pas actuellement vivables si l’on n’a pas de voiture. À terme la voiture individuelle me semble en impasse, mais sans doute pas dans un terme proche. Progressivement se développeront de nouveaux modes de transport collectif, de nouvelles habitudes. Progressivement. (Je ne cherche pas à faire la morale : j’ai moi-même une voiture, sans en avoir vraiment besoin…)

Je suis du coup totalement perplexe devant les nombreux articles parus dans la presse à propos du mondial de l’automobile : l’imagination, la créativité industrielles sont stimulées, de nouvelles techniques se développent. Dois-je rendre hommage à la créativité humaine, ou regretter que l’on consacre tous ces efforts à un outil de transport en impasse, au lieu de chercher d’autres pistes ? Il est vrai que jusqu’à une période récente les budgets des armées n’étaient pas limités et que c’est la recherche sur les armements qui faisait beaucoup progresser la technologie. Alors pourquoi pas la bagnole ? La voiture est en impasse, mais il y aura des retombées.

La voiture "2 litres aux 100"

C’est le phare de ce mondial. La recherche, en France, a été dynamisée par le gouvernement Ayrault et le ministre Montebourg. Au prix il est vrai d’importantes subventions publiques au secteur industriel. En régime libéral c’est comme cela : il faut payer l’industrie sur des fonds publics pour qu’elle fasse son travail.

La recherche voiture à 2 L (oui l’abréviation de litre est L) aux 100 km a permis des avancées technologiques considérables : utilisation de métaux très peu denses pour construire les carosseries, utilisation de matériaux composites pour construire les planchers, progrès énormes en aérodynamique et en réalisations de moteur à haut rendement. Plusieurs prototypes sont présentés au mondial. Tout ça pour une bagnole dont l’usage est en impasse… Bon, on en trouvera bien l’usage ailleurs. Une remarque : il y a tout de même un peu d’abus de confiance à parler des véhicules à 2 L aux 100 km. Si j’ai bien lu, les prototypes sont des véhicules hybrides. Le carburant fossile fournit une partie de l’énergie, mais il faut bien d’une façon ou d’une autre produire l’autre partie de l’énergie consommée. Deux litres plus autre chose.

La voiture sans conducteur

Article du Monde le 30 septembre 2014 : "l’automobile sans conducteur n’est plus une utopie. Les technologies sont déjà là et les prototypes circulent. Mais l’adoption généralisée sera longue face aux obstacles économiques, sociétaux et légaux". Oui oui, sans conducteur. Avec des passagers mais sans conducteur. Certes, cela fera baisser le nombre des accidents, mais tout de même, pourquoi, là encore. tant d’efforts pour un résultat qui présente si peu d’avenir ! Actuellement, la quasi-totalité des problèmes techniques sont résolus, des véhicules Google parcourent des milliers de kilomètres. (Il y a une personne au volant pour des raisons légales, mais cette personne ne sert à rien.) Tous les constructeurs travaillent en ce moment sur cette question. On pense que les véhicules totalement autonomes seront disponibles à la fin des années 2020. Quelques problèmes restent non résolus, par exemple celui de l’assurance. En cas d’accident, qui sera responsable ? L’entreprise auteure des programmes informatiques ?

Je me réjouis de l’imagination et de la créativité dont l’être humain fait preuve. Mais bon, n’est-on pas aussi dans ce cas face à un manque d’imagination qui empêche de réfléchir aux modes de déplacement du futur ?

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Je vais m’en fourrer jusque-là

Offenbach, La vie parisienne.

Chaque année l’espèce humaine consomme une fois et demie les ressources naturelles produites par la Terre. Le jour où l’humanité vit à crédit en anticipant sur les ressources de l’année suivante intervient de plus en plus tôt chaque année. Les arbres sont coupés à un rythme supérieur à celui de leur croissance, les poissons pêchés plus que de raison. Les forêts et les océans ne peuvent plus absorber tout le carbone émis.

Inspiré par le journal Le Monde du 1er octobre 2014.

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La vie de nos ministres

Madame Royal, ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie déclare : tant que je serai ministre il n’y aura pas de gaz de schiste. Au rythme où changent les ministres, je ne suis que partiellement rassuré. (Le Monde, 30 septembre 2014.)

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Évolutions de la langue française

Source : l’une de vous.

Dans le vocabulaire des cyclistes professionnels, "borner" ne veut pas dire "limiter, fixer un maximum" mais "avaler des kilomètres" un peu comme si l’on comptait les bornes.

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Fin de la lettre du 2014 10 3/ 3 octobre 2014

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À propos de [alerte]

Diffusion libre à condition de citer la source, [alerte] JM Bérard, et impérativement la date.

Le nuage de [alerte]

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Fonctionnement de la lettre [alerte]

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jean-michel.berard x orange.fr

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