[alerte] Jean-Michel Bérard

La plus grande partie de cette lettre a été écrite avant le 22 juillet 2014 et ne prend donc pas en compte les évolutions de la situation à Gaza et les péripéties auxquelles se heurte, en France, le soutien aux palestiniens.

A savourer

* Brigitte Fontaine 

Le Monde, 19 juillet, un article consacré à Brigitte Fontaine (Fontaine de jouvence) dit que sa carrière, proche de la ruine en 1990, a été relancée par la chanson « Le nougat ». Sans voler a posteriori au secours de la victoire, j'ai toujours beaucoup aimé cette chanson surréaliste. C'est l'occasion de prendre plaisir à la réécouter.

https://www.youtube.com/watch?v=L8ejnv15bPk

De même faut-il réécouter la magnifique chanson de vulgarisation scientifique :-) de Fontaine et Areski, C'est normal. Un bijou, un régal. Du pur bonheur, comme le disent les commentaires sur le site.

https://www.youtube.com/watch?v=nPHMsYooRCc

Vraiment, ne boudez pas ce plaisir, cela ne prendra que trois minutes de votre vie.

Un petit flash autobiographique. Extrait de l'article du Monde : dans les années 80, la chanson rive gauche a été laminée. Les chanteurs engagés et régionalistes sont devenus tout à coup ringards pour les médias. Des gens comme Béranger, Maxime Le Forestier, Michel Jonasz, Gilles Servat, qui remplissaient les salles, ont beaucoup souffert. Mis à part Jonasz que je connais peu, je les aime beaucoup. Ils baignaient mon environnement quotidien. Laminés peut-être, mais la plupart ont fait ensuite mieux que survivre. Moi aussi...

Béranger (mort en 2003) https://www.youtube.com/watch?v=CQXKAudC5Aw (J'en suis encor' à m'demander après tant et tant d'années à quoi ça sert de vivre et tout à quoi ça sert en bref d'êt' né.)

Servat, 2011, en réponse au fait que le FN voulait s'approprier la chanson « la blanche hermine » La chanson elle-même est à 3 minutes 30.

https://www.youtube.com/watch?v=fBS8zU0ZEnI

Jonasz La boite de jazz https://www.youtube.com/watch?v=kKN7nlsfVuY

* Festival Chalons dans la rue

A chaque coin de rue, un chanteur, un poète, un prestidigitateur, un groupe de jazz. Dans les cours des écoles, les parcs, les musées les troupes de théâtre, de danseurs, d'acrobates. Partout les festivaliers, tolérants, réceptifs, curieux, ouverts à l'échange, mobilisés pour le soutien aux précaires. Tout en servant du thé à la menthe ou du café fraîchement torréfié, dont l'odeur enchante le lieu, une troupe nous fait partager les aventures de Ulysse, par le truchement de la langue des signes, d'une langue arabe chantante, d'un langue française apaisée, d'une langue flamande rude. Dans un parc, les acrobates sculptent l'espace en parcourant des mouvements de leurs corps une immense structure métallique rigides et des filets souples. Le prestidigitateur a perdu sa partenaire. Après avoir dit « non » à son patron qui en veut toujours plus, le héros nous initie à l'art de buller... Dans un tel contexte de créativité, de tolérance, d'échange, on en est sûr : l'avenir sera beau, même si le présent est loin d'être rigolo.

Au fil des jours

* Israël – Palestine

En avant-propos : bien que ce soit pour moi une évidence, il faut de nos jours bien préciser les choses : les mots d'ordre de « mort aux juifs » énoncés dans les marges de certaines manifs ou dans les commentaires sur internet sont inadmissibles, criminels et intolérables. On lutte contre la politique de l'état d'Israël en Palestine, pas contre les juifs. Pour prendre une comparaison absurde : pendant la guerre du Vietnam l'aviation US bombardait massivement les civils, y compris avec des produits chimiques. Il y avait des manifs où l'on brûlait des drapeaux américains, mais personne n'aurait eu l'idée absurde de crier « mort aux protestants ». Mais pour tout dire je suis plus que gêné par les propos de Valls et Hollande, qui ont l'air d'assimiler toute manifestation contre les bombardements en Palestine à une manifestation antisémite. Ce genre de propos ambigus alimente précisément les confusions que l'on veut éviter.

La situation est si désespérée et désespérante que l'on sait par avance que tout mot sera sans portée, tant les blocages, les préjugés, les haines sont grands. La raison n'a plus sa place, si tant est qu'elle l'ait jamais eue.

Pour aggraver encore les choses, et au contraire de toute la tradition diplomatique de la France depuis des années, le président Hollande prend délibérément parti en faveur du gouvernement d'Israël et de son « droit à se défendre », oubliant les droits du peuple palestinien, le projet d'une solution à deux états vivant dans des frontières sures et reconnues. C'est un total revirement. Dans quelle stratégie ce revirement s'inscrit-il ? Ne pas déplaire ? Mais ne pas déplaire à qui ? Vive Chirac !

Dans Le Monde le 19 juillet un entretien avec Avraham Burg, « personnalité de gauche né en 1955, il a été un membre actif du mouvement « la paix maintenant » Ancien président de la Knesset (le parlement d'Israël) il s'est retiré de la vie politique en 2004 sans cesser de dénoncer la poursuite de l'occupation et la définition de l'état d'Israël comme État juif. » Je précise tout cela en espérant que au vu de cet itinéraire Valls et Hollande ne rangeront pas tout de suite Burg parmi les antisémites.

Extraits : […] Beaucoup d'israéliens font confiance à l'armée pour leur apporter la solution. Nous réalisons aujourd'hui que l'armée n'a pas de solution parce que la direction politique n'a pas de vision. La guerre est une perte d'énergie qui ne mène nulle part. […] Nous sommes encore l'occupant. Nous sommes encore dans une relation de maître et d'esclave. L'Autorité palestinienne est devenue le sous-traitant de l'occupation israélienne. […] Nous devons commencer par les étapes les plus basiques, appliquer les droits de l'homme. […] La vengeance est devenue une force motrice en politique. […] J'ignore combien d'années cela prendra pour parvenir à une véritable prise de conscience.

Note JM B : Au contraire du gouvernement Netanyahou, de Gaulle avait compris, au moment de la guerre d'Algérie, que ce n'est qu'avec ses ennemis que l'on peut faire la paix.

* Causalité ? Coïncidence ? N'importe quoi ?

Libération 19-20 juillet 2014, un intéressant article sur l'itinéraire de François Besse. Là n'est pas mon propos. Je m'interroge seulement sur la phrase suivante : il cambriole l'usine Olida en 1963, le jour de l'assassinat de Kennedy. J'ai beau réfléchir, je ne vois pas le rapport. Un rapport de cause à effet ? Ce serait bien étonnant ! Une volonté du journaliste de situer le contexte historique ? Mais en quoi le contexte de l'assassinat de Kennedy éclaire-t-il la personnalité de Besse ? Du coup cela rend la rédaction des articles plus facile. Sur n'importe quoi, on cherche sur Google et l'on trouve de quoi rajouter trois lignes à son article. Ça fait chic. Cela dit j'ai tort de me moquer. Je ne m'étais pas rendu compte que j'écris cet article juste le jour de l'anniversaire de l'avènement, en 1553, de Marie Tudor, reine d'Angleterre et d'Irlande. Étonnant, non ? Il y a tout de même des coïncidences que la science ne suffit pas à expliquer.

* Que les gens puissent rester vivants et heureux

La vitesse, première cause d'accident ?

Un entretien entre Chantal Perrichon, présidente de la ligue contre la violence routière et le professeur Claude Got, spécialisé depuis de nombreuses années dans les questions de sécurité routière :

https://www.youtube.com/watch?v=Ji7rT2ibOto&list=PLpPlh-ns3NPXOxDj5VZQJ3kDBRorzpxrE&feature=plcp

Entretien très intéressant, Claude Got travaille depuis des années sur les questions de violence routière. Écouter en particulier le petit passage, à la fin, sur les autoroutes allemandes ! Cela dit, je ne crois pas aux miracles. Claude Got avance des arguments étayés sur des études précises, mais ce n'est pas pour autant qu'on le croira. Ce n'est pas pour autant non plus que cela convaincra ceux de vous qui pensent que mes remarques constantes à propos de la vitesse sur les routes sont excessives. Prenez le temps d'écouter Claude Got, peu de mots, mais des arguments solides. C'est l'un de mes principaux étonnements : pour survivre, notre société doit se détruire. Accepter de prendre des risques pour notre santé afin que l'industrie agro-alimentaire prospère, accepter de prendre des risques sur la route pour ne pas nuire à l'industrie automobile...

* Il faut le dire pour le croire

Comme toujours, la manipulation du vocabulaire pour rendre anodine une réalité insupportable.

- le crash : ce mot désigne usuellement un accident d'avion. Voici que l'on parle du crash de l'avion de la Malaysian airline en Ukraine. Les différentes sources s'accordent pourtant à penser que l'avion a été abattu par un missile. Accident ! C'est l'extension du domaine du crash.

- frappes chirurgicales : frappe est moins cruel que bombardements massifs. Et chirurgical veut nous faire croire que l'on ne tue pas grand monde. L'armée d'Israël dit bombarder pour tuer les dirigeants du mouvement Hamas. Ils n'ont pas d'uniforme, ils n'ont pas écrit « Hamas » sur leur front, ce sont les services secrets d'Israël qui les ont désignés comme tels. C'est la guerre, monsieur ! Quant au chirurgical ! On peut difficilement bombarder une maison en n'y tuant qu'une personne. Des centaines de morts palestiniens, des familles, des enfants. Il faut être objectif : l'aviation d'Israël lance des tracts pour demander aux populations de partir. Mais pour aller où, l'ensemble du territoire est bombardé et bouclé.

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Fin de la lettre du 2014 7 26/26 juillet 2014

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