[alerte] - JM Bérard - 1er juin 2014

Sommaire

Un moment de plaisir

Les élections européennes

Au fil des jours

École, le niveau baisse ?

Communiqué de la ligue des droits de l'homme

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Un moment de plaisir

Si vous habitez la région parisienne, ne manquez surtout pas l'exposition « La voix », dans le cadre des expositions explora de la cité des sciences et de l'industrie de la Villette. Il vaut mieux acheter votre billet à l'avance sur internet, il y a beaucoup d'attente aux caisses.

http://www.cite-sciences.fr/au-programme/expos-temporaires/la-voix/

L'exposition comporte trois sections, très différentes et aussi intéressantes les unes que les autres : art et voix, le corps, les transformations de la voix. On peut y apprendre des tas de choses en regardant les vidéos, écouter, impliquer sa propre voix. Dans la section art et voix, un montage « voix sur scène » permet d'écouter des chanteurs du XXème, et d'entendre les commentaires que font des spécialistes sur leur technique vocale. Une superbe fresque historique s'étend de l'usage de la voix dans le théâtre grec antique aux voix travaillées grâce au numérique. Pour chaque période, on entend des extraits d’œuvres caractéristiques pendant qu'un commentaire recadre le contexte. Un beau montage montre le travail que fait l'Ircam, en prenant comme exemple la reconstitution d'une voix de castrat. Et tout à l'avenant.

Prenez un temps suffisant (trois heures par exemple), il y a beaucoup à savourer.

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Les élections européennes

En France, aux européennes, le FN est au plus haut, le PS au plus bas, l'UMP sonnée, les verts en chute libre. Que dire ? Trop, et rien. Il n'y a rien à dire que l'on puisse dire en quelques mots.

Pour contribuer à l'inquiétude, la droite extrême monte spectaculairement dans plusieurs pays européens. Moins qu'en France, mais tout de même.

J'ai la sensation que cela marque la fin d'une époque, d'un mode de vie social, d'un certain consensus collectif. Nos valeurs se dégradent, se délitent, s'effondrent. Cela accompagne l'effondrement du système économique et financier, totalement à bout de souffle.

Du coup, je suis consterné par l'absence d'expression d'une pensée consécutive à ces résultats électoraux. Pas de grande voix, de grand philosophe, de groupe d'historiens, de groupe de pensée ou de réflexion (think tank) pour faire entendre une analyse solennelle. Pas d'expression forte analysant, par exemple, la montée de Hitler dans les années 30 et sa prise de pouvoir en utilisant, ou presque, les formes démocratiques.

La classe politique est sidérée, n'a aucune idée. Il faut dire que nous n'avons pas dans le personnel politique actuel de personnes cultivées, férues d'histoire, pétries du sens des valeur républicaines, pas de de Gaulle ou de Churchill. Cela ne s'apprend pas à l'ENA. La classe politique réagit de façon médiocre, en proposant la seule chose qu'elle sache faire : poser des rustines sur le système institutionnel existant. Au lieu de comprendre que la maison est en ruines et s'effondre on discute de la couleur de la peinture. L'UMP est bien embarrassée, car elle est divisée, une fraction de la droite ayant depuis plusieurs années misé sur les valeurs du Front national au lieu de leur faire barrage. Crise à l'UMP. Solution : virer Copé et miser sur l'avenir de Juppé. Je ne déteste pas Juppé, mais tout de même, est-ce bien à la hauteur du problème ? Au PS, évidemment, aucune idée, vide sidéral du discours de Hollande à la télé. Solution : poursuivre la politique de rigueur tout en baissant les impôts (?), et diminuer le nombre de régions. Pour faire bonne mesure et envoyer un signal (à qui?) démanteler le camp de réfugiés de Sangatte sans rien prévoir pour les reloger. (C'est une question humanitaire : ils ont la gale, on ne peut pas les laisser comme cela). Là encore, est-ce à la hauteur de la situation ? Au FN, le discours sur radio courtoisie, radio des droites extrêmes, a changé. Jusqu'à maintenant on vilipendait l'UMPS. Maintenant on discute sérieusement de la meilleure stratégie d'alliance pour que Le Pen soit élue présidente en 17. Je devrais me réjouir : ils ne sont pas en train de préparer un coup d'état et pensent aux formes démocratiques. Allez, ne sois pas naïf, bien sûr des groupes divers préparent des troubles, des désordres insurrectionnels, peut-être un putsch, mais on n'en parle pas en public sur radio courtoisie. Dernière nouvelle : ce 29 mai 2014 radio courtoisie annonce la couleur : à la rentrée auront lieu de grandes manifs, inspirées de la manif pour tous, pour demander la dissolution de l'assemblée nationale. Et si le pouvoir refuse, le peuple aura un devoir d'insurrection. (Cela n'est pas dit directement, car radio-courtoisie serait condamnable, c'est dit au travers de la citation de la constitution républicaine de 1793. Je n'ai pas vérifié.) Bon, cela a le mérite de la franchise, on sait à quoi s'attendre.

J'ai en tout cas bien ri en voyant un responsable UMP lundi matin 26 mai 2014 à la télé. « Cela montre bien, dit-il, que Copé doit rester à la tête de l'UMP, il ne faut pas ajouter la crise à la crise. » (Si si, je l'ai vu. ) Voici une analyse qui témoigne d'une grande culture historique et d'une grande profondeur de vue...

Il me semble que c'est un peu comme pour l'avenir écologique de la planète : la classe politique ne voit pas que c'est l'ensemble du système qui est totalement à bout de souffle et préfère considérer que le pneu dans son ensemble ne pose pas de problème et qu'il suffira de quelques rustines.

Je ressens la même déception en écoutant ou lisant les journalistes, les éditorialistes. Certains minimisent : cela n'est pas dramatique, le FN n'a pas tant gagné que cela, etc. D'autres sont graves : ces faits sont d'une portée exceptionnelle, c'est la fin d'un mode de consensus social, il faut réagir. Mais comment ? Aucune idée. Le plus triste étant la position de Libération : la situation est grave, il appartient à la classe politique de réagir. Cela n'apporte aucune idée, et prête à la classe politique un pouvoir qu'elle n'a plus. Ou encore la conclusion d'un article de Courtois dans Le Monde : « il est urgent de trouver la parade. » Ben oui, mais une fois cela dit...

Il m'arrive d'avoir une bonne intuition de la situation politique et de ses évolutions possibles. Cette fois-ci, je suis dans l'opacité : la droite arrivera-t-elle à clarifier sa position, alors que certains de ses membres pratiquent depuis quelques temps un rapprochement avec le FN ? Que peut faire F. Hollande ? A mon avis, hélas, pas grand chose. Il a tout misé sur un redressement de la situation économique, alors qu'il n'en est pas maître. Et il est contraint de faire profil bas sur toutes les autres réformes, tant la haine hystérique née lors des débats sur le mariage pour tous est forte. Il y a quelques jours, le gouvernement a même été obligé de reculer sur une loi, pourtant assez anodine, concernant la famille. Que peut Hollande, qui n'a, qui plus est, aucune analyse de bon niveau sur la situation actuelle ? Je ne sais. Et, à part Hollande, que peut-on faire d'autre ? Je ne sais pas non plus. Mais ce n'est pas un problème, radio courtoisie annonce une situation insurrectionnelle !

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Au fil des jours

*Communication : nous sommes dans une société communicante, où il n'est pas sûr que l'on se parle plus. Au début de l'usage des téléphones portables, toute communication commençait pas « Où es-tu ? ». On dispose maintenant d'une panoplie écrasante : fixes, portables, ordinateurs, tablettes, abonnements limités ou illimités. Je suis étonné par le fait que l'on ne généralise pas la première question courtoise que l'on devrait poser lorsqu'on reçoit un coup de fil : « as-tu un abonnement illimité, veux-tu que je te rappelle à partir du mien ? » Et puis surtout je souris : une bonne partie du début de la communication est systématiquement consacrée à expliquer pourquoi on n'a pas pu se parler avant : je t'ai laissé un message, mais mon portable passait mal, alors j'ai rappelé sur ton fixe mais ton réseau était bloqué, etc. D'accord, on n'a pas pu se parler avant, mais pourquoi maintenant perdre du temps à ne pas se parler pour dire qu'on n'a pas pu se parler ?

J'ai retrouvé des lettres des années 30 où mes parents correspondaient avec leur famille à la campagne. Le plan de la lettre est toujours le même, en trois parties égales : 1) pourquoi il y a si longtemps que je ne t'ai pas écrit, 2) nouvelles de la famille, 3) pourquoi je dois arrêter de t'écrire (le facteur va passer, il faut que j'aille ramasser le foin, etc...). Au fond les coutumes n'ont pas tellement changé, on passe un temps important à se dire pourquoi on ne peut pas se parler... Mais peut-être est-ce déjà dire quelque chose ?

* Communication, bis : le pape, lui, a trouvé un moyen plus direct de communiquer avec Dieu : il s'est incliné devant un vieux mur à Jérusalem (il paraît que la tradition appelle ce mur « mur des lamentations ») et a glissé un petit mot à l'attention de Dieu dans une fissure du mur, pour prier pour la paix. Après tout, cela ne peut pas marcher plus mal que les éternelles pseudo-négociations entre Israël et les palestiniens sous l'égide partiale des USA. Soyons juste : le pape s'est aussi incliné devant le mur érigé par l’État d'Israël pour se séparer physiquement des palestiniens. Il a prié pour la paix. Il n'a pas pu déposer de petit mot dans une fente du mur, car car dans ce mur érigé par l’État d'Israël il n'y a pas de fissure.

* Tous pourris : reçu de l'un de vous.

Un petit mot, cher Jean-Michel, à propos de ton petit paragraphe consacré à madame Balkany. Il est excellent. Il est en effet tout à fait révélateur du fait que le politique maintenant dédouane de tout, y compris et avant tout de toute morale privée.

On ne peut s'empêcher de noter que c'est d'ailleurs aujourd'hui aussi vrai à gauche qu'à droite, cf l'affaire du scooter présidentiel : "tout m'est autorisé puisque c'est ma vie privée..." (Note JM B : personnellement je ne reproche rien au président à propos de son scooter. Je lui reproche d'avoir manqué de précautions : si le journal Closer a su ce que faisait le président la nuit, les services secrets étrangers l'ont su aussi, outil formidable de chantage ou de pression. Je lui reproche aussi d'être sorti sans service de sécurité suffisant. Lorsqu'on a de telles responsabilités on doit se protéger. Le pape, en Israël et en Palestine, n'a pas voulu de voiture blindée. C'est beau, la foi. Mais s'il avait été victime d'un attentat cela aurait compliqué encore beaucoup plus la situation locale.)

Suite du message de l'un de vous : les mêmes, bien sûr, après, s'étonnent de la dilution des valeurs, et prêchent pour le bon peuple, et probablement lui seul, le retour de la morale laïque... (Je n'ai pas compris cette phrase, JM B.)

Pas étonnant que, face à cette hypocrisie, le peuple en effet, du coup, un jour, manifeste son dégoût : abstention massive et vote FN... Cf consternantes, mais si compréhensibles, les élections d'hier.

Merci pour ton travail de vigilance. Amitié.

Merci. Je ne suis qu'en partie d'accord avec toi. Certes, le FN dénonce le « tous pourris », alors même qu'il est loin d'être toujours net en la matière. Mais je ne crois pas que ce soit la cause essentielle de la montée du FN. Dans de très nombreuses élections récentes, on a vu que des hommes politiques corrompus (de droite comme de gauche), soupçonnés ou même condamnés sont réélus triomphalement. Personne n'en veut à Nicolas Sarkozy d'avoir sciemment dépassé son budget de campagne présidentielle, au contraire c'est porté à son crédit, car cela prouverait la hargne du conseil constitutionnel qui a refusé les comptes. Cela lui donne une posture de victime.

*Écriture à la main : dans un numéro précédent de [alerte] je signalais que dans certaines écoles aux USA on a rendu optionnel l'apprentissage de l'écriture manuscrite cursive. Je me demandais si l'on a suffisamment expérimenté sur les conséquences d'une telle décision. Dans « Le Monde » du 29 mai 2014 un article pose la question : « clavier ou stylo, la question hante les amphis ». Cet article ne rend pas compte d'une enquête rigoureuse menée sur un large échantillon, mais porte sur une observation de quelques professeurs US faite sur leurs étudiants et sur les intuitions d'enseignants français à l'université. Leur sentiment : le fait de prendre des notes avec un ordinateur permet de collecter une grande quantité de données, et presque de prendre en note mot à mot le cours. Mais cela dispense donc du travail intellectuel nécessaire pour procéder à un premier « traitement » de l'information afin de passer de la parole du prof aux notes manuscrites. En prenant des notes à la main, l'étudiant est obligé de traiter intellectuellement l'information et de la reformuler dans ses propres mots. A la machine, on sauterait cette étape intellectuelle, et au total on apprendrait moins bien. Les étudiants qui prennent des notes à l'ordinateur le font « sans discernement et de manière stupide » et retiennent moins. C'est une conclusion à la hache des deux professeurs US qui ont mené l'étude. Cela mériterait d'être confirmé par une étude plus solide. La question est posée. En France, une école supérieure privée a interdit l'usage de l'ordinateur en amphi, une autre l'a rendu obligatoire.

Vous l'aurez remarqué, il n'y a aucun rapport entre la question « prendre des notes à la main ou avec un ordinateur » avec la question « écriture cursive ou scripte », posée dans mon article précédent.

* Éducation nationale : mauvaise humeur

Extrait de la revue en ligne Le café pédagogique

Alain Boissinot, président du conseil supérieur des programmes ne croit plus en la réforme de l’École "On arrive encore au niveau national à poser quelques rustines, mais plus à changer en profondeur le logiciel de l'école". C'est un constat amer sur l’École que livre Alain Boissinot, président du Conseil supérieur des programmes, à la revue Enseignement catholique actualité (ECA).

Première cause de tristesse : la nomination de Peillon avait donné un espoir sur la refondation de l'école, pour rendre le système scolaire moins inégalitaire et réformer les méthode et les contenus d'enseignement. Allez, n'y pensons plus, c'est fini...

Deuxième cause de mauvaise humeur : la mauvaise foi de certains de mes amis socialistes : l'échec est la faute de Boissinot, qui n'est pas un homme de gauche. J'aimerais savoir ce qu'est un homme de gauche : quelqu'un comme Valls qui a sa carte du PS depuis longtemps mais pense que les roms ne peuvent pas s'intégrer en France ?

Et puis quel culot ! Qui a nommé Boissinot, si ce n'est Peillon. Et si le ministre, sous le poids des circonstances, n'avait pas reculé sur les réformes essentielles, Boissinot, pas de gauche peut-être mais fonctionnaire loyal, aurait-il reculé tout seul ?

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École, le niveau baisse ?

Un article dans Le Monde : on avait un temps constaté que le niveau au sortir de la maternelle montait, mais les tests effectués récemment par le ministère en CE2 montrent que, trois ans après la maternelle, il n'en est rien. Entre 1999 et 2013 les résultats aux mêmes tests sont en baisse, en mathématiques (résolution de problèmes), en français (compréhension de l'implicite dans un texte court.) Malgré la priorité politique en principe accordée à l'école, on échoue. Ce n'est guère étonnant : toutes les priorités claironnées consistent toujours à mettre des rustines pour faire (un peu mieux?) ce que l'on faisait déjà et qui n'a pas fonctionné.

J'ai déjà parlé mille fois de cette tarte à la crème du débat sur la baisse du niveau. C'est le leitmotiv des nostalgiques de l'école du début du XXème, l'école du certif et des hussards noirs. L'époque aussi où l'on apprenait que mourir pour la patrie est le sort le plus beau. La vraie école, quoi. On oublie à bon compte que cette école ne conduisait que 40% d'une classe d'âge au certif, et que les autres sortaient sans qualification attestée.

Il me semble certain que, par rapport au certif, le niveau en orthographe a baissé. (Même en écrivant cela, je doute : le niveau a baissé par rapport à l'épreuve de certif, mais avait-on à l'époque mesuré le niveau en orthographe de toute la population, même ceux qui n'avaient pas le certif ?) Mais pour le reste, il faudrait comparer de façon précise. N'apprend-on pas de nos jours à l'école des tas de choses que l'on n'apprenait pas au certif, par exemple la compréhension du sens d'un texte et la pratique de l'expression écrite ?

Pour être clair : tous ceux qui disent que le niveau baisse ont-ils réellement lu les tests que l'on propose aux élèves ? Ces tests me semblent vraiment difficile, et même j'ai, sans plaisanter, parfois du mal à les faire.

Je vous donne un exemple, et je vous demande : sincèrement, vu la difficulté de ce qui est proposé, trouvez-vous que l'on baisse le niveau d'exigence ? C'est extrait du journal « Le Monde » du 28 mai 2014, c'est un test pour évaluer la façon dont les élèves comprennent l'implicite dans un texte. C'est un test de CE2. Franchement je trouve cela bien difficile.

« Claude a trouvé ce petit mot sur la table : Claude, quand Dominique sera rentrée à la maison dis-lui de vite se préparer. Soyez prêtes lorsque nous arriverons ! ». Questions : qui a pu signer ce message ? Dans quel ordre toutes les personnes doivent-elles rentrer à la maison ? A qui ce petit mot est-il adressé ? Dominique : est-ce un garçon ou une fille ? Claude : est-ce un garçon ou une fille ?

Les réponses sont à cocher sous forme d'un qcm, les élèves n'ont pas à formuler eux-mêmes la réponse.Essayez honnêtement avant de regarder les réponses : à qui ce petit mot est-il adressé ? Claude. Qui a pu signer ce message : papa et maman. Dans quel ordre toutes les personnes doivent-elles rentrer à la maison ? Claude, Dominique, les parents. Dominique : est-ce un garçon ou une fille. Une fille (rentrée). Claude est-il un garçon où une fille ? Une fille.(prêtes)

Franchement, trouvez-vous cela facile ?

Je suppose que vous êtes comme moi très perplexes à la lecture de ce texte destiné à tester la compréhension de l'implicite. Il me semble que les auteurs du test raisonnent eux-mêmes sur beaucoup d'implicite. Qui a pu signer ce petit mot : papa et maman. On s'appuie sur le fait que « nous rentrerons » montre que plusieurs personnes ont signé le petit mot. Mais cela peut-être les trois frères aînés qui depuis la mort des parents s'occupent de Claude et Dominique. Ou les deux éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse qui suivent la famille. Ou tante Françoise et son compagnon Serge. Et puis ce n'est pas forcément la même personne qui signe et qui va rentrer : ce peut-être le papa qui va chercher papy et mamie à la gare et qui dit : lorsque nous (papy, mamie et moi) rentrerons. Bon, cela ne fausse pas le test, puisque les élèves n'ont pas à formuler eux-mêmes des réponses, mais à répondre à des QCM qui leur indiquent dans quelle situation on se trouve.

Bon, allez, il faut tout de même que je sois de bonne foi. Les documents publiés par le ministère montrent incontestablement une baisse de niveau au CE2, dans plusieurs domaines testés, entre 1999 et 2013. Cette baisse est attribuée au fait que les enseignants manquent d'outils pertinents pour faire travailler les élèves. C'est aussi mon avis : les études en didactique progressent (méthodes de lecture, sens des nombres, enseignement des sciences) mais les outils et en particulier les manuels ne suivent pas toujours. Rares sont les cas où, par exemple, les études de l'universitaire Danièle Cogis sur l'enseignement de l’orthographe débouchent sur des manuels pertinents et sur une formation des enseignants. De même, Rémi Brissiaud attribue la baisse du niveau en math au manque de maîtrise du sens des nombres : apprendre la comptine numérique 1 2 3 4 apprend l'ordre des nombres, mais pas la notion de nombre (1 et encore 1 cela fait 2, 2 et encore 1 cela fait 3) Les manuels ou documents pour la maternelle ne suivent pas. Il me semble que tout programme devrait être accompagné de documents d'accompagnement, de fiches pédagogiques, de formation des enseignants, de manuels sérieusement travaillés par les éditeurs.

Un article de la revue instit'humeurs analyse avec finesse les conclusions du ministère sur la baisse de niveau.

http://blog.francetvinfo.fr/l-instit-humeurs/2014/05/29/le-niveau-des-ce2-a-t-il-vraiment-baisse-en-14-ans.html

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Communiqué de la ligue des droits de l'homme

Je vous transfère ce communiqué de la ligue des droits de l'homme. Efficace ? Je ne sais pas, mais il faut bien faire quelque chose.

Je ne voudrais pas avoir l'air prétentieux, mais après tout tout le monde n'est pas obligé de tout savoir : l'expression « résistible montée des idées d'extrême droite » n'est pas une faute de frappe pour « irrésistible », cela fait allusion au titre de la pièce de Bertold Brecht « La résistible ascension d'Arturo Ui » qui décrit la prise de pouvoir par Hitler. On ferait bien d'y réfléchir.

 

Si le résultat des élections des représentant-e-s français-e-s au Parlement européen n'est pas une surprise, la Ligue des droits de l'Homme ne peut que s'inquiéter de l'ampleur du vote d'extrême droite, que l'on mesure aux succès engrangés par les différentes formations xénophobes et/ou nationalistes dans différents pays européens.

 Loin de rassembler les citoyen-ne-s d’Europe, l’Union européenne a généré lassitude et rejet. C'est ainsi que le poids considérable de l’abstention, scrutin après scrutin, s’installe au cœur de la vie politique et sociale de notre pays. Ce désengagement, fruit de désillusions, d’atermoiements et de promesses non tenues, se double de désespoir et crée une situation de grande fragilité démocratique.

 Le fait qu’en France un votant sur quatre a choisi d’appuyer une thématique de repli national, opposée à toute construction européenne, ouvre un large champ à la multiplication de déclarations « antisystèmes », aussi démagogiques que toxiques, mais qui vont se réclamer de la souveraineté du peuple pour intervenir de façon provocatrice sur le terrain même de la préférence nationale, puisque tel est le but.

 Faire face à cette résistible montée des idées d’extrême droite suppose des changements forts, lisibles et concrets. Il y a urgence. De ce point de vue, le double message envoyé par le Premier ministre puis par le président de la République au lendemain de l’élection consistant à affirmer, d’une part, que tout dépend de l’Europe, d’autre part, que l’on ne saurait adapter sa politique aux circonstances, n’est porteur ni d’espoir ni de perspectives.

 La Ligue des droits de l’Homme appelle les Françaises et les Français, toutes celles et tous ceux qui résident, vivent et travaillent en France à s’opposer de façon résolue aux idées de repli national et de rejet de l’étranger. Elle appelle à combattre l’illusion dangereuse selon laquelle le fait de réduire le champ de l’égalité, de rejeter celui de la fraternité, de limiter celui de la liberté pourrait constituer en soi une solution aux défis posés au pays par la mondialisation financière.

 La LDH partage la légitime émotion manifestée, en France et plus largement en Europe, par celles et ceux qui ne peuvent se résoudre à considérer qu'un bon résultat électoral signifie une victoire des idées de l'extrême droite. La LDH  entend poursuivre, inlassablement, le combat qu’elle mène de longue date pour toutes les libertés, contre les inégalités, contre les discriminations de toute nature. A cet égard, elle salue les mobilisations de la jeunesse et se félicite des coopérations civiques et militantes qui sont engagées au sein du mouvement associatif et du mouvement syndical, notamment dans le cadre de l’appel  « Toutes et tous pour un avenir solidaire ». 

La Ligue des droits de l'Homme en appelle au sursaut et à une résistance de longue haleine, qui implique qu'elle soit organisée. Rejoindre la LDH, c'est maintenant 

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Fin de la lettre du 2014 6 1 /1er juin 2014

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Diffusion libre à condition de citer la source, [alerte] JM Bérard, et impérativement la date.

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