[alerte] - JM Bérard - 28 avril 2014

Sommaire

Forum « Cultivons le futur »

Au fil des jours

La mémoire de l'humanité

Mépris de la sécurité sociale

Faut-il enseigner le code informatique à l'école ?



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Forum « Cultivons le futur »

Ce forum a lieu le 22 mai à partir de 9h au conservatoire des arts et métiers à Paris. Toute la journée, des conférences et tables rondes sur divers sujets d'actualité, de haut niveau mais accessibles à tous. Il faut s'inscrire.

Même si vous pensez que la science n'est pas votre tasse de thé, c'est une occasion de prendre contact.

Si vous n'habitez pas la région parisienne, la simple lecture du site est intéressante.

http://www.forum-srs.com/

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Au fil des jours

* Victoire des « associations de défense des automobilistes » (C'est le terme poli pour « associations de défense des gens qui pensent que le respect de leurs fantaisies leur donne le droit de tuer sur la route ».) Toutes les études montrent que isolée ou associée à d'autres causes (alcoolisme, fatigue...) la vitesse est une cause déterminante de la mortalité sur la route. Les « associations de défense » contestent ces études, et luttent avec constance contre les limitations, ce qui ne contribue pas au respect du règlement. Ces associations viennent enfin d'obtenir une grande victoire : en mars 2014 le nombre de morts sur la route a augmenté de 28% en un an. En mars 2013 il y avait eu 200 morts. Cette année c'est 56 familles de plus qui sont en deuil. Je sais : rien dans ce que je dis ne prouve de façon sure que la surmortalité de mars est due à la baisse du respect des limitations. Je dis seulement que l'attitude des associations soutient l'incivisme meurtrier. En mars 2014 les associations ont mené une campagne très vive contre le projet de limitation à 80 sur les routes, ce qui a renforcé le sentiment de ceux qui pensent que les limitations sont une atteinte à leur liberté. Le problème est le même que pour le racisme, les arguments rationnels n'ont pas d'effet. Il faut une répression sans relâche, ce qui renforce encore le sentiment d'injustice...

Personnellement j’adhère à la ligue contre la violence routière. Sa revue est fort intéressante. Ce n'est pas que je me pose en conducteur modèle. J'essaie de respecter les limitations, mais même avec un GPS qui signale les excès, c'est difficile. Je regrette que le modèle de ma voiture ne comporte pas de régulateur de vitesse.

http://www.violenceroutiere.org/

* Cancer du poumon : une usine de tabac va fermer près de Nantes. Une partie de la tradition française fout le camp : l'usine fabrique des Gitanes et des Gauloises. Ça, les différents gouvernements l'ont bien cherché. Sous prétexte de faire baisser la mortalité due au tabac ils augmentent constamment le prix du paquet. Effet inattendu :-) les ventes de tabac baissent ! C'est forcé, c'est comme pour tout dans notre société : il faut choisir entre mourir des effets de la consommation (pollution, réchauffement climatique, alimentation inadaptée...) ou être au chômage. Dur choix !

Selon Wikipedia, en 2010 28 000 personnes en France sont mortes du cancer du poumon avec une très forte prévalence due au tabac. 90% des cancers du poumon sont dus au tabac. Cela m'est bien égal je ne fume pas...

* Coût du travail : on le savait, le président du Medef pense que, toujours et partout, le coût du travail est excessif pour les entreprises.

Il lutte avec vigueur contre ce qu'il appelle les charges, et qui ne sont en réalité qu'une redistribution des salaires sous forme de prestations sociales, en particulier de santé. Baisser les charges va obliger à trouver d'autres financements pour la santé. On voit à nouveau poindre l'idée d'une privatisation des assurances santé, ceux qui en ont les moyens seront bien assurés.

Nouvelle invention du MEDEF : le salaire de transition. Pour « faciliter l'entrée des jeunes dans le monde du travail », il voudrait créer un salaire transitoire inférieurs au Smic. Pour le Medef, le seul bon salaire est celui qui n'est pas à la charge des entreprises. Évidemment, les entreprises qui ne paieraient pas du tout les travailleurs seraient compétitives. Cela permettrait d'embaucher. Si l'on ne paie plus les gens, on peut embaucher beaucoup ! Je suis moins expert que le président du Medef et je ne comprends pas tout : si les gens sont très peu payés, comment vont-ils acheter ce qu'ils produisent, comment vont-ils se loger pour ne pas ruiner l'industrie du bâtiment... Même au XIXème siècle, Marx estimait que le salaire doit permettre à l'ouvrier de reconstituer sa force de travail, de faire au moins face à ses besoins vitaux. Exigence abusive. Les gens sont trop habitués à une société d'assistés, ils demandent à être payés... Mauvais citoyens qui veulent la ruine de l'économie française !

* Malchance pour François Hollande : depuis de nombreux mois, la politique de François Hollande vise à stabiliser puis à faire baisser la courbe du nombre de chômeurs. Enfin, en mars 2014, la courbe s'est stabilisée. Je pensais que ce fait (important à mon avis) ferait la une des radios pendant le we. Que nenni : on en a à peine parlé sur France inter. Événement important : on entend parler en boucle du fait que quatre policiers du quai des Orfèvres sont soupçonnés de viol. Il est vrai que cela fait mauvais effet pour la le souvenir de Maigret. Le président n'a décidément pas de chance ; même lorsqu'il réussi quelque chose, le voici éclipsé par un fait divers

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La mémoire de l'humanité

Fragilité de la mémoire de l'humanité : où la permanence n'est pas toujours où l'on croit. Les peintures des grottes préhistoriques ont franchi presque 20000 ans, les tablettes sur lesquelles étaient écrites l'écriture cunéiforme plus de 3400 an, les manuscrits de la mer morte ont été écrits il y a 2300 ans. Pourtant beaucoup plus récents, les livres imprimés entre 1850 et 1950 sont dégradés par l'encre qui a servi à les imprimer, il faut parfois les restaurer à grands frais dans les bibliothèques. Les premiers films de l'histoire du cinéma ont été tournés sur des pellicules au nitrate, qui sont dangereuses (risque d'incendie) et donc difficiles à stocker ; elles sont interdites depuis 1950 au profit le la pellicule à l'acétate, qui se dégrade avec une odeur de vinaigre, et qu'il faut recopier.

Depuis l'apparition de l'informatique, on stocke désormais d'innombrables quantités de données sur des supports informatiques. Photos, textes, films personnels, archives numérisées des sociétés et des administrations, données massives (big data), films, livres, revues déposés dans les archives officielles.. On aurait bien du mal à fixer les limites d'une liste de ce que l'on stocke. Mais il a fallu vite déchanter : les supports numériques sont plus fragiles que les manuscrits de la mer morte, il faudrait les recopier à rythme régulier pour en assurer la conservation, ce qui est d'un coût démesuré. Selon les supports les durées de vie actuelles sont de un an pour les cd et dvd de mauvaise qualité (2010), 10 à 50 ans pour la majorité des supports, peut-être plus pour de nouvelles technologies, encore très coûteuses.

La mode actuelle consiste à dire grand bien du stockage dans les nuages (clouds) mais cela ne fait que déplacer le problème ; quelle est la durée de vie des données dans les mémoires des ordinateurs des nuages ? Les société qui s'engagent à réenregistrer régulièrement les données le font-elles ?

Qui plus est on n'est pas sûr que l'on saura conserver les appareils et les logiciels qui permettront de lire ces supports.

Pour les films, par exemple, cela pose un énorme problème : jusqu'à une période récente, les films étaient tournés en argentique 35 mm puis transférés en tant que de besoin sur support numérique. Désormais les films sont tournés de façon native en numérique, plus d'original argentique auquel se référer en cas de destruction des données numériques. Certains envisagent de recopier en 35 mm les films tournés en numérique. C'est très coûteux. Et puis, au fil du temps, où trouver des projecteurs 35 mm ?

Si nos petits-enfants ne peuvent même plus regarder les innombrables photos que nous stockons, que deviendra la mémoire de l'humanité ? Nous stockons tout, nous dématérialisons les données, mais pour combien de temps ?

Un grand espoir de la recherche actuelle : trouver, un jour, des supports pérennes de données informatiques.

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Mépris de la sécurité sociale

Un article de Laurent Mauduit dans Mediapart le 11 avril 2014.

Le respect du droit d'auteur m'oblige à ne vous donner que le chapeau Si vous êtes abonnés, consultez

http://www.mediapart.fr/journal/france/110414/au-mepris-de-la-securite-sociale

En annonçant des mesures massives d'allègement de cotisations sociales, Manuel Valls fait peser un lourd danger sur la Sécurité sociale, qui connaît déjà de graves déficits. Mais surtout, il contribue à saper la légitimité des prélèvements qui la financent, au moment où certains rêvent d'une privatisation.

J'apprends que dans les mesures du plan Valls il est prévu de demander aux salariés de déclarer dans leurs propres revenus les cotisation patronales et de payer des impôts sur ces cotisation, car ces cotisations seront considérées comme un salaire différé. Les principes de la sécurité sociale avaient été mis en place à la libération, en suivant le plan « les jours heureux » du conseil national de la résistance. Démantelons par petits bouts, il n'en restera bientôt plus rien.

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Faut-il enseigner le code informatique à l'école ?

Depuis les années 1981, les spécialistes de l'informatique estiment que, pour faire face aux défis de l'avenir, il faut enseigner le code informatique aux élèves dès l'école primaire. Dans la perspective de refondation de l'école, les tenants de cette thèse multiplient les arguments et réflexions. J'ai déjà exprimé ici mes doutes.

Cet article est un peu réservé à ceux que cela passionne. Si ce n'est pas votre cas, vous pouvez zapper. (Bon, ce que je dis est absurde : vous pouvez zapper sur n'importe quel article de alerte. Cela dit, je suis toujours très intéressé par vos réactions.)

J'ai trouvé dans http://www.internetactu.net/author/hubert/ un article intitulé « enseigner le code à l'école, vraiment ? »  de Hubert Guillaud. Un peu long pour être reproduit ici, et de plus je ne sais pas si j'en ai le droit. C'est un article à la réflexion approfondie. Si vous êtes un tant soi peu intéressé par la question, ne le manquez pas.

Un court extrait, pour marquer le cadre du débat:

De partout, à travers le monde, l’idée de l’apprentissage du numérique à l’école semble être devenue le nouveau Graal. En France, la Fing (dont je suis employé) et de nombreuses autres associations et organismes ont même déclaré l’éducation au numérique grande cause nationale pour l’année 2014. Mais quel est l’enjeu de cet engouement pour le “tous codeurs” qu’évoquait dernièrement le designer Jean-Louis Fréchin dans les Échos ?

Le présupposé part le plus souvent d’un principe simple : le numérique est l’enjeu de nos sociétés de demain, il faut donc apprendre aux plus jeunes non seulement les usages, mais également la programmation, le code, pour qu’ils sachent mieux comprendre le monde de demain et qu’ils puissent trouver de l’emploi dans les métiers du numérique qui peinent déjà à trouver les professionnels dont ils ont besoin. Soit, tout le monde est certainement d’accord avec l’objectif. Et je le partage également.

Mais doit-on l’être avec la méthode ? Est-ce que créer des cours d’informatique à l’école est la bonne réponse ?

Personnellement, l’idée me laisse parfaitement dubitatif. suite sur le site.

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Fin de la lettre du 2014 4 28 / 28 mars 2014

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Diffusion libre à condition de citer la source, [alerte] JM Bérard, et impérativement la date.

Inscription sur la liste de diff sur simple demande. On peut aussi se désinscrire. Les adresses des destinataires n'apparaissent pas lors de l'envoi.

jean-michel.berard orange.fr

La liste de diff comporte environ 200 personnes, et qui plus est les lettres sont disponibles sur internet. Lorsque vous m'envoyez des réactions je les publie sans signature. En effet, c'est une chose que d'écrire à des personnes que l'on connaît ou qui sont rassemblées sur la base d'un consensus précis, c'en est une autre d'écrire à une liste à laquelle chacun peut s'abonner sans condition.

De nombreux documents que j'estime intéressants sont dans le nuage alerte. Pour y accéder cliquer sur documents alerte puis faites un simple clic sur l'icône du document que vous souhaitez consulter.

Outre l' envoi par courrier électronique sur simple demande, les lettres[alerte] sont consultables sur

http://alerte.entre-soi.info/

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