[alerte] - JM Bérard - 13 décembre 2013

Sommaire

Téléphones mobiles : attention danger

Je n'suis pas bien portant

L'orthographe est-elle une mandarine ?

Showbiz ?

Fin de vie : je lui ai tendu la potion létale : non, non, non

Classes préparatoires aux grandes écoles


J'écris la lettre au fil de la semaine, au fur et à mesure de mes rencontres. Les sujets ne sont donc classés ni en fonction de l'importance que je leur accorde ni en fonction du travail que j'y ai consacré.

J'ai envoyé l'article sur la fin de vie aux rédacteurs concernés à Libération.

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Une affiche publicitaire : un homme cache son visage avec un aspirateur robot en forme de galette. A coté du visage, une inscription manuscrite d'un passant : « cet appareil ne m'aspire rien qui vaille ». Mai 68 est proche, l'humour des murs est revenu.

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Téléphones mobiles : attention danger...

Pour prouver les dangers du téléphone mobile une vidéo circule sur internet depuis longtemps. (Je dis qu'elle circule car l'un de mes amis vient de la recevoir et me consulte à ce sujet.) Elle montre que si l'on place un œuf pendant 65 minutes entre deux téléphones portables en fonctionnement, l’œuf est cuit dur. Conclusion : si cela cuit l’œuf, cela cuit votre cerveau.

Après tout, c'est peut-être vrai : les téléphones portables émettent de l'énergie.

J'ai un peu cherché sur internet : les calculs et les manip faits sous la conduite du professeur Treiner, physicien français connu, montrent que cela ne marche pas. Sur le plan théorique, en se plaçant dans les pires conditions, un œuf ne peut pas chauffer de plus de quelques degrés s'il est placé pendant 65 min entre deux portables. Or pour cuire un œuf il faut le maintenir quelques minutes à plus de 70°. La manip le confirme. Au bout de 65 min (pourquoi 65?) la température de l’œuf reste celle du milieu ambiant.

Amusant de voir à quel point toutes les rumeurs alimentant nos craintes de la technique sont robustes. La vidéo circule depuis dix ans, apparemment peu de personnes ont vraiment essayé. Pourquoi en rajouter, il y a assez de dangers réels dûs à des utilisations incontrôlées de la technique.

Le gag initial serait paru sur un site humoristique britannique, année 2000. Je ne l'ai pas trouvé. Il a été mis en ligne par un ingénieur de l'industrie du téléphone qui voulait se moquer de ce type d'arguments. C'est, comme pour la lettre [alerte], le problème de la distinction entre l'humour au premier et au second degré sur un site internet.

Cela ne marche pas, même avec une antenne dix fois plus puissante que deux téléphones : http://www.acrbr.org.au/ScienceWeek.aspx

Les calculs théoriques montrant que c'est impossible, et la manip appuyant les calculs :

http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1607

Enfin j'ai trouvé LA réponse :

Bien sûr que oui, c'est même possible en pratique. Pour cela tu prend une casserole d'eau, tu mets ton œuf dedans. En dessous de ça tu mets ton portable, un peu d'essence, et t'allumes ça avec une allumette. C'est cuit en trois minutes. Il doit y'avoir d'autres méthodes encore.

Mais pourtant je l'ai vu sur internet ! Fastoche : en regardant la vidéo, nous qui ne sommes pas experts de la police scientifique, nous n'avons aucun moyen de vérifier si le tournage a été interrompu quelques secondes pour remplacer l’œuf cru par un œuf cuit.

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Je n'suis pas bien portant

Mais si, mais si, tout va bien.

Simplement je vous avais conseillé il y a longtemps le site « ces chansons qui font l'histoire ». En navigant ce soir, je trouve l'item consacré à « Je n'suis pas bien portant » de Ouvrard. Comme pour tous les items de ce site, intéressante mise en situation de la chanson dans son contexte historique. Si cela vous chante :

http://eduscol.education.fr/chansonsquifontlhistoire/Populaire#nav

En suivant le lien

http://eduscol.education.fr/chansonsquifontlhistoire/Traditionnel#nav

vous écouterez avec nostalgie « Colchique dans les prés », pas si ancien que cela.

Et sous le lien http://eduscol.education.fr/chansonsquifontlhistoire/Le-boudin#nav

je vous l'avais peut-être déjà signalé « Le boudin » hymne de la légion étrangère.

Enfin, pour vous remémorer « Viens poupoule »

http://eduscol.education.fr/chansonsquifontlhistoire/Viens-poupoule#nav

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L'orthographe est-elle une mandarine ?

J'avais dans la dernière [alerte] lettre valorisé toutes les activités associatives qui ont lieu dans la ville où j'habite, mais je m'étais un peu moqué de la une du journal municipal , qui titre : remise des diplômes aux nouveaux bâcheliers. L'accent circonflexe en trop m'avait conduit à une petite remarque sur le paradoxe d'une « faute » d'orthographe à propos du bac, alors qu'on se plaint que le niveau baisse.

A juste titre un élu des Lilas me tape un peu sur les doigts.

Il est vrai que j'ai souvent dénoncé ces pratiques consistant à utiliser l'orthographe comme arme. Vous trouverez dans mon nuage le texte de Danièle Cogis « Plaidoyer pour se débarrasser de l'erreur d’orthographe ». Cliquer sur documents alertepuis simple clic sur l'icône orthographe Cogis.

Éléments de ma réponse à l'élu des Lilas :

En fait ce débat m’intéresse, car j’ai souvent pris l’orthographe comme arme. Et dans notre société l’orthographe est un marqueur social féroce, un peu comme l’accent cockney de My fair lady. Dans la réforme en cours je pense qu’il faudrait se demander pourquoi l’orthographe a un tel rôle, beaucoup plus que les maths. Les maths sont un outil de sélection scolaire, l’orthographe est un marqueur social.

Lorsque Jules Ferry a créé l’école laïque et obligatoire, les instits se sont mis à faire beaucoup trop d’orthographe et à transformer l’orthographe en marqueur social. Rappelons que lors de la grande époque du certif seuls 40% d’une classe d’âge avait le certif. Il y avait donc trois niveaux : la super élite de ceux qui avaient le bac (très peu) l’élite des 40% qui avaient le certif et une bonne orthographe, et les autres.

Peu après les autorités hiérarchiques ont grondé les enseignants en disant qu’il faisaient trop d’orthographe et pas assez de production de texte. Mais ces directives hiérarchiques (comme beaucoup d’autres) sont restées lettre morte. Aux évaluations Pisa les élèves français sont mauvais en compréhension de texte.

Faut-il reprendre le slogan de mai 68 ''l’orthographe est une mandarine”, je ne sais. En tout cas le rôle de marqueur social et la façon dont on enseigne l’orthographe à l’école devraient être étudiés. Voir l’excellent livre de Catherine Brissaud et Danièle Cogis “Comment enseigner l’orthographe aujourd’hui” Hatier. Fin de ma réponse à l'élu des Lilas.

En vous rendant sur le site http://alerte.entre-soi.info/ et en utilisant le moteur de recherche interne au site vous trouverez les articles que j'ai déjà écrits sur Danièle Cogis.

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Showbiz ?

Le stade est immense. Il n'y a pas de préréservations, l'entrée est gratuite. Pour avoir des chances d'entrer il faut se placer toute la nuit dans la file d'attente. « Je suis venue très tôt pour être bien placée. » dit une jeune-fille.

C'est l'entrée du service des titres de séjour à la préfecture de Bobigny ? Un concert de Johny Halliday ? Non.

J'ai revu une partie du film Invictus, racontant la présidence de Mandela. On y voit longuement le stade, mais dans un tout autre contexte. Si vous avez l'occasion de regarder ce film sur vos sites préférés, n'hésitez pas.

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Fin de vie : je lui ai tendu la potion létale : non, non, non

C'est la une de Libération le 10 décembre, avec quatre pages intérieures : « son pouls s'est affaibli peu à peu... ». Je ne peux pas considérer comme un progrès de la liberté le fait d'aider quelqu'un à se suicider. Ni comme un progrès de l'égalité, sous prétexte que les riches peuvent aller en Suisse où la mort sur demande est autorisée. L'inégalité me semble-t-il est plutôt dans le fait que le pauvres n'ont pas toujours les moyens de se soigner.

Une dame est atteinte d'un cancer. Elle veut mourir consciente, et pas abrutie sous l'effet de la morphine. Elle demande à une amie de se procurer et de lui administrer les médicaments pour mourir. Il faut deux doses espacées de une demi-heure, et elle s'en va « paisiblement » en parlant de la vie et de la mort avec son amie.

Je trouve cela insupportable. En ont-elles parlé avec l'équipe médicale ? Rappelons que en France la loi Léonetti demande aux médecins de ne pas laisser souffrir les mourants, même si les médicaments que l'on administre réduiront leur durée de vie. Peut-on améliorer cette loi ? Sans doute, tout peut-être amélioré. Mais de là à faire mourir un parent, un ami lorsqu'il le demande... Le suicide est libre, pourquoi cette dame a-t-elle voulu que ce soit une amie qui la suicide alors que d'après l'article elle avait tous les moyens de le faire elle-même ?

Au delà de la compassion pour le malade (il ne veut plus vivre...) il faudrait se demander aussi qu'est-ce qui pousse les parents, les amis à répondre à ce genre de demande. Qu'est-ce qui dans leur propre passé, leur propre vécu, leur propre rapport à la vie, les pousse à écouter ces demandes avec attention ? Un psychanalyste est formé pour écouter ce qui se dit derrière ce qui se dit, mais il travaille toujours sur son propre contre-transfert, sur ce qui pourrait le conduire à projeter sa propre vie sur ce que dit le patient.

Et puis à commencer comme cela... Les malades d'Alzheimer ne sont plus conscients, n'ont plus les moyens d'exprimer leur volonté. Faut-il tous les suicider ?

Je ne sais ce que décidera le président sur ces questions, qu'il avait pendant sa campagne promis d'aborder. Faire mieux connaître la loi Léonetti, l'améliorer ? Si l'on en venait malheureusement à autoriser le suicide assisté, au moins faudrait-il que ce soit interdit aux proches, parents, famille, amis, trop impliqués dans cette décision.

Sans doute est-il un peu déplacé de tenir des propos intimes. Je le fais parce que l'article de Libé affirme qu'il y a deux catégories de personnes : les intellos qui s'en tiennent à des principes et ceux qui ont vraiment vécu cette situation. Absurde, comme s'il n'y avait pas des principes qui transcendent le vécu de chacun. Une personne qui m'était chère était mourante, se nourrissant très peu, presque totalement privée de la parole. Il ne m'est jamais venu à l'idée d'abréger sa durée de vie. Elle a fait, dans son lit, tout un travail de mûrissement, jusqu'au jour où elle a dit sereinement : je me prépare [à la mort]. Plus tard, pas immédiatement, je pense que les médecins, conformément à la loi Léonetti, lui ont donné de la morphine. Je n'aurais jamais pris d'initiative, mais je pense que les médecins ont bien fait.

L'intérêt, si j'ose dire, de la mort est d'une part qu'elle vaut pour tous et d'autre part que nous ne savons ni le jour ni l'heure. L'idée de la mort programmée (peine de mort, torture, euthanasie) me déplaît très fort.

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Classes préparatoires aux grandes écoles

Je me suis abstenu d'écrire à ce sujet, la question est complexe, plus que la presse ne le dit. Le gouvernement avait décidé de diminuer le salaire des profs de prépa. Bonne décision ou pas, là n'est pas mon propos. Ce que je regrette est que l'on annonce ce matin jeudi 12 12 2013 que cette mesure sera reportée, pour « approfondir les discussions ». Il est tout de même dommage que le gouvernement annonce des décisions puis, à la première contestation, annonce le contraire. Toute décision de changement va devenir impossible.

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fin de la lettre du 2013 12 13/ 13 décembre 2013