[alerte] - JM Bérard - 29 novembre 2013

Sommaire

Dormez bonnes gens, ils se tuent entre eux, ce n'est pas grave

Conseil de prudence

Solidaires en fin de vie

A bas l'impôt, vive moi

Penser la liberté : peut-on vendre son corps ?

Penser la liberté : peut-on vendre sa mort ?


Dormez bonnes gens, ils se tuent entre eux, ce n'est pas grave

Le Parisien, le 26 11 2013, résumé : dans une ville du 9-3, un conducteur d'une trentaine d'années arrête sa voiture à un feu rouge. Un motard se porte à sa hauteur et l'abat de cinq coups de feu. La victime était défavorablement connue des services de police.

Que ce soit dans le 9-3 ou à Marseille, la victime est souvent connue, ou défavorablement connue des services de police. On imagine : c'est un trafiquant de drogue, un caillera. En clair : ne vous inquiétez pas, bonnes gens, Valls veille sur vous, ces exécutions ne vous concernent pas, elles ne se passent pas dans votre monde ! Tant qu'ils se tuent entre eux, il n'y a pas à s'inquiéter. (Peut-être même faut-il se réjouir ?)

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Conseil de prudence

Sans doute à la suite d'une recrudescence de ce genre d'escroquerie, j'ai lu récemment plusieurs mises en garde concernant la carte bleue. Bien sûr il ne faut jamais, sous aucun prétexte, communiquer le code confidentiel ou l'écrire sur un support proche de la carte. Pour le composer sur un distributeur, il vaut mieux cacher le clavier avec son autre main.

Mais on a constaté aussi que quiconque parvient à relever tous les numéros figurant au recto de votre carte et le code qui figure au verso peut sans limite acheter sur internet à vos frais. Le conseil donné est de coller une gommette sur le code qui figure au verso. Alors comment faire pour acheter vous-même sur internet ? Vous ne voyez plus le code... Bon, trouvez une solution si vous craignez le trou de mémoire : tatouage à l'intérieur de votre oreille, que vous demanderez à un passant de vous lire. Tatouage à l'intérieur de l'oreille de votre animal de compagnie ou de votre conjoint. Embauche d'un garde du corps qui portera en permanence la mallette contenant le code. Enregistrement du code sur votre répondeur téléphonique que vous interrogez à distance. Location d'un avion tirant une banderole avec le code, avion qui vous suivra partout. Et puis cela vous permettra de ne pas gaspiller votre argent par des achats en ligne compulsifs. Il me semble en tout cas que les nombreuses mises en garde que j'ai lues montrent l'efficacité de la communication du groupe carte bleue et doivent correspondre à une réalité du risque. J'ai collé une gommette au verso de ma carte.

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Solidaires en fin de vie

Je sais que beaucoup de vous approuvent les thèses de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité sur l'euthanasie.

Comme vous le savez, je suis en désaccord avec ces thèses, et un peu inquiet sur le contenu des textes sur la fin de vie que prépare F. Hollande conformément à ses engagements de campagne.

Je vous laisse le soin de compléter éventuellement votre réflexion, et peut-être de signer le texte en consultant

http://www.solidairesfindevie.fr/

Dans la présente lettre je ne reprends pas mon argumentation contre l'euthanasie telle que la conçoit l'AMD, car nous en avons déjà beaucoup parlé et aujourd'hui je ne vois pas ce que je pourrais ajouter.

J'ai signé, mais ai tout de même signalé aux auteurs que je trouvais déontologiquement douteux que le kiné de Vincent Humbert soit l'un des auteurs publics du texte.

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A bas l'impôt, vive moi

Je discutais avec un ami et, à propos des bonnets rouges et du mouvement de refus de l'impôt, nous constations une hausse de l'individualisme et une baisse du civisme. Tout en nous demandant avec ironie si nous n'étions pas un peu « vieux schnocks passéistes ».

Cet individualisme n'est pas général. J'apprécie beaucoup plusieurs associations que je fréquente, où a lieu un travail collectif, créateur de lien, heureux, désintéressé : maintien de l'agriculture paysanne, entretien valorisation et utilisation du patrimoine architectural local, valorisation collective du patrimoine culturel, alphabétisation, broderie... (Mais si, broderie, je vous en parlerai un jour peut-être.) Cela s'étend, mais fait moins de bruit que les bonnets rouges. Un peu comme si un nouveau terreau naissait dans les interstices d'une société en bout de course. L'émission « Carnets de campagne » sur France inter chaque jour à 12h30 montre bien la vigueur de ces initiatives locales.

Sur l'impôt, nous étions mon ami et moi un peu effarés de ce refus qui monte. On habille ce refus sous l'expression mensongère « réduire le train de vie de l'état » comme s'il s'agissait de surveiller la marque des voitures des ministres, la classe dans laquelle ils voyagent en avion et la qualité des buffets qu'ils servent. Il s'agit en fait de surveiller les dépenses de l'état, pour les réduire. Or les dépenses essentielles de la collectivité publique sont consacrées à la santé, aux retraites, aux indemnisation du chômage, à l'aide sociale (dépendance, personnes âgées), à l'éducation.

Il faut donc exiger de ceux qui veulent réduire les impôts de dire dans quelles dépenses ils souhaitent tailler. Ce sont des choix à faire, ils sont peut-être légitimes, mais encore faut-il les expliciter. Il ne faut pas caricaturer le rôle de l'état solidaire sous l'expression mensongère « état providence », il faut, si c'est ce que l'on veut, assumer la baisse des dépenses publiques mais en disant lesquelles. L'expression « ras le bol fiscal », même employée par un ministre, n'est pas une analyse, tout juste de la poudre démagogiques aux yeux de ceux qui veulent croire que tout est possible à condition que cela n’entraîne pour eux-mêmes aucune conséquence négative.

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Penser la liberté : peut-on vendre son corps ?

J'ai longtemps cru que j'étais en sécurité dans le discours professionnel stéréotypé, dans le nid douillet de l'organisation, le confort de l'obéissance à la ligne du parti, le respect des usages familiaux, sociaux, etc, tout en prenant constamment des distances face à tout cela. Cette apparente sécurité n'est pas si confortable que cela.

Banalité, il est évidemment un peu plus difficile de faire place à la complexité.

Ainsi j'étais tout à fait convaincu que la prostitution est une violence faite aux femmes.

Et puis, à propos du vote de la loi sur la prostitution au parlement, les arguments du débat fleurissent, sur internet, dans les journaux. Unanimité : le fait d'imposer aux femmes des pratiques dont elles ne veulent pas (rapport sans préservatif par exemple) est une violence totalement intolérable. Le fait que des femmes soient soumises à des proxénètes, avec ce que cela suppose de maltraitance et de contrainte est intolérable. Le fait que certaines femmes soient la « propriété » de réseaux mafieux qui les emprisonnent, les maltraitent, les torturent est intolérable.

Certains comme Caroline Fourest en déduisent le caractère totalement inadmissible de la prostitution en général, car elles considèrent que l'on ne peut séparer la prostitution de ces dérives.

D'autres, dont l'éminente et respectable philosophe Elizabeth Badinter disent : ne mélangez pas tout. Il faut poursuivre et condamner les pratiques condamnables. Mais pour une femme supposée affranchie de ces contraintes de violence, le droit de se prostituer fait partie intégrante de sa liberté.

Mes certitudes initiales sont remises en cause par Mme Badinter.

J'aurais dû au fil de ma vie travailler davantage la notion de liberté.

Penser la liberté : peut-on vendre sa mort ?

Anecdote apparemment sans rapport : est-on libre de vendre sa mort ? En juin 2013 Wallenda a traversé le grand canyon du Colorado sur un fil, sans harnais de sécurité, sa prestation étant vendue à des chaînes de télé qui transmettaient avec quelques secondes de décalage. Pourquoi ce décalage ? Pour interrompre la transmission s'il était tombé, et ne pas montrer la mort en direct. (Je pense qu'on l'aurait transmise ensuite en différé pour ceux qui auraient payé un supplément.) Il vendait sa mort pour des raisons purement commerciales. Etait-il libre ? Fallait-il l'interdire ? Fallait-il poursuivre les voyeurs morbides qui regardaient cela à la télé ?

«C’est extrêmement lucratif, plus que je n’en ai jamais rêvé. L’université des enfants est payée et j’économise pour ma retraite» Notons à nouveau que aux USA l'université n'est pas gratuite.

Personnellement j'ai horreur des spectacles de cirque où j'estime que le trapéziste ou le fildefériste n'est pas correctement assuré.

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fin de la lettre du 2013  11 29/ 29 11  2013