[alerte] - JM Bérard - 18 août 2013

Sommaire

Mon nuage Google

1 Au jour le jour

Robert « Chamois » est mort

RMC, radio-démago

Catastrophe nucléaire de Fukushima

Tourisme et culture

Au secours, Sarkozy revient sous les traits de Manuel Valls

Les choralies de Vaison la Romaine

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Mon nuage Google

Vous pouvez accéder aux documents que j'ai déposés dans le nuage (cloud) Google tout simplement en cliquant sur documents alerte .

Mode d'emploi : en cliquant sur le lien vous obtenez une pré-visualisation des fichiers. Il suffit alors de faire un simple clic (simple clic) sur la pré-visualisation pour que le fichier s'ouvre.

J'y dépose des textes, des images, sans autre critère de sélection que le fait que cela m'a intéressé et que je souhaite vous le faire partager. Vous pouvez piocher, flâner, zapper. Cliquez, vous ne risquez rien...

J'y ai déposé récemment un accès aux « fiches connaissances sciences école primaire ».

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1 Au jour le jour

Robert « Chamois » est mort

Extrait de l'hommage qui lui a été rendu : « Robert n'était pas savant au sens académique du terme, mais il savait. »

Je suis triste, et triste à l'idée que j'aurais pu passer à coté de lui sans jamais le connaître. Heureusement, des amis plus perspicaces m'ont aidé.

Petit, peu conforme aux critères usuels de la beauté, la bouche édentée et dissymétrique, des difficultés d'élocution, il exerçait les modestes fonctions de fossoyeur... au premier abord rien ne me prédisposait à aller au delà des apparences pour le connaitre.

Et pourtant, quel sourire, quelle richesse chez cet homme : capable de faire de longues et difficiles randonnées en montagne, d'emmener des amis découvrir les champignons, le genépi, les tapis de fleurs rares, d'offrir à une amie un bouquet rapporté de la haute montagne. Il disait « j'aime la montagne, je m'assieds et j'écoute le silence ».

C'était aussi un chasseur passionné, d'où son surnom, mais, bizarrement, lorsque, après une longue et difficile marche d'approche en compagnie d'un ami qui n'aimait pas la chasse il avait enfin le chamois dans sa ligne de tir, il manquait toujours sa cible.

On évoque son humour, sa grande maitrise du patois local (extension de la difficile langue franco-provençale), sa discrétion : il ne disait jamais de mal de personne. S'il en avait gros sur le cœur, il disait seulement : « Je ne dis rien », marquant sa réprobation tout en coupant court à la propagation des rumeurs. On évoque son sens de la justice : garde-champêtre, il avait toujours recours à la négociation pour résoudre les conflits.

On évoque sa créativité artistique dans le travail. Un jour, il a eu à monter un « beau » mur en pierres naturelles de la montagne, ressemblant à un mur de pierres sèches. Il sut choisir les belles pierres, et inventer en chemin les techniques d'assemblage répondant au but visé. Il avait passé une nuit sans sommeil pour trouver au matin qu'il valait mieux, à tel endroit, mettre telle pierre plutôt que telle autre pour que tout soit beau. Discrètement, les connaisseurs passaient en voiture, lentement, juste pour voir le « mur de Robert. » Il eut ensuite de nombreuses commandes pour de beaux murs, et disait «je ne comprends pas comment, toute ma vie auparavant, j'ai pu travailler autrement ». Il s'était découvert artiste.

Brève biographie : Robert appartenait à une fratrie de dix frères et sœurs, élevés par une mère seule. Il commence à travailler à 15 ans. A 26 ans une raboteuse lui raccourcit une main jusqu'à la paume. C'est donc ainsi qu'il gravissait les parois rocheuses, qu'il assemblait les pierres et cueillait les fleurs. Il exerce pendant de nombreuses années le métier de maçon, devenant un professionnel reconnu. Puis est, pendant de nombreuses années, fossoyeur et garde-champêtre municipal. Il est mort discrètement. Il avait pour projet de léguer sa maison à la communauté de communes pour installer un foyer pour personnes âgées. Mais voilà, il n'en a pas eu le temps.

Qui enterrera le fossoyeur ?

J'ai déposé dans le nuage le magnifique texte d'hommage à Robert. Cliquez sur

documents alerte puis simple clic sur l'icône Hommage à Robert.

J'ai aussi déposé dans le nuage le texte « La mort si c'était », lu aux obsèques.

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RMC, radio-démago

Dans mon village, il est difficile de capter autre chose que RMC. La technique « journalistique » est simple : les auditeurs appellent, donnent, d'un ton catégorique et hargneux, un « point de vue » et l'on passe au suivant, sans aucune mise en perspective venant de l'animateur. C'est la démocratie participative sauce RMC.

Exemple : de nouveaux textes modifient la nature des dispositifs de sécurité pour transporter les enfants en voiture. Cela, sur une autre chaine que RMC, aurait pu donner lieu à un débat intéressant : combien d'enfants meurent chaque année dans un accident, comment ont été étudiés les nouveaux dispositifs, comment a-t-on montré qu'ils améliorent la sécurité, le texte est-il fait seulement pour donner satisfaction aux lobbys du secteur ?

Point de tout cela sur RMC. Thème des appels : « faut arrêter, une fois de plus l'automobiliste est la vache à lait. » Et surtout : « comment éviter les sanctions ? Est-ce que le gendarme verra si mon enfant à une taille trop petite de 10 cm, verra-t-il si le siège enfant est mal attaché ou si le dispositif de fixation n'est pas réglementaire ?» Aucun enfant infirme à la suite d'un accident n'a appelé. De toute façon ils sont trop handicapés pour composer un numéro de téléphone. Aucun enfant mort n'a appelé non plus, mais là, je ne sais pas pourquoi.

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Catastrophe nucléaire de Fukushima

Vous l'avez lu comme moi : trente mois après la catastrophe au cours de laquelle un tsunami et un tremblement de terre ont fracassé la centrale nucléaire, la société privée criminelle et incompétente qui exploitait la centrale est toujours incapable d'arrêter le déversement de grandes quantité d'eau fortement radio active dans l'océan Pacifique.

Je suppose que cette société considère que l'océan est grand, et que les produits déversés ne sont qu'une goutte d'eau dans la mer. En réalité, on ne sait pas du tout comment se dispersent ou ne se dispersent pas les rejets. Lorsque les poissons et les plantes marines commenceront à mourir, il sera top tard. Allez donc récupérer de l'eau fortement radio-active dans l'immense océan...

Dans Le Monde on indique que l'état japonais va sans doute être obligé de se substituer à la société privée pour tenter d'endiguer les fuites. Normal : le rôle du privé est de faire des bénéfices quand tout va bien, en économisant sur la sécurité :-) Quant tout va mal, il semble de nos jours normal que ce soient les citoyens qui soient obligés de prendre le relais. Proverbe bien connu, les profits sont pour le privé, les pertes pour le public.

Évidemment, si l'on ne compte pas les accidents et si l'on ne tient pas compte des coûts du démantèlement des centrales, l'électricité d'origine nucléaire est bon marché. Il suffit juste de savoir comment compter. Tant que la centrale fonctionne, je calcule le prix de l'électricité : c'est moins cher que les autres sources d'électricité. Quand la centrale ne fonctionne plus (accident, travaux de démantèlement, stockage des déchets) je ne calcule plus, ce n'est plus mon problème. Qui paie ? On ne sait pas. Bien sûr, en gommant la moitié des dépenses, l'électricité nucléaire n'est pas chère.

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Tourisme et culture

Dans ce petit village de Savoie, une journée d'animation est consacrée cette année aux voies de communication et aux moyens de transport.

Et du coup je perçois mieux la différence entre tourisme et culture.

Dans l'activité touristique actuelle, le touriste suit le manuel (guide du routard), ou un audio-guide, ou un guide par GPS, ou un animateur de l'office du tourisme. On lui raconte une histoire, ou plutôt un roman reconstruit, où l'exactitude compte moins que le fait que l'on puisse, en rentrant, avoir des anecdotes intéressantes à raconter à ses amis au cours de la soirée de projection du diaporama. C'est une histoire extérieure, c'est un tourisme de consommation.

Dans ce village, l'association AVEC (association à vocation écologique et culturelle) regroupe des gens du pays, des étrangers (je veux dire des personnes installées ici depuis quarante ans). Des personnes originaires du pays mais vivant ailleurs se joignent parfois à ce travail. Pendant plusieurs mois, on recherche des photos, des documents, on interroge les personnes qui ont vécu les évènements en question ; on persuade le petit-fils du sabotier de venir présenter le travail de son grand-père, on demande au restaurateur d'automobiles de prêter une voiture de la fin du XIXème...

La journée d'animation est constituée par les séquences résultant de ce travail : historique des voies de communication depuis Hannibal, présentation de moyens de transport des personnes (sabots, galoches, mulets, autocars, automobiles) et de la collecte des récoltes, reconstitution parodique de l'inauguration de la route en 1898, avec discours du sous-préfet (vantant l'arrivée de la civilisation) et du maire (craignant les modifications de mode de vie que cette route va apporter). Les échanges sont animés, les gens du pays et les autres participants à la journée confrontant leurs souvenirs.

Hélas (ou bien sûr) cette journée rassemble peu de vacanciers. Sont ici des personnes du pays, des personnes qui remontent au pays pour l'été, et les personnes curieuses et ouvertes qui toute l'année participent aux animations culturelles organisées par les différentes associations de la vallée.

Une journée comme cela n'est guère rentable au sens du commerce touristique, mais quelle richesse : des gens se rencontrent, et, dans ces villages touristiques où l'industrie de la neige a tout bouleversé, des gens redécouvrent progressivement la richesse de leurs racines et l'héritage qui leur a été laissé par leurs ancêtres.

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Au secours, Sarkozy revient sous les traits de Manuel Valls

Vif conflit, à propos de la politique de la justice, entre le ministre de l'intérieur Manuel Valls et la ministre de la justice Christiane Taubira.

Christiane Taubira était l'un des rares ministres de gauche du gouvernement. Je dis « était » car qui sait combien de temps elle pourra rester ?

Pendant le mandat de Nicolas Sarkozy la gauche avait vivement critiqué la politique de la justice : le président avait en particulier créé des peines plancher impératives pour les récidivistes, (en contradiction avec le principe d'individualisation de la peine), et s'appuyait sur une idéologie du « tout répressif » : il faut punir, punir, punir, sans se poser de question sur les effets de cette politique. Lors de la campagne électorale F. Hollande avait pris des engagements pour revenir sur plusieurs mesures prises par N. Sarkozy.

Christiane Taubira a étudié soigneusement les enquêtes et les rapports faits depuis plusieurs années : il faut punir, certes, mais punir en ne songeant pas seulement à appliquer une sanction au coupable, mais aussi à préserver les intérêts de la société : les courtes peines de prison pour des primo-délinquants ont souvent pour effet de mettre des jeunes en contact avec le milieu criminogène de la prison. Il vaudrait mieux généraliser les peines de substitution. Les longues peines pour les récidivistes n'empêchent pas du tout la récidive, il faut prévoir des mesures éducatives en prison et des mesures d'accompagnement à la sortie.

Le ministre Valls préfère se fier au courant porteur de l'opinion publique (y compris de gauche.) : il faut des peines plus longues, un emprisonnement systématique. Le ministre Valls est populaire. Facile : depuis les débuts de F. Hollande, les projets de C. Taubira inquiètent le gouvernement. On risque, si on l'écoute, de perdre des voix. Aucun effort de pédagogie n'a donc été entrepris pour montrer que, contrairement aux idées reçues, la politique du tout répressif est nuisible à la société.

Le premier ministre a promis ce 14 août 2013 que le projet de loi sur la justice sera examiné par un prochain conseil des ministres. Qui sait ce qu'il restera du projet Taubira après la canonnade de Valls et les arbitrages frileux.

Extraits d'un article du journal Le Monde daté du jeudi 15 août 2013, Les peines de prison ferme n'empêchent pas la récidive, Didier Fassin, professeur à l'institut d'études avancées de Princeton et à l'école des hautes études en sciences sociales.

Remarque : j'ai lu cet article après avoir écrit le texte ci-dessus.

La question qui se pose est de savoir si mettre en prison sert le bien commun, c'est à dire la prévention de la délinquance. Question à laquelle la réponse ne doit donc être ni morale ni idéologique mais simplement pragmatique : qu'est-ce qui marche, qu'est-ce qui ne marche pas ? […] Pratiquement toutes les enquêtes menées sur le plan international convergent sur un point : l'inefficacité de l'emprisonnement sur la prévention de la récidive. […] Les analyses statistiques sont formelles : l'emprisonnement ferme produit des taux de récidive plus élevés que les peines sans prison. […] Non seulement les séjours en prison exposent les condamnés à un milieu criminogène, mais, quand ils ne sont pas aménagés (ce qui est le cas pour les petites peines), ils désocialisent les détenus en leur faisant perdre leur insertion professionnelle et leurs liens familiaux, dont on sait le rôle préventif. […] Il est donc loisible à chacun de souhaiter plus d'emprisonnement ferme, y compris pour les courtes peines, mais ce ne saurait être ni sur des bases scientifiques ni pour l'intérêt général. Ainsi quand Manuel Valls déclare « je suis pour une exécution ferme des peines, même les plus courtes », on peut savoir gré au ministre de l'intérieur de nous faire connaître son opinion sur ce sujet sensible. Mais dans la fonction qui est la sienne on peut attendre qu'il en fasse un peu plus et qu'il fonde son opinion sur une analyse éclairée dans la perspective du bien commun. Les hommes et femmes politiques doivent faire preuve de rigueur dans la conduite de cette réflexion.

Excellent article, mais qui malheureusement sous-estime le rôle de la croyance. Le ministre de l'intérieur et une partie de l'opinion publique sont convaincus, viscéralement, instinctivement, que la prison et le tout répressif résoudront tout. Il faut reconnaître que les enquêtes montrant que la prison augmente la récidives vont totalement à l'encontre du sens commun. Je crains que toutes les études rigoureuses, aux conclusions irréfutables qui prouvent que la prison ne résout rien soient de peu d'effet face à la passion viscérale. Surtout si un gouvernement timoré ne fait aucun effort de pédagogie pour informer l'opinion publique. J'ai donc de grande craintes quant-à l'avenir du projet de loi Taubira, ministre accusée de toutes parts de laxisme, à tort.

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Les choralies de Vaison la Romaine

Chaque semaine de nombreuses chorales rassemblent en France des amateurs passionnés. 800 de ces chorales sont affiliées au mouvement A chœur joie. Tous les trois ans les choralies rassemblent à Vaison la Romaine, sous l'égide de A chœur joie, 5 000 choristes et des chefs de chœur venant du monde entier. Chaque matin des ateliers rassemblent des personnes qui ne se connaissent pas, et qui en quelques jours, sous la direction de chefs de chœur remarquables, mettent au point un morceau qui sera ensuite donné en concert public : musiques polychorales de la renaissance, musique moderne de Thierry Machuel, musique traditionnelle irlandaise, messe de Mozart... Et le soir, c'est le miracle magnifique du théâtre antique. 6 000 personnes, dont 5 000 choristes emplissent les gradins, avec en fond le paysage des collines provençales et les splendeurs du coucher du soleil. Chaque choriste dispose du livret des chants communs, répertoire d'un grand nombre d'œuvres de tous genres et de tous pays. Et, sans répétition, en déchiffrant la partition, ces choristes expérimentés et le chef de chœur emplissent l'amphi de chants, de polyphonies, de canons. Mise en commun des compétences acquises dans le travail de l'année, qui se fondent dans le creuset du ciel de Provence.

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jean-michel.berard orange.fr

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fin de la lettre du 2013 8 18 / 18 août 2013