[alerte] - JM Bérard - 5 juillet 2013

Sommaire

Mon nuage Google

     1 Au jour le jour

Erreur : Féricy

Huit idées qui changent la vie

Espionnage par les USA : système Prism

En France aussi

Les drones

Écologie

    2 Nouvelles de la science

Arithmétique : ce n'est pas simple, et cela ne sert à rien

Comment notre cerveau perçoit le monde ?

Gaspillage des ressources

    3 Enseigner, apprendre, évaluer

Le bon vieux temps

Iles Samoa

Orthographe


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Mon nuage Google

Vous pouvez accéder aux documents que j'ai déposés dans le nuage (cloud) Google tout simplement en cliquant sur documents alerte .

Mode d'emploi : en cliquant sur le lien vous obtenez une pré-visualisation des fichiers. Il suffit alors de faire un simple clic (simple clic) sur la pré-visualisation pour que le fichier s'ouvre.

J'y dépose des textes, des images, sans autre critère de sélection que le fait que cela m'a intéressé et que je souhaite vous le faire partager. Vous pouvez piocher, flâner, zapper. Cliquez, vous ne risquez rien...

1 Au jour le jour

Erreur : Féricy

Féricy est en Seine et Marne et pas dans le Val de Marne. Merci à celui de vous qui me l'a signalé, je suis toujours content d'avoir des lecteurs.

Féricy est entre Melun (le brie de Melun) et Fontainebleau (Napoléon, Adieu mes vieux compagnons). Si ma mémoire est bonne (monsieur le maire, excusez-moi si cela a changé depuis que je l'ai vécu), la municipalité de Fontainebleau n'organise pas de festivités pour le 14 juillet. On y fête la Saint Louis en août.

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Huit idées qui changent la vie

Source : Le Monde, 25 juin 2013, qui cite des articles extraits de divers journaux

La recherche d'un marché rentable peut être compatible avec la création de produits réellement utiles. En citant huit articles issus de la presse mondiale, Le Monde nous donne quelques exemples de produits utiles aux pays du tiers-monde. Pour être conforme à mon style, je fais un peu d'ironie, mais tout de même il y a du positif dans ce qui est décrit.

La sphère qui roule en faisant éclater les mines : elle est assemblée manuellement à partir de plastiques biodégradables et de bambous, elle peut faire exploser quatre mines avant d'être hors d'usage, pour un prix de environ 20 dollars par mine, alors qu'un dispositif traditionnel coûte 1 000 dollars par mine. Je me réjouis. Mais compte tenu de l'énorme quantité de mines semées dans les pays pauvres au cours des récents conflits, je me demande qui va payer 20 dollars pour un truc qui ne rapporte que très peu. Profit insuffisant pour les marchands d'armes. Il me semble qu'un économiste avisé devrait plutôt conseiller de continuer de fabriquer massivement des mines et de construire des prothèses pour les jambes arrachées avec les branches des arbres locaux. Il faut être raisonnable.

L'hippo water roller, « brouette » à eau : citerne roulante que l'on peut tirer et qui contient 90 litres, cinq fois plus que ce qu'une femme peut porter sur la tête. On estime que le transport qui incombe aux femmes représente 200 millions d'heure de travail par jour au niveau mondial. Inconvénient : pour l'instant ce dispositif coûte 129 dollars. Mes remarques : pourquoi dépenser 129 dollars alors que les femmes et les jeunes filles font le travail gratuitement ? Vous ne voudriez tout de même pas qu'elles aillent à l'école ? Et puis nous ne pourrions plus admirer leur port altier de princesses du désert.

Soccket, le ballon de football qui éclaire : un générateur situé à l'intérieur du ballon récupère l'énergie du jeu, et, après trente minutes de jeu, on peut éclairer une ampoule pendant trois heures. L'entreprise songe à créer aussi des cordes à sauter répondant au même principe. C'est bien. Au lieu de faire travailler les enfants dans les fabriques de chaussures de sport de luxe, on va les obliger à jouer au foot. Autrefois on employait les ânes pour faire tourner les roues des puits. Mais hélas ils ne savent pas jouer au foot. Et puis c'est plus cher qu'un enfant.

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Espionnage par les USA : système Prism

C'est un fait maintenant admis, et pratiquement reconnu par le président Obama et le secrétaire d'état Kerry. En s'appuyant sur les lois antiterroristes les USA espionnent les particuliers (même américains, c'est tout dire), les entreprises et même les états et l'Union européenne. Scandale, mais scandale mesuré : les autres états n'en font-ils pas autant ? Et puis l'Union Européenne est en train de négocier un traité économique avec les USA, on ne peut pas trop les chatouiller en étant exigeant sur la protection des données personnelles.

Question de mes lecteurs : pourquoi en parler aussi peu dans votre lettre ? Parce que cela parle de soi-même. Depuis trente ans la Commission nationale de l'informatique et libertés et de nombreuses associations militantes dénoncent dans une certaine indifférence les atteintes à la vie privée, le fichage généralisé : nous n'avons rien à nous reprocher donc rien à cacher. A de rares exceptions près (le fichier français edvige) l'opinion publique se mobilise peu, et est même demandeuse d'une surveillance accrue, pour la « sécurité ». Pour une fois, là, les choses sont claires, évidentes, sans aucun doute : les gouvernements (en l'occurrence le gouvernement des États Unis) se donnent le droit, sous prétexte de sécurité et de lutte antiterroriste, de surveiller les particuliers, les entreprises, les gouvernements « alliés ». Les Cassandre qui disaient « attention, sous couvert de défendre la liberté contre le terrorisme nous détruisons nos propres libertés » doivent-ils se réjouir d'avoir eu raison ? Ce serait une joie un peu maso...

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En France aussi

Dernière minute, Le Monde, 5 juillet

« La France, qui par la voix de François Hollande s'est officiellement offusquée dêtre la cible du système d'espionnage américain Prism possède un système équivalent. La direction générale de la sécurité extérieure dispose […] d'un super-calculateur qui stocke les interceptions d'une grande part des communications mails, SMS, fax, ainsi que toutes les activités internet des français ainsi que les flux entre la France et l'étranger. Les six autres services de renseignement français ont également accès à cette immense base de données. Ce big brother français, contrairement aux USA où le programme de la NSA est secrètement validé par le Congrès est en France totalement illégal. La CNIL confirme que « si elles existaient, de telles pratiques ne seraient pas fondées légalement. » »

En page intérieure du Monde du même jour vous trouverez un article « Révélations sur le big brother français ». On nous explique que la police judciaire et la gendarmerie utilisent les données de la DGSE, ce est totalement illégal car la DGSE est en principe tournée vers l'extérieur.

Est-on vraiment surpris ? Oui, car on ne soupçonnait pas, du moins je ne soupçonnais pas l'ampleur de ces pratiques.

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Les drones

Émission Là bas si j'y suis, France inter, le 28 juin 2013, entretien avec le philosophe Grégoire Chamayou, qui travaille sur ce nouveau moyen de domination. (Théorie du drone, éditions de la Fabrique)

drones là-bas si j'y suis aller à l'émission « là-bas si j'y suis » du 28 juin 2013, sujet à partir de la minute 10. Impressionnant.

L'une des réflexions du philosophe : les lois de la guerre sont fondées sur la notion de combattant et de champ de bataille. Avec les drones, le champ de bataille est sans limite, et chacun d'entre nous peut-être désigné comme combattant, à son insu, dans l'arbitraire de décisions secrète. La guerre à distance est asymétrique. Cela dit, la notion même de lois de la guerre me donne toujours un sourire un peu amer.

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Écologie

Une émission sur France Culture

France culture la désolation de la nature 59 minutes

réflexion philosophique sur l'écologie politique, entretien avec Christian Godin à propos de son livre « La haine de la nature ».

Ce qui correspond à la mort et à la dévastation est transformé en profit.

Je n'ai plus assez de place dans ce numéro de [alerte]. J'en parlerai j'espère la prochaine fois. Si vous écoutez l'émission, vous vous régalerez de la densité de la réflexion proposée.

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2 Nouvelles de la science

Je sais que vous ne me croirez pas, mais la lecture de ce paragraphe n'exige aucune connaissance scientifique préalable.

Quelques notes prises dans le numéro de juillet-août 2013 de la revue la Recherche.

Arithmétique : ce n'est pas simple, et cela ne sert à rien

Alors que les maths en général sont perçues comme difficiles et élitistes on nous a fait croire à l'école primaire que au moins l'arithmétique c'est simple, on sait où l'on met les pieds, tout le monde sait compter 1 2 3 4... On appelle cela « les fondamentaux ».

Il me semble pourtant que, pour l'enseignement, pour la formation des élèves et pour le raisonnement l'algèbre est beaucoup plus simple que l'arithmétique : c'est une méthode plus générale, plus commode à utiliser. Simplement on a peut-être pris l'habitude de penser que les enfants des classes populaires ne peuvent accéder à l'abstraction de l'algèbre. Je sais que ce que je dis est un peu intuitif, non fondé sur des études didactiques. Peut-être tel ou tel de mes lecteurs spécialistes de didactique des maths peut-il me dire pourquoi école primaire = arithmétique.

Dans le domaine de la recherche universitaire en mathématiques, qui n'a pas de rapport direct avec ce que l'on enseigne à l'école, l'arithmétique est le champ le plus complexe. L'une des branches les plus difficiles est la recherche sur les nombres premiers. Et pourtant, c'est tout simple : un nombre premier est un entier qui n'est divisible que par lui-même et par l'unité, exemples 3 5 7 11 13... 89 97... Le nombre 15 n'est pas premier, il est divisible par 5 et par 3. Il existe une infinité de nombres premiers et un très grand nombre de conjectures de recherche les concernant. L'une de ces conjectures est que le nombre des nombres premiers jumeaux est infini. (Nombres premiers jumeaux : ils diffèrent de 2, par exemple 11 et 13.) La recherche de la preuve de cette conjecture conduit à d'immenses développements de la recherche en maths, mais elle n'est pas encore prouvée. Yitang Zhang vient de démontrer que le nombre de nombres premiers dont la différence est plus petite que 70 000 000 est infini. Sa démonstration fait l'admiration de la communauté des mathématiciens. Il suffit (des années de travail peut être) de poursuivre la démonstration pour passer d'un différence plus petite que 70 millions à une différence de 2. La complexité de ces recherches les rend inaccessibles aux non spécialistes. Je vous ai résumé le problème (du moins j'espère) mais je serais tout à fait incapable de vous faire percevoir la nature des concepts élaborés par Yitang Zhang.

Conclusions : au niveau de la recherche, l'arithmétique ce n'est pas simple. Et les mathématiques, quitte à vous choquer, ne servent à rien. Démontrer cette conjecture est, a priori, sans aucune application pratique. Peut-être y en aura-t-il mais ce n'est pas le but. Au départ, la recherche dite pure n'a aucun autre but que de faire progresser la connaissance. C'est la même chose pour les autres sciences. La recherche scientifique a pour seul but d'augmenter nos connaissances. Bien sûr, les résultats de ces recherches peuvent avoir des applications techniques, on le voit depuis les débuts de l'humanité. Mais ce n'est pas le but. Le français Serge Haroche et son équipe viennent de recevoir le prix Nobel de physique pour des résultats en mécanique quantique dont on n'entrevoit pour le moment absolument aucune application. Mais c'est un résultat essentiel dans notre compréhension de l'infiniment petit.

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Comment notre cerveau perçoit le monde ?

Une grande partie de ce numéro de La Recherche est consacrée à cette question.

« L'affaire semble entendue : nos organes des sens captent les signaux de notre environnement et informent notre cerveau sur celui-ci. Leur nombre est encore sujet à discussion, mais leurs mécanismes physiologiques sont de mieux en mieux connus. […] L'image que nous avons du monde résulte aussi d'une construction mentale personnelle. Sans cesse notre cerveau anticipe et confronte nos perception à ce qu'il connaît déjà. En faisant des hypothèses avant d'avoir reçu la totalité des informations il traite celles-ci plus rapidement et plus efficacement. […].

Combien de sens avons-nous ? Aux cinq sens décrits par Aristote s'ajoutent la perception de la gravité (on se sent plus lourd dans un ascenseur qui démarre vers le haut, moins lourd quand l'ascenseur démarre vers le bas), la perception de la position des différentes parties de notre corps et de notre équilibre (proprioception), la perception du temps. De plus, les recherches actuelles montrent que ces différents sens interagissent en permanence les uns avec les autres.

Nous ne possédons pas certains sens, présents chez des animaux : écholocation (repérer les cibles grâce à l'écho d'un son émis, comme chez le dauphin), vision infra-rouge (comme chez certains serpents), perception du champ magnétique (les oiseaux migrateurs utilisent le champ magnétique terrestre pour se diriger), et d'autres encore.

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Gaspillage des ressources

Un entretien avec Philippe Cury, directeur de l'Institut de Recherche pour le Développement : « si l'on ne change rien, les poissons vont disparaître. »

Encore un écolo-fanatique qui veut mettre nos pêcheurs au chômage ! Lorsqu'il n'y aura plus de poissons ils seront au chômage aussi ? Oui,mais plus tard.

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3 Enseigner, apprendre, évaluer

Le bon vieux temps

Autobiographie racontée par l'une de vous : j'étais heureuse à l'école maternelle à Paris. Il y avait des jeux de lecture, de dessin, de calcul. En fait tout était présenté comme jeu. Je rentrais régulièrement à la maison avec un billet de satisfaction. (Je précise : il s'agit d'une école maternelle publique). Une année, à la maternelle, j'ai eu le prix d'excellence, tous les parents étaient à la distribution des prix. A l'école élémentaire cela s'est moins bien passé : je travaillais moins vite que les autres, je n'avais pas de bonnes notes en orthographe, les leçons ne voulaient rien dire, il fallait apprendre tout par cœur et l'on ne jouait plus. J'étais classée dans la deuxième moitié de la classe. Ce qui me soutenait était de me dire «Tu as eu le prix d'excellence à la maternelle, tu es donc capable. » Le système de punitions était très élaboré. (Je le répète : il s'agit de l'école de la république). A la fin de chaque demi-journée chacun devait se dénoncer à voix haute pour dire s'il avait parlé avec son voisin. Nul n'osait mentir en se dénonçant. Un jour où j'avais fait tomber trois fois mon plumier, l'institutrice m'a demandé de me tenir debout pendant une heure dans la corbeille à papiers au milieu des papiers et autres déchets.

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Iles Samoa

Une remarque de l'un de vous à propos de l'étude sur l'enseignement aux iles Samoa paru dans la précédente lettre [alerte], accessible par le lien

Qu'enseigner à l'école, comment évaluer les élèves ?

Il est fascinant de constater à quel point, de tous cotés, on reste crispé sur ce que l'on enseignait et évaluait « avant », pour se lamenter sur la baisse du niveau et le bon vieux temps du certif et de la règle de trois. A tous points de vue, la société a évolué. Les contenus d'enseignement, d'évaluation et de certification ont à prendre en compte les nouveaux horizons de la formation citoyenne, morale, de la formation à l'esprit critique, du développement de la culture et de la créativité, et les nouvelles exigences du monde économique. Ces horizons sont totalement différents de ceux des années 1920. Qui plus est, le numérique rend possible, mais aussi impose, de nouveaux modes de définition des contenus à enseigner, de nouvelles méthodes d'enseignement, une nouvelle définition de l'espace géographique de l'école et un bouleversement des façons même de penser. Comment comparer un système éducatif fonctionnant dans cette société au système des années 1920 ? Ce n'est pas le niveau qui baisse, ce sont les exigences de la société qui ont changé. Notre école l'a-t-elle compris ?

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Orthographe

L'orthographe est indispensable pour que, dans une société, les personnes puissent échanger, communiquer, vivre ensemble à partir d'un langage commun, nous dit on. La preuve, un extrait de la revue La Recherche :

« Il est rletiavmenet faicle de lrie un txete où sueles les pemrières et deenrièrs lteters des mtos snot à lueur palce. » Cinq fautes, 0, même si j'ai compris.

Voir aussi le document « lecture globale » sur documents alerte , cliquer sur ce lein puis simple clic sur l'icône.

D'accord, on ne peut sans doute pas lire ainsi les textes de grands philosophes. Le problème est que le fait de connaître l'orthographe ne donne pas non plus immédiatement accès à ces textes... Ce qui est certain est que qui ne connait pas l'orthographe n'est pas digne de faire partie de notre société policée.

Remarque : je tends à dire que l'on peut se comprendre même sans une orthographe parfaite, mais je vous accorde que ma démonstration est biaisée : le texte ci-dessus où les lettres originales sont permutées est fait à partir d'un texte dont l'orthographe est correcte. L'expérience est incomplète, il faudrait aussi tester à partir de textes à l'orthographe incorrecte, et aussi avec des textes où l'orthographe apporte un sens différent. (Je suis ravie / je suis ravi Je sius raive / Je sius rvai) Déjà moins facile... d'autant plus que les mots son courts.

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Diffusion libre à condition de citer la source, [alerte] JM Bérard, et impérativement la date.

Lorsque vous m'envoyez des réactions, je les publie sans votre signature. En effet, c'est une chose que d'écrire à des personnes que l'on connait ou qui sont rassemblées sur la base d'un consensus précis, c'en est une autre d'écrire à une liste à laquelle chacun peut s'abonner sans condition ou à un site que chacun peut lire.

Si vous préférez que vous contributions soient signées, dites-le moi en les envoyant.

jean-michel.berard orange.fr

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fin de la lettre du5 juillet 2013