[alerte] - JM Bérard - 21 juin 2013

Sommaire

Mon nuage Google

Au jour le jour

Les premières fraises

Méthode Feldenkrais

Un livre

Enfants maltraités par leurs parents, deux morts par jour en France

Réputation numérique

Compléments, rectificatifs : l'école décourage-t-elle le désir d'apprendre ?

La constante macabre, ou l'échec programmé à l'école

Scandale, on brade le bac

Lycée

Certif

D'autres façons d'apprendre

Que peut la philosophie ?


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Mon nuage Google

Vous pouvez accéder aux documents que j'ai déposés dans le nuage (cloud) Google tout simplement en cliquant sur documents alerte .

Mode d'emploi : en cliquant sur le lien vous obtenez une pré-visualisation des fichiers. Il suffit alors de faire un simple clic (simple clic) sur la pré-visualisation pour que le fichier s'ouvre.

J'y dépose des textes, des images, sans autre critère de sélection que le fait que cela m'a intéressé et que je souhaite vous le faire partager. Vous pouvez piocher, flâner, zapper. Cliquez, vous ne risquez rien...

Cette semaine : l'une de vous ayant aimé lire un épisode de « une vie dans une ferme belge » j'ai rajouté un texte : « une vie, ciel mon corbeau. » Cliquer sur documents alerte puis simple clic sur la pré-visualisation. Sont maintenant en ligne cinq textes de cette série.

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1 Au jour le jour

Les premières fraises

Dessert, les premières fraises fraichement cueillies dans le jardin. C'est le printemps. Un nectar. Rien de commun avec les fraises que l'on achète dans les magasins.

Remarque scientifique : entre le 20 et le 22 juin c'est le solstice d'été dans l'hémisphère nord. Le jour le plus long, la nuit la plus courte. Jour en permanence au pôle Nord. C'est un phénomène astronomique dû à l'inclinaison de l'axe de la Terre sur le plan de l'écliptique, 23° 27'. Cela n'a rien à voir avec l'activité humaine. En revanche les modifications climatiques (échauffement du en particulier aux émissions de CO2) sont, de façon maintenant quasi-certaine, dues aux activités humaines.

Cette année les neiges du Mont-Blanc, de l'Everest et des calottes glaciaires ont fortement fondu. Les orages violents et les inondations se prolongent, sans qu'on en sache la cause. C'est pourquoi le Bureau international des longitudes a décidé de reporter la date officielle de l'été au 28 juillet. C'est important, car c'est à partir de cette date que les militaires doivent endosser l'uniforme d'été et quitter celui d'hiver.

Enfin, bon, pour ce dernier paragraphe vous n'êtes pas obligés de me croire.

Il demeure que les premières fraises sont savoureuses. Viendront ensuite les framboises du jardin. Encore meilleur.

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Méthode Feldenkrais

Je vais une fois par semaine au cours Feldenkrais de Brigitte (1h), et de temps en temps au stage du dimanche matin (3h, une ou deux fois par mois, mais on n'a pas nécessairement à aller aux stages, et, réciproquement, on peut aller aux stages sans aller aux cours).

Ces activités me sont tout à fait plaisantes et utiles, mais il est presque impossible, lorsqu'on n'est pas spécialiste, d'en parler de façon à faire partager son plaisir.

Je vous renvoie donc au site

Feldenkrais La montagne dans la brume

Se mouvoir avec plus d'aisance, éliminer les tensions, les douleurs, Améliorer sa posture, sa respiration, Adopter une marche plus légère, plus équilibrée, Diminuer les tensions musculaires et articulaires.

Pour l'an prochain (2013 2014) Brigitte organise en ce moment un doodle sur les préférences pour les dates des cours, le soir ou le matin ou l'après-midi, en général à Montreuil métro Croix de Chavaux. La contacter.

CONTACT /INSCRIPTION lamontagnedanslabrume@orange.fr 01 42 87 62 51

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Un livre

Qiu Xiaolong Cyber China, éd Points, 7,30 euros.

J'aime tous les romans de Qiu Xiaolong. Il est né à Shangaï en 1953. Lors de la révolution culturelle son père est la cible des révolutionnaires et lui-même est interdit d'école. Il émigre aux États Unis après les évènements de la place Tian'anmen. J'ai recopié la quatrième de couverture. Personnellement j'aurais mis « révolutionnaires » entre guillemets.

Ce sont de vrais romans policiers, à l'intrigue solidement charpentées, qui, en général, se passent dans les sphères dirigeantes chinoises. Séquelles de la révolution culturelle, corruption, spéculation immobilière, il nous fait vivre de l'intérieur le communisme à la chinoise. Il sait aussi nous faire goûter la cuisine et la poésie chinoises.

La lecture de ces polars est un régal. C'est à ce type de livres que je pense en rêvant d'un complément de l'école par des outils alternatifs. Je peux le prêter à qui le demande.

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Enfants maltraités par leurs parents, deux morts par jour en France

C'est le titre d'un article du journal « Le Monde » du samedi 15 juin 2013, publié à l'occasion d'un colloque organisé le 14 juin 2013 au Sénat.

L'un des thèmes de l'article est que l'institut national de la santé et de la recherche médicale estime que les études faites jusqu'à maintenant sur les morts d'enfants maltraités par leurs parents doivent être revues, et que l'on est plus proche, en France, de deux morts par jour que de un mort par jour comme on l'estimait jusqu'à maintenant. Quel que soit le nombre, c'est dramatique, et très ignoré du grand public. Ce qui remue l'opinion ce sont surtout les cas des enfants martyrisés et tués par des « monstres », des êtres « ne méritant pas la dénomination d'humains », des asociaux au sortir de l'école ou sur le chemin du retour. Enfants mourant des maltraitances de leurs parents, connais pas.

Je me préparais à écrire un article, et ai consulté l'une de vous, qui consacre son travail et une partie de sa vie à ces problèmes. Elle m'écrit

On parle de la maltraitance par bouffées éruptives , à la manière Sarkozy : sus aux bourreaux, dépistons, dénonçons ! [...] Il faudrait plutôt, tous les jours, se demander comment prévenir la maltraitance : liens de voisinage, aides aux mères épuisées, présence familiale bienveillante, et évidemment lutte contre l'alcoolisme, aide aux parents alcooliques etc... Mais cela met tout un chacun dans le même bateau," témoins" et "bourreaux" sans effervescence éphémère, mais dans un engagement de tous les jours, et  c'est beaucoup moins mélo.

Je suis sans doute un peu « gonflé » en n'étant pas tout à fait d'accord avec toi dont c'est pourtant le travail quotidien. Il me semble que les bouffées médiatiques éruptives portent surtout sur les enfants martyrs et victimes de « l'autre », un rôdeur, un asocial, de préférence quelqu'un qui avait déjà un dossier judiciaire ce qui permet à nouveau de s'interroger sur le problème de la récidive, voire de la peine de mort. Ces crimes sont inexcusables. Sans faire de calcul sinistre, ces bouffées éruptives portent sur, disons, dix victimes par an. On se pose des questions et on s'émeut à juste titre, on s'en pose beaucoup moins sur tous les enfants (300 ou 600 par an) victimes de la maltraitance de leurs parents. Justement parce que dans ces faits divers, le crime est le fait de l'autre, on peut le montrer du doigt, prendre les lois nouvelles contre la récidive, l'exclure, le maintenir en prison même après la fin de sa peine. Alors que les parents, c'est nous, nos voisins, le quotidien.

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Réputation numérique

Conseil : il convient de temps en temps de vérifier sa réputation, en recherchant ce qui nous concerne sur les moteurs de recherche.

Les « Jean-Michel Bérard » les plus connus sont un ancien préfet et le pdg de Esker. Sur google je suis donc allé sur la page de recherche avancée (le petit engrenage en haut et à droite) et j'ai exclu les mots préfet et esker. J'étais assez content car en cherchant ainsi la présente lettre [alerte] vient en numéro 1. J'y ai retrouvé le Jean-Michel Bérard qui fait partie des auteurs d'une revue d'histoire serbe, Balkans Infos, pro-Milocevic, mais je ne suis pas propriétaire de mon nom. J'y ai aussi trouvé quelques textes que je préférerais ne pas avoir écrits (par exemple sur la question complexe de l'enseignement de l'informatique, où mes textes ne sont pas assez clairs) mais je suis contre le droit à l'oubli. C'est écrit, c'est écrit, j'assume, je n'ai pas à modifier rétroactivement l'histoire.

Je reste meurtri par l'absence des « fiches connaissance école primaire », dont j'avais coordonné la rédaction dans une groupe d'une dizaine de personnes (professeurs d'IUFM, IEN). Elles n'apparaissent pas, car elles ont été purement et simplement plagiées par un groupe qui, après les avoir un peu enrichies, les a publiées sous son nom.

La science pour l'école primaire en dix lois. Intéressant même si (et surtout si) vous n'aimez pas les sciences.

fiches connaissances

Je sais, j'ai publié il y a quelques temps un article disant à peu près la même chose. C'est juste parce que j'ai à nouveau vérifié mon « Google » hier. Et puis après tout vous n'aviez peut-être pas lu le précédent ?

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2 Compléments, rectificatifs : l'école décourage-t-elle le désir d'apprendre ?

J'ai publié une série d'articles à ce sujet dans les lettres [alerte] des 14 juin (trois articles), 7 juin, 31 mai 2013. 

La constante macabre, ou l'échec programmé à l'école

Site du mouvement contre la constante macabre

Extrait de Wikipédia :

Le terme constante macabre a été inventé en 1988 par André Antibi, chercheur en didactique, et a été le sujet d'un livre éponyme paru en 2003.

« Par "Constante macabre", j'entends qu'inconsciemment les enseignants s'arrangent toujours, sous la pression de la société, pour mettre un certain pourcentage de mauvaises notes. Ce pourcentage est la constante macabre.»

André Antibi dénonce ainsi le poids excessif qu'auraient la note et la systématisation des mauvaises notes dans le système éducatif français qui, d'après lui, sélectionnerait par l'échec avec comme conséquence le découragement et l'exclusion de nombreux élèves. Fin de la citation Wikipédia.

Un colloque organisé par le Mouvement Contre la Constante Macabre a eu lieu le 17 juin 2013. On a pu y constater (ou, en ce qui me concerne, y découvrir) que de nombreux enseignants, de nombreuses écoles, de nombreux collèges sont engagés dans la méthode du système d'évaluation par contrat de confiance.

Voir le site du mouvement, l'article de Wikipédia, et le site MAPIE de l'académie de Créteil

Plan du site MAPIE Créteil

Evaluation par contrat de confiance

Je découvre cette méthode, il est trop tôt en ce qui me concerne pour en avoir une conception précise, et il est sans aucun doute illusoire d'en faire la méthode résolvant tous les problèmes du système éducatif.

Il demeure que je suis absolument convaincu que notre système scolaire, trop souvent, tue l'envie et le plaisir d'apprendre et ne suscite pas la créativité. Il est trop souvent fondé sur le classement, le tri, au moyen d'une évaluation qui, finalement, sert à vérifier que l'élève a bien assimilé les exigences scolaires, en répétant ce qu'on lui a dit, et qui prend peu en compte la réflexion, l'esprit critique, la créativité. (Voir les articles des lettres [alerte] précédentes) s

Il me semble que toute « refondation » de l'école qui ne conduirait pas à des évolutions radicales concernant ce verrou restera sans effet sur la démocratisation du système et sur la formation de l'intelligence des élèves.

Rappelons-nous que, dans l'évaluation internationale PISA, (évaluation internationale dans les pays de l'OCDE) les élèves français sont très largement en tête pour le taux de non-réponse, paralysés par la peur de répondre « faux ».

Une fois cela dit, tout ou presque reste à faire, en recensant par exemple ce qui se fait dans les mouvements pédagogiques style Freinet.

Par rapport aux lettres [alerte] précédentes, je me répète ? Pas sûr, cela évolue un peu. Mais c'est surtout pour vous mettre en confiance en ce qui concerne le prochain contrôle. Vous aurez été préparés, pas de piège...

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Scandale, on brade le bac...

C'est moi qui suis, ce matin du 19 6 2013, scandalisé et furieux par la façon dont France Inter rend compte du scandale du bac dans l'académie d'Orléans Tours : les syndicats sont vent de bout (oui, j'ai écrit de bout), on brade le bac, la ligne rouge est franchie, on a même menacé les professeurs qui ne mettraient pas d'assez bonnes notes... Je passe sur le fait qu'on les a menacés de les inspecter, étrange sanction...

Si j'ai bien compris, la moyenne des notes de je ne sais plus quelle discipline (français ?) dans l'académie est inférieure à la moyenne nationale, et les examinateurs ont reçu pour consigne de noter d'une façon telle que la moyenne redevienne analogue à celle des autres académies.

Scandale, attentat à la liberté de penser des enseignants ! Ces propos me rendent furieux. Voici une claire expression de la constante macabre. Les professeurs de l'académie ont pris l'habitude de considérer que « noter sec » valorise leur discipline. Ils oublient que le bac est un examen, pas un concours, et un examen de fin d'études. Ils oublient qu'en « notant sec » c'est au résultat de leur propre travail qu'ils mettent une mauvaise note.

Mesdames, messieurs les soutiens de la constante macabre, pouvez-vous me donner une seule raison qui ferait que la moyenne des notes de français dans votre académie serait inférieure à celle des autres académies ? Vu de Paris, Orléans-Tours ne semble pas en particulière difficulté sociale ou intellectuelle. Quelle attitude morbide vous conduit à considérer que vos propres élèves sont moins bons que les autres ? Quel scandale y a-t-il à dire « statistiquement, nous ne voyons pas de raison particulière à ce que Orléans-Tours soit moins bonne que les autres dans une discipline (ce « scandale » concerne une discipline), nous vous demandons d'en tenir compte. »

Il y a une vingtaine d'années, les barèmes de correction de l'épreuve de physique-chimie au bac S étaient donnés aux correcteurs, et en principe s'imposaient à eux. Ces barèmes étaient au 1/4 de point. Une étude avait permis de constater que la même copie, avec le même barème, corrigée par des professeurs différents (je ne sais plus combien, 20, 30, 50 ?) obtenait des notes allant de 8 (collé) à 15 (mention bien). La même copie, le même barème, dans une discipline scientifique...

Je ne vois aucun scandale à harmoniser statistiquement les notes d'un examen. Je vois un scandale à ne pas le faire.

Comme le dit Charbonnier (voir article ci-dessous) il y a incompatibilité entre le fait de vouloir développer l'esprit critique (en philo, en français) et le fait de noter ! Mais l'école doit faire avec.

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Lycée

Je décrivais dans les lettres précédentes le système extrêmement sélectif du mythique certif, où, à la meilleure époque, 40% seulement d'une classe d'âge obtenait cet examen.

Le lycée classique a toujours été et reste la voie de reproduction des enseignants et de la bourgeoisie.

Le bac a été créé en 1808. En 1880 1% d'une classe d'âge l'obtenait.

En 2011 tous bac confondus (général, technologique, professionnel), 71,6% d'une classe d'âge a obtenu le bac, mais seulement 36% le bac général. Les orientations vers les trois types de bac sont entièrement dépendantes de l'origine sociale des élèves. On tente de les justifier en disant qu'il n'y a pas de sottes études et pas de sot métier. Ce sont des propos que l'on entend plus souvent dans la bouche des enseignants parlant de l'orientation des enfants des autres que dans celle des techniciennes de surface ou des caissières d'hypermarchés parlant de l'avenir de leurs propres enfants.

De toute façon, pas de problème, les enfants d'enseignants vont massivement vers un bac général. Quant-aux lycées professionnels, on ne voit pas du tout pourquoi un CAP de plomberie devrait comporter des enseignements de littérature, de théâtre, d'arts, d'histoire. Les coefficients des matières générales sont très faibles dans les barèmes des CAP BEP. C'est bien normal : lorsque j'appelle un plombier je ne parle pas théâtre avec lui. Et je n'aurais pas l'idée de l'inviter à diner. De quoi parlerais-je avec lui ? Et si l'on demandait, au CAP, d'apprécier le théâtre, je ne trouverais plus de plombier.

C'est de l'humour, c'est pour lancer un vrai débat. Qui d'entre vous peut jurer qu'il ne raisonne jamais comme cela ?

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Certif

J'étais assez content de mon invention de l'effet « de quoi sont les pieds ? Ils sont de la part du fantassin l'objet de soins constants » pour décrire un mode d'évaluation scolaire fréquent, où règne l'implicite, et où ce qui est évalué repose beaucoup sur la connaissance de ce que l'on pense de ce qu'attend le prof. Bon, ma belle invention n'a rencontré chez vous aucun écho...

Reçu de l'une de vous :

A propos du certificat d'études, votre sujet me rappelle les récits de ma belle-mère, hélas décédée, qui était institutrice de la République (au sens noble du mot). Je me souviens en particulier de l'anecdote qu'elle nous a narrée qui s'était produite lors de la correction de son premier certificat d'études à Longjumeau, en 1936 :

Le problème de mathématiques demandait de trouver la superficie d'un jardin rectangulaire dont on donnait les mesures prises avec un mètre auquel il manquait 7 cm. A la question : "Que devez-vous faire?", un élève avait répondu "Je rapporte le mètre défectueux au commerçant chez qui je l'ai acheté". Malgré le désaccord de certains instituteurs, l'inspecteur avait décidé de lui donner 10 sur 10, en commentant : "Cet élève est intelligent. On ne pose pas des questions comme ça". Et cela avait ravi la jeune institutrice qu'elle était...

On aimerait savoir quelle a été la carrière de l'inspecteur...

J'espère tout de même que la mémoire de votre belle-mère était imparfaite et que l'on mesurait le champ avec un double décamètre et pas avec un mètre. Ce qui ne change rien au ridicule de la question. Cela dit, pour un tout petit jardin...

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D'autres façons d'apprendre

Reçu de l'une de vous : A propos de la découverte de l'Histoire par les romans et les films, j'abonde tout à fait dans votre idée que le savoir passe parfois mieux par la fiction que par le documentaire. J'ai toute la collection des Nicolas Le Floch, offerte par mon fils à chaque parution et je les trouve très bien faits moi aussi : on a vraiment l'impression que l'on fait un bond dans le temps pour vivre à cette époque.

Dans la même veine, toute la série "Fortune de France" de Robert Merle avait subjugué ma fille cadette et elle se demande si ce n'est pas cette lecture qui a décidé de ses études d'historienne...

J'ai également en mémoire (il y a fort longtemps...) le peu de réaction autour de nous à propos du film "La Shoah" de Claude Lanzmann en 1985 alors que la série télévisée "L'holocauste" avait bouleversé les mêmes personnes...

Mon idée n'était pas seulement que la fiction est préférable au documentaire. Je pense aussi que, en contrepoint de ce que l'on apprend en classe, ce type de romans, ou certaines reconstitutions historiques à la télé (pas toutes) marquent et consolident les idées, en proposant d'autres façons d'apprendre.

C'est pourquoi j'attends avec impatience de lire « Le théâtre quantique », roman policier écrit pas trois éminents scientifiques, dont l'ambition est « d'initier le lecteur aux mystères et aux plaisirs de la mécanique quantique »... Ça y est, mon libraire l'a reçu. Je n'en ai lu que vingt pages mais suis pour l'instant assez déçu, car les notes explicatives en fin de livre n'expliquent rien du tout. (Complétude : qualité d'une théorie déductive consistante. Groupe de Lie : c'est un groupe sur lequel la notion de différentiabilité a un sens.) Décevant. L'idée m'avait séduit. Je suis écrasé par les conséquences de mon article, car l'une de vous a acheté le livre ! Elle m'écrit «Je découvre vos lignes sur « le théâtre quantique » : j’en avais déjà entendu parler, j’ai acheté, j’ai lu... et je n’en sais pas plus ! Pour moi les notes annexes sont une tromperie (incompréhensibles le plus souvent, et sans effort pour vulgariser) et le côté roman policier bien fruste, avec rebondissement discutable. Il en reste tout de même une vague sensibilisation au problème du temps... que je ne m’étais jamais posé et que je trouve très attirant. Que lire à ce sujet pour commencer ? » Réponse : Étienne Klein, Le facteur temps ne sonne jamais deux fois.

Il me semble aussi que certains « jeux sérieux » sur ordinateur (pas tous, certains sont écrits de façon beaucoup trop didactique scolaire) peuvent ouvrir de nouveaux chemins à l'accès au raisonnement logique et au savoir.

Je pense encore que, pour la formation à la logique, des activités scolaires ou péri scolaires concernant le jeu de bridge, d'échecs, de go, de billard (toutes activités qui me sont entièrement étrangères) peuvent être précieuses.

Cela dit, j'ai honte, car pour illustrer cette idée je me suis trompé lamentablement, allant ainsi à contre-courant de ce que je disais. Dommage !

Reçu de l'une de vous : Erreur mon cher, Nicolas le Floch mène ses enquêtes sous les règnes de Louis XV et de Louis XVI [et pas Louis XIV comme je l'avais dit], l'auteur, JF Parrot est hyper bien documenté et le style des plus agréables !

Extrait de Wikipédia : Son sixième ouvrage, sorti en 2005, Le Sang des farines est accompagné d'un supplément reprenant d'excellentes recettes, des gravures et de croustillants rapports de police, tous d'époque. Je vous le conseille. Je me suis inspiré de ce livre pour réaliser quelques unes des recettes qu'il décrit.

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Que peut la philosophie ?

Sous-titre du livre : être le plus nombreux possible à penser le plus possible.

Éditions du Seuil.

Une émission de 8 min sur France Inter, le dimanche 16 juin à 8h16, Parenthèses, Laurence Luret, qui invite le professeur de philosophie Sébastien Charbonnier.

Je ne vais pas recopier le texte, écoutez l'émission, cela fait penser.

Que peut la philosophie, France inter

L'idée force de Charbonnier est que la philosophie développe l'esprit critique pour faire de chacun un citoyen libre. Bon, je suppose que c'est l'idée force de tous les profs de philo.

J'en parle car, outre l'intérêt de l'émission, qui a été diffusée la veille de l'épreuve de philo au bac,la jouraliste demande « comment mettre une note à la liberté ? » et Charbonnier enchaine « il y a une antinomie radicale entre former à la liberté et devoir noter et évaluer ».

Cela me rappelle un dessin humoristique paru en mai 68 où, dans une classe soigneusement alignée en ordre scolaire un élève lève le doigt pour dire « M'sieu, j'peux être libre ? » Le paradoxe de tout l'acte d'éduquer est là : si le professeur dit à l'élève qu'il peut être libre, l'élève n'est pas libre puisqu'il se soumet à une injonction du professeur.

C'est toute la contradiction dans laquelle le système scolaire a à se situer, et pas seulement en philosophie. Il faut faire avec...

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Diffusion libre à condition de citer la source, [alerte] JM Bérard, et impérativement la date.

Lorsque vous m'envoyez des réactions, je les publie sans votre signature. En effet, c'est une chose que d'écrire à des personnes que l'on connait ou qui sont rassemblées sur la base d'un consensus précis, c'en est une autre d'écrire à une liste à laquelle chacun peut s'abonner sans condition ou sur un site consultable par tous.

Si vous préférez que vous contributions soient signées, dites-le moi en les envoyant.

jean-michel.berard orange.fr

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fin de la lettre du 2013 6 21 / 21 juin 2013