[alerte] - JM Bérard - 17 mars 2013

Sommaire

  1. Notes au jour le jour

Coïncidence

Un moment de plaisir sur l'autoroute

Les objets intelligents nous rendent-ils bêtes ?

  1. Démocratie 


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jean-miche.berard   orange.fr

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http://alerte.entre-soi.info/

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1 Notes au jour le jour

Coïncidence

Francis Blanche : je suis né un 20 juillet et par une étrange coïncidence c'est le jour de mon anniversaire.

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Un moment de plaisir sur l'autoroute

Pour déjeuner : les restaurants sont chers et mauvais, les sandwichs des stations service sont ruineux et monotones. Un moment de plaisir sur l'autoroute : pas évident !

Par personne, achetez avant de partir une tranche de jambon de Savoie, un demi-diot (non, pas idiot : diot ; c'est une saucisse de Savoie, prononcer djot), un morceau de Beaufort, un morceau de tomme, du pain frais, une mandarine. Si vous aimez, une bière sans alcool. Installez-vous à une table d'une cafétéria qui accepte le « hors sac » et partagez en discutant tranquillement avec vos sympathiques compagnons de voyage. Voici ce trajet fastidieux tout illuminé. Il suffisait d'y penser... Cela marche peut-être aussi si l'on est seul, mais je n'en suis pas sûr.

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Les objets intelligents nous rendent-ils bêtes ?

C'est la question posée par Xavier de la Porte sur

http://www.internetactu.net/2013/03/04/les-objets-intelligents-nous-rendent-ils-betes/

X. de la Porte anime l'émission « Place de la Toile » sur France culture.

Il a consacré une émission à l'internet des objets (audio, 45 min.)

http://www.franceculture.fr/emission-place-de-la-toile-l%E2%80%99internet-des-objets-2013-02-09

Extrait :

Ce qui se profile, c’est notre infantilisation, voire la pauvreté intellectuelle. Le monde transformé en un lieu dont toute erreur est bannie, où il est impossible de dévier de la voie tracée. Un monde qui ressemble plus à une usine tayloriste qu’à une incitation à innover. Car, selon Morozov, chercheur biélorusse, “tout artiste ou chercheur le sait, sans un espace protégé, et même sanctuarisé, où l’erreur est possible, l’innovation cesserait d’exister.” Morozov ajoute : “Des technologies intelligentes, au sens humain du terme, ne devraient pas avoir pour fonction de trouver les solutions pour nous. Ce dont nous avons besoin, c’est qu’elles nous aident à résoudre les problèmes.” Il conclut : “Si les designers de ces technologies ne prennent pas acte de la complexité et de la richesse de l’expérience humaine – avec ses failles, ses défis et ses conflits -, leurs inventions finiront dans la poubelle intelligente de l’Histoire.”

Je trouve Mozorov optimiste lorsqu'il estime que les excès finiront à la poubelle de l'histoire...

Le risque est que nous prenions l'habitude de laisser aux objets intelligents le soin de décider, et pas seulement de nous informer. Et la grave question sera : dans quels intérêts est écrit le programme qui décide ? Qui décide ce qui est bon pour nous ?

La fourchette intelligente, cette fourchette qui vibre lorsqu'on mange trop de ceci ou pas assez de cela sera-t-elle programmée en fonction des intérêts des industriels du sucre, du gras, du sel, et comment le savoir ?

Et que se passera-t-il lorsque le programme d'un objet intelligent décidera à notre place, sans possibilité de reprendre la main ?

Pour d'autres extraits audio de X. de la Porte, tous d'une grande densité (je dirais même plus, passionnants. Mais l'on me reproche d'utiliser « passionnant » pour masquer l'insuffisance de mes analyses...)

http://www.franceculture.fr/personne-xavier-de-la-porte

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2 Démocratie 

Jacques Testart, « critique de science » publie un article intitulé « La conférence de citoyens, un outil précieux pour la démocratie. »

http://jacques.testart.free.fr/index.php?post/texte799

Extraits :

De véritables leurres démocratiques sont souvent agités par le pouvoir politique pour résoudre les contradictions entre les projets qu’il veut imposer et les choix de la société, particulièrement à propos d’innovations technologiques. Ainsi, que ce soit pour la culture de plantes transgéniques, le tracé d’une autoroute, l’implantation d’un incinérateur, l’escamotage des déchets nucléaires, la dissémination des produits nanotechnologiques, etc. le gouvernement promet « d’informer »le public et de le « consulter ». Non seulement ces démarches interviennent presque toujours après que les décisions ont été prises mais elles ont peu à voir avec la « participation » promise. Elles utilisent des arguments d’autorité (la parole unique des « experts »), ignorent la contradiction comme la pluralité des analyses provenant de savoirs non techniques. Les élus eux-mêmes, incomplètement informés, ne peuvent faire écho qu’aux préoccupations portées par des groupes d’intérêt.

Pourtant, dès que les incertitudes sur l’intérêt et les conséquences des technologies sont importantes, ce qui est de plus en plus fréquent, les autorités devraient collecter et discuter les points de vue des simples citoyens, au-delà du cercle des experts statutaires. Bien sûr, pour qu’il soit argumenté, l’avis des citoyens doit se nourrir des informations les plus complètes possibles. C’est pourquoi il faut définir une méthodologie permettant de recueillir les avis de citoyens « naïfs » (non spécifiquement impliqués dans la controverse) mais bien éclairés grâce à des informations complètes et contradictoires. Les bases pour une telle procédure ont été proposées il y a 20 ans par le Danemark sous l’appellation « conférence de citoyens »(CdC) [...]

La conférence de citoyens combine une formation préalable (où les citoyens étudient) avec une intervention active (où les citoyens interrogent) et un positionnement collectif (où les citoyens discutent en interne puis avisent). Le prix à payer pour cet exercice démocratique est de le limiter à un petit nombre de personnes plutôt que de consulter la population entière. Composée de personnes volontaires, mais après tirage au sort sur les listes électorales, la CdC apparaît aujourd’hui, et après de nombreuses expériences mondiales, capable de produire des avis précieux à l’usage des décideurs mais aussi des autres citoyens. [...]

Les observateurs des conférences de citoyens se sont étonnés de la capacité de personnes « candides » à délibérer sur des sujets complexes, en se dégageant des enjeux seulement locaux et immédiats pour proposer des solutions souvent ignorées par les spécialistes, et rarement entendues des instances politiques. On est loin de l’hypothèse d’un “ public irrationnel ” qui serait incapable d’apprécier les effets réels de la technoscience. Ainsi peut-on, le temps d’un essai d’humanité, transformer en citoyen responsable le gogo que nous sommes tous au jour le jour. Pourvu qu’elles soient médiatisées, ces procédures améliorent aussi la compétence de toute la population et peuvent rétablir la confiance vis à vis des scientifiques et de leurs propositions... Comment faire entrer ces procédures dans l’ordre juridique et politique, pour que les dirigeants, mieux informés des enjeux des technologies et des attentes de la population, puissent tenir compte de ces recommandations ? [...]

La suite de l'article, fort convaincante, expose les principes de constitution des CdC, de formation des personnes qui y participent, des modes de prise de décision et du nécessaire débat parlementaire qui suit ces réunions.

Je m'interroge souvent dans cette lettre sur la démocratie.

La démocratie n'est pas à mon avis seulement la loi de la majorité. Il me semble que cette loi n'est juste que si elle se fonde sur des principes démocratiques : déclaration universelle des droits de l'homme, valeurs de la république. J'ai une grande méfiance pour les votations suisses, les référendums d'initiative populaire, et autre démocratie directe. En 1933 en Allemagne, Hitler a été nommé chancelier par le président, conformément aux règles de la démocratie, en qualité de leader du parti remportant les élections législatives de mars 1933. Et en Tunisie, des partis à l'idéologie islamiste attentatoire aux libertés ont obtenu une majorité électorale. Démocratie ? Je ne le pense pas.

Reste alors à citer Churchill, « la démocratie est le pire des régime, à l'exception de tous les autres déjà essayés dans le passé. » La forme la plus fréquente de cette démocratie est la démocratie représentative : on élit des représentants à qui l'on délègue le soin d'étudier les questions, et de travailler pour l'intérêt public. Mais le mode de fonctionnement actuel de ce système présente de forts inconvénients : les décisions sont prises d'une façon telle que la majorité de la population se sent dessaisie au profit des experts, des lobbys et de la classe politique.

La proposition de créations de CdC fait en sorte que le débat parlementaire s'appuie sur des débats de citoyens formés et instruits sur les choix à faire.

C'est je crois la méthode que va mettre en œuvre le comité d'éthique présidé par JC Ameisen pour contribuer à la définition de ses orientations sur la procréation.

Lueurs d'avenir.

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fin du billet du 17 3 2013