[alerte] Jean-Michel Bérard

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Diffusion libre, en citant la date et la source.

La liste de diff comporte environ 200 personnes, et qui plus est les billets sont disponibles sur internet. C'est pourquoi, lorsque vous m'envoyez des réactions, je les publie sans votre signature. En effet, c'est une chose d'écrire à des personnes que l'on connait ou qui sont rassemblées sur la base d'un consensus précis, c'en est une autre d'écrire à une liste à laquelle chacun peut s'abonner sans condition.

Si vous préférez que vous contributions soient signées, dites-le moi en les envoyant.

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1 C'est possible

Vous connaissez mon pessimisme sur l'avenir d'une société dont le modèle me semble dans l'impasse.

Mais l'espoir existe du fait des très nombreuses initiatives locales, conviviales, qui contribuent petit à petit à jeter les bases d'une autre société.

Foncouverte, Savoie, 297 habitants permanents en 2007. Beaucoup plus l'hiver, du fait des nombreux touristes pratiquant le ski de piste. Et aussi l'été, pour les amateurs de beaux paysages et de montagnes accueillantes.

L'association pour la valorisation de l'environnement et de la culture, AVEC, n 'est pas a priori conçue pour créer de l'animation à l'attention des touristes, même si ceux-ci l'apprécient. Participent à ses activités essentiellement les habitants de la commune, des communes voisines, de la vallée.

Je recopie la plaquette de présentation :

(ASSOCIATION POUR LA VALORISATION DE L’ENVIRONNEMENT ET DE LA CULTURE)

Depuis plus de 20 ans, l’association AVEC est la rencontre de tous ceux qui veulent préserver et embellir le patrimoine de la commune de FONTCOUVERTE-LA TOUSSUIRE ; il lui appartient de rechercher ce qui fait l’attrait et la beauté de la commune. Ses actions concernent donc aussi bien l’héritage du passé que le cadre de vie actuel.

Mais son importance ne se limite pas à ces aspects techniques : en effet, l’expérience accumulée depuis toutes ces années prouve que son intérêt principal réside dans sa capacité à susciter des rencontres chaleureuses et fructueuses.

AVEC ET LA MÉMOIRE DU PAYS

La connaissance du passé, le respect et la préservation des souvenirs, des habitudes, des techniques et savoir-faire de ceux qui ont vécu sur ce terroir depuis des millénaires sont des conditions indispensables pour apprécier la beauté et la richesse de notre commune ; c’est pourquoi nous proposons à tous, vacanciers et habitants permanents :

Les « MARDIS DE L’HISTOIRE » : chaque été depuis plusieurs années, du 14 juillet au 15 août, des conférences hebdomadaires sont organisées au Chef-lieu 

Les séances d’étude du PATOIS DE FONTCOUVERTE : elles ont lieu tous les quinze jours ; ouvertes à tous, elles permettent aux anciens de communiquer leur savoir et aux plus jeunes de se former

L'ÉTUDE DU BÂTI ANCIEN est un travail de longue haleine qui vise à conserver trace des caractéristiques propres aux bâtiments ruraux de FONTCOUVERTE. Il s’accompagne d’initiatives ponctuelles pour faire connaître les chapelles.

La fontaine couverte de « Pierre-fiche », à l’origine du nom à notre commune était abandonnée, enfouie. Elle a fait l’objet de travaux qui lui ont donné un aspect agréable pour la promenade et les rencontres. Un panneau explicatif a été placé à proximité.

AVEC ET LE CADRE DE VIE

Le trait commun à toutes les initiatives d’AVEC réside dans la recherche de convivialité et de dialogue ; chacun peut participer aux différentes rencontres :

Des veillées mensuelles sur les sujets les plus variés regroupent un groupe de plus en plus élargi de fidèles. Elles sont animées par des bénévoles, chacun proposant un sujet qui lui tient à cœur (diaporama, récit de voyage etc.). La dernière rencontre avait pour thème « La fin du monde » ; elle traitait (avec sérieux) de la notion de calendrier mais comportait une partie humoristique sur les délires engendrés par le calendrier Maya.

Une promenade mensuelle à la découverte des richesses cachées de la Maurienne.

Voyages culturels et visites de musées sont à notre programme depuis plusieurs années, une occasion de rencontre et de découverte : après avoir visité notamment Suse, Martigny, Aoste et de nombreux autres lieux riches de culture.

L’équipe d’AVEC tient particulièrement à travailler avec l’office de Tourisme de La Toussuire afin de mettre en valeur les aspects patrimoniaux de la commune avec l’espoir que la joie des vacanciers sera une bonne incitation pour que les « décideurs » économiques ou institutionnels locaux prennent mieux en compte la dimension culturelle et patrimoniale du territoire.

L’association est ouverte à tous ; tout nouvel adhérent est le bienvenu !

Petit ajout qui n'a rien à voir, justement : dans leur souci effréné de rentabiliser le ski de piste, les communes diversifient leur cirque : pour donner des émotions aux touristes, on leur offre de passer la nuit dans une dameuse avec les pisteurs. On peut même apprendre à conduire une dameuse, 90 euros les 45 min. Vous savez, les dameuses sont ces énormes engins à chenilles qui, la nuit, à la lumière des phares, aplanissent les bosses et bouchent les trous sur les pistes de ski, maniées par des virtuoses, pendant que les skieurs dorment.

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2 Petites notes étonnantes

L'ont-ils vraiment dit ?

* Gad el Maleh 

J'ai demandé une rue à un gars ce matin, il m 'a dit : « celle-là je la connais pas, mais j'en connais plein d'autres si cela peut vous aider. »

Cela m'évoque la pensée de Pierre Dac : « il vaut mieux arriver en retard et manquer son train qu'arriver en avance et monter dans un autre. »

Si si, regardez bien, cela a beaucoup plus de sens qu'il n'y parait au premier abord.

* Éléphants

François Hollande, président de la république française, a accordé un sursis aux deux éléphantes lyonnaises. Il l'a annoncé au cours d'un voyage à l'étranger, compte tenu de l'importance de la question, même s'il n'est pas coutume de traiter de politique intérieure française lorsqu'on voyage à l'étranger.

Vous connaissez le débat : deux éléphantes du zoo de Lyon sont atteintes de tuberculose, et les discussions entre experts visent à déterminer s'ils faut les abattre pour préserver la santé publique, ou si l'on peut les laisser vivre, en prenant les précautions nécessaires.

C'est un débat entre spécialistes, vétérinaires, experts de la santé publique. C'est comme toujours en ce genre de circonstances un débat entre les inconvénients et les avantages de la décision.

En quoi le président de la république française a-t-il compétence pour intervenir dans ce débat ? On dirait du Sarkozy.

Comme vous le savez, Brigitte Bardot, qui défend les animaux, a déclaré qu'elle partirait en Russie si l'on abattait les éléphantes. On comprend alors que F. Hollande lui ait donné satisfaction. Cela risquait de créer dans l'opinion publique plus de fractures que le débat sur le mariage pour tous ou l'intervention au Mali. Tout de même, alors que les journaux saluent la détermination du président sur le mariage pour tous et le Mali, son succès dans la méthode employée pour les négociations entre patronat et syndicats, que va-t-il faire dans cette histoire d'éléphants ?

Je suis méchant en le comparant à Sarkozy. Pour le précédent président, un fait-divers, une loi. Une petite fille mordue par un chien, une loi sur les chiens. Notre actuel président n'a pas proposé de loi sur les éléphantes tuberculeuses. On progresse.

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Maintenant ou plus tard

*Nitrates

Le Monde, 15 janvier 2013 : le nitrate contamine de plus en plus de rivières françaises. Près de 19 000 communes (sur 35 000) sont désormais concernées par la pollution d'origine agricole.

La redéfinition des zones « classées vulnérables » (fin décembre 2012) vise à limiter la pollution par les nitrates (provenant des engrais utilisés dans l'agriculture intensive). Cette redéfinition suscite le tollé chez les agriculteurs qui opposent « le bon sens paysan à l'écologie technocratique ». Logique. La pollution des eaux, les algues vertes, c'est pour plus tard, on verra bien (quoique, dès maintenant...). Pour l'instant, il faut produire, c'est le bon sens paysan.

Un mystère : la demande en produits agricoles « bio » est en France largement supérieure à la production. Il faut importer. Pourquoi cette crispation sur l'agriculture intensive ? Pourquoi payer très cher et utiliser autant d'engrais alors que la France doit importer du bio ?

* Abeilles

Si vous lisez [alerte] depuis longtemps, vous êtes un peu lassés. Il nous parle encore des abeilles, dont la disparition risquerait d'entrainer la disparition de nombreuses espèces végétales (faute de pollinisation) et risquerait de compromettre l'existence de l'espèce humaine.

Certes, j'en parle souvent, mais la question a-t-elle progressé ?

Une petite évolution favorable (Le Monde, 17 janvier 2013). L'autorité européenne de sécurité des aliments publie un avis reconnaissant que les insecticides ont un effet négatif sur les abeilles. Trois marques parmi les plus utilisées font l'objet d'un avis sévère. L'ESFA estime que ces trois insecticides présentent un risque élevé pour les abeilles.

En France, l'insecticide Cruiser est interdit sur le colza mais autorisé sur le maïs. Logique ?

Toujours la même histoire : selon les industriels et les tenants de l'agriculture intensive, interdire ces insecticides couterait 50 000 emplois agricoles en Europe. Comment ce résultat est-il calculé ? Vous posez des questions partisanes.. Les emplois ( ?) et les bénéfices industriels maintenant, les catastrophes plus tard, on verra.

* Particules fines 

Les moteurs diesel et le chauffage au bois contribuent de façon importante au réchauffement climatique en émettant des particules fines. Entre autres effets ces particules, en retombant, noircissent légèrement la neige. Pas grave ? Eh bien si : la neige plus noire absorbe davantage l'énergie solaire, accélération de la fonte des glaciers et du réchauffement climatique...

Une question à mes amis partisans du chauffage au bois : le problème de l'émission des particules fines a-t-il été étudié ?

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Mort de JB Pontalis

Le philosophe et psychanalyste JB Pontalis est mort. Rendez-vous compte, j'ai dormi sur son divan. Non pas parce que j'étais son patient, mais parce que son appartement m'avait été prêté pour quelques jours. Mais tout de même... Je suis sans doute l'une des rares personnes qui ait dormi sur son divan sans être en analyse avec lui.

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Défendons-nous

Suite au massacre de l'école de Newtown, où 26 personnes ont été tuées, Barack Obama veut interdire la possession de fusils d'assauts, limiter à 10 le nombre de balles contenues dans les chargeurs et vérifier les antécédents judiciaires et psychiâtriques des détenteurs d'armes. Mesures bien modestes ? En fait elles n'ont aucune chance d'être adoptées au parlement, tant l'attachement des états-uniens à la possession d'armes et au droit de « se défendre » est viscéral.

Depuis Newtown, en un mois 900 Américains ont été tués par arme à feu.

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Culture générale

Le film « Ultimo Elvis » traite du dur problème de la vie des sosies des vedettes. Libération titre « Les sosies sont secs ». J'adore. Bien que Libé soit la propriété de Rotschild, les bonnes traditions du calembour n'y ont pas disparu. Mais avec la baisse de la culture générale et de l'orthographe, qui comprendra Libé dans 20 ans ? Ne me dites pas que, vu la crise de la presse, Libé n'existera plus dans 20 ans. Faudra-t-il relancer l'almanach Vermot ? Ressusciter la pataphysique ? Utiliser des coachs en calembours ?

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Rien n'est simple

Aux USA une marque de téléphones portables diffuse sur Youtube un test de résistance : le téléphone peut séjourner 24h dans un frigo, 1h dans un four thermostat 6, et fonctionne encore si un gamin le jette dans l'escalier.

http://www.youtube.com/watch?v=i6q2Y18jzDU

C'est trop compliqué pour moi. J'ai déjà du mal à me servir de plus de 10% des fonctions de mon téléphone. Si je dois en plus penser à le mettre au four et au frigo, je ne m'en sortirai pas.

Vous avez remarqué aussi que l'on met un téléphone dans un aquarium sans demander l'avis du poisson. Je n'ai pas non plus envie d'acheter un aquarium. Quant-à filmer un gamin qui jette volontairement un téléphone dans l'escalier... Si c'est à ça que nous conduit la société de consommation...

Le caractère coquin des rapports entre l'animatrice et son portable ne vous aura pas échappé, mais je dois tout de même garder un niveau convenable dans cette lettre. Plus de renseignements sur demande :-)

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Racisme insidieux

Entendu : un noir commet une incivilité dans la rue. « Cela donne une bien mauvaise image des noirs ».

C'est ben vrai, ça. Landru (français blanc) a brulé onze personnes dans sa chaudière. Cela donne un bien mauvaise image des barbus.

L'affaire Landru donne aussi, hélas, une bien mauvaise image des noirs, des arabes, des juifs, des homosexuels, des tziganes, des communistes, des franc-maçons et des femme. Comment, vous ne voyez pas le rapport avec Landru ?

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3 Informatique et libertés, suite

Dans la lettre précédente, je parlais du puçage des moutons, en disant que l'extension du puçage (par puces RFID)est de façon générale très inquiétante, mais que, pour les moutons, ce n'était pas si grave que cela. Cette affirmation ne vous à pas fait réagir.

En revanche, vives critiques sur ma tolérance envers le logiciel predpol. En croisant des quantités de données, ce logiciel peut déterminer à quel endroit et à quelle heure un délit sera probablement commis.

Le logiciel qui prédit les délits, réactions

L'une de vous :

Ton analogie avec les gendarmes que l'on place au bord des routes les jours de grand départ ne tient pas. Certes, on réprime, mais aussi on prévient (lutte contre les excès de vitesse, contre l'alcool au volant). Une politique de répression sans prévention ne tient pas. De plus, imagine que un black ou un beur passe à l'endroit et à l'heure prévus pour le délit. Le risque est grand qu'il soit arrêté préventivement.

De l'un de vous :

Cher Jean-Michel,

Je ne te reconnais plus sur cette affaire Predpol ! Comme te voilà d’un seul coup tolérant ! Il est vrai que ton argument des gendarmes sur les routes au moment des départs en vacances semble imparable. Mais ce faisant, tu parais bien injuste pour ce malheureux logiciel : cela revient à peu près à utiliser pour prévoir la météo une grenouille dans un bocal ou l’un de ces petits sujets en pâte de verre qui changent de couleur avec l’humidité. C’est prendre ce logiciel dans sa dimension purement statistique : effectivement il y a plus de probabilités que je me fasse agresser en pleine nuit à Aubervilliers qu’en plein jour rue de Grenelle (quoique…). Je connais une petite rue à Palerme où j’ai vu une année des touristes se faire détrousser. Mes parents sont allés à Palerme l’année suivante et j’avais prévenu ma mère de ne pas se promener avec son sac à cet endroit là. Elle ne m’a pas cru et on lui a dérobé son sac précisément à cet angle de rues. J’étais donc déjà il y a trente ans un Predpol en puissance !

Soyons sérieux : s’il s’agit de prévoir quels sont les quartiers, les heures, les milieux sociaux dans lesquels se concentrent crimes ou délits, pas besoin d’être Predpol pour le savoir. Mais l’ambition du logiciel est (si j’ai bien compris) tout autre : il s’agit de réunir un faisceau de probabilités statistiques tel qu’on puisse prédire presque à coup sûr qu’un crime ou un délit de telle nature va être commis dans un espace de temps limité et sur une zone géographiquement limitée. Je persiste à ne pas comprendre comment cette « voyance numérique » peut fonctionner.

Prenons les crimes passionnels : admettons qu’à Paris il y en a un tous les 12 jours en moyenne (j’invente, bien entendu). Qu’ils concernent des assassins hommes moustachus de 42 ans en moyenne et des femmes victimes de 37 ans. Qu’ils sont plus fréquents dans la partie du XIIIe arrondissement comprise entre le boulevard Blanqui et le boulevard Kellerman. Je suis commissaire de police de ce quartier… Que fais-je ? J’arrête préventivement tous les hommes de 42 ans moustachus qui ont une femme de 37 ans la veille du jour fatal ? Sorte de répétition du massacre des innocents...

Idem pour les vols, les attentats, les suicides…

Donc, ou bien ce Predpol ne sert pas à grand-chose et ne remplacera jamais un bon indicateur de police. Ou bien il est effectivement performant. Mais en ce cas, il est ouvert à toutes les dérives. J’imagine, pourquoi pas, des policiers commettant le crime pour ne pas démentir les prévisions du logiciel, j'imagine des soupçons sur des personnes « susceptibles (car correspondant au profil) de commettre un crime » et des arrestations préventives. En version comique, cela rappelle Raymond Devos argumentant que son accident de voiture « était déjà dans le journal » puisque son horoscope le prédisait. Enfin, la dérive la plus naturelle est, comme tu l’as remarqué toi-même, de prédire non seulement où et quand le crime devrait avoir lieu mais qui est destiné ( ?) à le commettre...

Merci. Je vais réfléchir davantage. D'autant plus que, par ailleurs, je suis très inquiet devant les pratiques de croisement massif de données (big data). Je manque de cohérence.

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Fin du billet du 17 1 2013