[alerte] -JM Bérard- 24 octobre 2012

Sommaire

J'aime

Je souris, je m'interroge

Je m'étonne, je m'inquiète

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Diffusion libre, en citant la date et la source.

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J'aime

J'aime les couchers de soleil sur les Aiguilles d'Argentière. La crête aiguë de la montagne découpe la lumière rouge, rose, bleu clair, éclatante de vie. Sauf en cas de mauvais temps, cela se produit chaque soir. Et chaque soir cela m'emplit d'un cri d'admiration.

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J'aime le mariage auquel j'ai participé, empreint d'amitié, de chaleur, de bonheur. Les mariés avaient préparé cette fête comme une offrande à chacun de ceux qui étaient là, partageant avec tous leur présent et leurs projets d'avenir.

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J'aime la phrase d'un artiste photographe ce matin sur France Inter : « ne demande ton chemin à personne, tu risquerais de ne plus jamais te perdre ». Quoi que...

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J'aime le spectacle « notes on the circus de nos jours », au théâtre Sylvia Montfort à Paris. (qui s'appelle maintenant Le Montfort). Superbe. Mais aussi indescriptible. Peut-être pourrait-on dire « la densité de la vie, articulée/désarticulée en 78 notes et numéros de cirque ».

Courez-y, mais attention cela ne joue que jusqu'au 27 octobre. Dommage, vous l'avez manqué. Ne soyez pas de mauvaise foi. Bien sûr, j'ai écrit ma lettre trop tard, mais reconnaissez que vous l'avez manqué.

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J'aime la beauté du bébé qui vient de naitre et qui grandit, la tendresse entre cette petite fille et ses parents, la façon dont elle explore le vaste monde. Que de choses à vivre, à découvrir, à réaliser.

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J'aime la mine de fer des Hurtières dans la vallée de la Maurienne. Il y a six cents ans déjà, des habitants du village, accroupis, dans le noir, avec un petit pic, creusaient pendant des mois, avançant de 20 cm par jour, des galeries dont ils n'étaient même pas sûrs qu'elles aboutiraient à un filon. De nos jours, on considérerait qu'ils perdent leur temps et qu'il faut les expulser pour installer des foreuses, ou fermer cette mine non rentable.

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J'aime que Haroche ait eu le prix Nobel pour des travaux consistant à piéger un seul électron dans une enceinte. Cela fait, selon les spécialistes, avancer de façon considérable notre compréhension de l'infiniment petit, dont les lois sont celles de la mécanique quantique, totalement étrangères à celle qui régissent notre monde de taille ordinaire. Ne m'en demandez pas plus, même lorsque je faisais mes études je n'ai jamais vraiment compris ces questions, dont la vulgarisation est difficile. Ce qui me réjouit est que ce prix Nobel soit attribué à des recherches fondamentales, améliorant notre compréhension du monde, mais pour l'instant sans aucun but de recherche appliquée aboutissant à des réalisations technologiques ou industrielles rentables. Malheureusement, dans les budgets en restriction, les laboratoires doivent maintenant, pour développer un projet de recherche, trouver des partenariats industriels. Quelle industrie aurait intérêt à investir dans les travaux de Haroche ? Aucune. Et pourtant, c'est bien en cherchant à toujours mieux comprendre que l'esprit humain progresse.

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J'aime le musée du jouet à Nürenberg (Bavière). Objets superbes, qui font rêver ou éveillent la nostalgie. Mais aussi superbe présentation sociologique et historique décrivant le rôle du jouet dans l'éducation et la transmission de l'idéologie aux enfants. Plus ou moins luxueuses, les maquettes de cuisines avec leurs casseroles, leurs assiettes, leurs cuisinières contribuaient à l'éducation tant des filles de la bourgeoisie que des princesses. Le Meccano, qui développe la créativité technique, a-t-il contribué à faire de l'Allemagne un grand producteur de machines-outils ?

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J'aime le beurre cuit. Il faut pour l'obtenir suivre la recette de mes grands-mères, qui faisaient fondre pendant une matinée entière le beurre dans une marmite. Un fois refroidi on obtenait une substance jaune grumeleuse qui se conservait tout l'hiver dans des jarres en grès dans la cave. Il n'y avait pas de frigo. Dans les recettes de cuisine modernes cela s'appelle beurre clarifié. En tâtonnant, j'ai réussi à obtenir quelque chose d'approchant. Faites cuire une pomme de terre en robe des champs, coupez-la en deux, faites un petit creux que vous remplissez de beurre cuit et vous mangez cela à la petite cuillère. Sublime. Si vous voulez la recette du beurre cuit, demandez-moi.

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J'aime un intéressant article dans Le Monde du 21 octobre 2012 sur la largeur des lits. « Sommes-nous vraiment faits pour dormir ensemble ?» Laure Bellot. On y explique que les lits pour couple en France sont usuellement en 140, ce qui en fait, après l'Espagne, les plus étroits du monde occidental. (?). Des études (sans doute financées par les fabricants de matelas en 160) montrent que les femmes ont un sommeil plus reposant sans leur partenaire.

On aborde alors un éclairage historique, que j'ignorais et que je vous livre sans en vérifier la validité. (Sources : l'ethnologue Pascal Dibie, l'historienne Michelle Perrot.

C'est l'église catholique qui a sacralisé la conjugalité et le lit pour lutter contre le paganisme et maitriser la société de reproduction. Le lit conjugal est latin et catholique, les lits côte à côte sont protestants et anglo-saxons. Au XVII siècle les confesseurs exhortent leurs pénitentes à s'astreindre au « devoir conjugal » ; faire chambre à part est désapprouvé par le clergé. Pour les protestants, dormir séparés dans deux lits côte à côte est un choix amoureux (chacun reste un individu dans l'amour) et un choix sociétal (restriction des naissances plus facile).

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J'aime la glace à la vanille partagée au bord d'un lac de Bavière, l'eau,l es montagnes, tout comme sur une carte postale, mais avec la vie en plus.

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J'aime vivre dans une société ou, malgré la ruine de l'économie existe encore une solidarité qui permet l'existence de la sécurité sociale et d'une médecine préventive. Grâce à un dépistage systématique proposé gratuitement par la sécu, j'ai découvert un problème de santé. Ce n'était pas grave mais a nécessité des soins très coûteux. Malgré ma bonne retraite, aurais-je pu être soigné aux USA, où chacun doit se construire, selon ses moyens sa propre assurance sociale ? Voir le mal que Obama a eu pour avancer, très peu, sur la création d'un système de santé solidaire. Idéologie ultralibérale : chacun pour soi. Je n'ai pas à me priver pour payer la santé des autres. J'ai dit que la solidarité existe encore chez nous. Pour combien de temps ?

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J'aime le film « Dans la maison », de Ozon, avec JL Trintignant. Qui est Pygmalion, qui est la créature ? Tel est créé qui croyait créer ? Observateur, voyeur ou parasite se nourrissant des autres ? Des chemins où à se perdre est courante monnaie .

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J'aime le site de Laurent Mucchielli « délinquance, justice et autres questions de société » http://www.laurent-mucchielli.org/

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J'aime le ciel étoilé observé lorsque je suis à 1680 m d'altitude. Superbe. En ville on ne peut le voir, du fait de la pollution lumineuse. A quoi sert-il de gaspiller de l'énergie pour éclairer le ciel et ternir les étoiles ? A rien, mais on a les moyens...

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Je souris, je m'interroge

Fait divers, abondamment repris à la radio : une voiture conduite par un chauffard grille un feu rouge et percute une voiture de police qui passait tranquillement au vert. La voiture de police est projetée et tue une prostituée.

Cherchez les deux erreurs.

En quoi le fait que cette dame soit une prostituée a-t-il le moindre rapport avec cet accident ? Elle était là, elle est morte. Et en quoi le fait que la voiture percutée soit une voiture de police apporte-t-il une information pertinente sur une banale affaire de feu rouge grillé ? Toute une idéologie de la suspicion. Elle était prostituée, donc pas à sa place. C'était une voiture de police et donc le chauffard a certainement grillé le feu rouge volontairement pour se payer des keufs. Sarkozy parti, idéologie Sarkozy pas morte.

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Musique d'avenir

http://www.youtube.com/embed/XlyCLbt3Thk?rel=0

Regardez, écoutez, c'est fascinant. (Avant de lancer la vidéo laissez le fichier se charger entièrement, sinon vous aurez une audition par petits bouts.)

L'instrument représenté ici n'est pas daté. Déjà à cette époque on construisait des robots pour remplacer les humains. Le collectif des musiciens indignés s'était révolté et avait détruit l'appareil. Ah non excusez-moi je confonds, ce sont les canuts lyonnais qui ont détruit les machines à tisser de Jacquard.

En fait je ne sais pas. C'est peut-être, probablement, une image vidéo totalement créée d'un objet qui n'a pas d'existence réelle. Si oui, c'est drôlement bien fait.

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En Bavière j'avais programmé mon GPS pour qu'il me donne les indications vocales en français Du coup il prononçait les noms des rues allemandes avec un accent français qui rendait presque incompréhensibles ses indications. Je suppose que c'est pour que les locuteurs francophones ne soient pas trop surpris par la prononciation allemande. Tout de même, quelle prouesse. Non seulement la machine peut parler dans un parfait français (et beaucoup d'autres langues) mais elle peut parler allemand avec l'accent français. Qui aurait imaginé cela lorsque sont arrivés en France les premiers ordinateurs TRS 80 à 4 ko de mémoire vive ?

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Je m'étonne, je m'inquiète

Un homme « bien connu des services de police » (??) est assassinée à Marseille d'une rafale de pistolet-mitrailleur. C'est un « règlement de comptes ». (???) Si la police est si bien au courant, pourquoi n'a-t-elle rien fait pour éviter ce drame ?

Avant cet assassinat, il y avait eu 20 meurtres analogues à Marseille. Le ministre de l'intérieur Manuel Valls déclare solennellement « C'est le meurtre de trop ». 20 ça va, 21 ça ne va plus. Hélas, gouverner c'est prévoir. Après cette phrase définitive, que pourra-t-il dire au 22ème ? Quand la borne est passée il n'y a plus de limite ?

Lorsque la police dit « bien connu des services de police » cela signifie que la personne est fichée dans le fichier « STIC », « fichier des infractions constatées », tenu par la police. En 2009 et 2012 la Commission nationale de l'informatique et des libertés a vivement critiqué le fonctionnement de ce fichier. Les suspects, les victimes y sont fichés, pour des raisons souvent laissées à l'arbitraire de la police. En 2009 la CNIL avait constaté que 83% des fiches comportaient des erreurs. En 2009 la CNIL comptait 6 millions de suspects dans le fichier. Peut-être vous ? A 83%, cela fait 5 millions de personnes fichées de façon inexacte ou à tort.

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L'État a conçu, en s'appuyant sur de nombreux travaux préliminaires, un projet de renforcement du parc naturel de la Vanoise. La totalité des communes concernées s'y sont opposées. On ne peut à la fois renforcer le parc et permettre le développement des remontées mécaniques pour le ski. Les communes ont choisi l'immédiat : on vit grâce au tourisme du ski, plus que grâce aux randonneurs. Vivra-t-on encore lorsqu'il n'y aura plus de neige, et qu'une grande partie des espèces d'animaux et de plantes auront disparu ?

En tout cas, une fois de plus, cela me laisse très réticent sur l'idée selon laquelle les décisions doivent être prises au plus près du terrain. Au plus près du terrain, et au plus près des intérêts corporatifs, au détriment de l'intérêt général.

Allez, reprenons en chœur le slogan de JM Bérard « Pour vivre, notre société doit se détruire elle-même ».

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Jeudi 27 9 2012 vers 19h une trentaine de “bons citoyens” marseillais ont expulsé trente cinq roms qui étaient installés illégalement sur un terrain depuis quatre jours. Il n’y a eu bien sûr aucune décision de justice ordonnant cette expulsion. S’il y avait eu une décision de justice, c’est la police qui aurait du faire le travail, pas les “bons citoyens”.

Selon toutes les informations concordantes et non démenties, la police est venue vers la moitié de l’opération, et a laissé faire, estimant qu’il n’y avait pas de violence !!!

Les bons citoyens sont revenus peu après et ont mis le feu au campement pour purifier le tout.

Il s’agit je crois d’un tournant, dont je ne crois pas qu’il y ait eu de précédent sous Sarkozy : non seulement des gens se regroupent pour faire justice eux mêmes, mais la police laisse faire.

J’ai regardé le journal de France 2 ce soir. Croyez vous que le nouveau préfet de Marseille, ou le ministre de l’intérieur, ou le président de la république soient intervenus pour condamner ces milices privées se faisant justice elles-mêmes ? Pas du tout !

Qui est intervenu pour condamner du bout des lèvres l’action des “bons citoyens” ? Le maire UMP de Marseille Jean-Claude Gaudin ...

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Fin du billet du 26 octobre