[alerte] N° 65 - JM Bérard - 9 juin 2011

Sommaire du Numéro 65

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* Lueur 1 : ni Dieu ni maître

* Lueur 2 : l'écolo tranquille

* Obscurité  : Guatemala

* Règle de trois

* Chronique de la droite populaire

* Science fiction ?

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* Lueur 1 : Ni Dieu ni maître

J'ai écouté de façon un peu distante l'entretien de Michel Polacco avec Michel Serres sur France Info le 5 mars 2011. (Entretien hebdomadaire). Je ne suis donc pas sûr d'en rendre compte avec rigueur.

Trame de ce que j'ai perçu de ce que dit Michel Serres :

Nos civilisations sont imprégnées de l'idée d'une religion qui dit le vrai, et dont le dogme s'impose. Notre système politique en est également imprégné : le roi était de droit divin, et, dans cette tradition, nous percevons les hommes politiques comme des hommes providentiels, qui pensent ce qu'il y a à faire, et disent le vrai de ce qu'il faut faire .

Le travail des média a depuis quelques temps contribué à désacraliser ces hommes providentiels. C'est ainsi, entre autres, que M. Serres perçoit le travail médiatique autour de l'affaire DSK : désacralisation de l'homme providentiel.

M. Serres voit une confirmation de cette analyse dans la montée des mouvements populaires qui ont une forte conscience politique, mais sans « chef » charismatique ni mot d'ordre dogmatique, de la Tunisie aux indignés de la place de la Puerta del Sol en Espagne.

Émergence d'une démocratie véritablement populaire, sans homme providentiel ni dogme intangible ? Une lueur.

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* Lueur 2 : l'écolo tranquille

Le Monde Magazine du 4 juin 2011 consacre un article à Pierre Rahbi, « l'écolo tranquille ». Essai de synthèse.

Pierre Rahbi est né il y a 73 ans en Algérie, au Sahara. Son père le confie à un couple de français pieds-noirs sans enfants, qui, en désaccord avec lui, le chassent de la maison à 18 ans. Converti au christianisme, il ne peut de ce fait retourner dan son village natal. C'est là toute son histoire : citoyen du monde faute d'être citoyen de quelque part . Il vient à Paris, travaille trois ans en usine, rencontre sa femme. Il se marie, s'installe en Ardèche, cultive un verger, un potager, des oliviers et, pour survivre avec ses cinq enfants, pratique divers métiers : menuisier, maçon, ramasseur de truffes, sculpteur. On avait décidé de rompre avec le paradigme de l'aliénation humaine obtenue par le progrès. Le silence, c'est important, la beauté du paysage c'est important, la nature,c 'est important.

Il voyage : Burkina-Faso, Maroc, Bénin, Mauritanie, Ukraine, où son expertise est demandée. Il monte pour les agriculteurs de ces pays des formations pour les aider à gérer leurs terres en adéquation avec leur environnement. Son dernier livre en date, Vers la sobriété heureuse, s'est déjà vendu à 25 000 exemplaires. (2010, Ed. Actes Sud, 140 p. 15 euros)

Autodidacte, Rahbi parle avec le journaliste venu faire le reportage de Marc Aurèle Sibélius, Francis Ford Coppola, et affirme : « Petit à petit, les outils qui étaient censés nous servir nous ont asservis. Je suis circonspect face à un perfectionnement permanent qui aboutit à confisquer notre liberté. »

La fille de Pierre Rahbi et son mari mènent à bien, en Ardèche, la réalisation du « premier village écologique français » : une vingtaine de logements où vivront aussi bien des couples avec enfants que des retraités. Habitat écologique, matériaux locaux, cultures destinées à assurer l'autosuffisance en matière de fruits et légumes, petit élevage, école Montessori. Le projet vise à incarner un nouveau mode de vie, conjuguant acquis de la modernité et objectifs de sobriété.

Bon d'accord, personnellement je n'aimerais pas vivre dans un tel endroit. Mais je crois que c'est de telles initiatives, à la campagne, en ville, dans un quartier, un territoire, que se construisent les prémisses de ce qui prendra le relais des impasses actuelles.

Pierre Rahbi anime l'association
«
Le Colibri, mouvement pour la terre et l'humanisme, coopérer pour agir. »

http://www.colibris-lemouvement.org/

Pourquoi le colibri ?

Un jour, dit la légende, il y eut un immense

incendie de forêt. Tous les animaux

terrifiés, atterrés, observaient impuissants

le désastre. Seul le petit colibri s’activait,

allant chercher quelques gouttes avec

son bec pour les jeter sur le feu. Après un

moment, le tatou, agacé par cette agitation

dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas

fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau

que tu vas éteindre le feu ! »

Et le colibri lui répondit :

« Je le sais, mais je fais ma part. »

Bon d'accord, ce n'est pas comme cela que l'on fera le grand soir. Et pourtant, je connais tout plein d'associations dans mon seul environnement familier, aux Lilas, à Féricy, à Murat, qui apportent leur goutte d'eau. Entendre aussi l'émission « Carnets de campagne » tous les jours à 12h45 sur France inter.

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* Obscurité  : Guatemala

Synthèse du début d'un article paru dans Le Monde magazine du 4 juin 2011.

(L'exact opposé de l'article ci-dessus, lueur 2).

Au nord est du Guatemala, en mars 2011, la police et l'armée ont chassé des terres où elle vivaient treize communautés indigènes mayas, quelque 300 familles. Le but : cultiver sur ces terres de la canne à sucre où des palmiers à huile à destination des USA et de l'Europe. Les familles chassées rejoignent les cohortes des sans-terre.

Dans ce pays, 8% des exploitants, descendants des colons européens, contrôlent 78% des terres arables. Le marché de l'huile de palme est détenu par cinq familles.

La culture des palmiers à huile chasse les cultures vivrières qui permettaient aux populations de se nourrir. « Maintenant, on n'a plus de bois de chauffe ni d'endroit où semer. Comme on ne peut pas traverser la propriété privée de la compagnie, on a des problèmes pour accéder à l'eau. Et quand bien même, on a peur de la boire à cause de tous les produits chimiques qui circulent dans leurs canaux. » « La journée de travail dans la palmeraie nous est payée six euros, La charge de travail ne cesse d'augmenter et si on n'y arrive pas ils amènent des travailleurs d'ailleurs. Ils nous tuent à petit feu, il n'y a plus rien à faire ».

La suite de l'article est à l'avenant.

Un encadré est titré : la convoitise menace les terres du Sud. On y explique comment de très grandes compagnies internationales achètent les terres arables d'Afrique et d'Amérique latine pour y cultiver des produits destinés à l'exportation (huile de palme, soja, biocarburants), privant ainsi les populations locales de cultures vivrières. Les pays victimes de ces opérations financières sont souvent obligés d'importer des denrées alimentaires, et sont parfois sujets à des problèmes de malnutrition.

Business as usual. J'allais dire que je n'arrive pas à comprendre comment les tenants de l'économie de marché (libre concurrence, sans régulation) pensent faire le bonheur de l'humanité. Mais c'est une question absurde. Les représentants de ces grandes compagnies prédatrices, que l'on a vus dans un documentaire à la télévision, ne prétendent en aucun cas travailler pour l'avenir de l'humanité. Leur sincérité est confondante de cynisme : notre objectif est d'assurer une bonne rentabilité à ceux qui nous ont fait confiance en nous demandant de gérer leurs capitaux. Tout simplement.

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* Règle de trois

Je ne rirai pas du ministre Chatel, mais je me préoccupe seulement du problème qu'il pose indirectement.

Dans une émission de télévision, on pose au ministre une question tirée des évaluations des élèves de CM2 : « dix objets identiques coûtent au total 22 euros, combien coûtent 15 de ces objets ? »

Le calcul se fait de tête. Bizarrement, le ministre répond : 16,50 euros. Je dis bizarrement, car je ne parviens pas à comprendre la source de son erreur. Le ministre s'en tire en disant «Forcément, avec une question comme cela, vous me piégez à tous les coups ! ». Ce n'est pourtant qu'une question de CM2.

Rappelons-nous qu'un autre ministre de l'éducation nationale (X. Darcos) avait, il y a quelques années, été piégé dans une émission de télévision par une question portant aussi sur la règle de trois.

Et d'ailleurs, vous-même, avez-vous trouvé de tête la bonne réponse ? Peut-être pas... « J'ai toujours été nul en math. », « Il me faudrait un papier pour poser l'opération. », etc. Une question de CM2 ! Pour être honnête, je ne sais pas s'il était demandé aux élèves de faire le calcul de tête ou s'ils devaient poser l'opération. Mais il me semble que des adultes savent faire ce calcul de tête.

Je dis cela en réponse aux offensives des destructeurs de l'école sur la baisse du niveau. « Au sortir du primaire, on ne sait plus ceci, on ne sait plus cela. »

Tous ces destructeurs de l'école ont-ils vraiment lu les évaluations de CM2 ? Qui peut prétendre qu'il saurait répondre à tout cela.

Voici les évaluations CM2 2010 :

http://media.education.gouv.fr/file/evaluations/94/7/Cahier-eleve_46947.pdf

Pouvez-vous, sincèrement, dire que vous trouvez tout cela facile ? Avez-vous vraiment répondu à tout sans erreur ?

Au sortir du primaire, les connaissances en orthographe ont incontestablement baissé. Mais les élèves apprennent beaucoup de choses que l'on n'apprenait pas autrefois.

Et puis rappelons-nous que le fameux certificat d'études (deux ans après l'actuel CM2) n'était réussi que par la moitié des élèves. On est nostalgique d'un système éducatif qui conduisait la moitié des élèves à l'échec !

Au vu des contenus des évaluations, je ne sais pas si le niveau baisse, mais je constate que l'on demande beaucoup aux élèves, ... et au ministre !

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* Chronique de la "Droite populaire"

Extrait de Paperblog le 2 juin 2011 :

Mardi en fin d'après-midi, Nicolas Sarkozy a lui-même reçu les membres du collectif Droite Populaire, ces 44 parlementaires qui revendiquent leur attachement aux « vraies » valeurs de la droite, les purs et durs de la droite décomplexée, la « garde de fer du sarkozysme » comme les décrit le député Lionnel Luca, qui déclarait l'été dernier qu'« on a le droit de penser que les Roms sont une 'sale race' ». On y trouve notamment Jean Auclair, député de la Creuse, qui expliquait récemment sur RTL que « s’appeler Martin ou Mohamed, c’est pas tout à fait pareil » ; «Moi je vois dans la Creuse des Français pur souche qui s'appellent Martin ou Dupont. ». Christian Vanneste, déjà condamné pour des propos homophobes a récemment défendu une alliance avec le Front National

(Les liens sont de la rédaction de Paperblog.)

Ce mardi 7 juin 2011, le député Ciotti, membre de la droite populaire, remet au président de la république un rapport sur l'indispensable durcissement de l'exécution des peines de prison ( !)

Avec en prime une suppression (ou une diminution des responsabilités) des juges d'application des peines, au profit du procureur de la république, qui dépend du ministre de la justice. Nouvel avatar de la méfiance forcenée de N. Sarkozy à l'égard des juges.

On sait pourtant que, dans les conditions actuelles d'exécution des peines, la prison a plutôt tendance à susciter la délinquance et la récidive qu'à les prévenir. Qui plus est, la prison sanctionne un crime ou un délit déjà commis, mais son rôle dissuasif est faible. Le durcissement des peines de prison donnera peut-être des gages à la droite populaire et aux personnes que l'on entretient dans la crainte, mais ne fera pas augmenter la sécurité. Ce n'est pas le but : le but n'est pas d'augmenter la sécurité, mais de gagner des électeurs.

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* Science fiction ?

Résumé d'un article paru dans Le Monde le 6 mai 2011.

Les usages du numérique se développent, mais nécessitent la possession d'un nombre croissant d'objets et le souvenir d'une quantité d'identifiants et de codes d'accès pour être reconnu. Carte Navigo, carte bancaire, paiement par téléphone portable, carte d'accès au parking, carte de fidélité au supermarché, identifiants pour accéder à mon site d'achat en ligne et à tous les sites auxquels j'ai accès... On s'y perd.

D'où l'idée de regrouper tous ces renseignement dans un même objet (une montre, une ceinture...) et surtout d'utiliser le fait que le corps humain est conducteur de l’électricité : les renseignement stockés dans la montre sont transmis à la main, qui peut alors les communiquer.

Il suffira alors de passer sa main sur la borne du métro, sur le terminal de paiement du commerçant, sur la souris de son ordinateur pour ne plus avoir à taper tous ces codes et identifiants. On se croirait dans un film de science fiction : on tend la main, et ça marche.

Cela a déjà été expérimenté je crois pour échanger les cartes de visite : vous serrez la main de la personne que vous rencontrez, et vos téléphones portables enregistrent (grâce à la conduction du corps humain) le nom, l'adresse, les coordonnées de la personne rencontrée.

On verra rapidement les inconvénients de ce système : une montre, une ceinture peuvent être perdus ou volés. On pensera alors à stocker tous ces renseignements dans une puce implantée sous la peau. Des expériences ont déjà été faites selon cette méthode.

Synthèse entre l'électronique et la biologie humaine. Le fantasme devient rapidement réalité.

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Fin de [alerte] N° 65