[alerte] Jean-Michel Bérard

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Un événement important en France : l'adoption définitive par le parlement de la loi pour la programmation de la performance de la sécurité intérieure (Loppsi 2), qui porte à un degré jamais atteint l'idéologie du « tous suspects, tous criminels potentiels, surveillons et punissons » à l’œuvre depuis que N. Sarkozy était ministre de l'intérieur. Je travaille en ce moment à la rédaction pour une revue d'un article sur cette question, et vous en donnerai les bonnes feuilles dans le prochain numéro.

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En Tunisie, en Égypte, en Libye, les peuples se révoltent contre les dictateurs, contre la misère, contre la corruption. Leur maturité, alors qu'ils ont vécu depuis des décennies dans l'oppression et la censure, surprend. Et prend totalement à contre pied la classe politique française, engluée dans ses compromissions affairistes, ses analyses datant du colonialisme et son obsession de l'islamisme. Heureusement, «l'occident » des droits de l'homme prend des décisions fermes. Le grand prix de course automobile de formule 1 qui devait avoir lieu à Bahrein est annulé.

Un grand voyage en voiture, la radio qui donne toutes les heures des informations répétitives. Ce jour là, en Libye, 300 personnes avaient déjà été abattues par la répression de Khadafi. Dans une petite ville de province, en France, deux adolescents ont eu les mains arrachées par un explosif qu'ils fabriquaient pour appliquer leurs connaissances en chimie. Laquelle des deux informations émeut le plus ?

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« Une dictature peut-elle protéger de l'islamisme?  Avec ce même raisonnement, toute maladie mortelle empêche de mourir, puisque tous ceux qui en ont une sont vivants. » Hervé Le Tellier, lemonde.fr 8 1 2011

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En France, après les États-Unis, le film True Grit rencontre un succès considérable. Réalisé par les immenses cinéastes que sont les frères Coen, il est inspiré d'un roman qui, aux USA, est très lu par les adolescents et étudié dans certaines écoles. Je ne partage pas l'enthousiasme général. Une jeune fille de 14 ans dont le père a été abattu par un bandit embauche un représentant de l'ordre bourru, alcoolique et sympathique (un « marshall ») pour rattraper le bandit et l'amener devant un juge. Comme on le savait depuis le début, le marshall bourru et sympathique a la gâchette facile, et, « malheureusement », tous les bandits sont abattus et pas conduits devant un juge. La jeune fille abat elle-même l'assassin de son père. Justice est faite. Elle aura bien sûr à expier, en perdant accidentellement un bras dans l'aventure...

Je ne comprends pas l'enthousiasme suscité par ce film en France. Bien sûr les frères Coen sont des icônes intouchables. Mais tout de même... Quelle apologie des milices privées et de la vengeance individuelle. La jeune fille embauche à ses frais un représentant de l'ordre (constituant ainsi une milice privée) et finit par abattre elle-même l'assassin de son père... Son visage angélique et sa détermination excusent tout... Alors que les milices privées fleurissent aux États-Unis (où tous les citoyens ont un droit sans limite d'être armés), et que la loi Loppsi 2 vient d'autoriser la création de milices dans lesquelles tout un chacun pourra s'engager, je reste vraiment très réservé devant l'idéologie sous-jacente à ce film.

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Parmi l'ensemble des merveilles adoptées par le parlement dans la loi Loppsi 2 figure le fait qu'il sera désormais beaucoup plus facile et plus rapide de récupérer les points du permis de conduire que l'on aura perdus après de multiples infractions. C'est bien connu, le délinquant récidiviste, ce n'est jamais moi, c'est l'autre, celui que je peux ériger en bouc émissaire : le pédophile, le terroriste, l'immigré, le gitan, le « jeune » de banlieue... L'homme respectable qui fraude le fisc n'est pas un délinquant récidiviste. Le conducteur qui a perdu tous ses points (cela ne se fait pas en une fois...), qui a blessé ou tué, n'est pas un délinquant récidiviste. Le conducteur ivre ou en excès de vitesse, c'est vous, c'est moi, c'est le père de famille qui part en week-end ou le représentant de commerce qui roule « pour son travail ». (Excuse absolutoire). Pas questions pour ces braves gens de peines plancher. On ne sait pas. Ce sont peut-être des électeurs ? Nicolas Sarkozy avait la louable intention de faire descendre en dessous de 3000 par an en 2012 le nombre de morts sur la route. Une politique ferme de radars, de sanctions, de suppression de points de permis commençait à porter ses fruits. Il faudra surveiller de près la probable inversion de la courbe après ces mesures démagogiques. Il parait qu'une forte proportion de sondés (75% ?) sont contre un durcissement de la répression. Cela concerne la répression contre la violence routière, bien sûr. Pour les autres formes de violence, il faut augmenter la répression.

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Envoyé par l'une de vous : Vrai Sang, dernier spectacle de Novarina

« Voici ces quelques échantillons... chacune des formules est prononcée à un temps distinct des autres. Le groupement plus ou moins thématique est de moi. »

Retournons dans le monde où Adam vient d'entrer par erreur.

Dieu nous a fait à son image, et depuis nous nous taisons comme lui.

Monde, immonde est ta logique.

Nous subsistons sans queue ni tête.

Homme ! dépose ton bilan !

L'homme a le droit de se donner des droits de l'homme, et d'en changer à tout instant.

Le berger dans la louverie. Cirque humain.

Mlle Julie vient d'achever son prochain roman La Vie est un stage.

Assez de paroles, des mots !

Le futur en héritage, le présent en location.

L'âge légal de la mort vient d'être reculé de trois ans.

Une Rolex sera remise à la sortie à tous les acteurs sociaux.

Je nie être une personne en face de vous. Quant à vous, vous êtes néant en face de lui !

Ma mère n'a pas eu d'enfant.

Mères de tous les pays, unissez-vous pour ne pas nous faire !

J'ai toujours été incapable de ressentir ce que j'éprouve. Mes idées sont profondément hors de ma tête.

Je suis un trou dans l'espace qui se déplace en marchant.

Toute chose est vide de soi. J'entends dedans le vide du monde.

Il y a un -r- de trop dans le mot mort.

Et l'homme ravale ses propres paroles,maintenant réduites en chiffres.

Fin de [Alerte] N° 58