[alerte] Jean-Michel Bérard

Contenu valide, mise en forme provisoire

[ALERTE] n° 55 JM Bérard

16 décembre 2010

jean-michel.berard@orange.fr

Juste pour rire : J'ai beaucoup aimé l'article de Sandrine Blanchard, dans un numéro du journal « Le Monde », décembre 2010, dont j'ai oublié de relever la date exacte. S. Blanchard signale que sur facebook se créent de nombreuses communautés d'amis fort sympathiques :

Ceux qui se retrouvent autour d'une souffrance commune due au fait qu'il manque un jour entre le samedi et le dimanche. Ceux qui protestent contre une pub de la banque Crédit Mutuel qui ose dire que le Père Noël n'existe pas. (Le Crédit Mutuel s'est senti obligé de préciser que ce n'était pas vraiment cela que voulait dire sa pub !) Ceux qui sont contre l'ouverture à Paris d'une boutique du club de foot «Olympique de Marseille ». Ceux qui se réunissent pour qu'on ne touche pas à leur Nutella. Ceux qui s'étonnent qu'on leur reproche d'être encore devant l'ordi, et se justifient en faisant remarquer que derrière on voit moins bien. Ceux qui souhaitent jeter du sable sur les gens en leur disant « Bonne nuit les petits ». Ceux qui veulent que Tom bouffe enfin Jerry et pour que Grominet bouffe enfin Titi. Ceux qui militent pour que le saucisson soit reconnu comme un légume, et que l'on en mange la peau car c'est là qu'il y a le plus de vitamines. Ceux qui veulent que Olivier de Carglas sorte avec Cerise de Groupama. (J'ai essayé de sortir avec Cerise, impossible. Je souhaite plus de chance à olivier).

Après tout, il y a bien des personnes qui, pour faire progresser la sécurité routière, veulent assouplir le permis à points, ou qui, pour faire progresser le socialisme, se regroupent pour voter DSK.

Neige en décembre : il neige. Météo-France l'a annoncée deux jours à l'avance. Pagaille généralisée. Un automobiliste qui a du dormir dans sa voiture proteste : « Cela fait deux jours qu' « ils » le savaient, « ils » auraient pu faire quelques chose ». Il ne lui vient pas à l'idée que l'alerte orange était aussi destinée à lui conseiller de ne pas prendre sa voiture.

2 Alerte, quel avenir pour Marine Le Pen ?

Mon correcteur d'orthographe n'aime pas «Pen ». Je tape «Ignorer tout ». Hélas, ce n'est que virtuel.

Pour présider le Front National, Marine Le Pen est en concurrence avec Bruno Gollnish, autour duquel se regroupent tous les partisans d'un FN encore beaucoup plus marqué à l'extrême droite. Histoire de montrer qu'elle en a, Marine Le Pen se lance dans une thèse comparant les musulmans en France aujourd'hui aux troupes d'occupation nazies pendant la guerre.

Son « coup » réussit magnifiquement : 54% des partisans de l'UMP, et 39% des sondés approuvent. La cote de popularité de Mme Le Pen progressait de 5% avant ces propos. Sans doute progresse-t-elle maintenant encore davantage.

La classe politique est gênée.

Le parti socialiste explique qu'il y a un vrai problème de manque de mosquées en France, et que c'est pour cela que les musulmans prient sur le trottoir. Je ne sais pas. N'y a-t-il pas aussi des intégristes islamistes qui tiennent à provoquer ?

Quant à la droite autrefois dite républicaine, son seul souci est d'être réélue en 2012. JF Copé, président du groupe UMP à l'assemblée nationale, emboite donc le pas à Mme Le Pen en déclarant qu'il faut relancer le débat sur l'identité nationale. Folie incompréhensible. Toutes les prises de position de N. Sarkozy pour les expulsions, contre les Roms, pour le durcissement des lois sécuritaires n'ont pas fait remonter la cote au plus bas de notre président, mais banalisent les propos du FN qui monte dans les sondages.Plusieurs députés UMP ont déjà annoncé que, pour les élections législatives, ils feraient accord avec le candidat FN. S'il y avait un deuxième tour pour la présidentielle entre un candidat socialiste et le FN, la droite autrefois dite républicaine appellerait-elle a faire barrage au FN ?

Des amis historiens me disent que nous ne sommes pas dans la situation de l'Allemagne en 1933, dans la période de la prise du pouvoir de Hitler. Nous étions alors dans un système économique national, alors que l'économie s'est maintenant mondialisée. Et pourtant... Un peu partout en Europe l'extrême droite monte, et pèse sur les politiques des gouvernement.

Un peu d'espoir. Un sondage dont je n'ai pas relevé les références a évalué l'état d'esprit des français. On constate que si la popularité du FN augmente, ses idées ne se répandent pas vraiment : le racisme exprimé ne monte pas, la xénophobie non plus. C'est une bonne nouvelle, même si j'ai du mal à l'interpréter. Sans doute la classe politique et les média accordent-ils aux thèses racistes et xénophobes une importance plus grande que leur portée réelle ? Espérons-le;

3 Alerte, quel avenir pour la sécu

Une grande partie de la société de solidarité dans laquelle nous avions coutume de vivre repose sur les acquis de la résistance, et le programme du Conseil National de la Résistance. Ces acquis, depuis la chute du mur, sont systématiquement et méthodiquement détruits par les gouvernements de droite. C'est ainsi que Stéphane Hessel et d'autres compagnons de la libération ont créé un mouvement « Citoyens résistants », dont le but est de résister aux destructions méthodiques des acquis et d'actualiser pour le XXIème siècle le programme du CNR;

A quoi bon, me disent certains amis pourtant très proches : le programme du CNR a fait son temps, il faut savoir progresser. Sil les évolutions en couvisent à favoriser la libre concurrence sans limite, l'individualisme et l'avènement d'une société sans aucune solidarité, je ne suis pas sûr qu'il s'agisse d'un progrès.

Après le démantèlement du droit du travail, l'affaiblissement de l'école républicaine, voici venir la destruction de la sécurité sociale au profit d'intérêts privés.

Laurent Mauduit publie sur le site en ligne Médiapart, le 29 novembre 2010, un article intitulé « Le plan secret du Medef pour dynamiser la sécu ».

http://www.mediapart.fr/journal/france/281110/vers-une-privatisation-de-la-securite-sociale

Laurent Mauduit rend compte d'un rapport du Groupe Santé du Medef, adopté le 22 novembre 2010.

Pour faire court, la thèse développée dans ce rapport est la suivante : le système de solidarité (chacun paie pour tous, avec une solidarité entre les personnes, et entre les générations) a fait son temps. Il faut réserver ce système aux risques très lourds et aux maladies très graves (non rentables ?) et faire en sorte que, pour tous les autres risques, un système d'assurance privée souscrite par chacun se généralise.

Quelques extrait (Mediapart étant un site payant, je ne suis pas sûr que vous ayez accès à l'article).

« En réalité, c'est une implosion du vieux modèle social français, auquel la Sécurité sociale est adossée, que préconise le patronat français. Ce texte retient l'attention à un double titre : parce qu'il recommande une cascade de réformes sulfureuses ; parce qu'il a la franchise de dire haut et fort ce que le gouvernement met souvent en pratique mais sans oser le claironner sur les toits.

L'assurance maladie a toujours constitué une sorte d'obsession pour le patronat. Trop coûteuse ! Assise sur des logiques trop collectives, trop solidaires et pas assez sur des logiques relevant du privé et de l'assurance !.. Cela fait des lustres que le patronat préconise des réformes profondes.

Le projet de note s'articule en effet autour d'une seule et unique question : « “L'État providence” tel que nous le connaissons depuis 1945 est-il encore soutenable dans les années à venir ? » Et la réponse, on la devine : c'est non !

En quelque sorte, on abandonne à la Sécurité sociale les risques les plus coûteux et sans doute non solvables, et on bascule sur les complémentaires tous les autres. Vieux principe libéral: on socialise les pertes et on privatise les profits.

C'est donc une santé à deux vitesses que préconise le patronat, avec une assurance maladie qui ne s'occuperait plus que des risques lourds. Et tous les autres risques seraient ouverts aux seuls assurés qui ont les moyens de prendre une couverture privée, ce qui permettrait au passage de faire entrer plus avant le privé, dans une logique de profit, dans le système.

En clair, ne disposeront d'une couverture sociale large que ceux qui auront les moyens de se l'offrir, par eux-mêmes ou par le truchement de leur entreprise. Et tous les autres profiteront d'une couverture sociale réduite, notamment pour les risques les moins importants.

On aurait tort de croire qu'il ne s'agit que des divagations d'un syndicat patronal dont la parole n'engage que lui-même. Si ce rapport retient l'attention, c'est que, d'une certaine manière, il théorise ce que le gouvernement met en œuvre, mais sans vraiment oser le dire publiquement. Si l'on observe en effet ce que révèlent les évolutions statistiques contenues dans le dernier rapport des comptes de la santé pour 2009, que l'on peut consulter ci-dessous, le constat ne fait guère de doute : depuis 2004, la part des dépenses de santé prise en charge par les organismes complémentaires a fortement progressé, et les dépenses de santé à la charge des ménages, c'est-à-dire non couvertes par le régime de base ou les organismes complémentaires a, elle aussi, fortement progressé »

Fin des extraits

On peut à juste titre craindre que le projet que N. Sarkozy se donne pour la fin de son quinquennat (se préoccuper du sort des personnes âgées dépendantes) ne soit un magnifique tremplin pour « faire passer » toutes ces réformes destructrices de la sécu.

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Fin de [Alerte] N° 55