[alerte] N° 33 - JM Bérard - 9 février 2009 - [alerte] Jean-Michel Bérard

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Pour les lecteurs qui reçoivent la lettre par liste de diffusion :
Vous faites partie d'une liste limitée de destinataires. Vous pouvez sans problème demander à être rayé de la liste.

Diffusion libre et bienvenue. Réactions et contributions très bienvenues. JM Bérard

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Les lettres en ligne :

Une nouvelle : grâce au travail de Chris Boissin, vous pouvez désormais retrouver en ligne les lettres alerte, depuis le début de leur parution, sur
http://alerte.entre-soi.info/

Le moteur de recherche de ce blog est un peu surprenant, une page vous en précise le mode d'usage.
L'urgence était la mise en ligne des lettres déjà parues, et la forme est donc plus celle de mise en ligne de textes déjà parus que celle d'un blog totalement fonctionnel.
Cela évoluera.
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1 Lueurs

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2 Au fil des jours, des lectures et des navigations

Les petits bonheurs du jour

Sécurité de l'emploi

(Radio Notre Dame, 28 janvier 2009) : "En Espagne, le nombre de candidatures pour s'engager dans l'armée est en nette augmentation, car les jeunes sont attirés par la sécurité." Ah oui, la sécurité ? Bon... Il est vrai que de nos jours, dans les opérations militaires, il y a très peu de morts dans les armées des pays riches dotés de technologies modernes, et beaucoup dans les populations des pays pauvres qui reçoivent ces technologies sur la tête sans avoir rien demandé. Il vaut donc mieux être soldat espagnol que civil en ... (rubrique à remplir selon vos opinions). L'égalité est rétablie dans les guerres civiles entre habitants des pays pauvres, où les gens se tuent entre eux à armes égales, aidés en sous-main par les pays riches. Les bénéfices de l'industrie d'armement et les manœuvres géopolitiques au Nord, les morts au Sud. Fluctuat nec mergitur.

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Efficacité de la police et de la presse

(France info) Une jeune fille de 14 ans a tué sa mère à coups de couteau. Je ne mets pas de x, car je suppose qu'il n'y avait qu'un couteau. Selon France Info, la police déclare, après enquête, "C'est un drame familial". On aurait été effectivement surpris qu'ils disent "Cela s'est passé en famille, mais ce n'est pas un drame", ou alors "C'est sa fille, mais cela n'a rien de familial". Dormez, bonnes gens, la police veille et la presse vous informe utilement. Parlez pour ne rien dire, il en restera toujours quelque chose.

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Religion et laïcité

Le pape Benoit XVI a levé l'excommunication d'évêques intégristes violemment hostiles au concile Vatican II et opposés à toute "ouverture de l'église à la modernité". Bon, il est pape, c'est sa décision. Aux chrétiens membres de l'église catholique romaine d'en juger. A titre personnel, je désapprouve fortement ces décisions, par le sens que je crois pouvoir leur donner sur un certain antisémitisme de l'église catholique romaine depuis Saint Paul.

Mais pourquoi, tour à tour, la ministre de je ne sais plus quoi, Christine Boutin, vient-elle à la radio dire que le pape a pris une bonne décision, puis Luc Chatel, porte parole du gouvernement, vient-il dire que le pape a pris une mauvaise décision ? On se demande bien en quoi des ministres de la République en tant que tels ont à s'exprimer à ce sujet. Je précise : ils ne parlaient pas du fait que l'évêque réhabilité nie l'existence des chambres à gaz, tout le monde s'accorde à le condamner. Ils parlaient du fond des décisions du pape concernant les intégristes. Et là, que l'on soit d'accord ou non, je ne vois pas en quoi cela concerne des ministres dans leur fonction.

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Diminution massive des subventions de l'état aux associations de planning familial

Même en cherchant bien je ne comprends pas le sens de cette mesure inquiétante, qui va priver d'informations et de conseils posés et fiables tout un ensemble de jeunes, de moins jeunes, de couples, souvent en difficulté sociale et toujours en difficulté affective. Faut-il y voir l'influence des ministres très chrétiens, et se présentant comme tels, qui siègent au gouvernement ? Est-ce l'application de la théorie des racines chrétiennes de l'Europe ? Radio courtoisie, radio des droites extrêmes, voit plus clair : on supprime enfin cet organisme qui permettait aux femmes musulmanes d'avoir des tas d'enfants et d'envahir la France. (authentique). Aux USA, pendant ce temps là, Obama rétablit les subventions analogues, que Bush avait supprimées. Sarkozy égale Bush ?

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Exercices de style

Le grand hall de la gare de Lyon Part-Dieu, un samedi matin. Tout est calme et serein. Les voyageurs tranquilles sont assis sur les rangées de sièges. Un policier souriant, une policière blonde et charmante se promènent. Ils sont suivis par leurs deux gardiens, bizarrement vêtus d'un treillis militaire, et munis d'armes de guerre. On comprend que dans cette matinée tranquille les deux gardiens sont là pour empêcher les deux policiers de s'échapper, d'aller boire un café ou se promener au Parc de la Tête d'or. Le petit groupe s'approche tranquillement de deux voyageurs assis tranquillement (enfin, bon, j'exagère : ils ont tout de même l'air un peu arabes, soyons justes). Les deux voyageurs, pas surpris, tendent tranquillement leurs cartes d'identité (françaises) puis, interpellés, suivent tranquillement les deux policiers on ne sait où. Quelques voyageurs ronchonnent contre cette société d'arbitraire. J'ai revu les deux policiers et leurs gardiens armés un peu plus tard sur l'esplanade de la gare.
D'accord, Raymond Queneau avait fait beaucoup mieux dans Exercices de style, et cela se passait Gare Saint Lazare. Mais l'époque a changé, et je ne suis pas Raymond Queneau. Cela dit; si cela vous inspire, vos variations seront les bienvenues dans le prochain bulletin.

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3 Alerte : l'être humain selon N. Sarkozy : désespérance et exclusion

Pour que nous puissions vivre ensemble, pour que la société puisse exister au delà de la jungle, des lois sont nécessaires, des formes d'organisation (prévention, répression) sont nécessaires pour faire respecter ces lois. Ainsi, je ne peux, personnellement, être hostile à tout fichier nominatif.
Cela étant, la limite au delà de laquelle les libertés publiques et individuelles, le droit à la vie privées sont minorées au profit d'une idéologie sécuritaire de crainte, de peur et d'exclusion sont sans cesse à travailler et à réfléchir.
Télérama (N° 3080, 24 janvier 2009) titre : "Trop de sécurité nuit gravement à la liberté." Le journal Le Monde, 5 février 2009, publie un dossier "Libertés publiques, état des lieux". Le philosophe Marc Cépon s'interroge : " La question qui devrait hanter toute démocratie pourrait être la suivante : comment être sûr que les mesures de sécurité qui sont prises pour répondre aux présupposées peurs des citoyens ne portent pas en elles une insécurité encore plus grave que celle qu'elle prétendent combattre ? " Robert Badinter déclare : "On passe d'une justice de responsabilité à une justice de "sûreté". C'est une dérive inquiétante."

Mon propos n'est pas ici de reprendre ces analyses, que vous connaissez pour la plupart, mais de lancer un cri d'inquiétude (Hahh !) sur la conception de l'Homme qui me semble se dégager de certaines de ces mesures.

Je cite en bloc des mesures déjà prises, d'autres qui ont été envisagées puis provisoirement retirées, d'autres qui sont à l'étude :

Dépistage dès trois ans, par une batterie de tests et de données (origine sociale...) des enfants susceptibles de poser des problèmes ultérieurement (les futurs délinquants !). Mesure retirée (pour l'instant ?) à la suite d'une vaste campagne de protestation.

Mise en place effective des peines plancher, qui font que le juge est contraint de juger non plus une personne et son parcours individuel, comme c'est la tradition en droit français, mais une catégorie prédéterminée "d'individus".

Mise en place, ahurissante en droit français, de la rétention de sûreté, qui permet de garder en prison sans jugement des personnes, non pas pour ce qu'elles ont fait, mais pour ce qu'elles pourraient faire.

Évolution de la conception de la psychiatrie, niant en fait l'existence de la maladie mentale et donnant aux hôpitaux psychiatriques un statut proche de celui de la prison. Pierre Faraggi, président du syndicat des psychiatres des hôpitaux, estime que "en réduisant le malade mental à sa supposée dangerosité et en demandant la multiplication des mesures coercitives à son encontre, N. Sarkozy renvoie la psychiatrie un siècle en arrière, à la loi de 30 juin 1838. " Ce qui prouve qu'on peut être un médecin très compétent et ne pas voir passer le temps, 171 ans égalent un siècle. L'inquiétude de tous les milieux spécialisés est grande dans l'attente des projets de loi concernant l'hôpital psychiatrique, l'internement d'office et la sortie de l'hôpital.

Extension massive du fichage génétique, initialement mis en place pour les seuls délinquants sexuels, avec des pratiques étonnantes : selon une amie auxiliaire de justice, tout à fait fiable, face à un jeune de douze ans ayant volé des objets dans un magasin, la police affirme d'un ton léger : "Tu es d'accord pour un prélèvement de salive. " Imagine-t-on ce jeune, en garde à vue (à douze ans, en garde à vue), dire "non" ?
A-t-on le droit de lui demander cela sans l'autorisation de ses parents ?

Extension massive des fichages nominatifs, souvent abusifs et peu sécurisés. Quarante cinq fichiers nationaux de police, justice et autres. recensés par la ligue des droits de l'homme en janvier 2009.

Fonctionnement de prisons et de centres de rétention indignes, qui ont à plusieurs reprise suscité des critiques, non seulement d'associations de défense des droit de l'homme, mais de diverses instances européennes : la prison comme lieu d'exclusion, comme, hélas "dépotoir", sans aucune visée de socialisation, ni de traitement pour les malades psychiatriques. L'enfermement dans un lieu sordide, aucune prise en compte de perspectives de réinsertion.

Pour couronner le tout, rappelons l'affirmation du candidat Sarkozy disant que l'homosexualité est génétique. (On ne peut échapper à son destin !)

Alors que, pour le croyant, l'espérance est dans la grâce de Dieu, alors que pour le tenant du siècle des lumières l'espérance est dans l'éducation, l'Homme selon Sarkozy est un être de désespérance. Il est condamné par ses gênes, son QI, son milieu social, et les actes qu'il a commis. Chacun est un coupable en puissance, qu'il faut pister, ficher, pour le trouver facilement le jour où il fera quelque chose. Nulle grâce, nulle rédemption : mauvais, il restera mauvais. Nul besoin de prévention sociale, nul besoin d'un système éducatif s'adressant à tous pour réduire les inégalités, nul besoin de soins et d'éducation en prison, nul besoin d'une visée de réinsertion. Ceux qui ont mal agi, il faut les écarter, les exclure, les laisser pourrir dans des prisons scandaleuses, les enfermer (plus que les soigner) dans des hôpitaux psychiatriques à barreaux, les retenir sans jugement dans des centres de rétention, les renvoyer ailleurs, même s'ils n'ont pas d'ailleurs. Ainsi la société sera saine, enfin. Les hommes sains dans cette société purifiée se sentiront peut-être bien seuls. Ils ne se sentiront pas encore en sécurité, car il restera tout de même quelques personnes hors des prisons. Il faudra y mettre bon ordre. Sans espoir encore : une fois que l'on a enfermé tous les autres, on reste seul avec soi-même, et c'est peut-être bien le problème : la peur de soi, la peur de l'autre. L'œil était dans la tombe.

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4 Citations et réactions de vous tous

Vous m'envoyez des messages que je lis tous avec grand soin, même si je n'en rends pas toujours compte dans la lettre.

L'une de vous me signale le parti pris de mes propos : rien de ce que fait N. Sarkozy ne peut être bon, selon moi. Première remarque, ce n'est pas du parti pris, c'est vrai. Deuxième remarque : cela facilite la "pensée". Par hypothèse, ce qu'il fait est mauvais, et après on regarde. Mais c'est un peu ce que je lui reproche dans sa façon de "penser", alors pourquoi l'imiter ?

Quoiqu'il en soit, tout comme l'économiste Bernard Maris, ironiquement, ce matin sur France inter, je suis enchanté des propos du président le 5 février. Ce qu'il a dit revient à mettre en cause de façon assez profonde le système ultralibéral auquel il croyait tant, et même certains aspects du système capitaliste. Je me réjouis en particulier du fait qu'il veuille modifier la répartition du profit entre le capital et le travail. Beaucoup d'économistes pensent que l'excès de la rémunération du capital au détriment du travail est sans doute l'une des causes de la crise actuelle : salaires trop bas, nécessité de s'endetter pour pouvoir consommer, crise des subprimes, on connait l'enchainement. Cela dit, pour l'instant, les propos du président ne sont que des mots, parfois pertinents, certes, mais des mots.

Vous me communiquez de nombreuses adresses de sites. Je consulte les sites que vous me signalez, mais n'en rends pas toujours compte non plus. Si vous me les signalez, c'est que vous en prenez la responsabilité. Mais il est vrai que pour être une fois ou deux tombé dans le panneau (de mon propre fait, pas du vôtre) en conseillant un site dont les recoins recelaient des propos que je n'approuvais pas, racistes en particulier, j'hésite un peu. C'est un problème sur internet : lorsqu'on signale un site, assume-t-on la totalité du contenu ?

J'avais aussi parlé du site fortement raciste "François Desouche", histoire de montrer comment pense cette frange de la droite extrême. L'une de vous m'a signalé que c'était déjà donner de l'écho à ces propos, j'ai cessé d'en parler.

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5 Les liens entre nous

Une réflexion sur le service public menée par le syndicat Unsa Education

Signalé par l'un de vous
http://www.dailymotion.com/video/k34iuWtw24mezAVxH4

Israël et Palestine

Je ne sais trop comment dire, car il est outrecuidant de ma part de dire que j'ai une estime absolument considérable pour J. Fournier. Qui suis-je pour dire cela ? Et pourtant...

J. Fournier se présente sur http://jacquesfournier.blog.lemonde.fr/a-propos/

Son blog est dense et riche. Il se trouve que en ce moment il traite surtout du problème israëlo-palestinien. J'ai toujours reculé devant le fait d'aborder cette question dans cette lettre. D'une part cela demande un sens historique et une finesse d'analyse que je n'ai pas nécessairement sur ce sujet. D'autre part, la question est devenue si passionnelle qu'il est tout à fait difficile d'en parler sans que le débat ne dérive aussitôt vers des procès d'intention parfois violents "vous êtes ceci, vous êtes cela".

Tout cela pour dire que les articles de J. Fournier sur la question sont sans doute ce qui se rapproche le plus de mes perceptions intuitives de la question, et qu'ils alimentent ma réflexion de façon irremplaçable. Je vous donne donc l'adresse où il réfléchit à ces problèmes :
http://jacquesfournier.blog.lemonde.fr/
Dernier article en date : 30 janvier 2009.

Les cyberacteurs

Initiative à mon avis utile dans la masse des préoccupations et pétitions diverses.

Le site http://www.cyberacteurs.org/ offre un outil à ceux qui souhaitent lancer une action, une pétition, une alerte. Le lecteur exerce ensuite son esprit critique, en analysant ce qui lui est proposé, en signant ou non la pétition, en écrivant ou non aux décideurs. Le site donne aussi des aides techniques pour effectuer toutes ces actions : coordonnées professionnelles pour écrire aux élus, sites sur lesquels signer les pétitions, modèles de lettres.

Quelques extraits de la présentation du site par lui-même, janvier 2009 : "Le pari de croire qu'il existe en France et dans le monde des milliers de citoyens qui souhaitent exercer activement leur citoyenneté et promouvoir une autre approche de la démocratie, de l'économie et de la solidarité entre les peuples et les êtres humains. Devenir cyberacteur ne signifie pas adhérer à une association de plus. C'est adhérer à un réseau efficace qui se mobilise rapidement sur des problèmes importants en partenariat avec de nombreuses associations.

.Une démarche : faire pression sur les décideurs politiques et économiques pour peser dans le sens du développement durable, de la paix, des droits de l'être humain et de la solidarité internationale Une méthode : donner un prolongement électronique à des campagnes menées par ailleurs par des réseaux"
Fin des extraits voir suite sur le site.

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Fin de la lettre alerte N° 33

[alerte] Jean-Michel Bérard