[alerte] N° 34 - JM Bérard - 27 février 2009

Sommaire du numéro 34

  1. Bienvenue
  2. Lueurs
  3. Au fil des jours, des lectures et des navigations
  4. Alerte
  5. Citations et réactions de vous tous
  6. Les liens entre nous


1 Bienvenue

[alerte] est également envoyée en copie cachée par courrier électronique.
Si vous souhaitez figurer sur la liste de diffusion, merci de m'écrire à
jean-michel.berard (chez) orange.fr Remplacer (chez) par @


Réactions bienvenues. Diffusion libre en citant la source et la date.
La sélection, la rédaction des synthèses et les commentaires
n'engagent strictement que moi.
Vos réactions, en particulier en cas d'inexactitude dans mes propos,
sont appréciées.
retour au sommaire

2 Lueurs

Carnets de campagne

Vous pouvez écouter sur France Inter, à 12h30, l'émission "Carnets de Campagne" (Philippe Bertrand) qui présente de nombreuses initiatives locales. Description faite sur le site de l'émission : "Pour la troisième saison "Carnets de campagne poursuit son voyage au coeur des régions et des départements à la rencontre d'une autre France à visages multiples"
retour au sommaire

Allo la planète

Vous pouvez écouter sur France Inter, à 23h15, l'émission "Allo la planète" (Eric Lange) qui se présente comme "la première discussion planétaire, la seule émission mondiale de proximité, un réseau d'entraide international à travers lequel ceux qui vivent le monde le racontent."
retour au sommaire

La tête au carré : science et politique :

Le président a rappelé l'importance de la recherche scientifique fondamentale. (Mais non, pas Sarkozy, Obama bien sûr). Voir le très impressionnant montage juxtaposant des entretiens avec Obama d'une part et avec Sarkozy d'autre part sur la recherche scientifique. On est fier d'être américain, vraiment.
la recherche scientifique vidéo Sarkozy Obama
Vous pouvez écouter sur France inter à 14h l'émission "La tête au carré" (Mathieu Vidard) : un régal de vulgarisation scientifique rigoureuse et accessible.

Les sites des émissions permettent de télécharger, de réécouter pendant trente jours, que sais-je encore. Utile pour ceux qui ne sont pas disponibles au moment de l'émission en direct.
http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/carnetsdecampagne/
http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/allolaplanete/
http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/lateteaucarre/

retour au sommaire

Cyberacteurs

Permet de recevoir les alertes concernant des initiatives, des actions, des pétitions en cours, charge ensuite au lecteur de se faire une opinion sur ce qui est proposé.
http://www.cyberacteurs.org/

retour au sommaire

Micro crédit

Le site http://www.kiva.org/ permet de prêter, par exemple 25$, pour la réalisation de projets précis et réalistes étudiés par des ONG sur place. Exemple : projet d'une femme colombienne d'acheter une machine à coudre pour ouvrir un atelier de couture. Le rassemblement de plusieurs prêteurs permet de collecter la somme nécessaire. Le remboursement intervient de façon très sûre, et dans un délai en général court, ce qui permet de prêter à d'autres projets.
retour au sommaire


3 Au fil des jours, des lectures et des navigations


Pour survivre, le capitalisme ultra-libéral est obligé de se détruire lui-même

et de détruire ses enfants, la planète, e tutti quanti.

Oui, je sais, je l'ai déjà écrit souvent dans cette lettre. Ce titre est une vague parodie de la théorie de la baisse tendancielle du taux de profit de Marx. Dire toujours la même chose, est-ce se répéter ? Peut-être pas, c'est la situation qui perdure et qui bégaie.

Alors que les évènements récents (crise financière, crise économique) montrent, à mon avis à l'évidence, que le capitalisme ultra-libéral est à bout de souffle, les dirigeant mondiaux installent des aides, des soutiens, des plans de relance, des rustines, qui ne sont que des artifices destinés à prolonger quelques temps l'agonie. Cela sera toujours ça de pris. On refuse au capitalisme ultralibéral le droit de mourir dans la dignité, faute de pouvoir mettre en place autre chose, tant le système est bloqué par ses contradictions.

Michel Vinaver, l'un des auteurs de théâtre français les plus joués et dont l'oeuvre est immense, entre au répertoire de la Comédie Française avec sa pièce "L'ordinaire". Il s'inspire d'un fait divers : en 1972 un avion s'était écrasé dans la cordillère des Andes, et, pour survivre, ceux qui vivaient encore avaient mangé ceux qui mouraient. Dans sa pièce, les passagers sont les membres de l'état major d'une grande société multinationale partis à la conquête du monde. Pour survivre, le capitalisme libéral doit se nourrir de lui-même.

Quoiqu'il en soit, l'autodestruction se poursuit.

La ministre de la santé (par un processus juridique dont je vous épargne la description) voulait interdire à la télévision la publicité pour les produits alimentaires gras et sucrés dans les émissions pour enfants. Lever de bouclier des industriels. "En période de crise, vouloir nous empêcher de vendre des barres de Mars qui rendent les enfants obèses !" et lever de bouclier des chaines de télévision :"En période de crise, vouloir nous priver de recettes publicitaires, même si celles-ci proviennent de produits qui rendent les enfants obèses !" Citations non authentiques, mais l'esprit, si l'on peut dire, est là. Compromis, si l'on peut vraiment appeler compromis une capitulation : les industriels s'engagent à respecter une charte de "bonne conduite", mais gardent le droit de faire de la publicité pendant les émissions pour enfants. Au moment où j'écris cet article, le texte beaucoup plus restrictif dont le vote était initialement prévu au parlement ne sera sans doute pas voté.

La commission européenne a mis en place une directive assez stricte concernant l'industrie chimique, et impose des restrictions sur un certain nombre de produits dangereux pour la santé ou l'environnement. Levée de bouclier des industriels : "En période de crise, vouloir nous empêcher de fabriquer des produits dangereux ! Cela va créer du chômage." Et en plus, c'est peut-être vrai. Cela confirme la totale impasse dans laquelle nous nous trouvons : pour survivre, se détruire soi-même.

Même situation pour le mercure, métal extrêmement dangereux pour l'environnement. A la suite de l'élection de Obama, les USA ont brusquement changé de position et accepté, dans une négociation internationale, que le mercure soit interdit à court terme dans l'industrie. Levée de bouclier des industriels qui fabriquent du chlore (produit pivot essentiel de l'industrie chimique) : "En période de crise, vouloir nous interdire l'usage du mercure pour fabriquer le chlore, cela va créer du chômage !" Si l'on continue d'utiliser le mercure, on ne pourra, à terme, plus manger de poisson et le nombre de victimes de malformations diverses augmentera. Mais au moins on aura évité le chômage dans la chimie. Impasse.
retour au sommaire

Et encore...


En Italie, une caissière de supermarché employée depuis trente ans dans l'entreprise a été licenciée par ce qu'elle avait utilisé pour son propre compte des tickets de consigne oubliés ou abandonnés par une cliente. Valeur du détournement : 1,30 euros.
Le Monde, 26 février 2009.
Rectificatif après réaction d'une lectrice : cela se passe en Allemagne, pas en Italie.

La cour d'appel de Paris relaxe cinq anciens détenus de Guantanamo. Elle a estimé que ces détenus avaient été interrogés illégalement par la police française, et a annulé l'ensemble de la procédure. Le parquet a fait appel. Le parquet (juridiquement aux ordres du gouvernement) estime sans doute, comme G.W. Bush, qu'il n'est pas nécessaire de respecter la loi pour lutter contre les terroristes. Obama, lui, pense que si l'on ne respecte pas ses propres valeurs on se met au même niveau que les terroristes que l'on prétend combattre. C'est un doux illuminé. (Information : Le Monde 26 février 2009, commentaires JM B à partir de "Le parquet, juridiquement..")
retour au sommaire


4 Alerte


Dans l'une des lettres précédentes, j'avais cité Pierre Desproges : "l'ennemi est stupide, il croit que c'est nous l'ennemi, alors que c'est lui."

Je reste toujours confondu devant l'habileté des "riches" à faire que les "pauvres" se jalousent entre eux plutôt que de s'en prendre aux vrais problèmes. Certes, les médias jouent leur rôle dans cette situation. Mais cette jalousie fratricide se fonde aussi sur la peur de l'autre que chacun porte en soi.

Anecdote. Le cadre : une activité sympathique, dans un cadre sympathique, avec des gens sympathiques. Et fort sympathiquement ma voisine proclame qu'elle en a assez, que les immigrés ont tous les droits et qu'elle n'en a aucun, que cela commence à suffire, que heureusement depuis deux ans on a le droit de dénoncer les immigrés. Chacune de ses affirmations, prise séparément, peut être contestée facilement par des chiffres, des statistiques, des analyses, des faits, mais à quoi bon : à ce niveau de passion, presque de haine, on est dans la croyance, pas dans la raison. Lorsque tout va mal, autant s'en prendre à son voisin. Pour lui tout ne va pas bien non plus, mais il est proche, on peut lui en vouloir comme à un autre soi-même.

Pendant ce temps là, J. Séguéla proclame à la télévision : "Celui qui, à cinquante ans, n'a pas une montre Rolex est un raté". Si si, je n'invente pas, ce ne serait pas drôle. Je ne sais pas le prix d'une Rolex : minimum 10 000 euros ? Sur le site officiel de Rolex, je n'ai pas trouvé les prix. Ce serait vulgaire.

J'avais un instant pensé que, devant l'ampleur des crises financière et économique les dirigeants mondiaux allaient tenter de réformer vraiment le système, un peu comme Roosevelt aux USA après la crise de 1929. En fait, c'était une illusion, les résistances sont trop fortes. En 1929, l'économie était beaucoup moins mondialisée que maintenant, et un dirigeant politique des USA avait sans doute plus de latitude de décision. Et donc, je le crains, faute de pouvoir réformer, on va sans doute vers des crises, des révoltes, des guerres. C'est la guerre de 39-45, grâce à l'effort industriel de guerre, qui a réellement relancé l'économie des USA après la crise de 1929.

Quelques anecdotes encore :

Sur son ton habituel de Zorro de l'évidence, N. Sarkozy souhaite limiter les rémunérations excessives des hauts dirigeants des entreprises. Cris outragés de la présidente du patronat : ce n'est pas à l'état de fixer les rémunérations du privé. Que n'a-t-elle protesté lorsque l'état a prêté de l'argent aux banques ?

Sur son ton habituel de Zorro de l'évidence, N. Sarkozy dit qu'il souhaite une répartition du profit dans l'entreprise : un tiers salarié, un tiers actionnaires, un tiers pour l'investissement. C'est un tour de passe passe d'illusionniste : le problème n'est pas la répartition du profit. Dans le système tel qu'il fonctionne depuis la chute du mur de Berlin, c'est l'insuffisance de la place de la masse salariale dans la valeur ajoutée. On peut donner plus de primes d'intéressement aux travailleurs, mais d'abord faudrait-il les payer pour qu'ils puissent vivre. Malgré ce tour de passe passe, qui va pourtant dans son sens, la présidente du patronat pousse des cris outragés : ce n'est pas à l'état de s'occuper de cela. Peut-être, madame la présidente des patrons, mais si vous ne payez pas les travailleurs, qui va acheter les produits que les travailleurs fabriquent à votre profit ? Votre profit va baisser... C'est la crise économique. Bon, je sais, je développe une théorie économique un peu simpliste, mais, à bien y regarder, pas si dénuée d'une certaine pertinence.

Mais, bon, autant s'en prendre à son voisin, chômeur paresseux, ou immigré qui prend le pain des français, ou "jeune" qui fait peur, qu'à ceux qui ont de réelles responsabilité dans la crise, et qui ont un réel pouvoir de décision sur l'économie.

"Malgré la crise, les pays doivent continuer à intégrer les immigrés, car ils font partie de leur économie." C'est le titre d'un article signé JP Garson, de l'OCDE, dans Le Monde du 26 février 2009.
retour au sommaire


5 Citations et réactions de vous tous


Je lis et garde en mémoire ce que vous m'envoyez, merci de vos messages.

Vive le service public


L'une de vous m'envoie un document, dont malheureusement la source n'est pas mentionnée.

Deux magistrats de Pensylvanie, aux USA, ont reconnu avoir touché plus de 2,6 millions de dollars pour envoyer en détention des délinquants mineurs qui ne méritaient pas une telle peine. Très simple : la prison était une prison privée, qui recevait de l'état une subvention pour chaque détenu, afin de payer les frais d'incarcération. Les dirigeants de la prison versaient donc aux juges une "commission" pour chaque détenu envoyé. On estime que, en sept ans, 2000 adolescents ont été envoyés en prison par ces juges. L'article ne dit pas combien, parmi ces 2000, ont été emprisonnés de façon manifestement abusive. Les juges ont plaidé coupable et affirmé qu'ils avaient déshonoré leur fonction. On n'a pas demandé l'avis des 2000 adolescents. Sauf erreur de ma part, je crois qu'on a déjà en France des prisons privées.

Rectificatif 1er mars 2009 après réaction d'une lectrice : en France, dans les prisons confiées à des prestataires privés, le prestataire gère seulement les services, ce qui à mon avis constitue déjà un marché considérable et susceptible de corruption. Les rapports avec les prisonniers (gardiennage, etc.) relèvent de l'état. De plus l'indemnité versée au prestataire privé est forfaitaire et ne dépend pas du nombre de prisonniers.

retour au sommaire


6 Les liens entre nous


Le magazine d'information http://www.slate.fr/ a été fondé par diverses personnalités dont J. Attali, J.M. Colombani, Eric Le Boucher, etc. Parmi les chroniqueurs réguliers, François Hollande, Henri Tincq.

Le film Slumdog Millionaire a un défaut : il a obtenu de nombreux oscars à Hollywood. (C'est pour rire.) Il a été très critiqué dans certains milieux en Inde, pour montrer une image négative du pays. Depuis les oscars, au contraire, l'opinion publique indienne est très fière. J'y trouve personnellement une description vive, dure, mais pas lourdement didactique, des rapports sociaux et de la situation sociale et économique dans ce pays. Comme diraient les critiques de cinéma, "à voir absolument". Mais bon, c'est vous qui voyez.

J'hésite à vous signaler "Capitalisme et pulsion de mort", Gilles Dostaler et Bernard Maris, ed. Albin Michel, 15 euros.
Extrait de la quatrième de couverture : "Nichée au cœur du capitalisme, la pulsion de mort le pousse à détruire et à s'autodétruire. [Ce livre...] dévoile ce que le système capitaliste, tout jeune au regard de l'histoire de l'humanité, recèle de menaces pour elle à travers son énergie mortifère." A la lecture, on est "scotché" dès les premières pages. J'hésite à vous le signaler, car si tout est dit magnifiquement et solidement, il ne me restera plus, dans mes lettres, qu'à recopier Maris et Dostaler...

D'accord, pour cette fois-ci le titre de cette rubrique est totalement abusif. Le titre correct est "Ce qui m'a intéressé cette semaine" ! !
retour au sommaire
Fin de [alerte] N° 34