1 Au fil des jours,
des lectures et des navigations
Prenons garde aux idées préconçues
Le corps d'un petit garçon a été retrouvé dans une rue,
tard le soir, frappé de quarante coups de couteau(x).
Selon France-Inter (authentique !), la police
privilégie la piste criminelle.
Tout lecteur de Poirot et Sherlock Holmes sait pourtant
qu'il faut se défier des pistes trop évidentes. J'en suggère donc quelques
autres, pour aider la police à ne pas persister dans une
impasse :
- la piste du rémouleur distrait : il a oublié, pointe en
haut sur la chaussée, les quarante couteaux qu'il venait d'aiguiser pour le
compte des quarante voleurs. L'enfant à vélo a freiné et est tombé sur les
pointes des ustensiles. En revenant chercher les couteaux oubliés, le rémouleur
n'a pas remarqué le corps de l'enfant. Son attention, déjà
distraite naturellement, était en effet distraite par une panthère noire qui,
langoureusement allongée sur la chaussée, se reposait de sa fugue du cirque
voisin ;
- la piste de l'accident du travail : l'enfant rêvait de
rentrer à l'école des arts du cirque et profitait du passage de la caravane pour
se familiariser avec le numéro du lanceur de couteaux. Subjugué par la panthère
noire langoureuse, le lanceur de couteaux a manqué ses quarante premiers jets.
Dépité, il est rentré dans son mobil-home pour remplir les 27 exemplaires de la
déclaration d'accident et les formulaires électroniques de demande de stage de
reconversion ;
- la piste du suicide : l'enfant venait d'être refusé à
l'école des arts du cirque car il roulait sur une bicyclette et non sur un
monocycle. Un peu déçu, il s'est suicidé en se portant 39 coups bénins et un
coup mortel. Le couteau qui traînait a été ramassé par le chien du rémouleur
distrait, qui l'a rapporté à son maitre.
Stupéfaite par le triste comportement de son entourage et
l'état lamentable de la société, la panthère noire langoureuse a préféré ne pas
regagner le cirque et garder sa liberté, en renonçant aux avantages exorbitants
du statut des intermittents du spectacle.
Question clé pour aider à résoudre l'énigme : pourquoi le
chien du rémouleur distrait n'a-t-il pas aboyé, comme il se devait, lorsque la
caravane du cirque est passée ?
Message à l'attention de la police : non non, ne me
remerciez pas, c'est bien naturel.
En ces temps de maniement délicat
de l'humour, j'exprime bien sûr toute ma tristesse aux parents, et tout mon
respect pour le travail de la police dans cette affaire. Le texte ci-dessus se
moque de l'expression "la police privilégie la piste criminelle", c'est tout.
Cela dit, comme il fallait hélas s'y attendre, cette triste affaire a relancé
l'idée du fichage généralisé des empreintes génétiques...
Les
merveilleuses aventures de l'ultralibéralisme racontées aux
enfants
Quoique, de nos jours, même les
enfants ne gobent plus n'importe quoi.
Principes de base,
rideau de fumée : il faut laisser jouer librement le marché. Chacun
prend ses risques et que le meilleur gagne, c'est comme cela que l'économie
fonctionnera le mieux.
Remarque : l'être humain
ne fait pas du tout partie de cette définition, un peu rapide, mais généralement
admise, du libéralisme.
Réalité : pertes pour le
public, profits pour le privé. Et, pour récompenser les mauvais d'avoir pris des
risques avec l'argent des autres, il faut aussi les indemniser.
Conclusion : qui y
comprend quelque chose ? Circulez, sur le plan de la cohérence de la pensée il
n'y a rien à comprendre, sauf que seul le profit mène le monde.
Appel angoissé : ce que
j'écris a l'air d'un marxisme ringard et désuet, mais cela décrit assez bien ce
qui se passe en ce moment. Je sais qu'il y a parmi vous des spécialistes de la
question, dites-moi où je me trompe ?
Exemple 1 : les sociétés
d'autoroutes françaises, appartenant à l'Etat, faisaient de gros profits. L'Etat
aurait pu avoir besoin de cet argent pour développer les réseaux routier et
ferré, les canaux. Mais il est intolérable qu'une société d'Etat fasse du
profit. Les sociétés d'autoroutes ont été privatisées. Même F. Bayrou a
désapprouvé.
Exemple 2 : Alcatel
Lucent connait de grosses pertes financières, l'action a baissé (de 60% en un
an, si ma mémoire est bonne), des milliers de travailleurs ont été ou seront
licenciés. Au bout de tout cela les dirigeants S. Tchuruk et P. Russo quittent
l'entreprise. Avec bien sûr de très grosses récompenses pour leur mauvaise
gestion. Pour ne pas choquer l'opinion, on appelle cela parachutes dorés, c'est
plus poétique.
Une remarque faussement étonnée :
plusieurs des blogs qui rendent compte de cette affaire parlent des pertes
financières et de la baisse du cours de l'action, mais pas des licenciements. Il
faut sans doute se limiter à l'essentiel.
Exemple 3 : la crise des
supbrimes, qui, selon certains banquiers eux-mêmes, provient de la "cupidité"
des banques, continue de saper les bases du système bancaire. Les banques
n'avaient pas compris ( ! ) que prêter aux très pauvres à des taux très élevés
ne peut pas marcher. Conclusion : le congrès des Etats Unis d'Amérique (à
majorité démocrate) vient de voter de très gros crédits publics, qui s'ajoutent
à ceux qu'avait déjà débloqués la banque fédérale, pour sauver le système
bancaire. Ces crédits sont présentés comme venant en aide aux petits
emprunteurs, en fait ils seront surtout utiles pour soutenir les deux
organismes financiers qui en ce moment colmatent les fuites créées par la
crise. Avec une franchise ahurissante, les financiers avouent : en 29, la crise
s'est aggravée parce que l'argent public n'est pas venu colmater les dégâts, il
ne faut pas rééditer les mêmes erreurs, l'argent public doit éviter la
crise. Certes, personne ne peut souhaiter que tout le système bancaire
international s'effondre. Mais comment avouer plus clairement que les profits
sont pour le privé et les risques pour le public ? On peut y aller sans crainte,
si cela ne va pas, l'Etat compensera. Bizarre pour des milieux qui passent leur
temps à pester contre l'Etat lorsque celui-ci veut prélever des impôts, et qui
ne sont pas gênés du tout lorsque l'Etat leur donne de l'argent (provenant des
impôts).
Exemple 4 : l'affaire
Tapie, qui vient de recevoir de l'Etat beaucoup d'euros pour solder ses "droits"
dans la crise du Crédit Lyonnais. J'hésite à classer cela dans
l'ultralibéralisme. Ce qui était ultralibéral c'était, au moment de la crise du
Crédit Lyonnais, de créer une structure financée (énormément) par les
contribuables pour racheter les pertes du Crédit Lyonnais. Là encore, l'Etat
était le dos au mur : on ne pouvait pas laisser s'effondrer le système bancaire
français. Profits pour le privé, risques et pertes pour l'Etat, business as
usual. L'actuel scandale Tapie n'en est que le prolongement.
Quoiqu'il en soit, d'après les
journaux que je lis, le président est intervenu pour demander, dans l'affaire
Tapie, l'application d'un système d'arbitrage qui ne devrait jamais s'appliquer
lorsque sont en jeu des capitaux publics. Je ne suis dans aucun secret,
évidemment, mais je suppose que B. Tapie sait, lui, beaucoup de choses qu'il a
la gentillesse de ne pas étaler sur la place publique pour peu que l'on soit
gentil avec lui.
Menace et légèreté au
Palais de Tokyo
Extrait du blog de Joachim Séné. Avec
l'accord de l'auteur
http://journalecrit.20six.fr/journalecrit/art/87269655
Bouteilles de bières vides lancées à 600 km/h
par un canon équipé d'un chargeur d'environ 16 bouteilles. Propulsion par azote
compressé.
Dans une cage métallique et plexiglas (environ 4x20 mètres sur 3
de haut) cadenassée qui protège les visiteurs, l'appareillage tire sur une cible
noire métallique dont les pieds sont recouverts du bris verre des bouteilles, et
dont le centre est usé, non plus noir mais cercle gris. Environ toutes les dix
minutes : chargement d'une bouteille et quelques minutes plus tard : tir.
Fracas, explosion. Moins d'une seconde.
Rien que de la voir, cette œuvre, cette arme, au repos, et de comprendre
ce que c'est : l'inquiétude, une tension, l'adrénaline, viennent. Sentiment
d'être menacé, vulnérable.
Inquiétant car c'est une œuvre dangereuse, entourée de
toutes les précautions et uniquement pour cela inoffensive. Sa présence angoisse
pourtant, d'autant plus que la machine est longtemps calme, immobile et
silencieuse mais avec tous les signes de sa puissance au repos : les seize
grosses bouteilles d'azote, les câbles, le bouton «arrêt d'urgence», la cible
usée en son centre, le plexiglas et la grille protecteurs, les tessons
pulvérisés jusqu'à plusieurs mètres de la cible et jusqu'à trente ou quarante
centimètres d'épaisseur, le bruit de la détonation. Et encore plus que tout
cela, ce qui provoque la calme frayeur, malaise incertain : nous, attendant la
détonation, ne sachant pas quand elle surviendra, prêt à sursauter à chaque
instant, d'autant plus lorsqu'on l'a entendu une première fois sans rien voir
alors qu'on était dans la pièce d'à-côté en train de regarder et de contourner
l'éléphant Würsa à 18000 kilomètres de la Terre, léger, posé en équilibre dans
le musée sur le bout de sa trompe. Fin de
l'extrait du blog de Joachim
Séné
Soutenons Mc Do ?
Source : rue89 02/08/2008
Je suis perplexe, vraiment. Le maire de Los Angeles, USA, a
l'intention d'interdire la construction de tout nouveau fast food, ce qui vise
en particulier les Mc Do. Cela au nom de la lutte contre l'obésité et de la
préservation de la santé publique. Cette interdiction concerne en fait une zone
géographique où vivent principalement 500 000 personnes classées
comme pauvres. Dans cette zone, au final, aucun fast food n'existera. Le but du
maire est de favoriser l'implantation de commerces alimentaires variés et en
particulier d'épiceries vendant des légumes. L'auteur de l'article remarque
"Mc Do dans les quartiers blancs, oui, dans les quartiers noirs pauvres,
non".
Dans la logique des lettres précédentes, je devrais me
réjouir : enfin on protège les pauvres contre le poison de l'industrie agro
alimentaire, tout comme on interdit les distributeurs de barres chocolatées dans
les établissements scolaires (bonne mesure, à mon avis), et que l'on protège les
usagers de la route en limitant la vitesse (très bonne mesure à mon
avis).
Et pourtant, cette interdiction des Mc Do me laisse
perplexe, sans que je sache trop pourquoi. Il faudrait, si je le connaissais,
que je demande l'avis de José Bové.
Bien que l'association d'idées soit un peu hasardeuse, on
retrouve, selon Libération, un problème analogue en Inde avec la
construction de voitures à très bas coût. Si l'on n'en fabrique pas, on prive
des millions d'indiens à revenu modeste de l'accès à la voiture. Si on en
fabrique, on va augmenter une pollution déjà considérable et un encombrement des
villes spectaculaire .
Remarque scientifique : Libération, journal
sérieux, ajoute que "à Bombay, un trajet de "quelques" kilomètres prend
"déjà plus de deux heures". Peut-on obtenir un résultat précis à partir de
données imprécises ? Un trajet de trois fois quelques kilomètres
prendra-t-il six heures ? Trois fois rien, selon Devos, c'est déjà quelque
chose, mais trois fois quelque chose ?
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