[alerte] N° 39 - JM Bérard - 3 juillet 2009

Sommaire du N° 39

  1. Lueurs
  2. Au fil des jours, des lectures et des navigations
  3. Alerte
    • La nouvelle image de N. Sarkozy
  4. Citations et réactions de vous tous
  5. Les liens entre nous
  6. Bienvenue

1 Lueurs


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2 Au fil des jours, des lectures et des navigations



Le devoir d'être reconnu ?


Je pense que le port de la burqa est une atteinte intolérable à la dignité de la femme, et que son port dans l'espace public sur le territoire français est en contradiction avec les modes d'échange et les valeurs de notre société.

Plusieurs associations, dont la ligue de l'enseignement, et des autorités religieuses musulmanes, invitent à ce sujet à suivre une voie d'éducation, de persuasion.

Une mission de réflexion longue est confiée à l'assemblée nationale. Sage lenteur.

Il demeure que, pour certains juristes, la question se pose d'ores et déjà dans les termes suivants : on ne peut légiférer clairement sur la façon de se vêtir. La seule solution juridique serait de contraindre tout un chacun à pouvoir être reconnu dans l'espace public.

Au premier abord, cela a l'air raisonnable : il est normal, dans de nombreuses circonstances prévues par la loi, de devoir justifier son identité. Il est normal aussi que l'on ne puisse entrer dans une banque avec un casque de motard. Et personnellement je suis gêné lorsqu'un motard me parle sans enlever son casque. D'ailleurs je suis aussi gêné lorsqu'une personne me parle sans me regarder dans les yeux.

Mais de là à légiférer sur l'obligation pour chacun, de pouvoir être reconnu en tout temps et en tout lieu…

Instituer cette obligation, à une époque où la vidéo surveillance (vidéo protection ! ! ) se développe, où les programmes informatiques pourront de mieux en mieux scruter les visages et les associer à un nom, c'est dire que chacun à tout moment doit dire aux autorités où il est et ce qu'il fait. On part du problème réel de la burqa (tiens, pour une fois ce n'est pas la pédophilie) et l'on envisage des lois démesurées sur le droit de chacun d'aller et venir sans avoir à en rendre compte.

Artiste, pourrai-je alors mettre des lunettes de soleil et une perruque pour me protéger de mes fans ? Femme juive orthodoxe, pourrai-je mettre la perruque qui protège ma pudeur ? Si je veux boire un pot à la terrasse avec un ami conseiller municipal en désaccord avec le maire, devrai-je lui demander de tourner plus nettement son visage vers les caméras ? Me rendant à une réunion politique ou associative, pourrai-je mettre mon écharpe devant mon visage lorsque je passe devant une caméra ? Femme de la bourgeoisie du XIXème ou de la noblesse d'avant la révolution, pourrai-je sortir avec mon voile sur le visage ? Et l'hiver, devrai-je consulter tous les matins la météo du gouvernement pour savoir si j'ai ou non le droit de mettre un passe-montagne sans être arrêté par la police ?

Je ne sais pas. Je sais qu'il est toujours difficile de positionner le curseur entre les nécessités d'une société structurée, avec des règles et des lois, et les nécessités du respect des libertés individuelles et de la vie privée. Il me semble que envisager d'obliger chacun à pouvoir être reconnu dans l'espace public place le curseur nettement du mauvais coté, et tout au moins d'une mauvaise façon.

Heureusement, l'assemblée nationale a six mois pour réfléchir. Et nous, six mois pour réagir.

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Démocratie


Vous connaissez cette histoire.

La loi "Création et Internet", qui vise à réprimer le piratage des œuvres musicales, est discutée au parlement.

Une personne est en désaccord avec cette loi. Tout à fait normalement en régime démocratique, cette personne s'adresse à son député pour lui faire part de ce désaccord. Assez normalement (c'est son rôle) le député alerte le ministre concerné.

Simplement, toutes les transmissions de messages ont eu lieu sans enlever le nom de la personne, qui est salariée à TF1. Et là, on sort du fonctionnement normal de la démocratie : le cabinet du ministre alerte TF1, et le salarié est licencié pour désaccord avec la politique de son employeur.

A ma connaissance, le salarié licencié n'a pas été réintégré. Certains blogs que je lis disent même qu'il n'est que peu soutenu.

Député ou auxiliaire de la police de la pensée ?

Remarque : il s'agit d'une question de fond sur la démocratie, pas d'une question sur l'usage du courrier électronique. La même situation aurait pu se produire avec une lettre écrite.

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3 Alerte


Par une offensive de communication très structurée, not'bon président modifie son image, pour passer du "Zorro de l'évidence" au sage qui écoute avant de décider et qui, maintenant, réfléchit. Dans cette offensive tout à fait remarquable, l'épouse du président tient une place éminente : grâce à elle il change. Le soir il reçoit à sa table les personnalités du monde culturel, que sais-je encore. Avec aussi, je suppose, un implicite égrillard qui plait aux français : avec une femme comme cela, il est plus équilibré.

Du coup, on voit moins…

La loi sur les bandes (de jeunes de banlieue, bien sûr) instaure à nouveau le délit par anticipation. On sera coupable si l'on appartient à une bande susceptible de commettre des troubles à l'ordre public. Susceptible de. C'est une nouvelle entorse aux principes du droit.

N. Sarkozy avait déjà instauré la loi sur la détention de sûreté, qui permet de maintenir en prison sans jugement des détenus ayant purgé leur peine, lorsque des experts pensent qu'il pourrait encore être dangereux.

C'est un tout nouveau principe du droit, dans la patrie des droits de l'homme : la culpabilité pour quelque chose qui ne s'est pas produit mais pourrait se produire.

Extrait du site du journal Le Monde

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/06/23/le-projet-estrosi-sur-les-bandes-un-nouveau-recul-des-libertes-par-franck-johannes_1210259_3232.html



"L'internement de sûreté a été introduit en Allemagne par une loi de 1933, expliquait le 20 janvier Mireille Delmas-Marty dans sa leçon inaugurale au Collège de France. C'est l'une des rares institutions de la période nazie qui subsiste encore. Il semble qu'elle ait servi un peu de modèle au législateur français."

Par ailleurs, dans un article du journal Le Monde, Eva Joly, députée européenne et ancienne juge d'instruction nous alerte : la classification de documents pour secret défense va être largement étendue, et les juges n'auront plus le droit de perquisitionner dans certains lieux dont la liste sera fixée par le gouvernement (certains ministères, évidemment, mais bien plus encore). Si l'on ajoute à cela la perspective de suppression du juge d'instruction, comment auront lieu les enquêtes qui peuvent impliquer le pouvoir ou ses proches, dans les affaires, par exemple, de corruption, de rétrocommissions, etc. ? Chacun devra montrer son visage dans la rue, mais ce type de délinquants pourra rester masqué.

Comme le dit Robert Badinter, "Nous sommes dans une période sombre pour notre justice"

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4 Citations et réactions de vous tous


Plusieurs contributions de l'un de vous sur Israël, ses rapports avec les palestiniens, l'antisionisme et le racisme. Merci.

J'hésite toujours à aborder ces questions, cruciales, mais qui soulèvent des passions peu propices au débat

Il le faudra, pourtant.

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5 Les liens entre nous


Je vous l'avais déjà dit, le numéro 2 de la revue Ravages, signalée par l'une de vous, est paru et en vente dans les librairies. Il faut en général le commander.

Ravages 2, Éditions Descartes et Cie, printemps 2009

Je vous avais dit aussi que je consacrerai un numéro entier de [alerte] à ce numéro 2. Et puis voila, comme dit la télé, l'abondance de l'actualité… Peut-être au mois d'août, depuis mon village de Savoie.

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6 Bienvenue


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