Lettre [alerte] N° 31 - 8 décembre 2008
Par Jean-Michel Bérard le lundi 8 décembre 2008, 19:03 - Lien permanent
Justice des enfants
FAQ, Questions fréquemment posées sur la lettre [alerte] ; dialogue avec B.5 Les liens entre nous
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JM Bérard
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Justice des enfants
FAQ, Questions fréquemment posées sur la lettre [alerte] ; dialogue avec B.
5 Les liens entre nous
" La veille sur Internet portera sur les sources stratégiques en ligne : sites « commentateurs » de l’actualité, sites revendicatifs, informatifs, participatifs, politiques, etc. portera ainsi sur les médias en ligne, les sites de syndicats, de partis politiques, les portails thématiques ou régionaux, les sites militants d’associations, de mouvements revendicatifs ou alternatifs, de leaders d’opinion. La veille portera également sur les moteurs généralistes, les forums grand public et spécialisés, les blogs, les pages personnelles, les réseaux sociaux, ainsi que sur les appels et pétitions en ligne, et sur les autres formats de diffusion (vidéos, etc.)
Les sources d’informations formelles que sont la presse écrite, les dépêches d’agences de presse, la presse professionnelle spécialisée, les débats des assemblées, les rapports publics, les baromètres, études et sondages seront également surveillées et traitées. Les interactions entre des sources de nature différente, les passages de relais d’un media à l’autre seront soigneusement analysés." Fin de citation de l'appel d'offres officiel.
Cela fait frémir, mais je trouve que l'indignation, entièrement justifiée, est mal dirigée. Il y a toujours eu une police politique, des officines, des barbouzes, des sondages d'opinion commandés par le pouvoir. Ce qui est tout à fait nouveau et terrifiant, c'est que le ministre prenne soin de faire une grande publicité autour de cela. Comme je l'ai déjà dit, je m'intéresse peu aux problèmes de l'éducation nationale et j'en reste à une idée toute préconçue, mais pas si fausse : la droite a décidé de dénigrer les enseignants et le système de l'éducation nationale pour glisser progressivement autre chose à la place. Le fait que cette surveillance de l'opinion des enseignants soit annoncée à grands sons de trompe montre à l'opinion publique que l'on tient à l'œil ces fonctionnaires sans doute supposés paresseux, marxistes et noyautés par de mauvais syndicats. Et cela, c'est grave.
Quant-à la surveillance de l'internet, voici un réveil bien tardif des démocrates. De nombreuses associations, et même la commission nationale de l'informatique et des libertés, mettent en garde depuis des années contre les dangers d'un fichage généralisé. Comme le dit habilement mais justement le ministre Darcos, ce qui est surveillé dans l'appel d'offre, ce sont des textes que chacun a choisi de mettre publiquement en ligne. Comment se plaindre, après cela, que ce soit lu ? Je n'ai vu à aucun endroit dans l'appel d'offre que les informations données au ministre seraient nominatives. (Nom et coordonnées des auteurs des blogs). Cela serait sans doute illégal. Il s'agit donc simplement de l'utilisation de ce que chacun met volontairement en ligne. On ne peut pas éditer un journal et se plaindre qu'il soit lu. Simplement (!), il faut penser à l'usage qui pourra en être fait. Si l'on voyage plus, on connait mieux le monde, mais on propage plus les épidémies. Si l'on parle au monde entier, on est davantage entendu, mais aussi davantage écouté.
On n'a vu longtemps que l'aspect "liberté" de l'internet. Il est temps de se réveiller, et d'en voir enfin les aspects "surveillance généralisée".
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Justice des enfants
Extrait d'un communiqué de l'Unicef, voir
article sur
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2008/12/04122008Accueil.aspx
"Le remplacement systématique du terme "enfant" par celui de "mineur" interroge sur sa raison d'être. Cette modification… désincarne l'enfance. C'est bien l'image de l'enfant entre individu à protéger et éduquer et délinquant potentiel qui est en train de diviser l'opinion. Pour la majorité, ce projet de loi est tout aussi logique que la détection des criminels à la naissance. "
- B. : tu sembles exclure la possibilité, pour les démocraties, de réglementer le système capitaliste, pour éviter les dérives du "tout profit" et imposer la prise en compte l'être humain ?
- JM B : effectivement, je n'avais pas réalisé ce pessimisme foncier de la lettre. Mais en y réfléchissant, il me semble que, actuellement, la mondialisation des systèmes financiers et économiques, qui n'était pas aussi lourde à l'époque du new deal, fait que je ne crois pas que les sociétés où domine actuellement le système ultralibéral puissent trouver calmement l'énergie pour réagir, réglementer et prendre en compte l'humain et l'avenir de l'humanité. Il y faudra malheureusement des crises, des conflits, des guerres civiles, des guerres, des déplacements de population, des famines, la naissance de régimes autoritaires, que sais-je encore. Je ne les appelle nullement de mes vœux, je ne souhaite pas les provoquer, je les crains, ils me semblent malheureusement inévitables.
- B. : tu risques d'apparaitre comme souhaitant le retour de systèmes qui pourtant ont prouvé largement leur échec économique et leurs ravages humains, dans le bloc soviétique, en Chine et autres. Qui plus est, ces régimes ont sans doute contribué à empêcher la recherche d'une "voie médiane". Et leur faillite a une lourde responsabilité dans l'état actuel de désarmement culturel et organisationnel du mouvement social.
- JM B : je n'ai jamais dans la lettre fait preuve de nostalgie à l'égard de ces systèmes. J'ai même dit que j'étais d'accord avec les plans de sauvetage des banques, qui pourtant répondent à la logique : profits pour le privé, déficits pour le public. Comme beaucoup, je pense que l'effondrement des banques aurait crée des malheurs encore plus grands. Je n'ai jamais dit non plus qu'il faut travailler à détruire l'économie de marché. Je constate simplement que le système s'effondre sous sa propre logique. C'est mon petit slogan paradoxal, pas si bête : pour survivre, le système ultralibéral doit se détruire lui-même.
-B.
: mais alors que proposes-tu ? La dérision visant des salauds ou des cons - au
demeurant très réels - ne masque-t-elle pas notre incapacité à résoudre des
problèmes que leur élimination le jour du "grand soir" ne suffirait pas à
résoudre ?
- JM B : l'humour et l'ironie de la lettre ne visent jamais, je
crois, des personnes mais des situations et des systèmes. Je ne propose rien, au
sens que je ne propose aucune ligne politique structurée. Je suis un peu comme
le passager d'une voiture, qui dit au conducteur : il y a un mur et tu fonces
droit dedans. Je ne suis pas au dehors, je suis dans la voiture. C'est le titre
de la lettre : [alerte]. Je n'ai pas de solution. La lettre n'est pas l'organe
d'une organisation qui aurait un projet global d'avenir. Simplement, je fonde de
grands espoirs sur la floraison de livres, éditeurs, associations, groupes
locaux, groupes de réflexion, revues, blogs, etc. Et donc j'y contribue.
-
B. : est-ce à dire que par son format réduit et lapidaire, la lettre [alerte] ne
peut pas être le lieu d'élaboration d'une pensée complexe ?
- JM B : la
lettre est lapidaire. Elle alerte, fait circuler les alertes, les
informations, les indignations, les débuts de débats. Les lieux d'élaboration de
la pensée complexe sont ailleurs : éditeurs (Les Editions de la découverte, par
exemple), revues (Prochoix, Ravages par exemple), blogs (les liens apparaissent
dans la dernière partie de la lettre, mais peu de vous s'y connectent), groupes
de réflexion, associations, que sais-je encore. Heureusement. Ce serait un peu
paradoxal que de me voir en maitre de la pensée et en définisseur de La Ligne.
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5 Les liens entre nous
Pour Noël
Petits principes de langue de bois économique, coédition Bréal-Charlie Hebdo, par Bernard Maris.
Je ne l'ai pas lu, mais si c'est aussi bien que ses précédents ouvrages et en particulier l'Anti manuel d'économie, le Père Noël a ici une inspiration toute trouvée.
Galilée et les indiens, Etienne Klein, Flammarion, 117 pages, 12 euros.
Là encore, le père Noël sera content.
"Etienne Klein analyse le développement du relativisme, qui met les théories scientifiques sur le même plan que l'astrologie ou le vaudou. Klein brosse un portrait sans concession de notre époque, où l'engouement se substitue au raisonnement, où la conviction intime, le goût spontané comptent plus qu'une argumentation solide ou une critique rigoureuse" Analyse de JY Nau dans Le Monde du 4 décembre.
Je ne l'ai pas lu, mais me précipite pour l'acheter.
Attention : j'ai déjà acheté ces deux livres, ne faites pas de collecte pour me les offrir, malgré mes lourdes allusions au père Noël.
http://pagesperso-orange.fr/Louis-Jean.Calvet/francais/journal/01_journal.htm
"Voilà, c'est la France d'aujourd'hui. Il y a des mots que je n'utilise qu'avec beaucoup de précautions, mais je crois vraiment que nous sommes dans une situation pré-fasciste, dont Sarkozy est l'instrument. Chaque jour de petites entorses à la liberté, de petits dérapages, accentuent cette dérive."
Eco89, http://eco.rue89.com/