Lettre [alerte] N° 26 - 28 octobre 2008
Par Jean-Michel Bérard le mardi 28 octobre 2008, 21:39 - Lien permanent
1 Au fil des jours, des lectures et des
navigations
Appel à votre solidarité
La femme est
l'avenir...
Il est difficile de prévoir, surtout lorsqu'il s'agit de
l'avenir
Grève à météo France
2 Alerte : la nausée
3 Citations
et réactions de vous tous
Jeux de
mots
Démocratie
Les liens entre
nous***********************
Lettre [alerte] N° 26 - JM Bérard - 28 octobre 2008
jean-michel.berard chez orange.fr
remplacer chez par @
jean-michel.berard chez orange.fr
remplacer chez par @
Vous faites partie d'une liste limitée de
destinataires, constituée de façon purement arbitraire. Vous pouvez sans problème demander à
être rayé de la liste.
Diffusion
libre et bienvenue. Réactions et contributions
très bienvenues. JM Bérard
***********************
Plan de
la lettre
1 Au fil des jours, des lectures et des
navigations
Appel à votre solidarité
La femme est
l'avenir...
Il est difficile de prévoir, surtout lorsqu'il s'agit de
l'avenir
Grève à météo France
2 Alerte : la nausée
3 Citations
et réactions de vous tous
Jeux de
mots
Démocratie
Les liens entre
nous
***********************
"- Surpopulation, insalubrité, viols, suicides...- Nous sommes dans un pays en guerre ?- Non, dans une prison française."Le Monde, 26 octobre 2008, bande dessinée de SergueïEt encore, il ne parle pas des centres de rétention pour immigrés irréguliers en cours d'expulsion, où c'est au moins aussi dramatique.
***********************
Appel pour la défense de l'enseignement des sciences économiques et sociales
******
1 Au fil des jours,
des lectures et des navigations
Appel à votre
solidarité
Bien que je n'en connaisse pas du tout les
propriétaires, je me permets de vous lancer un appel à l'aide pour l'hôtel "Le
château de la tour du pin" en Savoie. (Source
: Le Monde 23 octobre 2008).
Lors d'un séjour dans cet hôtel, un hélicoptère
vous emmène chaque jour au sommet des pistes de ski des stations des environs.
Le prix est de
550 euros par jour et
par personne. Attention, en demi-pension. Vous ne pensiez tout de même pas, pour
ce prix, avoir la pension complète ?
Les nuisances de l'hélicoptère (gaz carbonique,
fracas du bruit sur les glaciers, gêne pour les habitants, perturbation de la
faune) n'ont pas de prix.
Je pense que dans la crise actuelle cet
hôtel aura du mal à faire le plein seulement avec les cadres à qui les banques
offrent des vacances de luxe. (Dernière en date : Safari photo au Kenya pour le
Crédit agricole).
Donc, s'il vous plait, changez vos projets et
allez en vacances à La Tour du Pin. Un peu de solidarité avec les PME.
La femme est
l'avenir...
Page 3 du journal Le Monde du 24
octobre 2008, une grande photo représente une réunion entre le président de la
réserve fédérale américaine M. Ben Bernanke et le président du fond monétaire
international M. Strauss-Kahn. Ils sont là pour refaire le monde, qui pour le
moment est dans l'impasse.
On y voit treize hommes en costume sombre
et cravate, mais on n'y distingue aucune femme. Elles n'ont pas leur place dans
les débats sur l'avenir. Pourquoi ? (Si vous trouvez la bonne réponse,
écrivez-moi).
- les femmes savent bien que, au fond, ce n'est
qu'illusion et que ce n'est pas là que se joue l'avenir du monde ;
- ce n'est pas l'heure de la pause, et les
petites assistantes en petites jupettes ne sont pas là pour servir le café ;
- soucieux de ne pas laisser à la France une
place trop grande dans la résolution de la crise, les USA et la Russie ont
"sorti" un dossier mettant en cause les "erreurs de jugement" de M. Strauss-Kahn
dans sa vie privée. Les français ripostent en organisant pour M. Strauss-Kahn un
environnement sain, uniquement masculin, pour lui permettre de garder la tête
froide ;
- tous ces financiers de haut niveau parlent
anglais entre eux, ils n'ont donc pas besoin de traductrices.
Les deux hommes qui, sur la photo, sont debout
derrière M. Ben Bernanke et M. Strauss-Kahn ont un regard inquiet et vigilant.
On ne sait pas si ce sont des gardes du corps compétents ou des banquiers qui se
demandent si l'Etat va enfin leur verser une subvention pour leur éviter la
faillite.
Il est difficile de prévoir,
surtout lorsqu'il s'agit de l'avenir
La crise financière et économique remet en cause
toutes les "évidences" sur l'économie de marché, la régulation par le marché et
la libre concurrence.. Le 26 octobre une immense titre, et un immense graphique
rouge, barrent toute la une du journal Le Monde : 25 000 milliards de
dollars évanouis [dans la crise boursière], soit deux fois le produit intérieur
brut des USA. Alan Greenspan, ancien président de la banque fédérale américaine,
et l'un des principaux artisans du libéralisme à tout va, déclare que la crise
met en cause la conception du "marché libre" (free market) à laquelle il avait
cru. L'économie "réelle" est touchée, crise dans l'industrie automobile, dans le
bâtiment, fermetures d'usines en Chine. Nul ne sait combien de temps durera
cette crise, ni quelle sera son ampleur.
La crise environnementale progresse à grande allure,
sans vrai pilote dans le train lancé à grande vitesse. Selon Le Monde
du 26 octobre l'air de l' Himalaya est aussi pollué que celui des grandes villes
d'Europe, et la fonte accélérée des glaciers de ce massif créera (selon une
démonstration que je ne reproduis pas ici) un manque d'eau pour 1,3 milliards de
personnes et une baisse de la production agricole pour 400 millions de
personnes.
Quant à la crise des valeurs éthiques, du respect des droits de l'Homme et des valeurs qui fondent une
société, il semble presque déplacé de l'évoquer dans une société
d'individualisme et de concurrence à outrance. Le Monde du 26 octobre
nous apprend que les progrès de la génétique et des techniques qui en découlent
permettront bientôt le choix d'embryons génétiquement parfaits, et que l'on
pourra les sélectionner non seulement en éliminant ceux qui ont des maladies
génétiques avérées, mais aussi en sélectionnant selon les potentialités. Brrr...
Hitler avait essayé, mais il ne connaissait pas la génétique moderne.
Face à tout cela, il semble que la pensée vacille. Les
grandes déclarations des hommes politiques pour une réforme en profondeur du
système économique visent-elles en fait à mettre quelques rustines pour pouvoir
continuer comme avant dans un système en impasse ? Dans le dilemme "imposer des
normes environnementales plus sévères, ou favoriser le développement de
l'industrie", prendra-t-on conscience que c'est la survie même de l'espèce
humaine qui est en jeu ?
L'ensemble du mode de fonctionnement de notre société
s'effondre, non pas sous l'impact de révolutions violentes ou de sinistres
comploteurs terroristes, mais du fait même des impasses sur lesquelles il était
construit.
Alors....
Grève à météo France
L'Etat, dit-on doit faire des
économies. Un fonctionnaire sur deux qui part en retraite n'est pas remplacé.
C'est bien connu, les fonctionnaires sont un fardeau. Plus de la moitié des centres locaux de Météo
France doivent donc fermer. On en parle moins que de la privatisation à terme de
La Poste.
Bon, cela peut faire sourire quand
on se souvient de l'époque dorée de Europe 1, où la voyante madame Soleil
précédait l'ineffable Albert Simon.
A. Simon travaillait seul, sans
doute avec une grenouille et une boule de cristal, et prédisait le temps qu'il
ferait à Limoges quatre mois plus tard pour le mariage de votre nièce.
(Dissertation de philo : prédiction, prévision, prévoyance.)
En fait, la météorologie a une
importance scientifique et économique considérable. Des pans entiers de
l'économie (dont l'industrie du loisir, l'agriculture, les transports, les
assurances, le bâtiment et bien d'autres) ont besoin de prévisions fiables, y
compris localement. Ces prévisions sont élaborées par des prévisionnistes et des
ingénieurs hautement compétents, elles s'appuient sur la masse des données
collectées sur le terrain, puis sur des calculs très complexes, dans lesquels la
science française tient son rang, et sur des ordinateurs très
puissants.
Quelques informations sont
diffusées gratuitement au grand public, mais de nombreuses informations très
pointues destinées aux professionnels sont payantes et constituent une activité
rentable. Un petit exemple anecdotique : pendant les tournois de tennis, on peut
calculer le temps qu'il fera à quelques minutes près et, je crois, à quelques
dizaines de mètres près sur les courts de Roland Garros. La fédération en a
besoin pour organiser les matchs.
Qu'à cela ne tienne : il faut
supprimer un fonctionnaire sur deux. Il suffira ensuite de privatiser météo
France, car le service, que l'on aura contraint à être de mauvaise qualité, ne
répondra plus aux besoins. C'est comme pour La Poste.
******
2 Alerte : la
nausée
Je vous assure, les procédés de N. Sarkozy me donnent la
nausée. Je dois être trop sensible.
La semaine dernière, en pleine crise financière et
économique, il avait jugé bon de détourner un peu l'attention et de relancer le
racisme pur et dur à propos d'un hymne sifflé lors d'un match de
foot.
Comme cela a bien marché et occupé la presse pendant
plusieurs jours, il récidive. Pourquoi se priver.
Journée de mobilisation contre la garde des sceaux,
ministre de la justice : les magistrats, les juges, les avocats dénoncent une
politique contraire aux principes les plus élémentaires du droit et de
l'histoire de France : peines plancher contraires au principe de
personnalisation de la peine, rétention de sûreté qui permet de mettre en prison
quelqu'un non pas pour ce qu'il a fait mais pour ce qu'il pourrait faire,
politique du "tout sécuritaire tout carcéral" en restreignant le volet
prévention, atteintes à l'indépendance de la justice par des rappels à l'ordre
constants.
Du fait de la politique du tout carcéral, les prisons sont
surpeuplées, insalubres, le nombre de suicides augmente et les gardiens, trop
peu nombreux et soumis à des injonctions contradictoires ont du mal à
travailler. Ils protestent aussi contre la ministre de la
justice.
Riposte style Sarkozy, du genre de celles qui me donnent la
nausée. Dès le lendemain on "sort" en catastrophe une erreur humaine : un
violeur a été libéré par erreur à la suite d'une erreur dans la signature d'un
document juridique. On fait tourner l'information en boucle sur les radios,
Nicolas Sarkozy intervient depuis Pékin pour protéger le bon peuple. Dommage, on
a seulement libéré par erreur un violeur. Avec un pédophile cela aurait mobilisé
davantage l'opinion, mais il faut faire avec.
L'idée sous-jacente est claire : discréditer le système
judiciaire trop laxiste, alors que l'on n'a jamais autant mis en prison. Je
trouve cette erreur de signature tout à fait regrettable, et comprends les
réactions choquées des victimes. Mais tout de même, de là à utiliser ce fait
pour dénoncer les juges ! Toute une partie du travail de la cour de cassation
consiste à casser des textes où il manque une signature, une référence, que
sais-je encore, ce genre d'erreurs doit se produire souvent. Si cette très
regrettable erreur doit vraiment prouver quelque chose, elle montre justement
que les juges et les magistrats travaillent dans de mauvaises conditions. Et là,
c'est tout juste si on ne laisse pas planer l'idée que le greffier qui a tapé et
le président qui a signé l'ont fait exprès, pour soutenir les violeurs... Ce
matin sur France info on parle de la "regrettable décision" qui a mis en liberté
un violeur et qui "fait polémique". C'est bon, coco, ça marche. On est passé de
"l'erreur" à "la décision"... On va faire voter une loi condamnant les juges
qui, dans la pile de documents à signer dans un parapheur, font une erreur. Cela
permettra de monter encore un peu l'opinion contre les juges laxistes qui
protègent la racaille.
Pendant ce temps là, en prison, deux nouveaux détenus se
sont pendus. On apprend aussi qu'un homme de 53 ans est victime depuis
plusieurs années de viols et de tortures de la part de ses co-détenus.
Je l'ai entendu une seule fois, sur une seule radio. N. Sarkozy n'est pas
intervenu depuis Pékin. On ne peut pas tout faire.
******
3 Citations et
réactions de vous tous
Jeux de mots
Contribution de l'un de vous
" La chronique de
mon cher Guillebaud, cette semaine :
Méfions-nous des mots... Il
faut "réguler" les marchés financiers... Pourquoi ne dit-on pas "réglementer les
marchés" ?... la régulation s'oppose métaphoriquement à la réglementation... En
lieu et place de la norme édictée, elle propose un mécanisme neutre, dépourvu de
jugement de valeur... La nuance... porte trace d'une éviction de la politique.
...On peut raisonner de la
même manière à propos du mot gouvernance [opposé à gouvernement].
La "gouvernance" et la
"régulation" trahissent ainsi le rapetissement de la volonté commune... A eux
seuls, les deux mots ne sont pas des solutions car ils font partie du
problème"
Le même ami signale un article de Larrouturou,
"Ceci n'est pas une crise financière", où l'auteur insiste en particulier sur le
rôle du chômage comme variable de "régulation". http://www.marianne2.fr/Ceci-n-est-pas-une-crise-financiere-!_a92514.html
Démocratie
Tout petit extrait d'une
contribution de l'un de vous, merci M.
L. Nancy,
Vérité de la démocratie GALILEE coll. "La philosophie en effet"
(12,00 €)
"C'est à la politique en
elle-même et au capitalisme en lui-même que s'adressait le mouvement profond de
68. .C'est à la démocratie gestionnaire que s'en prenait sa
véhémence et, plus avant encore, c'est une interrogation sur la vérité de la
démocratie qui s'y ébauchait. La vérité de la démocratie est celle-ci : elle
n'est pas une forme politique parmi d'autres, à la différence de ce qu'elle fut
pour les Anciens
La démocratie n'est pas une forme politique du tout, ou bien et à tout le moins n'est-elle pas d'abord une forme politique. "Démocratie " est d'abord le nom d'un régime de sens dont la vérité ne peut être subsumée sous aucune instance ordonnatrice ou gouvernante mais qui engage entièrement 1' "homme" en tant que risque et chance de " lui-même ". Ce premier sens n'emprunte un nom politique que de manière accidentelle et provisoire. Ensuite, " démocratie " dit le devoir d'inventer la politique non pas comme ordre des fins mais des moyens d'ouvrir et de garder des espaces pour les inventer.
Cette distinction des fins et des moyens n'est pas donnée, pas plus que la distribution des "espaces" possibles. Il s'agit de les trouver, voire d'inventer comment ne même pas prétendre les trouver. Cette politique doit être tenue distincte de l'ordre des fins - même si la justice sociale constitue d'évidence un moyen nécessaire à toutes fins possibles.
La démocratie veut dire que ni la mort ni la vie ne valent par elles-mêmes, mais que vaut seulement l'existence partagée en tant qu'elle s'expose à son absence de sens ultime comme à son vrai - et infini - sens d'être" (4è de couverture)."
Les liens entre
nous
*
Claris
http://blog.claris.org/ Un article sur la politique pénale à l'égard des
mineurs
* La vie des idées
* Education financière
* Prochoix, Caroline Fourest
* La revue Ravages, éditée par l'association "Les amoureux des
genres humains" est en vente sur commande dans les librairies. Prochain numéro à
paraitre en janvier 2009. Dernier numéro paru : printemps 2008
* Ligue contre la violence routière
www.violenceroutiere.org
Un dossier intitulé : la sécurité routière, un
enjeu économique considérable et méconnu.
* Agoravox "le média citoyen"
http://www.agoravox.fr Un article intitulé : des réunions secrètes
ont lieu à l'Union Européenne pour imposer les OGM.
* Contre info
http://contreinfo.info/ Un article de Pierre Larrouturou : on
a poussé les classes moyennes et les pauvres à s'endetter
* Périphéries
* Planète sans visa, "une autre façon de voir la
même chose".
* Le blog de Jacques Fournier
http://jacquesfournier.blog.lemonde.fr/ Un article sur l'immigration
* Alternatives économiques
Gilles Raveaud nous informe que, selon une
information à vérifier, les traders français au chômage à Londres touchent des
indemnités aux Assedic en France. Ils étaient partis en Angleterre pour payer
moins d'impôts, et bénéficient du système social mis en place grâce aux impôts
de ceux qui sont resté en France.
Un important article dans ce blog, intitulé "il
faut sauver l'enseignement des sciences économiques et sociales".
Juste pour sourire, c'est très amusant à voir,
mais au fond l'analyse n'est pas très pertinente
: