Lettre [alerte] N° 13 - 16 juin 2008
Par Jean-Michel Bérard le lundi 16 juin 2008, 16:34 - Lien permanent
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Synthèse d'un article signé Eric Nunès, Journal Le Monde 7 juin 2008
"Le site rottenneighbour.com propose une carte géographique sur laquelle chacun peut zoomer pour déposer à l'endroit de son chois une critique des habitants de la zone ciblée. Il n'est pas nécessaire de s'identifier pour déposer une critique. On apprend ainsi qu'un dangereux exhibitionniste habite un immeuble explicitement désigné près de la Porte de la Chapelle, que tel immeuble boulevard St Germain est habité par trop de vieux, et que tel immeuble à Toulouse est fréquenté par des jeunes bruyants. " Fin de la synthèse
C'est évidemment dans l'intérêt de tous, puisque l'on peut ainsi avant de déménager savoir si la rumeur désigne le voisinage comme bon ! L'article du journal Le Monde ne dit pas si l'on peut se plaindre d'avoir trop de voisins juifs, ce qui éviterait bien du travail à la gestapo. En revanche, tout fier, le site annonce une nouveauté : on peut désormais savoir si ses voisins sont auteurs de délit sexuels, avoir leur nom, leur photo. Si, si, c'est vrai. Bonne chose, car, dit le site, avoir un voisin criminel sexuel peut faire baisser le prix de votre appartement. Qui sait, cela conduira peut-être le voisin, sous la pression de la milice de quartier, à déménager vers un pays où il n'y a pas l'internet, s'il en reste.
J'ai visité le site : on peut classer les critiques en "bruit, odeur, apparence, autres relations de voisinage".
Bon, il faut voir le coté positif, le site lutte aussi contre le réchauffement de la planète. Il ne faut tout de même pas tout critiquer.
Synthèse d'une double page du journal Le Monde, 7 juin 2008, signée Yves Eude, envoyé spécial dans la silicon valley. Mes commentaires sont en italiques.
Pour 1 000 dollars la société californienne 23andMe décrypte le génome de ses clients et les encourage à rendre public leur code génétique. Le service est disponible en Europe..
L'article précise qu'il suffit de cracher dans un tube en plastique et de l'envoyer à 23andMe. L'article ne précise pas du tout si des conditions de sécurité sont appliquées pour vérifier l'identité du demandeur et du cracheur, ou si l'on peut envoyer la salive de n'importe qui dont on aurait subrepticement obtenu un crachat.
La société 23andMe communique à partir du crachat une quantité de renseignements résultant de l'analyse du génome (?), et qui vont dans le sens d'une mécanisation de l'être humain : probabilité de développer telle maladie, prédisposition à devenir dépendant de l'alcool, prédisposition à la tendance maniaco-dépressive, prédisposition à avoir un QI supérieur à la moyenne... La section "famille" permet de déterminer à 0,01% près le degré de ressemblance entre parents et enfants, entre frères, sœurs, cousins, amis. Pour la paix des familles ?
Tout cela est pour le bien de tous, et en particulier de la recherche médicale, selon 23andMe. On peut même imaginer un système d'orientation scolaire : la génétique obligera la pédagogie à tenir compte des particularités de chaque enfant. (Si, si, je vous assure, c'est écrit, c'est ce que dit l'une des responsables de l'entreprise, en le souhaitant pour ses propres enfants.)
Un employeur dit au journaliste que pour recruter il demandera désormais ces résultats, qu'il avait auparavant beaucoup de mal à rassembler. Il ajoute que lorsque sa fille se mariera il faudra que son futur gendre soit génétiquement parfait. Brr... En plus, il ne semble pas songer à demander l'avis de sa fille.
Le plus surprenant est encore que la société 23andMe encourage ses clients à rendre publics leurs résultats sur internet, et que des gens le font fièrement. On se demande vraiment pourquoi, mais ça marche. La société les a pourtant, tout en les incitant à publier leurs résultats, mis en garde : "un jour, les données que vous divulguez pourraient servir à vous refuser un emploi ou une assurance maladie."
Pour empêcher le Diable de supprimer nos libertés, supprimons-les nous-mêmes, c'est plus prudent !