Lettre [alerte] - 23 mai 2008

Plan de la lettre :
1 Alerte
La valeur-travail, vraiment ?
2 Au fil des jours, des lectures et des navigations
Le licenciement mondialisé
Salariés jetables ou recyclables ?
La valeur du loisir est un élément de la richesse
Poisson libéral ?
3 Citations et réactions
Palais de la Découverte
Une autre lettre
Au delà de l'horizon
Si du fait du paramétrage de nos messageries vous lisez mal ce message, dites-le moi, je vous l'enverrai sous une autre forme.
Vous faites partie d'une liste de 17 amis, constituée de façon purement arbitraire,  dont je pense que peut-être mes préoccupations sur l'avenir de la démocratie et l'état de la société  (que ça ! ...) peuvent les intéresser.
Les messages sont repérés par [alerte] dans l'objet, ce qui vous permet de ne pas les lire. Vous pouvez aussi sans problème demander à être rayé de la liste.
Diffusion libre et bienvenue.  Réactions et contributions bienvenues. Vos contributions dans la partie 3 de cette lettre sont nombreuses cette fois-ci.
JM Bérard
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Les gens manifestent presque toujours une intense surprise et disent presque toujours "Qu'est-ce que tu fais là ?" quand ils rencontrent quelqu'un de connaissance en un lieu où ils se trouvent eux-mêmes sans que cela les surprenne. Pierre Desproges
 
Pendant la grève des professeurs, le président va obliger les enfants qui vont en classe à porter avec eux la photo d'un élève qui n'a pas pu aller à l'école parce qu'il était pris en otage par les syndicats d'enseignants. Charlie Hebdo, 21 mai 2008
Chaque grève de service public déclenche un ramdam orchestré contre la "prise en otage".
Je lisais encore récemment dans Le Parisien du 9-3 (le département, pas la date) deux pages entières sur la vie des travailleurs de banlieue : réseau ferré mal entretenu, pannes, trains supprimés. C'est quotidien, cela dure depuis plusieurs années. Certains sont obligés de partir une heure plus tôt que la normale et rentrent à une heure imprévisible. Que font-ils de leurs enfants pendant ce temps ?
Prise en otage par l'Etat et les collectivités territoriales pour défaut d'entretien des transports conjugué aux hausses de loyers qui font que l'on ne peut plus habiter près de son travail ? Ce n'est pas à la mode, puisque la mode actuelle consiste à inciter les pauvres à se faire des reproches entre eux.
 
L'industrie agro-alimentaire tient à faire de la publicité dans les émissions pour enfants. Normal, l'obésité des enfants crée des emplois et des profits chez les fabricants de petits gâteaux gras et sucrés.  Bernard Maris, France Inter.
Jusqu'à maintenant on faisait travailler les enfants du tiers-monde. Il faut maintenant rendre malades et sacrifier nos propres enfants.
Normal, c'est la crise, chacun doit faire des sacrifices... Cela dit, en France, pour l'instant, ce sont surtout les enfants des milieux pauvres qui sont obèses.
Voir Jonathan Swift, "Modeste proposition concernant les enfants de la classe pauvre" 1729 http://www.serieslitteraires.org/site/L-ironie-politique-dans-Une
 
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La dominante de cette lettre est le fonctionnement de l'économie. Je ne suis pas un spécialiste, vos réactions sont souhaitées.
 
Plan de la lettre :
 
1 Alerte
La valeur-travail, vraiment ?
2 Au fil des jours, des lectures et des navigations
Le licenciement mondialisé
Salariés jetables ou recyclables ?
La valeur du loisir est un élément de la richesse
Poisson libéral ?
3 Citations et réactions
Palais de la Découverte
Une autre lettre
Au delà de l'horizon
 
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1 Alerte
 
La valeur-travail, vraiment ?
 J'aimerais entamer avec vous des échanges sur la "valeur-travail" que le président et ceux qui le soutiennent disent vouloir réhabiliter, pour "effacer" mai 68.
 
Je n'aborde pas aujourd'hui l'importance du travail dans le système scolaire, ni celle du travail intellectuel ou artistique, mais me limite à quelques aspects du fonctionnement de l'économie.
 
Ma petite thèse personnelle : au XIXème siècle, dans un capitalisme familial très dur (les 200 familles) la valeur-travail était un pilier du système, reconnu par tous. On travaillait dans l'entreprise toute sa vie, on terminait avec la remise de la médaille du travail. Malgré des conditions sociales dures, le capital avait un certain souci de maintenir l'entreprise familiale.
Aujourd'hui, le capitalisme est financier, et, du fait de ses mécanismes, dont l'humain est entièrement absent, il a pour seul but de prélever 15% de profit. Qu'importe donc que les ouvriers et les cadres de LU, de SEB, de Gandrange aient une compétence professionnelle, qu'importe même que le site soit rentable : s'il ne rapporte pas assez, il faut le fermer. De plus, le salaire versé est soumis à des pressions considérables du fait de l'existence de salaires très bas ailleurs. Apparait donc le travailleur pauvre, dont le salaire ne permet plus d'assurer la vie (logement, nourriture). Pour parodier Marx, le Capital ne garantit même plus la reconstitution de la force de travail.
Autrefois, l'existence du bloc soviétique entretenait sans doute un espoir : malgré ses défauts, etc... Aujourd'hui, il n'y a guère que Arlette Laguiller pour penser qu'en taxant les profits en France on résoudra la question en France.
Alors quoi ? Pour un pessimiste comme moi, crises et guerres. Des optimistes pourtant voient apparaitre quelques bourgeons : actions associatives, créativité collaborative, refus de la compétition fratricide, aspiration de certains à travailler moins pour vivre. (Je ne dis même pas : vivre mieux. Pour vivre, tout simplement).
Selon un sondage récent, trois français sur quatre pensent que mai 68 a apporté des progrès, ils ne sont que 39% à penser que Sarkozy apporte des progrès.
 
Merci de vos idées.  Voir articles ci-dessous.
 
 
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2 Au fil des jours, des lectures et des navigations
 
Le licenciement mondialisé
 
Compte rendu, dans Le monde, du livre Le salarié jetable, Louis Uchitelle, Ed. demopolis 384 pages 23 euros.
(Tiens, pour une fois, ce n'est pas La Découverte ? Et alors, A. ? )
 
L'auteur du livre est chef du service économique du journal américain The New York Times.
Synthèse : depuis les début des années 1980 plus de 30 millions d'américains ont perdu leur travail. De façon insidieuse, à la stabilité de l'emploi portée par la croissance de l'après guerre s'est substitué un recours quasi systématique aux suppressions de postes. L'indifférence et même le consentement de l'opinion vis à vis des licenciements se sont installés dans la société américaine. Les fusions, l'externalisation, les restructurations permanentes d'entreprises en quête de profit à court terme, la migration des usines et des bureaux dans des villes et des pays à bas salaires, la stagnation des revenus, le recul ou l'abandon de pans entiers de l'industrie, tous ces facteurs requièrent un acquiescement aux licenciements. La justification ultime de ces restructurations permanentes ? Une adaptation à la mondialisation avec à la clé des lendemains qui chantent Une fois les dégraissages accomplis, promet le système, les perspectives de retour au plein emploi, la fin de la précarité, la mutation de l'économie vers des secteurs à plus forte valeur ajoutée, gisements de postes plus qualifiés récompenseront les sacrifices. Mais l'auteur du livre montre que la réalité est "plus compliquée" : les salariés licenciés peinent à retrouver un emploi à responsabilité, compétences et salaires comparables ; le phénomène qui initialement concernait les salariés non qualifiés s'accélère parmi les diplômés. De plus l'externalisation présente des effets secondaires négatifs. Exemple : l'entretien externalisé d'une flotte d'une compagnie d'aviation entraine une moins bonne maintenance, l'immobilisation des avions et la nécessité de supprimer des vols.
L'auteur conclut sur le constat d'un immense gâchis, dont on peine à prendre la mesure faute d'outils statistiques adaptés. L'auteur renvoie dos à dos les administrations Bush et Clinton. Selon lui, cette dernière n'a su qu'emboiter le pas à l'idéologie dominante et même contribuer à l'accélération de la désintégration des solidarités et à la perte d'influence des syndicats au profit de l'entreprise dominante.
Fin de la synthèse de l'article.
 
Si le New York Times place à la tête de son service économique un altermondialiste gauchiste, où allons-nous ? Ils devraient plutôt embaucher JM Sylvestre. Ce serait une entreprise humanitaire, car il faut bien dire que face à Bernard Maris sur France-Inter, la pauvreté idéologique et théorique de JM Sylvestre, ultralibéral à la pensée inconsistante, devient gênante...
 
Remarque personnelle : lorsque dans quelques dizaines d'années, en France, le Parti Socialiste commencera prudemment à réfléchir à un programme, peut-être devrait-il tenir compte de ces réflexions ?

 

 

Salariés jetables ou recyclables ?
 
Synthèse d'un article de Bernard Maris, Charlie Hebdo, 14 mai 2008. (Bernard Maris est professeur des Universités en Economie).
 
Airbus souhaitait, dans une perspective "d'externalisation" (c'est à dire de sortie de la zone Euro) vendre deux sites français. Il y renonce. C'est une victoire des syndicats. Mais cette victoire va se payer en baisses de salaires et en "productivité du travail" accrue. (Autrefois on parlait de "cadences" mais depuis que le col blanc s'est généralisé on préfère parler de "productivité"). Quant aux externalisations, ce n'est que partie remise.
 
La structure adaptée d'une multinationale est : fabriquer là où cela ne coûte rien, concevoir là où les super-cadres se sentent bien, et payer des impôts là où il n'y en a pas. EADS n'a pas encore cette structure. Toutes les sociétés américaines fonctionnent de cette façon. La moitié du commerce international est du commerce intra-firmes, celui qui permet aux entreprises d'avoir les coûts de production est la comptabilité adaptés.
 
C'est un pur raisonnement de financier : le financier trait la vache tant qu'il y a du lait à tirer, et ensuite vend la vache à l'abattoir. Un paysan, lui, garde sa bête pour faire des veaux, cela s'appelle la reproduction du capital.
 
Trichet, directeur de la banque centrale européenne, croit se battre à armes égales avec les Américains; Il achève la désindustrialisation de l'Europe, et ce qui va avec : la perte de compétitivité en matière de recherche. Quand on jette du salarié qui manie le tournevis on jette aussi du salarié qui manie les concepts et les théorèmes.
 
Ah, si les capitalistes pouvaient se passer de la force de travail... Fin de la synthèse de l'article de B. Maris.
 
 
La valeur du loisir est un élément de la richesse
 
Synthèse d'un article de Libération du 19 mai 2008
Pour Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie, les salariés doivent profiter des gains de productivité.
Quelques extraits :
"Je pense que l'on doit intégrer dans la mesure du PIB ce que j'appelle la valeur du loisir. [...] On devrait avoir le choix de profiter au mieux des gains de productivité. Les Américains travaillent aujourd'hui plus qu'il y a trente ans. Ils devraient pouvoir en profiter plus, mais ce n'est pas le cas. Ils disent travailler pour offrir de meilleures conditions à leurs familles, mais la conséquence est qu'ils n'ont plus de temps à consacrer à leur famille. [...] Les 35 heures ? Il faut développer ces cadres législatifs et sociaux qui permettent à chacun de passer plus de temps en famille s'il en a envie. [...] Ce que nous enseigne la théorie économique, c'est que lorsqu'une économie augmente sa productivité, le temps de loisir croit. Ce qui se passe aujourd'hui en matière de temps de travail aux Etats Unis est aberrant."
Depuis l'élection du président, ses amis martèlent que les 35 heures sont la source des malheurs de la France. Sont-ce les 35 heures qui créent le chômage des jeunes, les mises à la retraite anticipées, le travail à temps partiel forcé, la multiplication des CDD, la non-embauche des femmes demandeuses d'emploi ? Selon la droite, oui. Il me manque sans doute des étapes de leur raisonnement. D'après Bernard Maris, statistiques à l'appui, le temps de travail en France est supérieur à la moyenne européenne (car il y a ailleurs encore plus de temps partiel forcé que chez nous), la productivité française est plutôt supérieure à la moyenne européenne, etc. Et puis je vous assure que mes oncles et mes cousins, qui gagnent bien leur vie avec les touristes qui fréquentent leur station de sports d'hiver, ne sont pas contre les 35 heures... A-t-on analysé toutes ces retombées des 35 heures sur l'industrie du loisir ? A-t-on vu les avantages d'avoir des salariés moins stressés ?
 
Poisson libéral ?
 
En économie libérale, c'est le marché qui régule l'économie. Les disfonctionnements viennent, selon eux, des freins mis à la liberté du marché. Passons pour aujourd'hui sur l'hypocrisie de cette position, où, en même temps, les USA ou l'Europe subventionnent largement leur propre agriculture, au détriment de l'agriculture des pays émergents, et renflouent avec des fonds publics les banques en faillite pour sauver le système bancaire.
 
A la radio aujourd'hui : les pêcheurs ne peuvent plus vivre du fait de l'augmentation du prix du gas-oil. (Rappelons que le gas-oil que les pêcheurs achètent est détaxé, l'Etat n'est pas en cause, seul le marché joue). Et voici que ces artisans, les premiers à lutter contre les taxes, les impôts et la TVA qui les écrasent, demandent l'aide de l'Etat (dont le budget provient pourtant des impôts, des taxes et de la TVA.). C'est logique : le marché doit jouer quand je gagne, l'Etat doit me subventionner quand je perds.
 
Ajoutons que les pêcheurs demandent aussi l'augmentation des quotas de pêche. C'est logique, cf. ci-dessus la vache de Bernard Maris. Mais quand il n'y aura plus de poisson, on ne pourra plus augmenter les quotas. Et alors qui faudra-t-il envoyer à l'abattoir ? La vache !
 
 
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3 Citations et réactions de vous tous
 
Palais de la découverte
 
Sans avoir vraiment la place de développer dans cette lettre, je vous transmets volontiers, et en total accord, le message de l'un de vous concernant le Palais de la Découverte.
"Parmi tant de choses à sauver ces temps-ci...
La plupart d'entre vous avez peut-être déjà signé, je transmets tout de même. Amicalement. B.
Une pétition à signer... et à faire suivre... Sauvons le Palais de la Découverte !
Le Palais de la Découverte semble menacé de disparition par des projets gouvernementaux.
Ce serait une grave atteinte contre la pensée, contre la connaissance, contre la culture
 

Une autre lettre

L'un de vous m'écrit "Tes alertes m'incitent à mettre quelques notes par écrit, en écho plus ou moins direct à tes envois". Chic alors.

Un petit extrait de sa lettre :

"Disparition du repas-partage ("copain" = celui avec qui on partage le pain). Le repas amoureux : on commandait la même chose, ou sinon c'était pour échanger les moitiés ; maintenant chacun ce qu'il aime. Comme dans les familles (et encore, si on mange "ensemble" : les repas "en parallèle" à frigo ouvert.) Ariès fait une histoire de la "table" et du repas, de la Grèce antique à la révolution en passant par le Roi Soleil. Aujourd'hui, ni table ni repas : les américains en sont à 12 prises alimentaires par jour."

Au delà de l'horizon
 
L'une de vous me transmet un texte, en me disant "C'est pour la lettre Alerte". Merci, le texte est cité ci-dessous, ce sont des questions qui me passionnent, merci de nourrir ma réflexion et de nourrir cette lettre.
Mais on me dit aussi que ce texte est issu du blog de Louis-Jean Calvet, que je ne connais pas, mais dont les textes m'accrochent aussitôt. Je vous donne donc aussi l'adresse du blog de L.J. Calvet, et un autre extrait de ses textes..
Pour dépasser notre horizon proche, le Web 2.0 ? En tout cas, pour cette fois, ça marche.
 
Envoyé par l'une de vous : (je ne change pas la police de caractères originales, bien que ma lettre soit en Garamond 14, car je ne sais pas ce que cela donnerait pour le chinois. Surtout que la police chinoise...).
 
15 avril : Chien agressif
Donner en chinois un nom aux étrangers, ou transcrire un nom étranger, est tout un art. Il s’agit en effet d’une opération double : trouver des caractères qui d’une part se prononcent à peu près de la même façon que le mot original et d’autre part font un sens qui honore la personne ou le lieu re-nommé. Pour ne prendre que quelques exemples, la France se dit en chinois fa guo, 法國, le « pays de la loi » (ou de l’ordre), l’Amérique mei guo, 美國, le « beau pays » ou « pays de la beauté ». Autre exemple, l’université de Vincennes avait été jadis nommée par un professeur chinois de passage 文森, wen sen, c’est-à-dire « forêt de signes ».

Bien sûr, les marques étrangères qui s’installent en Chine jouent là-dessus et recherchent des noms attractifs ou valorisant. L’exemple classique est celui de Coca Cola qui donne 可口可樂, se prononçant ke kou ke le et signifiant « bon pour la bouche, bon pour la joie ». Les supermarchés Carrefour par exemple, que l’on voit dans toutes les villes avec le même logo, la même graphie et les mêmes couleurs qu’en France, ont un nom chinois en trois caractères, 家樂褔, qui se lisent jia lo fu, et dont la traduction donne «bonheur de la maison». Dès lors les Chinois s’y précipitent, et je doute que les appels de certains à boycotter Carrefour après les tribulations de la flamme olympique à Paris fassent le poids contre ce nom magique.

Mais si, je l’ai dit, on cherche donc à honorer un étranger en le nommant « à la chinoise », on peut aussi s’amuser en jouant sur les homonymies en l’honorant…un peu moins. Deux exemples qui me ravissent. Sarkozy est devenu pour certains sai gou, adaptation de Sarko, qui s’écrit 賽 狗 et se traduit « chien batailleur » ou « chien agressif ». Intéressant la vision que les Chinois ont de notre Président ! Bien sûr il ne s’agit pas de la transcription officielle, mais cela en est d’autant plus intéressant. Quant à Royal, elle est devenue hua ya le , 花压了, « fleur comprimée ». Ce qui n’est pas mal vu non plus… Je n’ai pas trouvé la transcription de Le Pen, mais le caractère  笨 pourrait convenir : il se prononce /pen/ et signifie « imbécile 

21 mai : Deux scenarii... et deux morales

Premier scenario :

-Patrick Devedjian (patron de l'UMP): "Il faut le démantèlement définitif des 35 heures" -Xavier Bertrand (ministre du travail): "Il faut garder une durée légale du travail à 35 heures, qui déclenche les heures supplémentaires majorées pour le salarié" -Nicolas Sarkozy (président) "Référez-vous à ce qu'a dit Xavier Bertrand. Comme toujours, il a bien parlé".

Morale : Il y a longtemps qu'en France le ridicule ne tue plus. La preuve : Devedjian est vivant.

Deuxième scenario :

Emine (femme de Ramazan, séparée) reçoit de son mari un SMS lui disant "tu changes de sujet chaque fois que tu es à court d'arguments". En turc, à court d'arguments" se dit sikisinca , mais sans point sur les i. Problème, le portable d'Emine (comme mon clavier) ne reconnaît pas les caractères turcs et elle reçoit donc sikisinca (avec les points) qui signifie "en train de baiser" et non pas "à court d'argument". Ramazan vient chercher sa femme, réfugiée chez son père. On l'accueille à coups de couteaux, il réplique, tue sa femme, va en prison et s'y pend.

Morales (au choix): L'orthographe tue plus que le ridicule, ou il ne faut pas mettre les points sur les i, ou encore les 15% d'enfants qui arrivent en sixième quasi analphabètes sont en grand danger, surtout s'ils sont d'origine turque. Fin des extraits LJ Calvet.

Soyez sympa : n'abandonnez pas tous la lecture de ma petite lettre. Vous pouvez lire à la fois Calvet et moi...

J'ai écrit plus haut que je ne connais pas LJ Calvet. J'ai honte. C'est un linguiste, qui a, entre autres actions et ouvrages, écrit, au Seuil, avec Jean Véronis, un livre intitulé "Les mots de Nicolas Sarkozy" qui aurait pourtant dû attirer mon attention. L'horizon...