[alerte] - JM Bérard - 26 mai 2017

jean-michel.berard orange.fr

Table des matières

[alerte] - JM Bérard – 26 mai 2017

Indignation : je m'indigne !

Le peuple tranchera par les élections

Cession des fichiers de l'éducation nationale aux « Gafam et autres »

Sens ?

Orthographe

Orthographe1990

C'est la faute à Najat Vallaud Belkacem, la destructrice masquée des valeurs de la France.

Chapeau l'artiste

Transparence des logiciels

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Fin de la lettre du 26 mai 2017

 

 

Indignation : je m'indigne !

Le peuple tranchera par les élections

Un ministre, l'un des principaux collaborateurs du président Macron, M. Ferrand, est cité par le canard enchainé dans un problème immobilier ne concernant pas les fonds publics. Je lis avec attention les analyses concernant ce problème. Je ne donne pas ici mon avis, mais une partie de la presse, mettant en avant la volonté du président de moraliser la vie publique, demande la démission de M. Ferrand. Bon, je suivais attentivement le cours des débats, jusqu'à mon indignation de ce vendredi 26 mai : le Premier ministre a décidé que ce serait au peuple de trancher lors des élections. Je m'étouffe. C'est exactement ce que disait Fillon : les électeurs décideront de ma culpabilité ! Combien d'hommes politiques véreux sont-ils réélus depuis des années à la tête de certaines villes ? Combien d'hommes politiques condamnés pour malversation dans l'exercice de leur mandat sont-ils réélus aussitôt leur peine purgée ? Marine Le Pen dit « Le peuple a toujours raison. » Non non et non. Le peuple a raison dans le cadre des principes démocratiques et républicains. Si le peuple estime qu'il est bon de massacrer les juifs et de condamner à mort les homosexuels, le peuple n'a pas raison. Je suis indigné par la prise de position du Premier ministre de M. Macron. Bon, j'ai dit que je ne donnerai pas mon avis, mais cela manque à cet article : à mon avis M. Ferrand n'a pas à démissionner. Mais cela n'a pas de rapport avec mon indignation due à un profond désaccord avec la façon de voir du Premier ministre.

Cession des fichiers de l'éducation nationale aux « Gafam et autres »

Là encore, je m'étrangle d’indignation. Le ministère de l'Éducation nationale (celui de François Hollande) donne le feu vert aux autorités académiques pour permettre aux grandes entreprises du numérique Gafam (Google Amazon Apple Facebook Microsoft, et autres) d'accéder aux fichiers des établissements scolaires.

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2017/05/24052017Article636312108828390337.aspx

Le fichage généralisé des élèves par le fichier Base élèves a déjà suscité de nombreuses réserves. Et voici que sans coup férir (avec quelles contreparties ?) les « Gafam et autres » auront accès aux fichiers des établissements.

Selon la revue en ligne « Le café pédagogique », la commission nationale de l'informatique et des libertés met en garde : « Ce n'est pas l'avis de la CNIL. Si celle-ci juge " intéressante" l’idée initiée par le ministère (mais non concrétisée) d'une charte de confiance, "elle considère que, compte tenu de la sensibilité des données en jeu, cette charte devrait se traduire par un encadrement juridique contraignant tant en ce qui concerne la non-utilisation des données scolaires à des fins commerciales, l’hébergement de ces données en France ou en Europe ou encore l’obligation de prendre des mesures de sécurité conformes aux normes en vigueur".

La CNIL "appelle donc les responsables éducatifs, enseignants et les collectivités territoriales à être vigilants et à ne recourir qu’à des services numériques respectant ces règles et principes. "

Dans le même sens, un communiqué de l'association Enseignement Public et Informatique

http://www.enseignerlinformatique.org/2017/05/25/communique-de-lassociation-enseignement-public-et-informatique-epi/

Sur les moteurs de recherche, de nombreux autres communiqués de protestation, dont celles de parents d'élèves FCPE. Rien de la ligue des droits de l'homme ? Ils doivent être partis en we de l'ascension et n'ont pas encore atterri. Rien non plus de la ligue de l'enseignement. Sauf erreur de ma part.

Sens ?

Je suis tout à fait perplexe devant certains modes d'expression des médias, qui, justement, me semblent vides de sens mais sont désormais des expressions incontournables de « l'information ».

* Être sous le choc : après l'attentat, la ville, le pays, le monde entier sont sous le choc. Après l'inculpation du maire pour escroquerie, la ville est sous le choc. Après l'attentat, les voisins du terroriste, qui le considéraient comme un homme tranquille, sont sous le choc. Après l'assassinat sauvage de la petite fille, nous sommes sous le choc. Comment cela se mesure-t-il ? Quels sont les signes, les symptômes ? Qui dans la ville a t on interrogé ? Tous les habitants sont-ils sous le choc ? Qu'est-ce qui précisément les choque ? L'intérêt de ce type d'expression est que, comme cela n'a aucun sens, cela ne peut pas être contesté et témoigne de notre compassion collective : nous ne sommes pas indifférents, nous sommes sous le choc.

* S'inviter dans : expression de plus en plus fréquemment entendue ou lue (même dans Le Monde) qui évite d'avoir à analyser la situation : un évènement, une situation, une prise de position un peu imprévus surviennent, qui dérangent l'ordre du débat médiatique en cours jusque-là. Invité indésirable, indésiré, invité trouble-fête pour le bon ordre médiatique. Mais bon, lorsqu’une personne non-invitée pique-assiette s'invite au cocktail, il y a mis de la volonté. Comment l'immigration, le terrorisme, la construction d'un nouveau centre culturel, la présence des films netflix au Festival de Cannes, la sécurité routière s'invitent-ils ? Magie : ils s'invitent, nul n'y est pour rien… Immanence ? Transcendance ? Ou simplement surprise des médias dérangés par cette irruption ?

* En direct de : là encore, c'est devenu à la télé une obligation, couteuse et vide, mais une obligation : notre envoyé spécial va vous parler en direct de l’Élysée, du siège du parti, du bas du télésiège où a eu lieu l'avalanche, de Londres (alors que l'attentat a eu lieu à Manchester). Le pauvre envoyé spécial (déplacé à grand renfort de caméras et moyens de transmission) est souvent dans la nuit, dans le froid. Des négociations sont en cours à l'Élysée, notre envoyé spécial devant le Palais vous en rend compte. On imagine : des négociations ont lieu, des réunions se tiennent et régulièrement un lutin sort de l'Élysée pour raconter à l'oreille de l'envoyé spécial les derniers développements de la situation. Il est bien clair que, en l'absence d'information officielle, l'envoyé spécial en saurait tout autant en lisant les dépêches de l'AFP dans son bureau. C'est d'ailleurs sans doute ce que sa rédaction lui a transmis pour meubler son intervention. On a connu Maryse Burgot, jeune journaliste à la télé, marcher dans la neige sac au dos dans les montagnes d'Afghanistan pour être au plus près des théâtres d'opérations. Il y a longtemps. Elle a été promue et « couvre » maintenant l'Élysée. Dur. Faire le planton dans la nuit devant le palais pour sembler être à la source de l'info. De même que le correspondant à Londres ne sait sur l'attentat de Manchester que ce qu'il apprend par ses différentes sources d'information, il n'a rien de plus, il en saurait probablement tout autant à Paris. Épargnons aux envoyés spéciaux des déplacements inutiles et couteux. Je suis vraiment perplexe : qui croit à cela ? C'est la magie du direct !

* Décryptage : de nos jours, tout journal sérieux décrypte tout. Cela lui donne de la crédibilité, laisse croire à son sérieux. Pour le Larousse, décrypter c'est retrouver le sens clair d'un message chiffré. Certes, c'est aussi rendre intelligible un texte obscur, l'élucider. Mais bon, décoder un message chiffré n'est à la portée que de journalistes très intelligents. C'est autre chose qu’analyser, rendre compte, discuter, critiquer. Bon, d'accord, ce n'est pas tout à fait le même sens, mais je maintiens que le décryptage touche par son sens un peu scientifique et semble ainsi donner de la rigueur à l'analyse.

* Les fausses nouvelles, fake news : j'en parle aussi dans le paragraphe « orthographe » ci-dessous. Cela devient très préoccupant : inutile de vérifier, de recouper, de comparer les sources : tout ce qui circule, même totalement inventé, doit être considéré comme vrai ! Je pourrais citer des dizaines d'exemples. L'un des plus récents : lors du débat d'entre deux tours, Marine Le Pen insinue impromptu que Macron pourrait être titulaire d'un compte dans un paradis fiscal. Après coup, les spécialistes ont retracé avec précision le trajet de cette fausse nouvelle, créée sur des sites russes puis propagée par des réseaux liés à l'extrême droite lui donnant une crédibilité. Bon, on peut comprendre, c'est un coup politique soigneusement monté et efficace puisque même démenti on continuera d'y croire. Plus incompréhensible est le site mis en place après l'attentat de Manchester. Pendant des heures après l'attentat des familles sont restées sans nouvelles de leurs enfants. Faisant tout pour aider les personnes dans la douleur, un site se monte avec les photos de personnes recherchées. Bon, mais ces photos sont bidon, personnes recherchées, pas recherchées, pas du tout disparues, complètement étrangères à l'attentat. Pourquoi faire cela ? Par goût du jeu ! C'est vrai ça, ne soyez pas pisse-froid, c'est drôle : cela aggrave l'inquiétude des parents, égare la police…

Les trolls sont les créatures merveilleuses, lutins du folklore scandinave. Dans l'argot du numérique, ce terme désigne les personnes qui investissent leur énergie à perturber les contenus des échanges sur internet. Je trouve que le gouvernement suédois devrait protester.

On peut monter sur les fameux « réseaux sociaux » tout un échafaudage de fake news sans aucun fondement, de quel droit les contester : les réseaux sociaux ont bien droit à la parole, il faut une place en dehors de la parole contrôlée, il n'y a pas de fumée sans feu, halte à la domination des bienpensants, heureusement les réseaux sociaux savent débusquer ceux qui dans l'ombre tirent les ficelles, en voulant ramener à la vérité vous censurez… Tout se vaut.

Certains journaux ont créé des rubriques « intox désintox ». Certains organismes d'information organisent lors des débats politiques une rubrique d'analyse en direct des bobards prononcés. Le journal Le Monde a monté un site Les décodeurs, une base de données decodex, organise dans les écoles une formation à l'esprit critique. Remarque : je n'ai eu encore ni le temps ni l'occasion de tester les décodeurs et decodex. Quant à la formation à l'esprit critique, n'est-ce pas le rôle de l'école ? Le Brevet informatique et internet qui existait dans les écoles, les collèges et les lycées y consacrait une place importante. Il vient d'être supprimé et remplacé par une nouvelle attestation de compétences numériques où la formation à l'esprit critique tient une place minime. Argument : c'est transversal, cela ne concerne pas que le numérique. C'est partout, au risque que ce ne soit nulle part. Ne pas croire a priori ce qui circule sur l'internet, ne le diffuser qu'après avoir tenté de recouper et vérifier l'information. Bon, je vois, JM B, vous voulez encore limiter la liberté de penser en dehors de votre vérité.

Orthographe

Orthographe1990

Ce texte est écrit dans l'orthographe recommandée 1990 en suivant, si je n'ai pas fait d'erreur, les recommandations du logiciel « Le Robert Correcteur ».

https://fr.wikipedia.org/wiki/Rectifications_orthographiques_du_fran%C3%A7ais_en_1990

C'est la faute à Najat Vallaud Belkacem, la destructrice masquée des valeurs de la France.

(Dire « C'est la faute à » ne résulte pas de la réforme de l'orthographe, mais sait-on jamais, si NVB était restée ministre… C'est pour vous montrer jusqu'où l'on peut tomber si l'on accepte n'importe quelle réforme ! Pourquoi ne pas aller au coiffeur ? Pourquoi ne pas couper sa salade ? La France est en danger.)

J'ai été choqué par le fait que lors d'une émission de télévision fort regardée l'invitée, usant de son autorité d'invitée, a accusé Najat Vallaud Belkacem d'être coupable de vouloir réformer l'orthographe. Sans être démentie par le présentateur de l'émission. Je ne parle pas ici, car c'est un autre sujet, de la pertinence ou non-pertinence de la réforme de l'orthographe. Je parle de ces progrès actuels de la « post-vérité » ou au fond tout se vaut, vrai ou faux. En 1990 Najat Vallaud Belkacem avait 13 ans. Et le fait qu’à la rentrée une partie des éditeurs aient décidé de publier les livres scolaires dans l'orthographe 1990 ne résulte pas d'une directive du ministère. Pas grave : tout le monde croit que c'est NVB la coupable et cela donne de bons arguments à tous ceux qui soutiennent mordicus que la gauche détruit la France et sa culture. Bon, cela dit, c'est vrai, il n'y avait pas beaucoup de ministres de gauche dans le gouvernement Valls, NVB en faisait à mon avis partie.

Chapeau l'artiste

Je trouve toujours très enrichissant de lire le blog de Claude Lelievre,

Biographie https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Leli%C3%A8vre

Et le blog http://blog.educpros.fr/claudelelievre/

J'apprécie la rigueur et la finesse de ses analyses sur le système éducatif, l'énergie civilisée de ses prises de position et de ses engagements. Je ne consulte son blog que de temps en temps, je devrais le faire plus souvent, j'y découvre systématiquement des angles d'analyse et des ouvertures importants. (Oui je sais, faut-il accorder l'adjectif sur le dernier de la liste ? Ah non, ce serait une atteinte à la culture française.)Dans le blog concerné par le lien ci-dessus une réflexion fort prudente sur le programme éducation de Manuel Macron. Et un article sur Najat Vallaud Belkacem, qui a pour titre « La jeune ministre a tenu bon la rampe » et se termine par « chapeau l'artiste ». Trop long pour que je le reproduise, mais vous pouvez cliquer librement. Pour ma part, il me semble que NVB a été la meilleure ministre de l'éducation nationale du quinquennat. Elle suscite une haine incroyable. Il me semble que c'est parce qu'elle a vraiment pris au sérieux le fait que, de tous les pays de l'OCDE, l'école française est non seulement celle qui réduit le moins les inégalités dues à l'origine sociale, mais même celle qui les aggrave le plus. Assez normal dans ces conditions que tous ceux dont les enfants, ou plus généralement dont le milieu social bénéficient de ces inégalités soient hargneux lorsque l'on tente de les atténuer : leurs enfants, pensent-ils, sont menacés si l'on tente de réduire les inégalités sociales, et donc la France est menacée. Simpliste ? Regardez bien !

Transparence des logiciels

C'est une rubrique d'importance capitale que j'ai entreprise dans le précédent numéro, : lorsque « l'ordinateur », les logiciels analysent une situation, proposent une décision, donnent des résultats, pilotent des appareils, comment pouvons-nous savoir selon quels principes ils sont programmés, comment pouvons-nous être un peu maitres de tout cet environnement qui tend à s'imposer et à imposer.

La présente lettre est trop longue pour que je reprenne le sujet. J'y reviendrai. Une seule petite anecdote : en 1978 j'avais apporté dans une classe de CM1 un ordinateur TRS80. Nous programmions avec les élèves quelques lignes en langage basic. Ils étaient tout étonnés de constater qu'il y avait seulement un signe à changer dans le programme pour que, à la question « Combien font 2+2 » l’ordinateur affiche « Exact » si l'on répondait 4, mais qu'il pouvait tout aussi bien, en changeant le programme, afficher « Faux ». De même à la question « Quel est ton prénom » des élèves répondaient « chaussette » et étaient étonnés de voir l'ordinateur répondre « Bonjour chaussette ».

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Inscription sur la liste de diff sur simple demande. On peut aussi se désinscrire, sans même avoir à remplir un long questionnaire pour savoir les raisons du départ. Les adresses des destinataires n’apparaissent pas lors de l’envoi.

Vous pouvez m’écrire à

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Lorsque je publie l’une de vos réactions, je ne mentionne pas votre nom. La liste de diffusion comporte près de 300 abonnés, qui plus est la lettre est disponible sur internet et je pense que vous ne tenez pas forcément à ce que votre qualité de lecteur de [alerte] soit diffusée ainsi à tous les vents. Je peux selon ce que vous souhaitez citer votre prénom ou vos initiales, ou continuer à garder la mention « reçu de l'un de vous ».

Les messages que vous m’envoyez, s’ils concernent le contenu de la lettre [alerte], sont réputés pouvoir être diffusés dans la lettre, un peu comme le courrier des lecteurs qui écrivent à un journal, mais sans que votre nom soit cité. Si en m’envoyant une réaction à propos de la lettre vous ne souhaitez pas du tout qu’elle soit publiée, merci de me le signaler.

Outre l’envoi par courrier électronique sur simple demande, les lettres [alerte] sont consultables sur

http://alerte.entre-soi.info

Fin de la lettre du 26 mai 2017