[alerte] - JM Bérard - 6 octobre 2016

Sommaire

Orthographe

Peut-on rire de tout ? Peut-on prendre du plaisir aux mathématiques et aux sciences ? Peut-on les trouver belles ?

Projet Lutetium, montrer que la science est belle

Des jeux pour apprendre ses tables de multiplication

Et si on jouait avec les maths ?

Je n'ai pas peur d'être surveillé, je n'ai rien à me reprocher

Discussions, débats, divergences

Bribes

À propos de [alerte]

Le nuage de [alerte]

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Fin

 

 

 

 

Orthographe

Cette lettre [alerte] est écrite dans l’orthographe recommandée 1990 en suivant (sauf oubli !) les conseils de correction du dictionnaire électronique Robert.

http ://www.orthographe-recommandee.info/index.htm

Peut-on rire de tout ? Peut-on prendre du plaisir aux mathématiques et aux sciences ? Peut-on les trouver belles ?

Projet Lutetium, montrer que la science est belle

Reçu de l'une de vous, Sandrine.

Voici un sujet non dénué d'intérêt, je trouve, pour les néophytes es sciences ou autres réfractaires. Sandrine

http://www.franceculture.fr/sciences/lutetium-montrer-que-la-science-est-belle

Pour entrer directement dans le vif du sujet

https://www.youtube.com/watch?v=pHpsLboMni8

Le projet Lutetium résulte du travail d'élèves de plusieurs écoles d'ingénieurs, institutions scientifiques dont l'École supérieure de physique et chimie de Paris et d'institutions artistiques. Dans Lutetium sont présentées des superbes vidéos qui nous apportent réflexions et connaissances sur de nombreux sujets, avec le style enthousiaste de jeunes chercheurs qui nous font partager leur étonnement et leur passion. Ces vidéos ont pour caractéristiques que les auteurs ne choisissent pas seulement de nous faire découvrir un domaine scientifique, mais aussi de produire des images belles, et de composer de la musique belle.

L'idée première est de "montrer que la science est belle", de transformer l'art en un catalyseur capable de susciter l'intérêt, même et surtout celui d'un public néophyte en matière de sciences dures.

Citation : Cette vidéo (voir le document dont le lien est donné ci-dessus) n'est pas spécialement informative : on ne va pas tout comprendre sur le sujet en la regardant. Mais on espère qu'elle saura éveiller la curiosité des spectateurs et que ça leur donnera envie d'aller plus loin. On veut montrer aux gens qui auraient pu être dégoutés des sciences quand ils étaient jeunes, parce qu'il n'y avait que des maths, ou que c'était barbare, ou austère… qu'on peut les voir différemment. […] L'idée de mettre à profit le réseau d'écoles pour faire travailler les étudiants en sciences main dans la main des étudiants en art, est née il y a deux ans. Aujourd'hui, le projet mobilise une quinzaine de jeunes : physiciens, chimistes, graphistes et compositeurs. […] La musique sublime complètement l'image… Dans la vidéo de la goutte qui rebondit, on avait fait un plan de 40 secondes avec une seule goutte, au milieu, qui rebondit, et des légendes qui apparaissent petit à petit. On trouvait que c'était le plan le plus ennuyeux de la vidéo, eh bien ça a donné l'opportunité au compositeur, Julien Mazet, de dérouler une phrase musicale magnifique. Maintenant c'est notre plan préféré. Guillaume Durey, étudiant Escpi.

Présentation

https://www.lutetium.paris/fr

 

Le projet Lutetium s'exprime sur une chaine youtube. Voir la présentation sur

https://www.youtube.com/leprojetlutetium

et la vidéo « Des gouttes qui rebondissent » (Deux minutes, superbe)

https://www.youtube.com/watch?v=pHpsLboMni8

Bon, je suis un peu frustré, ce projet est tout à fait remarquable mais en est à ses débuts, j'ai donc assez peu d'exemples à vous conseiller. Je m'abonne à la chaine et vous donnerai d'autres exemples.

Pourquoi ai-je consacré autant de place à ce projet ? Je regrette fréquemment que, de façon générale, les chercheurs consacrent peu de leur temps de travail à partager leur activité, à rendre la science accessible. Voici de jeunes étudiants, enthousiastes, totalement compétents et excellents vulgarisateurs qui prennent du temps pour nous faire partager des résultats de recherche, en insistant sur le caractère esthétique. Cela vaut la peine d'en parler, non ?

Des jeux pour apprendre ses tables de multiplication

Extrait de la revue en ligne « Le café pédagogique ».

Sur son blog, Charivari analyse les jeux pour apprendre les tables de multiplication. Elle met en avant Multiplipotons. Parmi ses points forts : un jeu calme qui peut se faire en classe, qui contient de la stratégie, se joue sur un temps limité avec deux niveaux et peut se jouer en intergénérationnel ou en inter-niveaux. http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2016/10/05102016Article636112479969977568.aspx

Et si on jouait avec les maths ?

J'ai acheté dans un magasin, pour me rendre compte, cette boite de jeux de société, pour jouer en famille avec des enfants, ados et adultes de plus de 7 ans. Calcul, géométrie, stratégie. C'est bien fait mais je ne sais pas si c'est intéressant pour jouer en famille. Est-il efficace de faire des jeux qui enseignent les opérations d'une façon frontale aussi « classique » qu'à l'école ? Peut-être les jeux de stratégie contenus dans la boite sont-ils intéressants ? Peut-être y a-t-il l'intérêt de jouer en famille, le plaisir et la fierté d’utiliser à la maison ce que l'on a appris en classe ? Je me demande si les jeux vidéo dits « sérieux », où la connaissance intervient de façon plus « naturelle » ne sont pas préférables.

Je ne vois pas dans mon entourage d'enfants de plus de 7 ans pouvant jouer à ce jeu en famille. Je serais content de prêter la boite à qui le veut pour jouer et me donner un avis.

Je n'ai pas peur d'être surveillé, je n'ai rien à me reprocher

La collecte par des moyens sans cesse plus variés (en particulier par le moteur de recherche Google) de données personnelles traitées ensuite par des algorithmes utilisant les données massives, big data, et, plus récemment mais de façon tout aussi dangereuse, la conviction soigneusement entretenue que, pour notre sécurité face au terrorisme nous devons renoncer à nos libertés ne suscite que peu de craintes : je n'ai pas peur d'être surveillé, je n'ai rien à me reprocher.

La revue en ligne quotidienne Books, dont je vous ai souvent parlé, publie sous le titre « Les suisses n'ont-ils vraiment rien à cacher » un article tout à fait remarquable et étayé. Il est malheureusement trop long pour que je puisse le reproduire intégralement. Je vous souhaite vraiment de le lire intégralement sur :

http://www.books.fr/suisses-nont-vraiment-rien-a-cacher/

Pour ce numéro de [alerte] quelques citations :

Bien des gens ne se disent pas inquiets de ce que les autorités récoltent sur eux des informations personnelles. « Je n’ai rien à cacher, déclarent-ils. Seuls ceux qui ont quelque chose à se reprocher ont des raisons de s’alarmer, et ceux-là ne méritent pas que leurs agissements soient tenus secrets. » Cet argument imprègne l’ensemble du débat sur la vie privée
La question n’est pas d’avoir quoi que ce soit à cacher, mais de ne pas vouloir qu’on se mêle d’affaires qui ne regardent que nous.
À première vue, l’argument semble donc facile à réfuter. Selon toute vraisemblance, tout le monde a quelque chose à cacher à quelqu’un. Comme le disait Soljenitsyne, « tout le monde est coupable de quelque chose ou a quelque chose à cacher. Il suffit d’enquêter un peu pour découvrir quoi ». Dans la même veine, Friedrich Dürrenmatt met en scène, dans son court roman La Panne, un homme a priori innocent. Mais, à mesure qu’il se prête au jeu du procès fictif que lui intente un groupe d’hommes de loi à la retraite, il finit par se demander quel peut bien être son crime. " C’est une question tout à fait secondaire, réplique le procureur. On trouve toujours un crime."
Une autre métaphore permet de mieux saisir le problème : celle du Procès. Le roman de Kafka tourne autour d’un homme qui, arrêté pour un délit non spécifié, tente désespérément de découvrir les raisons de son incarcération et ce qui l’attend. Il apprend qu’un mystérieux tribunal enquête et possède un dossier sur lui, mais ne peut en savoir davantage. Le Procès met en scène une bureaucratie aux objectifs impénétrables, qui utilise les informations qu’elle détient pour prendre d’importantes décisions au sujet d’individus auxquels elle dénie tout droit de regard sur l’utilisation des renseignements en question.
L’administration possède désormais de volumineux dossiers sur les activités, les centres d’intérêt, les habitudes de lecture, les finances et la santé de tout un chacun. Et si elle divulguait ces renseignements ? Si les autorités, au vu de vos activités, vous soupçonnaient à tort d’être impliqué dans quelque activité criminelle  ? Si l’on vous interdisait de voyager ?  Si l’on jugeait louches vos transactions financières – même si vous n’avez rien fait de répréhensible – et décidait de geler vos comptes ?  Si l’on ne protégeait pas les informations vous concernant aussi sûrement qu’il le faudrait, et qu’un voleur d’identité s’en servait pour vous escroquer Même si vous n’avez rien à cacher, les autorités peuvent vous causer grand tort.
Cet article est paru dans The Chronicle of Higher­ Education le 15 mai 2011. Il a été traduit par Hélène Quiniou.
Hélas, ces quelques citations enlèvent la quasi-totalité de la cohérence et de la force d'argumentation du texte. Voir le texte complet sous le lien donné ci-dessus.

Discussions, débats, divergences

Après une longue, trop longue période dogmatique, j'ai fini par considérer sincèrement qu'il est assez normal de ne pas être d'accord sur tout, que l'on peut avoir des divergences et des oppositions. Mais je reste toujours tout à fait dérouté lorsque les échanges et les débats ne s'appuient pas sur des faits dont on connait la source, la méthode employée pour les établir, en ne se restreignant pas à l'opinion dominante, aux bruits qui courent, aux affirmations d'apparence évidente, aux cas particuliers ou aux expériences purement individuelles. Exemple, si l'on ne fait pas appel à des enquêtes fiables qui prouvent sans aucun doute le contraire (après avoir vraiment compté) on continue de penser qu'il y a plus d'accouchements les nuits de pleine lune, en suivant l'intuition des sagefemmes qui pensent l'avoir vécu dans leur pratique.

Deux petits exemples : le pape François attaque l'éducation nationale française parce qu'on y enseigne, dit-il, la théorie du genre. Dans son entretien avec les journalistes, il n'a cité aucune étude, aucun exemple tiré d'un manuel venant à l'appui de ses dires, il n'a pas fait référence à des études sérieuses faites par ses services. Il a donné à l'appui de ses dires les propos d'un père de famille d'un enfant de dix ans. Je ne refuse pas a priori (quoi que j'en doute fort) que la théorie du genre pose problème dans les manuels scolaires et les pratiques du ministère de l'éducation nationale. Mais j'aimerais que le pape, personnalité intellectuelle respectée, fasse l'effort minimum d'étudier la question, sans avoir pour source unique les membres de La Manif pour tous ou l'opus dei, sans se limiter aux propos de telle ou telle personne ou de telle ou telle organisation. Si après étude sérieuse le pape estime qu'il y a problème, à ce moment-là il devra protester.

Autre exemple, d'une moindre ampleur : Laurent Joffrin, directeur de la publication et de la rédaction de Libération, mazette, signe un article qui a pour titre « Pourquoi nos enfants ne savent plus lire ? ». Sur le plan anecdotique, je doute fort que les enfants ou les petits-enfants de Laurent Joffrin, d'un milieu intellectuel où les enfants n'ont pas usuellement de grosses difficultés, ne sachent pas lire. Titre racoleur pour prendre aux tripes. Plus sérieusement, le contenu de l'article me révolte quant à la méthode employée : il reprend sans aucune enquête les propos du livre « Mais qui sont les assassins de l'école », de Carole Barjon. Aucune analyse de la situation réelle (qu'appelle-t-on savoir lire, à quel niveau, que connait-on précisément du niveau de lecture des personnes vivant en France ?) , aucun recours aux très nombreuses enquêtes, aux très nombreux colloques, aux conférences de consensus concernant les méthodes de lecture, quel rapport entre les méthodes de lecture d'une part et l'orthographe et la grammaire d'autre part, où peut-on consulter l'enquête « journalistique sérieuse (!)» sur laquelle s'appuie Mme Barjon. Un quart des élèves arrive dans le secondaire sans maitriser de façon satisfaisante la lecture ? À l’époque bénie du certificat d'études, au moment ou le b-a ba faisait pourtant loi, seuls la moitié des élèves avaient le certif, les autres sortaient de l'école sans aucune qualification. Je ne vois pas du tout à quoi veut en venir Laurent Joffrin en prenant à son compte sans du tout approfondir la question toutes ces affirmations fort approximatives.

Bon, évidemment il est à bonne école : dans la bouche de beaucoup d'hommes politiques, « balancer » une affirmation sans aucune justification et appuyer un « raisonnement » sur cette affirmation est hélas monnaie courante. Heureusement, la mémoire de l'internet leur rappelant leurs propos, la pratique de plus en plus fréquente de rubriques du genre « intox désintox », « fact checking » limite un peu la portée de ces propos. Un peu seulement. Prenez un air martial ou patelin, assénez une énorme contrevérité, on vous croira et les gens qui vous mettront en doute feront preuve d'acharnement médiatique contre vous. Bon, d'accord, Sarkozy est le champion toutes catégories de ces procédés, mais il n'est pas le seul. Donald Trump aussi.

Bribes

Que pensez-vous de cela ?

http://www.koreus.com/video/papy-bucheron-ingenieux.html

Le héros de cette vidéo est très connu dans son village.

Créativité et ingéniosité offrant une forme de résistance contre les évolutions technologiques inconsidérées et la société de consommation ? Ou, en fait, reproduction des techniques et technologies usuelles, sans innovation réelle, simplement en utilisant des moyens bricolés ? Il me semble quoi qu’il en soit que, de toute façon, nous avons le devoir de protéger notre vie, et que la façon, par exemple, d'utiliser la scie sans protection est assez dangereuse.

À propos de [alerte]

Diffusion libre à condition de citer la source, [alerte] JM Bérard, et impérativement la date.

Le nuage de [alerte]

J’ai placé dans le nuage de [alerte] des textes et documents divers, avec le seul critère qu’ils me semblent intéressants et méritent d’être portés à votre connaissance. Cliquez, naviguez. Pour accéder au nuage cliquer sur :

https ://drive.google.com/folderviewrr?id=0B_Wky0_FwW1tekd3aXNsOEpwVk0&usp=sharing

Pour accéder aux fichiers, simple clic sur l’icône.

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Inscription sur la liste de diff sur simple demande. On peut aussi se désinscrire. Les adresses des destinataires n’apparaissent pas lors de l’envoi.

Vous pouvez m’écrire à

jean-michel.berard (x) orange.fr

Ce qui est écrit dans cette lettre n’engage strictement que moi, sauf bien sûr s’il s’agit de la citation d’un appel ou d’un communiqué.

Les remarques et réactions que vous m’envoyez concernant ce que j’écris me sont précieuses, indispensables, car elles font rebondir la réflexion.

Lorsque je publie l’une de vos réactions, je ne mentionne pas votre nom. La liste de diffusion comporte près de 300 abonnés, qui plus est la lettre est disponible sur internet et je pense que vous ne tenez pas forcément à ce que votre qualité de lecteur de [alerte] soit diffusée ainsi à tous les vents. Je peux si vous le souhaitez diffuser votre prénom ou vos initiales, ou continuer à garder la mention « reçu de l'un de vous ».

Les messages que vous m’envoyez, s’ils concernent la lettre [alerte], peuvent être diffusés dans la lettre, un peu comme le courrier des lecteurs qui écrivent à un journal, mais sans que votre nom soit cité. Si en m’envoyant une réaction à propos de la lettre vous ne souhaitez pas du tout qu’elle soit publiée, merci de me le signaler.

Outre l’envoi par courrier électronique sur simple demande, les lettres [alerte] sont consultables sur :

http ://alerte.entre-soi.info/

Fin

de la lettre du 6 octobre 2016