[alerte] - JM Bérard - 31 aout 2016

Sommaire

Diffusion de l'article sur le burkini

Orthographe

Souvenirs, le dédain des dons

Le burkini, suite et hélas pas fin

Vos réactions, suite

École de la République

Pierre Joxe, comment mieux dire ?

La décision du Conseil d’État

Pokemon-go : l'avenir de nos conceptions du monde

Flash

Agriculture : allez comprendre

Moi président

Fondements des sociétés

Chanson de ronde

Y a-t-il un avenir pour l'école de Jules Ferry ?

À suivre

À propos de [alerte]

Le nuage de [alerte]

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Fin

 

 

Diffusion de l'article sur le burkini

Beaucoup de vous m'ont dit qu'ils appréciaient la rédaction de l'article sur le burkini du 25 8 2016. Les articles de [alerte] sont totalement libres de diffusion, sous réserve de préciser la source, « [alerte] JM Bérard » et la date, en l’occurrence 25 aout 2016. (Cela ne concerne bien sûr que les textes rédigés par moi, pas les extraits de divers médias, qui conservent leurs droits.) Je ne dis pas cela par fierté d'auteur, mais simplement, vu l'importance de la question, pourquoi ne pas diffuser ce texte si vous l'avez trouvé utile ?

Orthographe

Ce texte est écrit dans l’orthographe recommandée 1990 en suivant (sauf oubli !) les conseils de correction du dictionnaire électronique Robert.

http ://www.orthographe-recommandee.info/index.htm

Souvenirs, le dédain des dons

Ici autour de la maison en Savoie il y a des dindons, et du coup la chanson « Le dindon digne » me trotte dans la tête. Surprise en cherchant sur Youtube : je croyais reconnaitre dans cette chanson le style des Frères Jacques, en fait ce sont les débuts de Devos dans le groupe (de deux chanteurs) « Les Pinsons ». Effectivement, on pressent la maitrise verbale de Devos dans ses futurs sketchs.

https://www.youtube.com/watch?v=94BNXIEFu9I

Au passage, un hommage à la chanson la plus courte du monde

https://www.youtube.com/watch?v=MGE_61qLWm0

Le burkini, suite et hélas pas fin

Vos réactions, suite

Place à ceux qui ne sont pas vraiment d'accord avec ce que j'ai écrit.

Réaction de l'une de vous :

Pour moi les politiques de tous bords cherchent à monter les Français les uns contre les autres au lieu de chercher à régler les vrais problèmes. Aveu d'impuissance ?

Ceci étant dit, il y a aussi de la provocation et du prosélytisme de la part d'une minorité de musulmans. On ne voit qu'eux, on n'entend qu'eux… et je suis bien placée pour relever au quotidien les comportements extrêmes de certains les revendiquant au nom de l'islam, alors qu'en fait ils sont sur une lecture personnelle qui me semble n'avoir rien à voir avec la pratique religieuse de la majorité des musulmans…

Si certains étaient plus modérés (là je dis ça pour tous les bords) mais si en revanche TOUS les musulmans acceptaient déjà de se mettre d'accord entre eux, nous aurions moins de dérives…

C'est ça qui énerve et crée cette peur de l'autre. La liberté commence là où s'arrête celle des autres et il y en a qui ont tendance à oublier ce principe de base de la république en nous imposant LEUR vision étriquée comme étant LA SEULE bonne conduite à tenir. J’ai malheureusement des exemples concrets tous les jours.

Mais surtout que personne ne me taxe d'intolérance ou de racisme, moi qui ai deux filles, l'une mariée à un garçon d'origine tunisienne et par ailleurs modéré (donc RAS) et l'autre mariée à un garçon d'origine algérienne, convertie et qui lave plus blanc que blanc.

De plus, je suis excédée des attitudes politiciennes qui font le jeu de ces querelles stériles.

J'espère que je ne choquerai personne.

Bonne fin de journée. Les esprits chauffent comme les températures…

École de la République

Reçu de l'un de vous

C’est une dimension que ne peuvent ignorer les éducateurs : que vont tirer de tout cela les enfants des mères, les sœurs et les frères des jeunes femmes "verbalisées" au nom d'un ordre public qui cache mal son objet… Quelle représentation vont-ils se faire de la République dont dans quelques jours l'École va à nouveau se faire une obligation de faire découvrir et partager les valeurs… Comment vont-ils pouvoir comprendre et apporter le moindre crédit à article 10 de la déclaration de 1789, au préambule de la constitution. Pour discréditer la République et le travail de son école, on n'a pas trouvé mieux depuis longtemps !

Pierre Joxe, comment mieux dire ?

Mediapart 27 8 2016

Dans un communiqué transmis à Mediapart depuis sa villégiature balnéaire, Pierre Joxe, ancien ministre de l’intérieur et membre honoraire du Conseil constitutionnel, explique pourquoi il avait décidé d’aller nager ce vendredi après-midi 26 aout dans la tenue vestimentaire de son choix, c’est-à-dire « un costume couvrant entièrement mon corps depuis les chevilles jusqu’aux poignets et ne laissant apparaitre que ma tête ». Mais, à l’heure de la marée haute, est intervenue la décision du Conseil d’État…

Pierre Joxe :

Pour soutenir les positions de bon sens prises par Anne Hidalgo, Maire de Paris, comme par Mesdames les Ministres de la Santé Publique et de l’Éducation Nationale ;

Pour inciter Jean-Pierre Chevènement à un peu plus de discrétion ;

Pour rendre un hommage affectueux et respectueux à nos grands-mères qui – il y a un siècle – inaugurèrent les « bains de mer » au Touquet-Paris-Plage comme à Nice, avec des « costumes de bain » qui furent longtemps d’assez longues robes ;

Pour affirmer le droit des femmes à porter les vêtements de leur choix – y compris sur les plages – ;

Je me préparais à aller nager cet après-midi dans la tenue vestimentaire de mon choix, correspondant à l’idée que l’on avait naguère des bonnes mœurs dans la France laïque et républicaine, au début du siècle, au lendemain de la loi de séparation des Églises et de l’État.

J’avais choisi bien sûr un costume couvrant entièrement mon corps depuis les chevilles jusqu’aux poignets et ne laissant apparaitre que ma tête (couverte cependant d’un bonnet de bain) mais aussi mes pieds et mes mains, appareils natatoires indispensables dans les circonstances de l’espèce…

Un pyjama allait faire l’affaire.

Mais heureusement, à l’heure de la marée haute, vers 15 heures, j’ai appris la décision du Conseil d’État, saisi en appel contre l’arrêté d’un Maire.

Heureusement, cette haute juridiction n’a pas écarté la demande de la Ligue des droits de l’Homme, comme elle aurait pu le faire aisément, en observant que cette Ligue n’était guère fondée à agir pour les Droits des femmes, ignorés depuis 1789 par la célèbre Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen.

Heureusement, ce Juge suprême a rappelé des textes que chacun devrait connaitre – et surtout chaque Maire et chaque baigneur.

Citation de la décision du Conseil d’État de ce jour :

En vertu de l’article L. 2212-1 du Code général des collectivités territoriales, le maire est chargé, sous le contrôle administratif du préfet, de la police municipale qui, selon l’article L. 2212-2 de ce code, « a pour objet d’assurer le bon ordre, la sureté, la sécurité et la salubrité publiques ». L’article L. 2213-23 dispose en outre que : « Le maire exerce la police des baignades et des activités nautiques pratiquées à partir du rivage avec des engins de plage et des engins non immatriculés… Le maire règlemente l’utilisation des aménagements réalisés pour la pratique de ces activités. Il pourvoit d’urgence à toutes les mesures d’assistance et de secours. Le maire délimite une ou plusieurs zones surveillées dans les parties du littoral présentant une garantie suffisante pour la sécurité des baignades et des activités mentionnées ci-dessus. Il détermine des périodes de surveillance… » (Fin de citation)

Heureusement, le Conseil a sagement jugé que le Maire de Villeneuve Loubet « ne pouvait, sans excéder ses pouvoirs de police, édicter des dispositions interdisant l’accès à la plage alors qu’elles ne reposent ni sur des risques avérés de troubles à l’ordre public ni, par ailleurs, sur des motifs d’hygiène ou de décence ».

Il a jugé que l’arrêté litigieux de ce Maire avait « porté une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la liberté d’aller et de venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle ».

Il a suspendu l’exécution de cet arrêté.

Rassuré, j’ai rangé mon pyjama et suis allé nager en short.

Pierre Joxe,

Ancien ministre de l’Intérieur,

Membre honoraire du Conseil constitutionnel

26 Aout 2016

La décision du Conseil d’État

Elle déclare non valide l'arrêté municipal qui lui était déféré et qui interdisait le burkini. L'article de Pierre Joxe ci-dessus l'analyse fort bien : le respect de la laïcité concerne la sphère de la puissance publique (état, communes, etc.) mais elle prévoit que chacun a sa liberté de religion et peut l'exprimer publiquement.

Mediapart : dans la décision du conseil la laïcité est évoquée incidemment, et le Conseil ne se donne pas la peine de rappeler que la plage, comme les rues, sont considérées comme faisant partie de l’espace public et qu’à ce titre le principe de neutralité religieuse (qui concerne les institutions et les agents publics) ne s'y applique pas. […] D'autre part le conseil poursuit : Il ne résulte pas de l’instruction que des risques de trouble à l’ordre public aient résulté, sur les plages de la commune de Villeneuve-Loubet, de la tenue adoptée en vue de la baignade par certaines personnes.

JM B : Beaucoup de vous, et beaucoup de sources d'information pensent que cette décision très nette sur le plan des principes va calmer le jeu. Je n'en crois hélas rien : la férocité de l'agitation électorale est telle que des maires ont déjà annoncé que, défiant la décision qui s'impose à eux, ils n'annuleraient pas leur arrêté, beaucoup d'hommes politiques (Sarkozy en tête) ont annoncé que du coup il fallait faire une loi pour interdire le burkini ! La haine n'est pas près de s'éteindre. Avez-vous vu des photos de dames en burkini ? Vraiment, même en cherchant bien, je ne vois pas qui cela peut choquer. Il est totalement évident que le burkini n'est visé que parce qu'il est recommandé par certains musulmans. Je trouve les hommes politiques qui veulent interdire le burkini bien compliqués. Il serait tout de même plus simple d'interdire les musulmans. Emmanuel Valls (Premier ministre) est malheureusement clair : il approuve les maires qui interdisent le burkini. Heureusement, il reste Pierre Joxe.

On ne sait pas comment résoudre les problèmes économiques et sociaux ? Facile, il suffit de créer d'autres problèmes en faisant monter la haine, problèmes que l'on saura résoudre par la haine, la force, la violence, la guerre civile ou internationale.

Dans la vie courante cela s'appelle le bonneteau : déplacer l'attention ailleurs que là où les choses se passent.

Wikipedia : Le bonneteau est un jeu d'argent, un jeu de dupes de l'ordre de l'escroquerie, proposé à la sauvette sur les marchés et dans les lieux publics. Il est pratiqué au moins depuis le XIVe siècle en France et encore dans de nombreux pays. Le maitre du jeu, ou bonneteur, est un charlatan professionnel assisté de complices parfois appelés barons.

Dans la vie sociale, cela n'a pas de nom : c'est hélas l'une des pratiques courantes de la politique. Une différence : les conséquences dans la vie sociale sont beaucoup plus graves. Le Premier ministre de la France approuve l'interdiction du burkini. Je suis curieux de savoir comment sera rédigée la loi : interdira t on tous les vêtements couvrant le corps pour se baigner, y compris le pyjama de Joxe ? Interdira-t-on tous les signes d'appartenance à la religion musulmane, ce qui serait contraire à la loi sur la laïcité ? Et comment faire la liste de ces signes ? Interdira-t-on, grâce à des scanners perfectionnés sondant les reins et les cœurs, l'intention de provocation au nom de la foi musulmane ? Je me demande si les évolutions des neurosciences ne vont pas un jour ou l'autre rendre cela possible. Pour l'instant cela ne l'est pas.

Je réalise, en écrivant, ma totale erreur d'analyse : ce qui est en pris en compte ce n'est pas le comportement des personnes, c'est la façon dont leurs voisins le ressentent. Je vous propose donc très respectueusement, Monsieur le Premier ministre, la rédaction suivante pour votre projet de loi :

Lorsqu'un bon citoyen français constate que la façon de se vêtir, la tenue, le comportement ou les intentions d'une personne ne sont pas conformes au mode de vie en vigueur « chez nous », que ce soit sur un terrain public ou privé, il avertit les forces de l'ordre. Celles-ci rassemblent les personnes se trouvant autour de la personne visée. Si les personnes voisines se déclarent agressées, sans même avoir à motiver leur sentiment, il y a trouble à l'ordre public. La personne visée est arrêtée, verbalisée et expulsée dans son pays, même lorsqu'elle est française. Vous êtes sans doute étonné que je mentionne les terrains privés. Rappelez-vous, Monsieur le Premier ministre, que les premiers incidents sur le burkini ont été provoqués, je dis bien provoqués par des témoins alors que la baignade avait lieu dans un parc de loisirs entièrement loué par des personnes privées.

Pokemon-go : l'avenir de nos conceptions du monde

J'ai dans les lettres précédentes publié deux articles sur le pokemon-go et les progrès fulgurants des utilisations de ce « jeu-réalité. » Certains de vous qui fréquentent beaucoup de jeunes m'ont confirmé le caractère étonnant, inquiétant de cette progression. À vous de voir.

Je vous communique aujourd'hui un article de sociologie-fiction, qui imagine ce que pourraient être notre pensée et notre conception du monde induites par les développements des mondes virtuels. C'est de la fiction ? Je trouve qu'elle est pertinente. Je sais que certains de vous ne cliquent pas sur les liens que je donne. Mais je ne souhaite pas résumer en moins bien un article fascinant et laissant présager un avenir un peu inquiétant.

http://rue89.nouvelobs.com/2016/08/24/pokemon-go-25-ans-plus-tard-264977

Authentique : on apprend de source militaire que des pokemon sont présents sur des terrains militaires. On ne sait pour l'instant comment prévenir l'intrusion de foules de chasseurs de pokemon. On ne peut tout de même pas tirer sur ces personnes, qui, dans l'ensemble, ne sont même pas musulmanes.

Flash

Agriculture : allez comprendre

Vous le savez : l'argument essentiel des partisans de l'usage de produits très dangereux dans l'agriculture, tels les néonicotinoïdes, est « Si nous ne les utilisons pas, nous ne pourrons pas nourrir l'humanité. » Et qu'apprends-je ? On produit en France beaucoup trop de lait, des tonnes de ce produit sont stockées dans les entrepôts de Bruxelles, on ne sait pas qu'en faire. (Pas les donner aux pauvres, cela déséquilibrerait l'économie.) Et maintenant, alors qu'une part importante du budget européen est consacrée à soutenir la production, la France et l'Europe achètent (oui, en les payant) des surplus laitiers aux producteurs, pour faire remonter les cours. En Bretagne, l'agriculture intensive conduit à un excès de production porcine qui fait chuter les cours, les producteurs ne peuvent plus vivre. Compliqué, l'économie libérale.

Moi président

C'est le titre d'une très astucieuse émission à 7h20 sur France-Inter : un entretien avec une personne « ordinaire » où chaque réponse doit commencer par « Moi président ». Un peu d'air dans ce monde étouffant.

Fondements des sociétés

Je crois savoir que le tabou de l'inceste est une structure fondamentale d'une grande partie des sociétés humaines. J'ai reconnu une comptine-ronde éducative dans « Bonjour ma cousine », qui ne concerne toutefois que le tabou plus large décrété par la religion catholique concernant les cousins. Mais du coup je me suis demandé pourquoi il existe si peu de comptines ou contes pour enfant pour prévenir l'inceste, à part Peau d’Âne bien sûr. Ai-je mal cherché ? En connaissez-vous ?

Chanson de ronde

Bonjour ma cousine Bonjour mon cousin germain On m'a dit que vous m'aimiez Est-ce bien la vérité Je n'm'en soucie guère Je n'm'en soucie guère Passez par ici et moi par là Au revoir ma cousine et puis voilà.

Y a-t-il un avenir pour l'école de Jules Ferry ?

Cette question que je comptais aborder depuis plusieurs numéros est exposée par Meirieu avec une clarté qui rend fort inquiet. Voici un article qui prend la question de l'école privée hors contrat à son niveau pertinent, et déstabilise ce que peuvent être les certitudes de certains, mes certitudes, sur l'école de la république.

http://www.alterecoplus.fr/linnovation-pedagogique-doit-se-faire-au-sein-de-lecole-publique/00011745

Je tente d'exprimer comment je perçois ce problème, espérant ne pas par là vous dissuader de lire Meirieu, qui est beaucoup plus argumenté et pertinent que moi.

Qui est responsable de l'éducation et de l'instruction des enfants : la société dans laquelle ils vivent, ou les parents exclusivement ? Il me semble que nous vivons depuis Jules Ferry sur une conception dans laquelle la responsabilité de la société s'appuie, certes et entre autres sur les parents, mais a le pas sur eux : dans les écoles publiques, mais aussi dans les écoles privées sous contrat, ce sont les programmes définis nationalement qui s'appliquent. Dans tout le système éducatif, la délivrance des titres d'examen est nationale. Il me semble que cela reflète un consensus dominant selon lequel il existe des valeurs communes, disons les valeurs de la république, même si, concrètement, on a de plus en plus de mal à les définir. Ce consensus n'est qu'apparent, et depuis quelque temps se fissure publiquement de plus en plus. Les penseurs et hommes politiques « libéraux » (allons disons de droite pour faire très court) sont partisans d'une évolution vers un système où l'expression des forces locales (forces productives, parents, collectivités locales, courants d'opinion locaux) serait beaucoup plus grande. Ils prônent une « autonomie » des établissements. L'expression la plus « pure » dans ce sens est celle d’Alain Madelin : il n'y a plus d'éducation nationale, on donne aux parents un chèque éducation avec lequel ils achètent le système éducatif correspondant à leurs conceptions. Faut-il plus de place aux demandes des forces productives, faut-il plus de place à une acquisition de connaissances renforcée au détriment des savoir-être, faut-il un plus grand contrôle idéologique sur les disciplines sensibles (philosophie, sciences nat…), faut-il prendre en compte des « alternatives » à la théorie de l'évolution de Darwin, faisant intervenir un " dessein intelligent "? La campagne électorale donne l'occasion à ces conceptions de s'exprimer nettement.

Récemment (fin de l'année scolaire 2015 2016) la ministre Najat Vallaud Belkacem avait tenté de définir un cadre minimum (quelque chose comme les valeurs de la république) dans lequel devait s'inscrire toute instruction, y compris celle donnée par les établissements privés hors contrats (qui jusque-là pouvaient s'ouvrir avec un simple contrôle de sécurité des locaux) et les parents autorisés à dispenser l'instruction à la maison, en principe contrôlés mais en réalité fort peu. Cela m'avait semblé une fort bonne idée. Certains députés de droite, sans voir la contradiction avec les positions qu'ils prennent par ailleurs, avaient pensé qu'il s'agissait de lutter contre les écoles privées hors contrat musulmanes (pour l'instant très, très peu présentes.), alors que la démarche de la ministre avait beaucoup plus de portée. Et puis voici que sont intervenues dans le débat des mouvements pédagogiques alternatifs libertaires, Montessori, Steiner, qui ont une très forte présence sur le terrain et prônent une liberté d'enseignement qui ne soit aucunement dépendante de l'état. Les modestes initiatives de Mme Belkacem ont été condamnées par ces mouvements : la liberté ne peut pas se limiter.

Personnellement je ne partage pas cette position, la liberté sans cadre étant me semble-t-il celle du renard dans le poulailler.

Bien sûr je sais que ces positions libérales d'une part, libertaires d'autre part, vont séduire : l'école française est l'une des plus inégalitaires, elle n'a pas la réputation de favoriser l'esprit critique et la créativité des élèves. Il existe pourtant des enseignants innovants et qui travaillent, les réformes impulsées par les ministres sont parfois fort utiles. Un certain échec de l'école française suffit-il à conclure qu'il faut tout dynamiter ? Ce qui naitra sur les ruines est-il si prometteur ?

À l'approche de la rentrée, je ne sais pas où en est le débat. De toute façon Mme NVB risque fort d'être condamnée par la libérale cour de justice européenne.

Va-t-on vers une multitude de systèmes d'enseignement morcelés, aux contenus, aux idéologies et aux objectifs marchands très divers. Que deviendra l'unité nationale ? Que deviendra le « vivre ensemble » ? Une intuition : un tel éclatement a peu de chances à mon avis de profiter aux élèves de milieux défavorisés.

À suivre

Article sur l'enseignement de l'informatique à l'école, article de l'un de vous sur les matafams, article sur la classe inversée, article sur l'art africain.

Ne soyez pas inquiets : vos contributions à la réflexion sur l'art africain, votre contribution sur les matafams ne seront pas oubliées.

À propos de [alerte]

Diffusion libre à condition de citer la source, [alerte] JM Bérard, et impérativement la date.

Le nuage de [alerte]

J’ai placé dans le nuage de [alerte] des textes et documents divers, avec le seul critère qu’ils me semblent intéressants et méritent d’être portés À votre connaissance. Cliquez, naviguez. Pour accéder au nuage cliquer sur :

https ://drive.google.com/folderviewrr?id=0B_Wky0_FwW1tekd3aXNsOEpwVk0&usp=sharing

Pour accéder aux fichiers, simple clic sur l’icône.

Fonctionnement de la lettre [alerte]

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Ce qui est écrit dans cette lettre n’engage strictement que moi, sauf bien sûr s’il s’agit de la citation d’un appel ou d’un communiqué.

Les remarques et réactions que vous m’envoyez concernant ce que j’écris me sont précieuses, indispensables, car elles font rebondir la réflexion.

Lorsque je publie l’une de vos réactions, je ne mentionne pas votre nom. La liste de diffusion comporte près de 300 abonnés, qui plus est la lettre est disponible sur internet et je pense que vous ne tenez pas forcément à ce que votre qualité de lecteur de [alerte] soit diffusée ainsi à tous les vents. Je peux si vous les souhaitez diffuser votre prénom ou vos initiales, ou continuer à garder la mention « reçu de l'un de vous ».

Les messages que vous m’envoyez, s’ils concernent la lettre [alerte], peuvent être diffusés dans la lettre, un peu comme le courrier des lecteurs qui écrivent à un journal, mais sans que votre nom soit cité. Si en m’envoyant une réaction à propos de la lettre vous ne souhaitez pas du tout qu’elle soit publiée, merci de me le signaler.

Outre l’envoi par courrier électronique sur simple demande, les lettres [alerte] sont consultables sur

http ://alerte.entre-soi.info/

Fin

de la lettre du 31 aout 2016