[alerte] - JM Bérard - 22 février 2016


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Sommaire
Pour notre plaisir, échanger, partager
Film
Des restaurants
Orthographe
Orthographe rénovée 1990
Brèves (brèves ? Pas tant que ça!)
Esprit critique
Suivi des lettres précédentes
Prosopagnosie, ne pas reconnaître les visages
Lettre alerte
Le nuage de [alerte]
Fonctionnement de la lettre [alerte]
Fin
 

C'est les vacances : pour tout un temps, des éditions allégées
de la lettre [alerte]. Version light. Je veux dire par là : qui ne
m'a pas demandé un gros travail de réflexion et de création
personnelle. Des articles que j'avais déjà écrits, des citations.
Cela n'enlève rien à l'intérêt.


Pour notre plaisir, échanger, partager
Film
Anomalisa : étonnant, déroutant, puis prenant et fort
intéressant. Un mode d'expression de l'image rarement vu : des
personnages virtuels mais ressemblant à de vraies personnes.
Mode d'expression qui correspond bien au thème du film :
sommes-nous des robots reliés en réseau, sous le contrôle
d'une pensée unique, quel est l'espace de liberté de chacun à
quel prix conquérir cet espace ou être contraint d'y renoncer ?
1/10
Le destin constant de l'humain mais aussi questions actuelles
avec le développement de « l'homme augmenté », de
l'intelligence artificielle et de l'internet des objets. Je ne sais si
cela vous accrochera, pour ma part je me suis laissé
doucement entrainer (pas d'accent circonflexe sur le i) à entrer
dans ce monde, au moins durant le film.
Des restaurants
Le cosi, 01 43 29 20 20, en haut de la rue Cujas à Paris. Cadre
et accueil chaleureux. N'étant pas d'origine corse (notez que je
n'ai pas dit « n'étant pas corse », pour ne pas relancer le débat
sur le peuple corse) j'ai l'impression que les produits sont de
qualité, préparés de façon délicieuse, et, je crois, typiquement
corse. Ah, le veau a la stufato ! Cosi n'a aucun rapport avec le
meuble ou la mode cosy : e cosi, c'est comme ça.
Le père tranquille brasserie face au forum des halles à Paris.
C'est un café très ancien, que j'aime bien, surtout au premier
étage. Comme beaucoup de restaurants de qualité ils ont à leur
carte un burger : excellent pain, excellente viande, excellente
préparation. Même les médiocres burgers des Mcdo peuvent
inspirer de bonnes idées !
La maison de retraite X à Aubervilliers. Rachetés par une
grosse structure financière, ils ont changé plusieurs fois de
cuisinier en peu de temps. Ils sont heureusement revenus à une
cuisine faite en grande partie sur place, au lieu de se fournir
chez des prestataires industriels. Cela redevient assez bon.
Mais cela pose à nouveau le problème de « comment vieillir
lorsque l'on n'est pas très riche ? » La personne à qui je rends
visite a une retraite correcte par rapport à celle de la majorité
de la population, et pourtant elle doit puiser dans ses
économies pour payer sa résidence.
2/10
Orthographe
Même avec le recul, je reste étonné par la façon dont la
mayonnaise est montée contre Mme Vallaud-Belkacem
ministre de l’éducation nationale à propos d'une prétendue
réforme de l'orthographe qu'elle aurait imposée. L'orthographe
rénovée a été élaborée en 1990, approuvée par l'académie
française, elle a poursuivi (trop discrètement) son bonhomme
de chemin approuvée par le ministre de droite Xavier Darcos
sans que cela soulève le moindre commentaire, faisant une
apparition timide dans certains manuels scolaires. La seule
nouveauté en 2016 réside dans le fait que la plus grande partie
des éditeurs de livres scolaires ont décidé d'appliquer cette
façon d'écrire dans toutes les éditions des prochains manuels.
Mais l'occasion était trop belle, après le latin, le grec et les
classes bilangues, de remonter à l'assaut contre la décadence
du gouvernement honni. Rappelons de toute façon que cette
façon d'écrire est facultative, et qu'on a « le droit » d'employer,
y compris dans un même texte, l'orthographe rénovée 1990 et
l'orthographe antérieure.
Bon tout cela est expliqué en détail beaucoup mieux que je ne
le fais par l'historien de l'éducation Claude Lelièvre dans son
blog. Comme son texte est excellent, je me permets de le citer
intégralement avec son autorisation.
https://blogs.mediapart.fr/claude-lelievre/blog/150216/lescontre- verites-sans-fin-dune-secretaire-perpetuelle? utm_source=twitter&utm_medium=social&utm_campaign=Sh aring&xtor=CS3-67
3/10
Les contre-vérités sans fin d'une secrétaire perpétuelle!
• 15 févr. 2016
• Par claude lelièvre
• Blog : Histoire et politiques scolaires
Hélène Carrère d'Encausse s'étant enferrée dans le déni de
l'approbation par l'Académie française de certaines «
rectifications orthographiques » en 1990, tente une fuite en
avant en proférant des contre-vérités patentes. Peut-on tolérer
cela de la part de la secrétaire perpétuelle d'une institution
considérée comme vénérable ?
Dans « La Croix » du 13 février, Hélène Carrère d'Encausse
réitère son déni en l'accompagnant d'une autre contrevérité
: « Je n'ai pas compris les raisons qui expliquent
l'exhumation d'une réforme de l'orthographe élaborée il y a
un quart de siècle et où l'Académie n'a eu aucune part à
l'inverse de ce que l'on a voulu faire croire ».
Cette seconde contre-vérité (qui vise à faire perdre de vue la
contre-vérité initiale, à savoir le déni de l'implication
effective de l'Académie française dans les « rectifications
orthographiques » de 1990) , c'est l'affirmation selon laquelle
il y aurait eu, dans les programmes qui viennent d'être
adoptés, « l'exhumation d'une réforme de l'orthographe
élaborée en 1990 » alors que ces programmes ne font que
reprendre sur ces points précis les indications des
programmes de 2008 édictées sous le ministère de Xavier
Darcos (devenu depuis un académicien tout à fait reconnu).
C'était, pour les rédacteurs de ces programmes, une pleine
continuité et un non événement. En effet, les programmes de
2008 sous le ministère de Xavier Darcos (et sans qu'il y ait
eu alors la moindre interpellation ou contestation) s'étaient
4/10
déjà prononcés sur ces points là.
Pour l'école primaire, la page 37 du Bulletin officiel de
l'Éducation nationale hors-série no 3du 19 juin 2008 pose
comme principe que :« L’orthographe révisée est la
référence ». Pour le collège, la page 2, section
« Orthographe », du Bulletin officiel de l'Éducation nationale
spécial no 6 du 28août 2008 indique que « Pour
l’enseignement de la langue française, le professeur tient
compte des rectifications de l’orthographe proposées par le
Rapport du Conseil supérieur de la langue française ,
approuvées par l’Académie française » (Journal officiel de la
République française du 6 décembre 1990) ».
Sans doute pour ''noyer le poisson'' (comme on ne dit pas sous
la Coupole, car ce serait ''vulgaire '' ; mais on le fait), la
secrétaire perpétuelle ajoute dans l'article de « La Croix » du
13 février que, depuis 1990, le contexte a totalement changé :
« En 2016, nous sommes devant une situation radicalement
différente », avec un système éducatif qui « s'est écroulé » au
point « qu'un élève sur cinq quitte l'école sans savoir lire ».
Il ne saurait être question de nier ce drame effectif, et encore
moins de l'instrumentaliser comme elle à des fins douteuses.
Mais cet argumentaire est également une contre-vérité dans
la mesure où il ne s'agit pas (hélas, et cela n'a que trop duré)
d'une constatation nouvelle, mais de longue date, qui était
déjà faite dans les années 1990 contrairement à ce que
prétend Hélène Carrère d'Encausse.
Dès mars 1989, le ministre de l’Éducation nationale Lionel
Jospin a assuré une grande publicité au « rapport Migeon »
qui évalue à « 20% au minimum » le pourcentage d'élèves
qui « quittent l'école sans savoir lire » . Et au congrès de la
5/10
PEEP du 20 mai 1993, le ministre de l’Éducation nationale
François Bayrou déclare qu' « il n'est pas acceptable qu'un
enfant sur cinq, sur quatre ou sur trois , ne sache pas lire en
sortant de l'école »
Mais la secrétaire perpétuelle n'en a pas fini pour tenter de
se sortir de son pas de clerc initial . In fine, « elle remarque
que la réforme est tombée en désuétude. Les Français dans
leur pratique ne l'ont pas cautionné ». D'où tient-elle cela ?
On l'ignore.
Les dictionnaires Larousse et Robert intègrent
progressivement « les rectifications orthographiques ».
L'édition de 1993 du Petit Robert en comportait déjà autour
de 1500 en 1993, principalement comme graphies
alternatives. Celle de 2009 a repris un grand nombre d'autres
modifications. Dans son édition 2012 (parue en 2011), le Petit
Larousse intègre les graphies rectifiées. Le Conseil
international de la langue française (CILF) a adopté, pour
son dictionnaire des termes officiels, la nouvelle orthographe.
L'édition 2009 du Multidictionnaire de la langue française a
comme première orthographe 60 % des rectifications ; et les
autres modifications sont indiquées sous la forme d'un
commentaire en fin d'article.
Les correcteurs informatiques, maintenant tous à jour,
participent désormais à faire la promotion des « rectifications
orthographiques ». Depuis 2002-2003, ProLexis, très présent
auprès des maisons d'éditions et de la presse en France,
permet à l'utilisateur d'employer l'une ou l'autre des deux
orthographes. Depuis octobre 2003, la cinquième édition
d'Antidote, Antidote Prisme, intègre l'ensemble de la nouvelle
orthographe.
Bon, si on sifflait la fin de la partie et d'une semaine de
6/10
bruits qui n'ont pas grandi leurs auteurs ?A moins que ce ne
soit une vraie campagne de désinformation et de
manipulation, délibérément provoquée et dûment
orchestrée? Mais que ferait là une secrétaire perpétuelle de
l'Académie française ? Ce serait vraiment inadmissible
!
Un autre article, très étayé, de la présidente de l'association
française des professeurs de français
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2016/02/050 22016Article635902536168093843.aspx
Orthographe rénovée 1990
Approuvée par l'académie française, c'est une réforme que
personnellement je trouve modeste, car elle continue
d'admettre de nombreuses exceptions à ses propres règles. Qui
plus est, faute de formation et d'incitation, peu (pas) de
professeurs l'enseignent à leurs élèves.
Je vous en ai parlé souvent, j'ai pendant tout un temps publié
cette lettre en orthographe rénovée 1990. Cela n'a pas soulevé
de tollé chez vous, mais apparemment pas un grand intérêt non
plus. Du coup j'ai arrêté car le logiciel correcteur
d’orthographe était peu commode d'emploi. Je vais m'y
remettre.
http://www.orthographe-recommandee.info/miniguide.pdf
Brèves (brèves ? Pas tant que ça!)
Esprit critique
Préoccupé à juste titre par la montée de l'influence chez les
lycéens de modes de pensée complotistes, propageant des
rumeurs ou des calomnies le gouvernement met en place un
site
7/10
http://www.gouvernement.fr/on-te-manipule
Qu'en pensez vous ?
Suivi des lettres précédentes
Prosopagnosie, ne pas reconnaître les visages
J'ai déjà abordé la présentation de ce trouble fort gênant dans
les deux lettres précédentes.
L'un de vous me signale une mise en abyme : « J'ai rencontré
mon ami Untel l'autre jour, il a tellement changé qu'il ne m'a
pas reconnu. » Tristan Bernard. J'aime beaucoup cet humour
non sense. Plus connu : « On ne prête qu'aux riches et on a
bien raison, les autres rembourseraient difficilement. » Le
moteur de recherche me signale que c'est aussi Tristan Bernard
qui, dans un tout autre registre, après les premières rafles des
juifs à Paris par la police de Vichy disait : « jusqu'à
maintenant, les banques bloquent les comptes. Désormais on
compte les Bloch. » Plus tard il fut déporté quelques temps à
Drancy.
Bon, l'ami qui m'avait décrit dans la dernière lettre ses propres
troubles de mémoire poursuit ses envois : « une anecdote
supplémentaire. Les premiers symptômes ne sont pas récents.
Le samedi quand j'étais lycéen j'allais gagner un peu d'argent
de poche sur la piste d'une station service. Une grande avec
plein de pompes. En ce temps le pompiste se déplaçait pour
servir et faisait l'aller-retour au bureau pour encaisser. J'ai le
souvenir honteux d'être revenu une ou deux fois sur la piste
sans savoir à qui rendre la monnaie que j'avais à la main
parce que mon client n'était plus à l'endroit où je l'avais
laissé.
Même avec l'explication scientifique, je continue de me
8/10
reprocher ce trouble et j'ai la tendance culpabilisante de
l'attribuer à mon désintérêt pour l'apparence, ou pire pour
mes congénères eux-mêmes. » Je ne pense pas, en tout cas
d'après l'article du journal Le Monde que l'on ait vraiment une
explication scientifique, tout au plus un constat du caractère
fréquent de ce trouble. Et malheureusement ce qu'il dit est
souvent vécu. On a beau dire à quelqu'un que l'on connait bien
et que l'on ne reconnait pas « J'ai des troubles de mémoire et
ne vous reconnais pas » les gens pensent forcément que vous
ne vous intéressez pas à eux, ce qu'ils disent en fait en
répondant « Ce n'est pas grave. »
Lettre alerte
Diffusion libre à condition de citer la source, [alerte] JM Bérard, et impérativement la date.
Le nuage de [alerte]
J’ai placé dans le nuage de [alerte] des textes et documents divers, avec le seul critère qu’ils
me semblent intéressants et méritent d’être portés à votre connaissance. Cliquez, naviguez.
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alerte.entre-soi.info/nuage
Fonctionnement de la lettre [alerte]
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jean-michel.berard (x) orange.fr
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9/10
du tout qu’elle soit publiée, merci de me le signaler.
Outre l’envoi par courrier électronique sur simple demande, les lettres [alerte] sont
consultables sur
http://alerte.entre-soi.info/
Fin
de la lettre du 22 février 2016
10/10