[alerte] - JM Bérard - 17 février 2016

Sommaire

Pour notre plaisir, échanger, partager

Film

Des restaurants

Orthographe

Orthographe rénovée 1990

Brèves (brèves ? Pas tant que ça!)

Esprit critique

Suivi des lettres précédentes

Prosopagnosie, ne pas reconnaître les visages

Lettre alerte

Le nuage de [alerte]

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Fin

C'est les vacances : pour tout un temps, des éditions allégées de la lettre [alerte]. Version light. Je veux dire par là : qui ne m'a pas demandé un gros travail de réflexion et de création personnelle. Des articles que j'avais déjà écrits, des citations. Cela n'enlève rien à l'intérêt.

Pour notre plaisir, échanger, partager

Film

Anomalisa : étonnant, déroutant, puis prenant et fort intéressant. Un mode d'expression de l'image rarement vu : des personnages virtuels mais ressemblant à de vraies personnes. Mode d'expression qui correspond bien au thème du film : sommes-nous des robots reliés en réseau, sous le contrôle d'une pensée unique, quel est l'espace de liberté de chacun à quel prix conquérir cet espace ou être contraint d'y renoncer ? Le destin constant de l'humain mais aussi questions actuelles avec le développement de « l'homme augmenté », de l'intelligence artificielle et de l'internet des objets. Je ne sais si cela vous accrochera, pour ma part je me suis laissé doucement entrainer (pas d'accent circonflexe sur le i) à entrer dans ce monde, au moins durant le film.

Des restaurants

Le cosi, 01 43 29 20 20, en haut de la rue Cujas à Paris. Cadre et accueil chaleureux. N'étant pas d'origine corse (notez que je n'ai pas dit « n'étant pas corse », pour ne pas relancer le débat sur le peuple corse) j'ai l'impression que les produits sont de qualité, préparés de façon délicieuse, et, je crois, typiquement corse. Ah, le veau a la stufato ! Cosi n'a aucun rapport avec le meuble ou la mode cosy : e cosi, c'est comme ça.

Le père tranquille brasserie face au forum des halles à Paris. C'est un café très ancien, que j'aime bien, surtout au premier étage. Comme beaucoup de restaurants de qualité ils ont à leur carte un burger : excellent pain, excellente viande, excellente préparation. Même les médiocres burgers des Mcdo peuvent inspirer de bonnes idées !

La maison de retraite Xà Aubervilliers. Rachetés par une grosse structure financière, ils ont changé plusieurs fois de cuisinier en peu de temps. Ils sont heureusement revenus à une cuisine faite en grande partie sur place, au lieu de se fournir chez des prestataires industriels. Cela redevient assez bon. Mais cela pose à nouveau le problème de « comment vieillir lorsque l'on n'est pas très riche ? » La personne à qui je rends visite a une retraite correcte par rapport à celle de la majorité de la population, et pourtant elle doit puiser dans ses économies pour payer sa résidence.

Orthographe

Même avec le recul, je reste étonné par la façon dont la mayonnaise est montée contre Mme Vallaud-Belkacem ministre de l’éducation nationale à propos d'une prétendue réforme de l'orthographe qu'elle aurait imposée. L'orthographe rénovée a été élaborée en 1990, approuvée par l'académie française, elle a poursuivi (trop discrètement) son bonhomme de chemin approuvée par le ministre de droite Xavier Darcos sans que cela soulève le moindre commentaire, faisant une apparition timide dans certains manuels scolaires. La seule nouveauté en 2016 réside dans le fait que la plus grande partie des éditeurs de livres scolaires ont décidé d'appliquer cette façon d'écrire dans toutes les éditions des prochains manuels. Mais l'occasion était trop belle, après le latin, le grec et les classes bilangues, de remonter à l'assaut contre la décadence du gouvernement honni. Rappelons de toute façon que cette façon d'écrire est facultative, et qu'on a « le droit » d'employer, y compris dans un même texte, l'orthographe rénovée 1990 et l'orthographe antérieure.

Bon tout cela est expliqué en détail beaucoup mieux que je ne le fais par l'historien de l'éducation Claude Lelièvre dans son blog. Comme son texte est excellent, je me permets de le citer intégralement. Je ne sais si j'en avais le droit. Je l'ai prévenu. Contrairement à ce que je dis d'habitude concernant la lettre [alerte] cet article n'est pas en libre diffusion, puisque dès le départ il est piraté. J'aurais dû lui demander avant mais le temps a passé trop vite.

https://blogs.mediapart.fr/claude-lelievre/blog/150216/les-contre-verites-sans-fin-dune-secretaire-perpetuelle?utm_source=twitter&utm_medium=social&utm_campaign=Sharing&xtor=CS3-67

Les contre-vérités sans fin d'une secrétaire perpétuelle!

Hélène Carrère d'Encausse s'étant enferrée dans le déni de l'approbation par l'Académie française de certaines « rectifications orthographiques » en 1990, tente une fuite en avant en proférant des contre-vérités patentes. Peut-on tolérer cela de la part de la secrétaire perpétuelle d'une institution considérée comme vénérable ?

Dans « La Croix » du 13 février, Hélène Carrère d'Encausse réitère son déni en l'accompagnant d'une autre contre-vérité : « Je n'ai pas compris les raisons qui expliquent l'exhumation d'une réforme de l'orthographe élaborée il y a un quart de siècle et où l'Académie n'a eu aucune part à l'inverse de ce que l'on a voulu faire croire ».

Cette seconde contre-vérité (qui vise à faire perdre de vue la contre-vérité initiale, à savoir le déni de l'implication effective de l'Académie française dans les « rectifications orthographiques » de 1990) , c'est l'affirmation selon laquelle il y aurait eu, dans les programmes qui viennent d'être adoptés, « l'exhumation d'une réforme de l'orthographe élaborée en 1990 » alors que ces programmes ne font que reprendre sur ces points précis les indications des programmes de 2008 édictées sous le ministère de Xavier Darcos (devenu depuis un académicien tout à fait reconnu).

C'était, pour les rédacteurs de ces programmes, une pleine continuité et un non événement. En effet, les programmes de 2008 sous le ministère de Xavier Darcos (et sans qu'il y ait eu alors la moindre interpellation ou contestation) s'étaient déjà prononcés sur ces points là.

Pour l'école primaire, la page 37 du Bulletin officiel de l'Éducation nationale hors-série no 3du 19 juin 2008 pose comme principe que :« L’orthographe révisée est la référence ». Pour le collège, la page 2, section « Orthographe », du Bulletin officiel de l'Éducation nationale spécial no 6 du 28août 2008 indique que  « Pour l’enseignement de la langue française, le professeur tient compte des rectifications de l’orthographe proposées par le Rapport du Conseil supérieur de la langue française , approuvées par l’Académie française » (Journal officiel de la République française du 6 décembre 1990) ».

Sans doute pour ''noyer le poisson'' (comme on ne dit pas sous la Coupole, car ce serait ''vulgaire '' ; mais on le fait), la secrétaire perpétuelle ajoute dans l'article de « La Croix » du 13 février que, depuis 1990, le contexte a totalement changé : « En 2016, nous sommes devant une situation radicalement différente », avec un système éducatif qui « s'est écroulé » au point « qu'un élève sur cinq quitte l'école sans savoir lire ».

Il ne saurait être question de nier ce drame effectif, et encore moins de l'instrumentaliser comme elle à des fins douteuses. Mais cet argumentaire est également une contre-vérité dans la mesure où il ne s'agit pas (hélas, et cela n'a que trop duré) d'une constatation nouvelle, mais de longue date, qui était déjà faite dans les années 1990 contrairement à ce que prétend Hélène Carrère d'Encausse.

Dès mars 1989, le ministre de l’Éducation nationale Lionel Jospin a assuré une grande publicité au « rapport Migeon » qui évalue à « 20% au minimum » le pourcentage d'élèves qui « quittent l'école sans savoir lire » . Et au congrès de la PEEP du 20 mai 1993, le ministre de l’Éducation nationale François Bayrou déclare qu' « il n'est pas acceptable qu'un enfant sur cinq, sur quatre ou sur trois , ne sache pas lire en sortant de l'école »

Mais la secrétaire perpétuelle n'en a pas fini pour tenter de se sortir de son pas de clerc initial . In fine, « elle remarque que la réforme est tombée en désuétude. Les Français dans leur pratique ne l'ont pas cautionné ». D'où tient-elle cela ? On l'ignore.

Les dictionnaires Larousse et Robert intègrent progressivement « les rectifications orthographiques ». L'édition de 1993 du Petit Robert en comportait déjà autour de 1500 en 1993, principalement comme graphies alternatives. Celle de 2009 a repris un grand nombre d'autres modifications. Dans son édition 2012 (parue en 2011), le Petit Larousse intègre les graphies rectifiées. Le Conseil international de la langue française (CILF) a adopté, pour son dictionnaire des termes officiels, la nouvelle orthographe. L'édition 2009 du Multidictionnaire de la langue française a comme première orthographe 60 % des rectifications ; et les autres modifications sont indiquées  sous la forme d'un commentaire en fin d'article.

Les correcteurs informatiques, maintenant tous à jour, participent désormais à faire la promotion des « rectifications orthographiques ». Depuis 2002-2003, ProLexis, très présent auprès des maisons d'éditions et de la presse en France, permet à l'utilisateur d'employer l'une ou l'autre des deux orthographes. Depuis octobre 2003, la cinquième édition d'Antidote, Antidote Prisme, intègre l'ensemble de la nouvelle orthographe.

Bon, si on sifflait la fin de la partie et d'une semaine de bruits qui n'ont pas grandi leurs auteurs ?A moins que ce ne soit une vraie campagne de désinformation et de manipulation, délibérément provoquée et dûment orchestrée? Mais que ferait là une secrétaire perpétuelle de l'Académie française ? Ce serait vraiment inadmissible !

Un autre article, très étayé, de la présidente de l'association française des professeurs de français

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2016/02/05022016Article635902536168093843.aspx

Orthographe rénovée 1990

Approuvée par l'académie française, c'est une réforme que personnellement je trouve modeste, car elle continue d'admettre de nombreuses exceptions à ses propres règles. Qui plus est, faute de formation et d'incitation, peu (pas) de professeurs l'enseignent à leurs élèves.

Je vous en ai parlé souvent, j'ai pendant tout un temps publié cette lettre en orthographe rénovée 1990. Cela n'a pas soulevé de tollé chez vous, mais apparemment pas un grand intérêt non plus. Du coup j'ai arrêté car le logiciel correcteur d’orthographe était peu commode d'emploi. Je vais m'y remettre.

http://www.orthographe-recommandee.info/miniguide.pdf

Brèves (brèves ? Pas tant que ça!)

Esprit critique

Préoccupé à juste titre par la montée de l'influence chez les lycéens de modes de pensée complotistes, propageant des rumeurs ou des calomnies le gouvernement met en place un site

http://www.gouvernement.fr/on-te-manipule

Qu'en pensez vous ?

Suivi des lettres précédentes

Prosopagnosie, ne pas reconnaître les visages

J'ai déjà abordé la présentation de ce trouble fort gênant dans les deux lettres précédentes.

L'un de vous me signale une mise en abyme : « J'ai rencontré mon ami Untel l'autre jour, il a tellement changé qu'il ne m'a pas reconnu. » Tristan Bernard. J'aime beaucoup cet humour non sense. Plus connu : « On ne prête qu'aux riches et on a bien raison, les autres rembourseraient difficilement. » Le moteur de recherche me signale que c'est aussi Tristan Bernard qui, dans un tout autre registre, après les premières rafles des juifs à Paris par la police de Vichy disait : « jusqu'à maintenant, les banques bloquent les comptes. Désormais on compte les Bloch. » Plus tard il fut déporté quelques temps à Drancy.

Bon, l'ami qui m'avait décrit dans la dernière lettre ses propres troubles de mémoire poursuit ses envois : « une anecdote supplémentaire. Les premiers symptômes ne sont pas récents. Le samedi quand j'étais lycéen j'allais gagner un peu d'argent de poche sur la piste d'une station service. Une grande avec plein de pompes. En ce temps le pompiste se déplaçait pour servir et faisait l'aller-retour au bureau pour encaisser. J'ai le souvenir honteux d'être revenu une ou deux fois sur la piste sans savoir à qui rendre la monnaie que j'avais à la main parce que mon client n'était plus à l'endroit où je l'avais laissé.
Même avec l'explication scientifique, je continue de me reprocher ce trouble et j'ai la tendance culpabilisante de l'attribuer à mon désintérêt pour l'apparence, ou pire pour mes congénères eux-mêmes.
 » Je ne pense pas, en tout cas d'après l'article du journal Le Monde que l'on ait vraiment une explication scientifique, tout au plus un constat du caractère fréquent de ce trouble. Et malheureusement ce qu'il dit est souvent vécu. On a beau dire à quelqu'un que l'on connait bien et que l'on ne reconnait pas « J'ai des troubles de mémoire et ne vous reconnais pas » les gens pensent forcément que vous ne vous intéressez pas à eux, ce qu'ils disent en fait en répondant « Ce n'est pas grave. »

Lettre alerte

Diffusion libre à condition de citer la source, [alerte] JM Bérard, et impérativement la date.

Le nuage de [alerte]

J’ai placé dans le nuage de [alerte] des textes et documents divers, avec le seul critère qu’ils me semblent intéressants et méritent d’être portés à votre connaissance. Cliquez, naviguez. Pour accéder au nuage cliquer sur :

alerte.entre-soi.info/nuage

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Inscription sur la liste de diff sur simple demande. On peut aussi se désinscrire. Les adresses des destinataires n’apparaissent pas lors de l’envoi.

Vous pouvez m'écrire à

jean-michel.berard (x) orange.fr

Ce qui est écrit dans cette lettre n’engage strictement que moi, sauf bien sûr s’il s’agit de la citation d’un appel ou d’un communiqué.

Les remarques et réactions que vous m’envoyez concernant ce que j’écris me sont précieuses, indispensables, car elles font rebondir la réflexion.

Lorsque je publie l’une de vos réactions, je ne mentionne pas votre nom. La liste de diffusion comporte 200 abonnés, qui plus est la lettre est disponible sur internet et je pense que vous ne tenez pas forcément à ce que votre qualité de lecteur de [alerte] soit diffusée ainsi à tous les vents.

Les messages que vous m’envoyez, s’ils concernent la lettre [alerte], peuvent être diffusés dans la lettre, un peu comme le courrier des lecteurs qui écrivent à un journal, mais sans que votre nom soit cité. Si en m’envoyant une réaction à propos de la lettre vous ne souhaitez pas du tout qu’elle soit publiée, merci de me le signaler.

Outre l’envoi par courrier électronique sur simple demande, les lettres [alerte] sont consultables sur

http://alerte.entre-soi.info/

Fin

de la lettre du 17 février 2016