[alert] - JM Bérard - 28 11 2015

Sommaire

Joie

Dakhabrakha

Africolor

Attentats

État d'urgence

Sécurité, liberté ?

J'y crois pas !

COP21

Lettre alerte

Le nuage de [alerte]

Fonctionnement de la lettre [alerte]


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Joie

Dakhabrakha,

Le théâtre Monfort, salle comble. Le groupe Dakhabrakha, cela veut dire « donner et prendre » en ukrainien . Un groupe de quatre musiciens-chanteurs (trois femmes, un homme) « collecte des chansons populaires dans les villages de leur pays et invente un folklore d'aujourd'hui métissé de sons et de rythmes venus d'ailleurs, superposant des chants aux accents slaves, africains ou asiatiques à des sonorités rap et électro. Le tout dégage une énergie presque diabolique .» (Extrait de la brochure du théâtre.) Diabolique ? Fascinant et envoûtant en tout cas ; on est subjugué par les voix, les rythmes, les percussions. Vers la fin du concert, de nombreuses personnes se lèvent, descendent, sont debout devant la scène, dansent avec un plaisir communicatif. Le bataclan est vivant.

Africolor

Je vais ce soir 28 11 2015 au concert Africolor au théâtre des Lilas. C'est ce soir. Après le concert, j'aurais sans doute écrit aussi « le bataclan est vivant. »

(Rappel pour les parisiens : la programmation du théâtre du Garde-Chasse aux Lilas est de qualité. Les Lilas sont certes de l'autre côté du périph, mais c'est juste au bout de la ligne 11.)

Attentats

13 novembre 2015. Avec un peu de recul, je constate que j'ai été « secoué » beaucoup plus que je ne le croyais les premiers jours. Prise de conscience sans doute, à la lecture des articles, à la vue des images, de l'ampleur de ce que marquent ces attentats.

J'ai déjà écrit deux lettres [alerte] depuis le 13 novembre. Pour aujourd'hui, je n''ai pas grand chose à y ajouter. La réflexion dans les médias s'est enrichie de nombreuses analyses philosophiques et sociologiques sur les structures de la société française, la nature du pouvoir, le sens économique de ces événements (pétrole...), le sens géopolitique (rapports de force USA, Russie, Europe, Iran, Syrie, Turquie...) Tout cela est un peu en avance sur mes réflexions habituelles, pour aujourd'hui je laisse un peu décanter.

Je ne me sens aucun droit de dire « ne cédez pas aux terroristes, sortez, soyez joyeux ! » De quel droit pousserais-je d'autres personnes à affronter des dangers potentiels ? Je ne peux parler que pour moi : la liste de tout ce que ne supporte pas Daech est si longue qu'elle touche absolument tous les aspects de notre vie. .Les attentats peuvent avoir lieu partout, à tout moment. Je n'ai pas un courage extrême mais je constate simplement que si je cale ma vie sur les attentats potentiels, je ne ferai plus rien. Autant ne rien changer dans mes habitudes.

Une modulation toutefois. J'ai écrit que je n'avais pas de raison de ne pas aller à la fête des lumières à Lyon. Cette fête a été interdite. Deux personnes avec qui j'avais passé il y a quelques années une fête des lumières magnifique me font remarquer que ce que j'écris revient à dire que l'on a eu tort d'interdire la fête. À la réflexion, je pense que l'on a eu raison. Certes, cette interdiction est une atteinte à la culture. Mais lors de la fête il y a des centaines de milliers de personnes dans les rues. À certains endroits on a du mal à se tenir debout et à avancer. Même sans attentats, cette situation de foule me met mal à l'aise. Les attentats sont tout récents, tout le monde a les nerfs à vif, le moindre incident déclencherait une panique, peut-être des blessés ou des morts. On a eu raison d'interdire la fête, il demeure que cette interdiction est une grande victoire des terroristes.

État d'urgence

Sécurité, liberté ?

Bon, il est clair que après les attentats du 13 novembre l’État devait agir : une grande partie de la population était choquée, secouée, certains, à juste titre avaient peur. L’État d'urgence tel qu'il a été décidé est une mesure de très grande ampleur. Les sondages montrent semble-t-il qu'une majorité en a été satisfaite. Et pourtant, à juste titre aussi, dès la mise en œuvre de cette mesure, des voix se sont élevées pour rappeler que nous sommes en république, et qu'une telle mesure ne peut pas être appliquée sans un minimum de réflexions sur son utilité et ses conséquences .

Comme je l'ai déjà dit, pour aujourd'hui je vais un peu laisser décanter. Le journal « Le Monde » daté du 28 novembre 2015 titre sur toute la largeur de la une « Ils étaient la jeunesse de France », à propos de l'hommage national rendu aux victimes des attentats dans la cour des Invalides. Mais le même journal consacre une page entière au fait que les militants de la Cop21 sont la cible de l'état d'urgence.

Je ne suis pas spécialiste et ne peux rentrer dans les débats qui s'interrogent sur la réelle utilité de l'état d’urgence dans la lutte contre le terrorisme. Elle est mise en doute par quelques uns. En tout cas je maintiens que, dans une république, la mise en place de l'état d'urgence doit répondre à mon avis à au moins trois conditions :

    - que sa durée soit strictement limitée. Pourquoi trois mois ? Prolongera-t-on ensuite ?

    - que la mise en œuvre soit contrôlée par une instance indépendante du pouvoir

    exécutif. Ce n'es( pas le cas actuellement.

    - que le pouvoir judiciaire ne soit pas écarté. Dans les mesures prises actuellement les juges apparaissent un peu comme des ennemis. Or, dans la philosophie politique classique, la république repose sur trois piliers : exécutif, législatif, judiciaire.

Hélas , je pense qu'il faudra y réfléchir encore et encore.

J'y crois pas !

La grande conférence mondiale sur le climat, COP21 commence le lundi 30 novembre à Paris. On y traite de l'avenir de notre cadre de vie, les citoyens du monde entier sont concernés, et pas seulement les nombreux gouvernants rassemblés entre eux.

La première décision prise en vertu de l'état d'urgence a été de supprimer toutes les manifestations citoyennes Cop21, qui auraient eu pour vertu non seulement de mobiliser, mais aussi de rappeler aux gouvernants qu'ils gouvernent au nom du peuple. Fallait-il interdire ces manifs ? Peut-être : il est difficile pour la police d'assurer à la fois la sécurité de nombreux chefs d'état et des militants de manifestations massives. Pouvait-on se mettre d'accord sur d'autres formes ? Certains mouvements militants préconisent une chaîne humaine le dimanche 29. Quoiqu'il en soit il me semble que le gouvernement n'a guère cherché, avec les militants, de solution alternative.

Là où j'y crois pas, c'est lorsque Le Monde nous informe que « plusieurs assignations à résidence et perquisitions ont visé des militants proches des milieux zadistes et écologistes. […] Dans diverses villes les mêmes scènes se sont multipliées ces derniers jours, réveil brutal par les forces de l'ordre, fouilles musclées . »

Les milieux écologistes ? Voilà qui va terroriser les terroristes ! J'y crois pas ! Ou alors le gouvernement, sympa, veut nous convaincre que l'état d'urgence peut conduire à des dérives. Ou encore, tout simplement, considère que l'état d'urgence concerne toute « menace contre l'ordre public. » Mais là, ça va loin !

COP21

Les réactions et réflexions sur les attentats du 13 11 ont placé un peu au second plan les débats sur l'avenir de la planète. Dommage, c'est pourtant capital. La conférence commence lundi 30, nous aurons bien sûr l'occasion d'en reparler.

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Lettre alerte

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Le nuage de [alerte]

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Fonctionnement de la lettre [alerte]

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