[alerte] - JM Bérard - 11 janvier 2015 matin

Sommaire

Rayons de lumière

La tendresse

Le père Noël est une ordure

Liberté

Vérité cachée

Dissonance ?

Au fil des jours

Pesticides

Travail le dimanche

Père Noël

À suivre

À propos de [alerte]

Le nuage de [alerte]

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Fin

Rayons de lumière

La tendresse

C’est vrai, la situation s’y prête, je suis souvent pessimiste. Et pourtant… Nos enfants, nos petits-enfants, nos petits voisins naissent, sourient, babillent, sont curieux du monde et s’intéressent à tout. L’avenir semble difficile, et pourtant ils sont là. Bon, d’accord, ce n’est pas une raison pour arrêter de lutter contre ce qui ne va pas mais ils sont là !

Le père Noël est une ordure

Ce film est passé mille fois à la télé, et je me risque à dire que j’y prends plaisir : de l’humour totalement burlesque, évoquant des sujets qui ne sont pas sans importance. Bon, d’accord, je suis très sensible à l’humour au second degré, au non-sense, au burlesque. « C’est s’la, oui. » C’est tellement loufoque qu’on ne peut rien résumer. Peut-être simplement pouvez-vous le regarder lorsqu’il passera pour la mille et unième fois. (Écrit avant les attentats de Charlie Hebdo, mais cela ne change rien.)

Liberté

J’ai publié un numéro spécial de [alerte] (et pas spacial, vous l’aviez compris) dès que j’ai appris l’attentat contre Charlie Hebdo.

Au-delà de la réaction « à chaud » il y a beaucoup, beaucoup à réfléchir, à approfondir, à dire. Je ne souhaite pas le faire pour l’instant.

Cependant, deux ou trois remarques en vrac :

- cet attentat est une atteinte stupéfiante, cruelle, violente à la liberté de penser et de s’exprimer.

- on me dit « la barbarie est là ». Certes, lorsqu’on constate ces massacres, lorsqu’on sait que l’organisation « état islamique » tue, lapide, interdit aux enfants d’aller à l’école, interdit toute liberté d’expression, on se dit que le terme « barbarie » est d’actualité. En sortant de la projection du film « Timbuktu » on est glacé d’effroi, et encore plus lorsqu’on apprend que la réalité du terrain est pire que dans le film. Cela dit, sans du tout minimiser ce que je viens de dire, on ne doit tout de même pas oublier que le barbare n’est pas seulement l’autre, et que nous avons peut-être une part de barbarie en chacun de nous. Par exemple, je ne sais si notre propre « civilisation » doit assumer les répressions féroces, il n’y a pas si longtemps, dans les dictatures d’Amérique latine, ou les tortures pratiquées par des pays démocratiques. Je le redis, cette remarque n’atténue en rien la barbarie que l’on appelle djihadiste.

- la large et chaleureuse unité qui, dans l’émotion pour soutenir la liberté d’expression s’est faite mercredi 7 janvier 2015 au soir (manifestations dans le monde entier, soutien de journaux du monde entier, soutien de très nombreux gouvernements, consensus de la classe politique) ne durera pas, et je pense que nous allons vivre de très durs moments.

Très rapidement de nouveaux attentats vont avoir lieu, selon un plan organisé ou par influence des fanatiques entre eux : hier 8 janvier 2015 assassinat d’une policière, aujourd’hui 9, attaque contre une épicerie cachère, quatre morts, juifs

Très rapidement des partis, des personnes, des journaux, des « intellectuels » vont faire l’amalgame et considérer que tous les musulmans vivant en France sont coupables, et pas seulement une poignée de terroristes fanatiques. Dès aujourd’hui jeudi 8 janvier 2015 quatre mosquées ont été victimes d’agressions.

Très rapidement une surenchère sécuritaire va s’instaurer, conduisant à adopter des lois pas toujours efficaces mais restreignant les libertés, nos libertés, et pas seulement celles des terroristes. La lutte contre le terrorisme est un argument imparable.

Très rapidement, le Front national et toute la fraction de l’UMP qui veut faire alliance avec le FN vont tirer les marrons du feu et tirer parti de la situation. Cela n’a pas tardé et a commencé dès ce jeudi avec les divergences sur la participation du Front National à la manifestation de dimanche.

Je crains la barbarie, je crains de nouveaux attentats, mais je crains aussi le répugnant amalgame qui va s’organiser autour de ces événements. Les idéologies Finkielkraut Zemmour Houellebecq, Marine Le Pen Marion Le Pen ont de beaux jours devant elles. (J’ai écrit « les » car je ne les assimile pas totalement l’une à l’autre.)

Bon, [alerte], JM B, ça suffit avec vos prophéties qui prédisent ce que tout le monde prévoit. Que proposez-vous ? Je ne sais. Aller à la manif dimanche, bien que deux signatures dans Libé trouvent que cette belle unanimité n’a pas des objectifs suffisamment clairs. Et puis on verra, au jour le jour.

Ajout le 14 janvier 2015 : j'ai de façon très regrettable omis de citer dans ma liste les réactions très regrettables de certains musulmans qui ont refusé de s'associer à la minute de silence.

Vérité cachée

Bien sûr le gouvernement, la presse, les partis politiques, les associations nous cachent soigneusement la vérité sur les évènements intervenus depuis le massacre à Charlie Hebdo. Il s’agit en fait d’une campagne publicitaire soigneusement montée par les communicants des entreprises Kalachnikov et, accessoirement, Tokaref. Quelle autre méthode aurait pu obtenir autant de citations d’une marque en si peu de temps dans les médias ? Chapeau les communicants. Cela dit, les professionnels de la profession s’interrogent : pourquoi faire une telle campagne de pub alors que le marché est en pleine expansion et que Kalachnikov n’a pas de concurrents sérieux ?

Dissonance ?

Dans Libération le 10 janvier 2015 Étienne Balibar, philosophe, affirme : les dessinateurs de Charlie ont-ils été imprudents ? Oui mais le mot a deux sens, plus ou moins aisément démêlables […] Mépris du danger, goût du risque, héroïsme si l’on veut. Mais aussi indifférence envers les conséquences éventuellement désastreuses d’une saine provocation : en l’occurrence le sentiment d’humiliation de millions d’hommes déjà stigmatisés qui les livre aux manipulations de fanatiques organisés. […] Pour demain et après-demain, car cette affaire ne sera pas d’un jour, je voudrais que l’on réfléchisse à la manière la plus intelligente de gérer le second aspect et sa contradiction avec le premier. Ce ne sera pas nécessairement de la lâcheté.

C’est un argument que j’ai rejeté jusqu’à aujourd’hui : faudrait-il s’abstenir de caricaturer pour ne pas faire de peine à ceux qui sont concernés ? Aujourd’hui, je suis réservé mais perplexe. Qu’en pensez-vous ?

Au fil des jours

Pesticides

Citation du journal « Le Monde », décembre 2015

Il y a toujours plus d’insecticides, d’herbicides et de fongicides dans les campagnes françaises. En moyenne sur la période 2011-2013 les cultures ont reçu 5 % de produits phytosanitaires en plus par rapport à 2009-2011. […] Pour les services du ministère de l’agriculture qu ont mis en place le plan europhyto destiné à inciter les exploitants à changer leurs pratiques l’échec est patent. Ce plan lancé en 2009 […]pour diviser par deux l’usage de produits phytosanitaires d’ici à 2018 repose sur la bonne volonté des acteurs, il a bénéficié de moyens considérables : 360 millions d’euros en cinq ans. Les agriculteurs ne se sont que très marginalement appropriés les exemples de cultures à la fois économiques et performantes qui leur sont fournis.

Dans les collectivités locales et à la SNCF (entretien des voies) de réels progrès ont été accomplis.

[..] Il faudrait, entre autres, une conversion mettant fin à la prédominance des monocultures.

C’est pour moi un mystère : qu’est-ce qui peut conduire les pêcheurs, les agriculteurs à détruire eux-mêmes leur propre outil de travail, alors qu’existent des crédits pour modifier les pratiques ?

Travail le dimanche

J’ai déjà parlé du caractère sans doute économiquement illusoire du travail le dimanche. Les consommateurs ne vont pas acheter une deuxième fois en semaine ce qu’ils ont acheté le dimanche, on va ruiner le commerce local au profit des grandes surfaces, etc. On se retouve dans une société où les seuls objectifs proposés à l’humain sont « produire et consommer. » Un sondage conclut que 62 % des Français sont favorables à l’ouverture des magasins le dimanche, un autre conclut que 60 % ne sont pas d’accord pour travailler eux-mêmes ce jour-là. C’est logique : si tout le monde travaille, qui ira dans les magasins ?

Le journal Le Monde du 24 décembre 2014 publie un article titré « l’extension du travail du dimanche voulue par le gouvernement inquiète pédopsychiatres et sociologues ».

Pour résumer très sommairement, s’il n’y a pas un jour unique consacré à la possibilité de se rencontrer, quand allons-nous vivre ensemble ? Le débat politique porte sur l’efficacité économique de la mesure, ses conséquences sociales ne sont pas du tout discutées.

Des spécialistes de la famille s’interrogent : c’est le dimanche que les enfants et les parents peuvent se rencontrer et avoir des activités communes, que l’on peut rencontrer les grands-parents, les cousins, les oncles et tantes. Quid s’il n’y a plus ce jour commun ? Les difficultés seront encore plus grandes pour les familles recomposées.

Anecdote : lorsque j’étais petit, dans le petit village de Savoie, tout le monde allait à la messe le dimanche. Après la messe les hommes allaient tous boire un pot, systématiquement dans les deux cafés du village. Croyaient-ils en Dieu ? La question ne se posait pas. Cette rencontre permettait à tous les habitants, dispersés dans 25 hameaux, de se rencontrer. Au début de mon enfance, dans les années 50, on ne travaillait pas le dimanche. Avec les obligations de rendement créées par la mécanisation, le curé a petit à petit été obligé, en chaire, d’autoriser le travail le dimanche après-midi. C’était prudent de sa part. Ensuite, il a même renoncé à donner l’autorisation, cela se faisait « naturellement ». Maintenant, il n’y a que rarement des messes le dimanche et peu y vont. Il n’y a plus non plus de foires aux bestiaux. Le camion de la coopérative laitière passe le matin ramasser les bidons de lait. Heureusement il y a le tourisme du ski de piste. Les moniteurs se retrouvent en fin de journée pour boire un pot ensemble, c’est déjà ça.

Père Noël

Reçu de l’association Creis-Terminal

À l’occasion des fêtes de fin d’année Barclaycard a testé des gants de laine de paiement sans contact équipés d’un écran tactile. Ces derniers permettent de régler des achats ne dépassant pas 25 euros.

http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-barclaycard-teste-des-gants-de-paiement-sans-contact-59723.html


Le comble du bonheur : les bras chargés de cadeaux (pas chers !) et pas de moyen de paiement à utiliser !!! L’histoire ne dit pas si l’on
doit toujours enlever ses gants pour saluer une personne rencontrée.

Prochain projet : des gants sans aucun textile, pour les soldes de juillet, et les gants pour personnes amputées des deux bras.

À suivre

Je vous ai promis un article sur l’évaluation des élèves, écrit par un ami qui au cours de son cursus professionnel a fait sur ce sujet un travail remarquable, je vous ai promis de vous rendre compte d’un article sur le transhumanisme et l’homme augmenté.

En dehors de l’actualité concernant le terrorisme tout semble un peu décalé : la grève des médecins et l’état du système de santé français, la position de ce maire qui a interdit qu’une petite fille Rom décédée soit enterrée dans sa commune.

À propos de [alerte]

Diffusion libre à condition de citer la source, [alerte] JM Bérard, et impérativement la date.

Le nuage de [alerte]

J’ai placé dans le nuage de [alerte] des textes et documents divers, avec le seul critère qu’ils me semblent intéressants et méritent d’être portés à votre connaissance. Cliquez, naviguez. Pour accéder au nuage cliquer sur :

https://drive.google.com/folderview?id=0B_Wky0_FwW1tekd3aXNsOEpwVk0&usp=sharing

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Inscription sur la liste de diff sur simple demande. On peut aussi se désinscrire. Les adresses des destinataires n’apparaissent pas lors de l’envoi.

jean-michel.berard x orange.fr

Ce qui est écrit dans cette lettre n’engage strictement que moi, sauf bien sûr s’il s’agit de la citation d’un appel ou d’un communiqué.

Les remarques et réactions que vous m’envoyez concernant ce que j’écris me sont précieuses, indispensables, car elles font rebondir la réflexion.

J’explique dans chaque numéro pourquoi, lorsque je publie l’une de vos réactions, je ne mentionne pas votre nom. La liste de diffusion comporte 200 abonnés, qui plus est la lettre est disponible sur internet, et je pense que vous ne tenez pas forcément à ce que votre qualité de lecteur de [alerte] soit diffusée ainsi.

Les messages que vous m’envoyez, s’ils concernent la lettre [alerte], peuvent être diffusés dans la lettre, (un peu comme le courrier des lecteurs qui écrivent à un journal), mais sans que votre nom soit cité. Si en m’envoyant une réaction sur la lettre vous ne souhaitez pas du tout qu’elle soit publiée, merci de me le signaler.

Outre l’envoi par courrier électronique sur simple demande, les lettres [alerte] sont consultables sur

http://alerte.entre-soi.info/

Fin

de la lettre du 11 janvier 2015