[alerte] - JM Bérard - 2 janvier 2015

Sommaire

Tous mes vœux à chacun de vous pour 2015

Au fil des jours

Les liens de ce message sont actifs

Pour un moment intéressant

France terre d’accueil

Moteur de recherche

Mortalité sur la route

Appel aux geeks

La neige à Noël

Beau et inutile ? Financement de la recherche fondamentale

Évaluation à l’école, suite

Les liens sont actifs : merci Chris

À propos de [alerte]

Le nuage de [alerte]

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Fin

Ce texte est écrit dans l’orthographe recommandée 1990. Si cette orthographe ne vous est pas familière certaines façons d’écrire vous apparaitront comme des fautes. Actuellement, les deux orthographes (usuelle et recommandée 1990) sont acceptées.

http://www.orthographe-recommandee.info/

Tous mes vœux à chacun de vous pour 2015

Au fil des jours

Les liens de ce message sont actifs, le nuage est accessible

Outre les liens contenus dans les messages mail, Il y avait aussi des problèmes pour accéder à tous les documents déposés dans le nuage Google de alerte. Sauf nouvel incident, vous accédez à tous les documents du nuage en cliquant sur

https://drive.google.com/folderview?id=0B_Wky0_FwW1tekd3aXNsOEpwVk0&usp=sharing

En cliquant vous accédez directement à la liste des documents disponibles. La première ligne (kanak, etc ?) ne comporte pas d’icônes, je ne sais pas pourquoi, mais en cliquant on accède aux documents.

Pour un moment intéressant

Reçu de l’une de vous, merci. (Le film passe en ce moment dans les salles.)

"Chante ton bac d’abord" est un film documentaire sur un petit groupe d’amis en Terminale L à Boulogne sur mer.

On suit pendant l’année scolaire ces jeunes, leurs relations avec le lycée, les parents, leurs projets, leurs difficultés : le tout est traité avec beaucoup de chaleur, de finesse et de légèreté.

Ils sont tous différents et très attachants. On en sort ému et en même temps optimiste sur la jeunesse : même s’ils ont des angoisses, des questions, il ressort une envie de vivre dans ce monde qui leur appartient et dans lequel ils sont prêts à intervenir. Cela m’a rappelé ma propre jeunesse pourtant très différente.

France terre d’accueil

Une petite station-service d’un petit village dans une région très touristique. Mention sur la pompe, en plein jour : « prépaiement exigé. » C’est rare en plein jour. On se dit « bon, il a été victime de clients indélicats. » Sur la porte de la boutique, une immense photo d’un chien berger allemand aux crocs retroussés, avec l’avertissement « Vous entrez ici à vos risques et périls. » Le client se sent bien accueilli ! Pour être très franc, je n’ai pas osé faire de remarque. Il ne faudrait pourtant pas avoir peur de Zemmour et Le Pen. Mon silence me fait complice.

Moteur de recherche

Reçu de l’un de vous :

Concernant les moteurs de recherche, je ne connais pas "duckduckgo" mais j’utilise depuis longtemps déjà le moteur IXQUICK qui protège réellement les données personnelles, en tout cas je le crois.
https ://www.ixquick.fr/fra/protect-privacy.html

Certainement, mais ce qui rendrait service à tous c’est que l’un de vous ayant travaillé la question donne son avis sur les mérites de duckduckgp et des autres moteurs. Petit rappel : les moteurs « classiques » comme Google gagnent un argent fou en revendant aux commerciaux ce que vos recherches dévoilent de vos centres d’intérêt. D’autres moteurs s’engagent à ne pas vous pister, à ne pas communiquer vos données personnelles, à ne pas enregistrer votre adresse IP. Est-ce vraiment le cas de duckduckgo ?

Mortalité sur la route

Par rapport à novembre 2013 la mortalité sur les routes a augmenté de 10 % (279 au lieu de 252). Ce qui est bien c’est que comme il s’agit de statistiques on ne pense jamais que ces morts peuvent être des voisins ou des proches. Et puis ce n’est pas grave : cela fait augmenter le produit intérieur brut (hélas je ne plaisante pas) : activité des hôpitaux, des pompes funèbres, des compagnies d’assurance, de l’industrie automobile.

Appel aux geeks

J’ai un smartphone androïd Samsung. Il y a dans la boutique de nombreuses applications qui permettent d’enregistrer l’endroit où est sa voiture lorsqu’on la quitte et d’être ensuite conduit vers elle au retour. Mais aucune des applications que j’ai essayées ne fonctionne correctement. Avez-vous une suggestion ?

La neige à Noël

Catastrophe pour l’industrie des sports d’hiver : pas de neige à Noël.

Catastrophe pour l’industrie des sports d’hiver : il neige. Des milliers d’automobilistes sont bloqués sur les routes. Et les campagnes habituelles envahissent la une des médias : « Nous venons chaque année au ski, nous n’avons jamais connu cela. Que fait le préfet ? N’aurait-il pas fallu déneiger avant ? » Et moi, et moi, et moi… J’ai réservé, j’ai payé, j’ai le droit d’en profiter.

Faut pas rigoler ! Météo France avait lancé une alerte à la neige très en avance. Pourquoi les gens ont-ils pris leur voiture et sont-ils partis ? Pour ne pas perdre une journée de location ? Pourquoi sont-ils partis sans chaines et sans pneus neige ? En réalité, tout cela est très mal organisé et coutera cher à Hollande en 2017 : il faut de la neige en station, mais pas sur les routes d’accès !

Vous avez comme moi lu qu’il y a des milliers de sans abri qui dorment tous les jours dehors sans que cela fasse la une de France info. Argument facile, direz-vous ? Pas tant que ça. La différence est que les « naufragés de la route » pourraient être nous, alors que les sans abri sont d’un autre monde.

Beau et inutile ? Financement de la recherche fondamentale

Mon article sur le télescope européen de 39 mètres a soulevé quelques discussions parmi vous.

En prenant l’exemple d’actualité de ce télescope, je voulais simplement dire qu’il ne faut pas attendre de la recherche fondamentale des retombées technologiques immédiatement commercialisables, vendables, permettant un retour sur investissement. Le télescope de 39 mètres coûte cher, le grand accélérateur de particules du Cern à Genève aussi. Et pourtant on ne voit pas a priori l’intérêt économique de mieux connaitre les galaxies lointaines ou de prouver l’existence du boson de Higgs. Cela fait progresser la connaissance.

Parfois ces recherches fondamentales ont des conséquences technologiques considérables : dans les années 1960 à l’École normale supérieure Kastler et Brossel travaillaient sur le pompage optique, pour mieux connaitre la structure des atomes. Ce n’est que des années plus tard que l’on a appliqué ces résultats à la conception de lasers, qui ont des usages considérables. Mais cela n’était pas prévisible. On ne pouvait pas financer les recherches de Kastler en se disant « nous rentrerons dans nos sous grâce au laser. »

Je dis cela car de nombreux syndicats de chercheurs mais aussi des scientifiques de haut niveau non syndiqués pensent que, en ce moment en France, la recherche est beaucoup trop soumise à la mise en place de partenariats avec l’industrie et que, à viser des applications immédiates on va stériliser la recherche fondamentale.

Cela crée la controverse parmi vous, on me dit : c’est l’habitude française que de toujours compter sur les fonds publics. Je suis intimement convaincu du contraire, je suis sûr qu’en obligeant les scientifiques à consacrer un temps considérable à la recherche de partenariats on risque de stériliser la recherche fondamentale. Bon, d’accord, une intime conviction n’est pas un raisonnement argumenté.

Je ne suis pas en mesure de faire l’étude détaillée que me demande l’une de vous pour comparer les financements de la recherche fondamentale dans différents pays. Je serai vigilant et vous rendrai compte à l’avenir des études que je pourrai recevoir à ce sujet.

Pour l’instant, je vous envoie des extraits du message de l’un de vous, particulièrement compétent sur ce sujet.

Extrait d’une lettre de mon correspondant à Claudie Haigneré, ancienne ministre, présidente du palais de la découverte :

Enfin, l’insistance avec laquelle vous mettez en avant les avantages fiscaux m’amène à des remarques plus politiques sur le mécénat, qui dépassent largement le cadre du Palais et d’Universcience. Vous précisez qu’un don de 1000 euros, après réduction fiscale sur un ISF, ne coute que 250 euros. Et lorsqu’il s’agit du mécénat d’entreprise le ministère de la Culture et de la communication ne manque pas d’insister (entre autres "avantages du mécénat") tels que la notoriété, sur la déduction d’impôts de 60 % du montant des dons.

Le vrai donateur, par le biais de l’impôt, est donc le citoyen. À lui de payer, et au mécène la notoriété. Ce n’est plus la communauté nationale, par l’intermédiaire de la puissance publique, qui peut se féliciter de contribuer à une politique culturelle ambitieuse. À l’inverse c’est le mécène qui peut s’en attribuer le mérite, cumulant ainsi l’avantage de la fortune et celui d’une image de générosité. La générosité désintéressée ne consisterait-elle pas, pour les plus fortunés, à contribuer par l’impôt plutôt qu’à recourir à cette forme d’optimisation fiscale ?

Il me semble que le grand public est largement ignorant, comme je l’étais moi-même avant votre appel, de l’ampleur prise par le mécénat depuis la loi Aillagon de 2003 : création d’une mission spécifique au ministère de la Culture, multiplication des "directions du mécénat" dans les grands établissements culturels. Cela touche au problème politique général du désengagement de la puissance publique dans le domaine culturel, qui se manifeste aussi dans les projets d’externalisation vers le privé de diverses missions.

Un autre extrait du message de mon correspondant :

La recherche privée est largement financée par fonds publics en particulier par le crédit d’impôt et le financement du partenariat d’entreprise.

Encore un extrait:

Cette histoire de mécénat n’est pas tout à fait ton sujet, mais on peut transposer, à propos du « crédit impôt recherche » : là aussi c’est le contribuable qui paye, pour des activités échappant à toute direction par nos « représentants », censés être garants de l’intérêt général. Ci-après, ce que j’avais noté à l’écoute d’une remarquable émission d’Arrêt sur Images, que je te conseille (http://www.arretsurimages.net/emissions/2014-07-04/Sur-la-recherche-comme-sur-le-reste-Hollande-a-renonce-id6887)

Bon, j’arrête pour aujourd’hui. Je ne cite que des extraits du message de mon correspondant, ce qui nuit à la cohérence de sa pensée. Et cela ne répond que très partiellement à la question de ma correspondante qui souhaite une étude comparative un peu étayée sur le financement de la recherche fondamentale dans le monde.

Tout de même, j’ai tendance à penser que la recherche fondamentale et les activités culturelles ne peuvent pas exister sans fonds publics.

Manifestement, il faudra y revenir et approfondir la question.

Évaluation à l’école, suite

Les réactions de certains de vous, excellents amis, montrent la difficulté des évolutions. Beaucoup de vous sont très attachés au système actuel d’évaluation des élèves, même si l’on en souligne les inconvénients, en particulier en termes de contribution à l’aggravation des inégalités sociales. Normal, ce système nous a formés, imprégnés, des évolutions aussi profondes prendront du temps.

L’une de vous a pris le temps d’écrire et de m’envoyer ce texte. Merci beaucoup beaucoup :

L’évaluation, un enjeu de la formation initiale et continue des enseignants et pour tous les personnels engagés dans les métiers de l’éducation.

Depuis plusieurs années, le débat récurrent sur l’évaluation et les résultats des élèves est brouillé par des amalgames.

Or on peut déjà utilement distinguer :

une évaluation (qu’elle soit formative ou sommative) constitutive des apprentissages qui doit permettre à chaque élève - pour lui-même - de mesurer ses acquis, ses progrès et d’identifier les points à améliorer.

Une évaluation certificative qui n’a pas la même fonction. Cette évaluation répond à une norme et classe des élèves, des candidats, dans le cadre d’examens et de concours.

La récente note du Conseil supérieur des programmes sur le sujet mise en ligne le 2 décembre 2014 est éclairante. Desservie par un mot de "bienveillance" parce que mal interprété, elle n’en constitue pas moins un outil de réflexion dans les établissements scolaires et en formation.

Dans un deuxième temps, on peut aussi se demander si l’éternel débat opposant de façon caricaturale une évaluation sans note et une évaluation avec note n’est pas un faux débat, voire le faux nez de ceux qui ne voudraient rien voir évoluer. C’est d’autant plus inquiétant que la docimologie (à laquelle on a fréquemment recours en formation) a bien mis en évidence que note ou pas note, les appréciations des correcteurs peuvent être très éloignées les unes des autres pour un même devoir, un même exercice.

Et que dire aux familles ? Que comprennent-elles des résultats de leurs enfants ?

Dès lors, ne conviendrait-il pas de se demander quels sont les objectifs visés par une évaluation, qu’évalue-t-on (un résultat, une procédure, une démarche) ? Pour quoi évalue-t-on et pour quoi faire et sur quels critères précis apprécie-t-on les travaux des élèves, de quels travaux s’agit-il ? Ce ne sont là que quelques-unes des nombreuses seules questions à se poser lorsque l’on évalue.

La formation initiale et continue des enseignants comme des personnels d’encadrement s’est saisie progressivement de toutes ces problématiques de l’évaluation. Celle-ci évolue, sans doute trop lentement, dans notre système éducatif. Cependant "la constante macabre" perd du terrain à l’école et au collège depuis la mise en place de l’évaluation des compétences, à commencer par celles du socle commun de compétences, de connaissances et de culture. Plus timides au lycée, les évolutions se font néanmoins jour depuis la mise en place de l’accompagnement personnalisé et des enseignements d’exploration (en classe de seconde pour ceux-ci). On peut saluer aussi l’effort de certaines disciplines, comme les sciences physiques par exemple, pour inclure une évaluation des démarches, du raisonnement, dans certaines épreuves de baccalauréat.

D’autre part, la prise en compte des besoins des élèves - de tous les élèves (des plus avancés aux moins avancés), la mise en place de dispositifs d’aide (non externalisés mais dans la classe) ont contribué à l’évolution des modalités d’évaluation. Le rôle des évaluations PISA n’y a pas été pour rien non plus. Il est important que toute la communauté éducative s’en empare, non pour se gargariser ou de désoler des résultats de nos élèves, mais pour se demander ce qui fonde ses évaluations, et analyser ce qu’elles nous disent de positif et de moins positif de nos enseignements et de ce qu’attend un système éducatif des élèves qu’il forme. Les notes d’information produites par la DEPP sont éclairantes et devraient constituer un outil de formation. On peut d’ailleurs penser qu’elles ont parfois fait mouche. Ainsi en est-il des tâches complexes qui font sens pour les élèves et leur permettent de mobiliser à des niveaux très différents des compétences construites dans et hors des disciplines. Nous y voyons des élèves en devenir et des professeurs en interdisciplinarité.

Au-delà de l’évaluation des élèves, ne faudrait-il pas s’interroger vraiment dans notre ministère sur celle des enseignants ?

* Note sur la « constante macabre » : c’est l’expression qu’emploi le sociologue Antibi pour désigner la tendance qu’ont les professeurs et l’ensemble du système éducatif à considérer que les profs qui mettent de « trop » bonnes notes sont de mauvais profs.

Les liens sont actifs : merci Chris

Je suis soulagé, j’étais très contrarié de ne plus maitriser mon outil d’écriture. À nouveau dans ce numéro de [alerte] les liens vers les sites sont actifs, alors que, pour une partie d’entre vous, ils ne l’étaient plus. Il suffit désormais de cliquer pour accéder au site. Les petits plaisirs de la vie… Merci Chris. Chris est le webmestre du site qui gère la liste de diffusion et du site qui permet de consulter la lettre en ligne. Il a installé les sites, intervient lorsque quelque chose ne marche pas ou que je ne sais pas faire. Il a passé un temps fou récemment à réparer l’un de ces sites, et a su en un coup d’œil faire fonctionner les liens alors que la solution qu’il a trouvée ne me serait même pas venue à l’idée. En plus c’est un ami de longue date, nous avons au fil de nos cursus professionnels réalisé ensemble de très jolis travaux. Merci.

À propos de [alerte]

Diffusion libre à condition de citer la source, [alerte] JM Bérard, et impérativement la date.

Le nuage de [alerte]

J’ai placé dans le nuage de [alerte] des textes et documents divers, avec le seul critère qu’ils me semblent intéressants et méritent d’être portés à votre connaissance. Cliquez, naviguez. Pour accéder au nuage cliquer sur :

https://drive.google.com/folderview?id=0B_Wky0_FwW1tekd3aXNsOEpwVk0&usp=sharing

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Inscription sur la liste de diff sur simple demande. On peut aussi se désinscrire. Les adresses des destinataires n’apparaissent pas lors de l’envoi.

jean-michel.berard x orange.fr

Ce qui est écrit dans cette lettre n’engage strictement que moi, sauf bien sûr s’il s’agit de la citation d’un appel ou d’un communiqué.

Les remarques et réactions que vous m’envoyez concernant ce que j’écris me sont précieuses, indispensables, car elles font rebondir la réflexion.

J’explique dans chaque numéro pourquoi, lorsque je publie l’une de vos réactions, je ne mentionne pas votre nom. La liste de diffusion comporte 200 abonnés, qui plus est la lettre est disponible sur internet, et je pense que vous ne tenez pas forcément à ce que votre qualité de lecteur de [alerte] soit diffusée ainsi.

Les messages que vous m’envoyez, s’ils concernent la lettre [alerte], peuvent être diffusés dans la lettre, (un peu comme le courrier des lecteurs qui écrivent à un journal), mais sans que votre nom soit cité. Si en m’envoyant une réaction sur la lettre vous ne souhaitez pas du tout qu’elle soit publiée, merci de me le signaler.

Outre l’envoi par courrier électronique sur simple demande, les lettres [alerte] sont consultables sur

http://alerte.entre-soi.info/

Fin

de la lettre du 2 janvier 2015