[alerte] - JM Bérard - 31 janvier 2014

Sommaire

Les jours heureux

L'aigle noir

La poule et l’œuf : l'impasse de notre système économique

L'information en continu style BFM : circulez, y a rien à voir, rien à penser

Lamentables verts, oui, lamentables

Numérique et libertés : réel péril en la demeure démocratique

Les jours heureux

Les jours heureux est le titre du document programmatique qu'avait élaboré le Conseil National de la Résistance pour préparer l'après-guerre de 39-45. Ce programme a fondé notre société de solidarité, même s'il est actuellement largement grignoté de toutes parts.

La section Bagnolet Lilas de la Ligue des droits de l'homme s'associe à la projection du film organisée le mercredi 5 février 2014 à 20 h au cinéma Cin'Hoche de Bagnolet, dans le cadre du festival « la résistance au cinéma ».

6 rue Hoche Bagnolet. C'est vrai il faut traverser le périph. C'est à l'arrêt Séverine du tram 3b.

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L'aigle noir

Il n'y a pas si longtemps que je le sais : la belle chanson de Barbara « L'aigle noir » est (très probablement) une description des agressions sexuelles dont elle a été victime de la part de son père.

J'écoute en ce moment (28 1 2014) sur France info un sujet sur les violences sexuelles dont sont victimes les enfants. Si j'ai bien compris, un quart des personnes en France sont victimes d'agressions sexuelles durant leur enfance ou leur adolescence. Un quart, c'est énorme. Une personne sur quatre. Je n'ai pas écouté attentivement, je retranscris peut-être mal, mais c'est de cet ordre là. Regardez autour de vous, et comptez les enfants : un, deux, trois, quatre. Oui, oui, autour de vous : ces faits ont lieu dans tous les milieux sociaux.

Normal, dit l'opinion publique : il y a trop d'arabes, la justice est trop laxiste, ces gens-là il faudrait... Eh bien : plus de 80 % des agressions sexuelles contre les enfants viennent du proche milieu familial : père, parents ou amis proches de la famille, frères ou sœurs...

Les conseils donnés par les « spécialistes » : tout faire pour diffuser l'idée que ce n'est pas normal, contrairement à ce que l'on essaie de faire croire à la victime. Et faire en sorte que la victime puisse trouver un adulte de confiance à qui parler.

Il me semble qu'il y a une petite erreur dans le sujet de France Info. Il est dit que en France l'inceste n'est pas explicitement puni par le code pénal, c'est vrai. Mais France info dit aussi que la victime, pour porter plainte, doit pouvoir prouver qu'il y a eu violence. C'est faux. En dessous d'un certain âge, jamais l'enfant n'est réputé consentant. Qu'il soit « d'accord » ou non, en dessous d'un certain âge il y a viol. Et même si l'inceste n'est pas désigné comme tel dans le code, il existe des incriminations d'abus par personne ayant autorité, etc. Les victimes ne sont pas tout à fait démunies. Le problème est que les parents qui les maltraitent leur font croire que c'est normal, il est donc difficile aux victimes de se révolter. Et comme on ne peut en parler aux parents...

Pourquoi écrire cela ? Parce que, en entendant la radio, je me dis que si le fait de l'écrire peut, quelque part, pour quelqu'un, une seule personne peut-être, être utile, j'aurai joué le rôle du colibri avec sa goutte d'eau.

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La poule et l’œuf : l'impasse de notre système économique

Ce n'est pas un problème de philosophie mais une information. Les œufs vendus dans l'union européenne doivent comporter un chiffre imprimé sur la coquille, en général avant les lettres indiquant l'origine, FR pour France.

Le chiffre 3 signifie élevé en batterie en cage avec 18 poules au mètre carré. Essayez d'imaginer. 18 poules au mètre carré. Et indépendamment du confort des poules essayons d'imaginer ce qu'on leur a donné à manger...

Les codes sont les suivants :

0 : œufs de poule élevées en plein air agriculture bio ;

1 : œufs de poules élevées en plein air. J'ai découvert que cela ne signifie pas qu'elles sont élevées en plein air en courant dans les champs : elles ont droit à 9 poules au mètre carré à l'intérieur et ont un accès à l'extérieur à un espace de 4 poules au mètre carré. (C'est une façon de parler. Je veux dire 1/9 de mètre carré par poule à l'intérieur, et ¼ de mètre carré par poule à l'extérieur.) Si le petit espace extérieur est complètement aride et dénudé, les poules n'ont pas tendance à y aller. Mais c'est leur faute. On leur a offert, elles n'ont pas à râler.

2 : œufs de poules élevées au sol. Élevage intensif, à l'intérieur, sans cage, 9 poules au mètre carré ;

3 : œufs de poules élevées en cage, 18 poules au mètre carré. 16 selon d'autres sources, ou 15 selon d'autres ! Même une donnée réglementaire précise est diffusée avec imprécision.

La norme ne dit rien sur ce que mangent les poules, sauf pour le bio, qui est réglementé.

Le message que j'ai reçu est intitulé « pour la défense des poules ». Je trouve que c'est plutôt pour ma défense, car je suppose que les poules élevées à 18 au mètre carré ne sont pas nourries de façon très saine.

Autrement dit, en prenant votre boite d’œufs, vérifiez : vous verrez au moins s'il manque des œufs ou si certains sont cassés.

Je me suis précipité dans le frigo pour vérifier ma boite d’œufs bio. Il y a bien des tas de choses imprimées, mais c'est illisible et je n'ai pas trouvé le 0. Même sur des œufs bio.

Les revues de consommateurs attirent aussi l'attention sur « l'arnaque » des boites de 10 œufs, pas toujours moins chères que les boites de 12. J'ai souvent constaté cela pour les produits à laver le linge ou la vaisselle : le nombre de lessives que l'on peut faire est très différent d'un paquet à l'autre et la comparaison des prix est quasi-impossible en calculant de tête. Mais bon, il n'y a pas d'arnaque : si c'est écrit « 10 œufs » cela veut dire qu'il y en a 10. Le plus drôle est que ce n'est pas toujours moins cher qu'une boite de 12. Il m'arrive au supermarché de sortir mon téléphone pour savoir combien les produits coûtent vraiment à l'unité d'utilisation ou au kg. Les différences de prix ne sont pas toujours dans le sens qu'on croit. Je sais que certains de vous trouvent cela mesquin et que vu que je gagne bien ma vie je me donne beaucoup de souci pour pas grand chose. Il faut être un peu grand seigneur ! Ce n'est pas exact : d'une part ce n'est pas parce que j'ai les moyens que je dois tolérer n'importe quoi. D'autre part cela me choque beaucoup de voir des boites de conserve moins chères et de constater qu'elles contiennent moins de produit et que le produit est plus cher au kilo. En plus les boites peuvent tout à fait contenir moins de produit en poids et être plus grandes en volume, pour créer l'illusion d'optique.

Je sais que nous sommes dans une société de libre concurrence, mais je trouve qu'il y a un peu (!) déséquilibre entre les moyens mis par les producteurs pour masquer et enjoliver la vérité et les moyens des consommateurs. J'exige que dans tous les rayons il y ait une machine à calculer qui permette de connaître non seulement le prix au kilo (il est affiché, en principe) mais le prix par unité d'utilisation (une lessive, un œuf, etc.) Stupide, me direz-vous. Du fait de la méthode globale de lecture et de l'échec du système éducatif, plus personne ne sait compter. Et puis alors que la consommation va mal vous n'allez pas continuer de mettre des bâtons dans les roues des producteurs et des distributeurs.

Les prix, c'est comme pour les salaires. M. Leclerc vous explique aisément que son intérêt est de vendre des produits à bas prix. C'est aussi l'intérêt de la population, selon lui. Je ne suis pas sûr : la recherche du bas prix conduit à vendre des plats cuisinés qui ne contiennent pas de vraie viande, mais des débris de viande (mine)et à vendre des pizzas sans fromage mais avec un succédané (pendant la guerre on disait ersatz) qui en a l'apparence. Le prix nuit au distributeur, Leclerc ou autre, qui du coup fait pression sur le producteur. Quelle place là-dedans pour les produits de qualité produits localement ? Aucune. Pas de place pour les petits producteurs locaux. Trop cher. De toute façon la crise économique fait que les gens n'ont pas les salaires suffisants pour acheter des produits de qualité, autant viser le bas prix.

Si j'augmente les salaires et les garanties sociales (politique de la demande, considérée comme de gauche), l’entreprise fait faillite du fait de la concurrence financière internationale qui ne tolère pas que le profit soit insuffisant. Cela crée donc du chômage, et je ne peux plus vendre ce que je produis. Je dois donc ne pas augmenter les salaires et je dois baisser les prix. Mais cela ruine les producteurs (petits agriculteurs, etc. ) et cela crée du chômage. Et puisque je n'ai pas augmenté les salaires, les gens n'ont pas d'argent et je ne peux plus vendre...

Allez allez, j'ai vu certains de vous sourire avec commisération. Cher ami, vous qui êtes intelligent, comment pouvez-vous écrire des choses aussi simplistes. Je sais que certains de vous pensent cela, mais je n'ai lu, ni de votre part ni dans les textes que je lis, de démonstration réelle montrant que cette façon simpliste de décrire une économie à l'agonie est fausse. Même Krugman, prix Nobel d'économie, ne me donne pas tort. Je sais, je suis en contradiction avec Jean-Baptiste Say, qui est évidemment plus fiable que Krugman car lui au moins a un lycée à son nom à Paris, cela lui donne une légitimité.

Je pense tout de même que au fil du temps de moins en moins d'entre vous sourient avec commisération en lisant ma lettre. Lassés par mes conceptions simplistes ils ont cessé de lire [alerte]. Ils ont raison, depuis qu'ils ne lisent plus l'économie mondiale va beaucoup mieux.

Système à l'agonie, bateau sur son erre...

Tout ça en partant du code imprimé sur les œufs !

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L'information en continu style BFM : circulez, y a rien à voir, rien à penser

Ce n'est pas pour me chercher des excuses. J'aime bien les feuilletons télévisés bêtes du genre Les Cordier ou Le juge est une femme, ce sont des somnifères puissants et moins réactionnaires que Derrick, qui lui est très réac sous ses dehors bonnasses : apologie de la vengeance individuelle, attitude glauque à l'égard de la prostitution. Mais là c'était pire, j'étais malade, cloué dans mon fauteuil par la fatigue, et j'ai passé du temps à zapper sur les chaînes gratuites de la TNT. J'étais malade, vous dis-je.

La pratique d'information des chaînes d'info en continu (BFM en particulier) est stupéfiante. Dans le cas précis il s'agissait d'une émission spéciale consacrée au fait que Hollande a publié un communiqué disant qu'il met fin à sa relation avec V. Trierweiler, mais cela aurait pu être tout autre chose. Pourquoi faire une émission spéciale de trois heures, dans un studio aux couleurs agressives, avec toujours le même plateau (C. Barbier de l'Express qui est désormais notre maître à penser) sur un sujet dont le seul contenu est « Hollande a publié un communiqué » ?

Les procédés sont entourés de grosses ficelles, qui font recette :

-à l'écran, la surcharge sémantique d'éléments non signifiants. Bon, j'ai voulu faire chic en employant une expression qui en jette. Cela dit l'écran de BFM est fascinant. Il comporte 5 ou 6 niveaux. A gauche, les discussions en plateau. A droite des images qui tournent en boucle sans apporter aucun sens au sujet : Mme Trierweiler marche sur un tapis rouge, Mme Trierweiler est présente à une cérémonie avec F. Hollande. Et cela pendant des heures. Juste en dessous de l'image, un titre « explicatif ». En dessous encore, un titre portant sur un tout autre sujet. A gauche, un signal d'une couleur violente « urgent, dernière nouvelle... ») « marque » ce qui est écrit.

Il faut se débrouiller pour décoder tous ces niveaux, mais ce n'est pas difficile, car la plupart des niveaux présentés à l'écran ne sont porteurs d'aucun sens. On peut, en même temps que l'on regarde BFM, regarder un film sur sa tablette, échanger sur les réseaux sociaux avec son téléphone portable, il reste encore du temps de cerveau disponible.

- l'illusion de l'envoyé spécial en direct. C'est l'une des techniques favorites de BFM pour donner du sens : ce que nous vous disons a du sens, nous y étions. D'où une débauche d'envoyés spéciaux en direct : « Je suis dans la campagne près de St Étienne, comme vous le voyez derrière moi il ne neige pas encore, malgré l'alerte météo ». Ou alors « Comme vous le voyez, il neige. » La présence du journaliste n'apporte rien, on pourrait tout aussi bien superposer son image en studio à celles données par des caméras de vidéo surveillance.

Le plus grandiose est mis en place lors d’événements du genre  « une personnalité est interrogée toute un journée au palais de justice » ou alors « une réunion importante a eu lieu à l’Élysée ». Le journaliste est debout devant le site considéré, l’événement est terminé depuis longtemps mais à 22h le journaliste est toujours en direct (du moins on nous le dit), dans le noir, devant le palais de justice ou l’Élysée. Et là on atteint le grandiose du commentaire : « on pense à l’Élysée que... ». On imagine. Le journaliste n'est pas dans la salle de presse, il n'a pas rencontré les communicants de l’Élysée. Il est dans la rue. Il veut nous faire imaginerqu'un huissier à chaîne vient toutes les trois minutes sur le trottoir lui dire à l'oreille « on pense à l’Élysée que... ». A mon avis, il est comme vous et moi, il a une tablette, il lit les communiqués de l'AFP, et dit d'un ton mystérieux « on pense à l’Élysée que ». C'est l'effet de proximité. Il est proche matériellement de l’Élysée, et capte les infos en s'imbibant de l'environnement.

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Lamentables verts, oui, lamentables

Au moment où le président assume clairement une ligne économique de droite appelée par les économistes « politique de l'offre », le silence des verts est plus qu'assourdissant, totalement lamentable. Les propos du président visent à abaisser le coût du travail, espérant une retombée miracle sur l'emploi. Le président ne dit rien, absolument rien sur le fait que, dans un monde qui n'est pas illimité on ne peut pratiquer une croissance constante. Rien, absolument rien, sur le fait que nous sommes en train par paresse cupide de détruire non pas seulement la planète mais nos propres conditions de vie. Rien absolument rien sur le développement de productions durables, sur les économies d'énergie et les énergies renouvelables, sur la limitation de l'agriculture intensive. Les verts sont contents, il y a des ministres au gouvernement et JV Placé est sénateur.

Dans ce contexte de capitulation totale les verts sont en train de négocier une grande victoire : l'interdiction des ondes wi-fi dans les écoles maternelles. Si cela s'inscrivait dans un rapport de force global verts/gouvernement, avec des avancées réelles sur le plan écologique, je dirais « c'est probablement idiot, mais bon c'est une négociation globale... ». Mais là, comme cela, en tant que mesure isolée, c'est vraiment une miette quémandée par les verts pour pouvoir dire « voyez, nous agissons ».

La mesure aboutirait à interdire l'usage des tablettes dans les écoles maternelles, alors que toutes les discussions sur les évolutions de l'école montrent l'importance des usages raisonnés du numérique. Ce n'est pas un argument : si c'est dangereux, c'est dangereux. Oui, mais de nombreuses études montrent quasiment toutes que rien ne permet de conclure à des effets nocifs du wi-fi. Je suis le premier à dénoncer le poids des lobbys qui nient l'effet des engrais sur la pollution de l'eau, qui nient les ravages des insecticides sur l'existence des abeilles et qui ne veulent pas admettre que les activités humaines inconsidérées ont un effet sur le réchauffement climatique. Mais de là à lever l'étendard de la révolte contre toute évolution technologique... Il me semble qu'il y a de la part des verts un point de vue totalement démago : nous ne faisons rien, nous n'obtenons rien d'important du gouvernement, et donc à tout hasard pour avoir l'air de faire quelque chose interdisons le wi-fi à l'école maternelle. Dans l'état actuel des connaissances, rien ne prouve que le wi-fi soit dangereux, mais dès que l'on défend les enfants on a la cote dans l'opinion.

Nous sommes nuls, nous n'obtenons rien d'important, et d'ailleurs nous ne nous battons pour rien d'important, sauf garder des ministres, mais nous défendons vos chères têtes blondes.

Dernière minute le 27 01 2014 : le débat parlementaire est en cours, la mesure pourrait ne toucher que les établissements accueillant des enfants de moins de trois ans, crèches et autres. Je m'interroge : si les Verts, sans aucun élément pour le prouver, pensent que le wi-fi est dangereux dans les crèches, pourquoi l'autorisent-ils à la maison ? C'est l'effet de la cellule familiale : à la maison les enfants sont protégés par leurs parents.

C'est connu, les pigments contenus dans l'encre d'imprimerie provoquent des allergies et l'existence de bibliothèques dans les écoles crée un fort risque d'incendie. Le principe de précaution exige que les enfants mettent des gants pour manipuler les livres et que les bibliothèques soient à l'extérieur de l'école dans un bâtiment blindé. Cela permettra en outre de lutter contre le lobby des éditeurs qui, malgré les dangers, veulent vendre des livres à nos enfants. Je plaisante, bien sûr, mais si on réfléchit... : les risques d'incendie sont avérés, les risques dus au wi-fi ne sont pour l'instant corroborés par aucune enquête. Il est donc plus logique de lutter contre les risques d'incendie.

Petite remarque sur le principe de précaution : l'une de vous me fait remarquer que l'action des verts est justifiée par le principe de précaution, désormais constitutionnel. D'une part cela n'enlève rien à mon propos : il y a des tas de choses dont on sait qu'elles sont dangereuses. Les verts sont silencieux sur les points avérés, massifs et s'en prennent au wi-fi, dont rien de permet de penser qu'il soit nuisible, dans l'état actuel des connaissances.

Du coup, je n'y avais jamais pensé, je m'interroge sur le principe de précaution. Je comprends bien qu'on a voulu contrebalancer le poids excessifs des acteurs économiques, producteurs d'engrais, de véhicules diesel, de bisphénol. Mais d'une part la pratique montre que ce n'est pas efficace et que les producteurs de poisons divers parviennent sans problème à poursuivre leur production. Et d'autre part sur le plan scientifique je suis très gêné : pris dans un sens trop étendu, le principe de précaution pourrait conduire à interdire toute évolution technologique, au nom du « on ne sait jamais ». Une innovation technologique ? On étudie, on recherche s'il y a des dangers, et s'il y a des dangers on prend de vraies mesures. Mais là... On ne fait pas d'études, on se dit que peut-être cela sera dangereux, et pendant ce temps les pratiques vraiment dangereuses continuent sans problème, sous le poids des intérêts économiques.

Je maintiens : en « luttant » pour interdire le wi-fi dans les crèches les verts se donnent une apparence de bonne conscience, et ne se mobilisent pas vraiment contre l'essentiel.

Je pense d'ailleurs que l'on pourrait aller plus loin, en n'interdisant pas seulement le wi-fi mais l'école elle-même, qui fait que les enfants échappent à leurs parents et leur met de mauvaises idées dans la tête. On aurait d'ailleurs dû y penser dès Gutenberg, tant la diffusion des textes imprimés a causé des ravages dans les pouvoirs de domination des clercs. Si l'on n'étouffe pas internet dans l’œuf dès le départ, on le regrettera dans 562 ans.

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Numérique et libertés : réel péril en la demeure démocratique

J'ai un peu baissé les bras ces derniers temps. Les atteintes aux liberté publiques et privées s'appuyant sur les outils numériques sont si générales, d'une si grande ampleur, si bien tolérées par l'opinion que je m'étais presque résolu à penser que les terroristes ont gagné en conduisant les états démocratiques à supprimer les libertés au nom de la défense des libertés.

Le dernier épisode grandiose est celui des déclarations du président des États‑Unis à propos des écoutes Prism : pour lutter contre les atteintes à la liberté créées par les terroristes les services US espionnent tous les échanges de tout le monde, y compris des dirigeants des pays alliés. Cela a soulevé des questions : vous vous rendez compte, Angela Merkel est espionnée par les USA. Question prise au sérieux par le président Obama, qui finit par répondre : les États Unis d'Amérique sont une grande nation qui doit protéger sa sécurité. Nous avons le droit d'écouter tout et tout le monde. Nos écoutes sont efficaces, il n'est pas question d'y renoncer. Simplement nous n'écouterons plus les dirigeants des grands pays amis, s'ils sont dignes de confiance. Je vous assure, je n'exagère pas. Comment savoir que les dirigeants amis sont dignes de confiance ? En les écoutant, bien sûr. Et pour tous les autres, le monde entier, pas de problème : les USA ont raison d'écouter tout et tout le monde.

Heureusement, tout le monde n'est pas gagné par mon défaitisme et certains, heureusement, se révoltent.

Je reproduis intégralement le communiqué ci-dessous. La liste qui figure à la fin du communiqué est édifiante.

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INVITATION

Conférence de presse Création de l'Observatoire des libertés et du numérique (OLN)

[…]

Le respect de la vie privée et la protection des données personnelles sont des droits inscrits dans la Charte des droits fondamentaux de l'Union Européenne et des impératifs démocratiques que les politiques sacrifient sur l'autel de la « sécurité ». Ce n'est plus acceptable ! C'est pourquoi les associations et syndicats, Cecil, Creis-Terminal, Ligue des droits de l’Homme, Syndicat des avocats de France et Syndicat de la magistrature, font le choix de réclamer le respect de la vie privée et la protection des données personnelles pour tous !

A la veille de la journée internationale de la protection des données personnelles (28 janvier 2014), nos organisations ont décidé de créer un Observatoire des libertés et du numérique (OLN). Il s’agit de donner aux citoyens que nous sommes tous, les moyens de faire entendre leur voix, sans pour autant se substituer à l’autorité de contrôle existante. Les objectifs de l'OLN sont d'informer, de former, de prévenir, de proposer et de peser dans le débat public sur ce que doit être une politique du numérique respectueuse des droits.

La démultiplication des réseaux de contacts et d'échanges et la progression des capacités de stockage des informations et de mise à disposition des contenus, font-elles considérer que les techniques s'imposent sans contrainte ? La création de l'OLN veut rappeler que plus une technique est présente, plus la politique a son rôle à jouer pour en déterminer les règles d'utilisation ; plus une technique est invasive, plus la vigilance sur les droits des personnes doit être exercée ; et enfin plus les abus de pouvoir sont possibles, plus les contrôles doivent être effectifs.

Les organisations de l'OLN présenteront leurs objectifs et méthodes de travail lors d'une conférence de presse organisée le 27 janvier à 14 heures, au siège de la Ligue des droits de l'Homme, 138 rue Marcadet à Paris 18e.

Contacts Claire Sevrain : 01 56 55 51 11, contact-oln@ldh-france.org Service communication LDH : 01 56 55 51 08, communication@ldh-france.org

L’actualité récente montre que l’ouvrage ne manque pas :

le fichier automatisé FAED (Fichier automatisé des empreintes digitales) partiellement censuré par la Cour Européenne des Droits de l'Homme dont la décision n’a toujours pas été intégrée par la législation française, décision qui devrait s’appliquer de la même façon au FNAEG (Fichier national automatisé des empreintes génétiques) ;  le STIC (Système de traitement des infractions constatées) dont les erreurs relevées par la CNIL en 2009 sur ses dangers (privation de l’accès à un emploi, à un titre de séjour ou à la nationalité française) n’ont toujours pas été corrigées, alors que l’entrée en vigueur du TAJ (fusion du STIC et du JUDEX) est reportée au 31/12/2015 ;  les informations d’Edward Snowden révélant l’existence d’une surveillance massive des données privées dans le cadre du programme PRISM ou autres programmes nationaux, et dont la validité a été confirmée par le discours du président Obama affirmant renoncer à l’espionnage des dirigeants alliés ;  les interceptions judiciaires et leur future centralisation et privatisation étant de nature à favoriser de graves dérives, tant par la société qui va concentrer dans ses locaux toutes les interceptions que par le pouvoir politique qui va disposer d’un outil performant et permanent permettant d’accéder au contenu des écoutes sans autorisation des juges ;  ou encore la loi de programmation militaire ouvrant de manière étendue les interceptions administratives des contenus des télécommunications et des métadonnées et les cartographiant en dehors du contrôle d'un juge sans qu’il ne se trouve assez de députés ou sénateurs pour demander la vérification de sa constitutionnalité.

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Fin de la lettre du 2014 1 31/ 31 janvier 2014