[alerte] - JM Bérard - 23 septembre 2013

Sommaire

A propos du contenu de ce numéro

La vie, la mort

Chemins pour enseigner

Inégalités

Que peut on enseigner : l'algèbre ?

Mathématiques et physique

Notre avenir radieux grâce au numérique

Mon nuage Google

Appel à coopération pour reconstituer la mémoire de ma machine

Noël Mamère : nous sommes tous des assassins en puissance


A propos du contenu de ce numéro

Suite au crash de mon ordinateur, je consacre une grande partie de mon temps à la reconstruction. Cette lettre est entièrement écrite à partir des messages que j'ai reçus de vous depuis une quinzaine de jours. Merci à tous. Tout cela en quinze jours... Encore, encore.

Pour l'instant j'ai perdu les messages antérieurs au crash, messages que certains de vous, interlocuteurs pertinents et exigeants m'ont envoyé, récemment ou depuis longtemps.

Je suis dans une espèce d'aventure personnelle intéressante, où je dois reconstruire morceau par morceau les données perdues, un peu comme si tout cela était en miroir de ma propre mémoire. Une occasion de revisiter, de faire vivre, de réévaluer le passé.

A la fin de cette lettre je lance un appel à coopération pour que ceux d'entre vous qui le peuvent m'aident à résoudre un problème pour lequel je n'ai pas trouvé de solution pour l'instant.

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La vie, la mort

Dans la série « Une vie » j'ai déjà déposé dans le nuage plusieurs textes écrits par l'un de vous sur la vie à la ferme dans son enfance. J'ai reçu deux textes très émouvants sur la vie et la mort, à propos de la naissance d'un veau. Eh oui.

Pour les lire, cliquer sur documents alerte puis simple clic, soit sur l'icône Une vie naissance 1 soit sur l'icône Une vie naissance 2.

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Chemins pour enseigner

C'est une idée bien ancrée, à droite mais aussi parfois à gauche : les enseignants, forts de leur expérience séculaire, savent comment enseigner sans avoir besoin des technocrates du ministère dont les diktats gênent leur travail. C'est aussi d'ailleurs l'avis d'une grande partie de l'opinion publique : chacun a été élève, a des enfants et petits-enfants élèves et sait bien ce qu'il faut faire à l'école.

Ce n'est pas mon avis.

Bien sûr les enseignants, ceux des écoles normales d'autrefois et ceux d'aujourd'hui, recrutés après quelques années d'université, sont des cadres compétents et pas des robots se contentant de marcher au pas sur les ordres des directives du ministère. Il serait totalement absurde, au moment où l'on rédige de nouveaux curriculums, de ne pas intégrer les connaissances, les compétences et l'expérience de ceux qui auront à les enseigner.

Curriculums il me semble que depuis la réforme de l'orthographe, les mots étrangers prennent un s au pluriel. Curriculums et pas curricula.

Mais tout de même. Je pense que subsiste trop en France l'idée qu'enseigner est un art, en général lié au talent de l'enseignant ou du groupe pédagogique militant avec lequel il travaille. Il me semble qu'enseigner est un métier, et que les recherches des chercheurs en didactique peuvent contribuer à la pratique de ce métier. Un peu, si je peux oser cette comparaison, comme les travaux sur la structure des métaux menés avec le microscope électronique permettent d'améliorer les techniques de fabrication familiales du couteau Opinel. Les techniques empiriques ont permis de fabriquer un très bon couteau Opinel, le microscope électronique les améliore. Il n'y a pas opposition.

Deux exemples :

Compter : j'ai consacré aux travaux de Rémy Brissiaud plusieurs articles de cette lettre (vous les trouverez grâce au moteur de recherche qui est sur le site http://alerte.entre-soi.info/). Ce chercheur a mené des enquêtes auprès de nombreux enseignants et enfants d'école maternelle, en s'intéressant à la façon d'apprendre à compter grâce à la comptine numérique : un deux trois, nous irons au bois... Ses enquêtes montrent que la comptine numérique permet bien d'acquérir la notion d'ordre (deux est après un) mais ne permet pas d'apprendre à compter. Distinction entre ordinal et cardinal. La notion d'ordre peut s'exprimer à partir de tout ensemble ordonné (exemple : a b c d e), alors que compter relève de la méthode « Un et encore un, cela fait deux, deux et encore un cela fait trois. » Après une enquête méthodique, Brissiaud montre que les enfants qui ont appris à « compter » par la comptine numérique ont le plus grand mal à accéder au sens des opérations. Et cela, comment un parent, un enseignant pourrait-il le savoir ? Cela ne naît pas spontanément de la pratique pédagogique. Il est indispensable que les « technocrates du ministère » interviennent pour diffuser les résultats des études de Brissiaud.

Il en est de même pour l'orthographe : malgré la compétence et l'expérience des enseignants, l'orthographe a toujours posé problème dans le système éducatif : au Certif (que seuls 40 % d'une classe d'âge obtenait) l'orthographe était un couperet impitoyable. Et de nous jours tout le monde s'accorde à se lamenter sur la baisse du niveau. Est-il dans ces conditions absurde de faire des recherches sur la façon d'enseigner l'orthographe ? J'ai publié dans cette lettre de nombreux extraits du livre de Danièle Cogis et Catherine Brissaud « Comment enseigner l'orthographe aujourd'hui ? «  (Hatier) Là encore, vous les trouverez grâce au moteur de recherche du site http://alerte.entre-soi.info/

J 'ai donc déposé dans le nuage deux fichiers, l'un de présentation (icône Danièle Cogis) et l'autre contenant le texte « Plaidoyer pour se débarrasser de l'erreur d'orthographe » (icône Cogis plaidoyer). Pour accéder cliquer sur documents alerte puis simple clic sur l'icône.

Le texte « Plaidoyer » pose le problème de la place de l'erreur dans le processus d'apprentissage.

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Inégalités

L'un de vous m'envoie la référence du site de l’observatoire des inégalités. Dans le comité scientifique de cette organisation, plusieurs personnes que j'ai coutume de citer ici.

Observatoire des inégalités

Merci de me l'avoir signalé, je le place dans mes favoris.

Un article en page d'accueil le 23 septembre 2013 : La construction du ras le bol fiscal.

Bien sûr, chacun estime payer trop d'impôts, mais n'accepte pas que l'on touche au système de protection sociale, aux retraites, que sais-je encore. Mais alors d'où viendrait l'argent ? Je sais bien, j'ai souvent dit, comme Piketty, que les impôts sont mal répartis. Mais tout de même, il faut des impôts !

Extrait :

C’est le ministre de l’économie lui-même, Pierre Moscovici, qui s’en est inquiété. Mais ce n’est pas nouveau au Parti socialiste. Dès 1988, François Mitterrand en était convaincu et l’écrivait dans sa « Lettre à tous les Français ». D’où le ministre de l’économie tient-il son information ? Un article du quotidien « Le Monde »  donne la clé du mystère : de conversations de salon (ou de plage) durant ses congés ! « On ne lui a parlé que de ça du petit déjeuner au dîner ». Étonnante façon de se forger un jugement.

Quand le café du commerce ne suffit plus, on convoque les sondages. « Bien sûr que oui ! », répondent les Français aux enquêteurs qui leur demandent s’il faut payer moins d’impôts, comme d’ailleurs ils le font depuis des années. Après trois semaines de matraquage médiatique sur le sujet, 49 % des Français disent ressentir « tout à fait » un « ras-le-bol fiscal » et 35 % « plutôt » selon un sondage CSA-Nice matin par le dimanche 15 septembre. Logique. On répondra toujours « oui » au sondeur à cette question qui n’engage à rien. Comme on répond « oui » à la question « Voulez-vous plus de pouvoir d’achat ? ». De la même façon, on répondra affirmativement aux questions « Voulez-vous moins d’élèves par classe ? » ou « Voulez-vous améliorer les conditions de vie des personnes âgées démunies ? », [Voulez-vous plus de policiers ? De gardiens de prisons ? De bureaux de poste dans les quartiers et les petits villages ? JM B] etc. En décembre dernier, 81 % des Français estimaient qu’il est légitime de demander aux plus riches de payer davantage. (Sondage Ifop-Le Figaro, 20 décembre 2012).

Il existe pourtant des enquêtes d’opinion plus sérieuses, parce que répétées d’année en année sur de vastes échantillons, que les simples sondages ponctuels. En particulier une enquête du ministère des affaires sociales sur la perception du système de protection sociale. Sa dernière publication nous apprend par exemple que 53 % des Français estiment que l’état n’intervient pas assez sur le plan économique et social, contre 20 % qui pensent l’inverse et 25 % qu’il intervient comme il faut . En 2002, les chiffres étaient quasiment identiques. Mais rien ne dit, bien entendu, qu’ils sont vraiment prêts à mettre la main à la poche pour cela.

Sur la même page d'accueil, ne pas manquer

Rentrée scolaire, où en est-on des inégalités à l'école

Extraits :

Surtout, la nouvelle loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la république ne porte pas sur l’essentiel des difficultés françaises : la pédagogie, le contenu et les méthodes d’enseignement. Bref, la manière d’enseigner. Pourtant, l’école française doit se réformer dans son ensemble pour lutter contre les inégalités scolaires : revoir les savoirs trop académiques qu’elle dispense, valoriser les savoirs professionnels et techniques, reconsidérer son système d’évaluation permanente, s’adapter à chaque élève quels que son milieu social et non plus fonctionner pour ceux déjà favorisés. Une réforme de fond doit être engagée.

« Il nous reste beaucoup à faire pour réformer l’école », reconnaît le ministre lui-même dans les colonnes du quotidien Le Progrès. La refonte des programmes et l’évolution des pratiques pédagogiques sont, selon lui, ses prochains chantiers : « il faut changer les pratiques pédagogiques en garantissant la même exigence. Des décisions seront prises dans l’année. », indique-t-il. Un travail de longue haleine, qui risque notamment de se heurter aux lobbys des différentes disciplines, chacun campant sur ses horaires. Il faudra attendre - au minimum - la rentrée 2015 pour voir une modifications des contenus des programmes. Et encore, sans le soutien des parents et des enseignants, il n’est pas dit que cette réforme aboutisse un jour.

Plan de la suite de l'article

Une forte élévation du niveau d'éducation. Mais les inégalités se sont déplacées vers le haut.

Vraiment, lisez-le, c'est lumineux.

Extrait

Le niveau d’éducation s’est élevé pour tous, y compris pour les plus favorisés. Du coup, les inégalités se sont pour partie déplacées plus haut dans le cursus scolaire. La sélection qui se faisait dans les années cinquante en fin d’école primaire s’effectue aujourd’hui en fin de collège. Le ralentissement de l’effort de scolarisation à partir du milieu des années 1990 pénalise les couches sociales les moins favorisées. Si l’on classe les élèves par durée de scolarité, celle-ci a augmenté, au cours de la période 1985-2010, de quatre années pour les 10 % aux scolarités les plus longues, contre 1,3 année pour les 10 % aux scolarités les plus courtes (voir notre article L’allongement inégal des scolarités). Entre 1996 et 2002, les taux d’accès au bac ont même diminué pour les enfants d’employés de services et d’ouvriers non-qualifiés. L’écart de réussite à l’école entre les catégories sociales, et notamment au bac, s’est creusé : en 1996, un enfant d’enseignant avait 8,5 fois plus de chances d’être bachelier qu’un enfant d’employé de service. En 2002, c’était 15,7 fois plus...

Brr... J'ai du mal à le croire, mais les tableaux présentés dans l'article sont impitoyables.

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Que peut on enseigner : l'algèbre ?

Dans des articles précédents j'avais émis l'hypothèse, totalement personnelle, que les mécanismes de l'algèbre sont plus simples que la compréhension de l'arithmétique telle qu'elle est enseignée à l'école, et que cela démocratiserait l'école que d'enseigner l'algèbre dès le primaire.

Mon hypothèse purement personnelle ne semble pas du tout valide aux yeux de quelqu'un qui a enseigné et enquêté sur le terrain : elle m'envoie un texte très étayé, que je dépose dans le nuage. Cliquer sur documents alerte puis simple clic sur l'icône algèbre.

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Mathématiques et physique

Reçu de l'un de vous :

« Je ne sais pas si vous connaissez ce site,  Mathématiques de la planète Terre »

"L’initiative «Un jour, une brève» a pour objectif d’illustrer, par une publication quotidienne, la variété des problèmes scientifiques dans lesquels la recherche mathématique actuelle joue un rôle important, ainsi que certains grands moments dans l’histoire des sciences où les mathématiques ont, en interaction avec les autres sciences, aidé à comprendre ce que nul n’avait compris jusque là.  Ainsi, du 1er janvier 2013 au 31 décembre 2013, du lundi au vendredi de chaque semaine, un court article sera mis en ligne, présentant un problème scientifique, et la place tenue par les mathématiques, dans une langue compréhensible par chacun, qu’il ou elle soit un collégien ou une collégienne, un lycéen ou une lycéenne, un étudiant ou une étudiante ou tout simplement une personne curieuse."

J'ai trouvé des articles intéressants. »

Merci. Je place ce site dans mes favoris et j'en donnerai de temps en temps un extrait dans cette lettre. On perçoit bien l'importance qu'ont les mathématiques dans l'explication des phénomènes physiques : mieux prévoir le temps ; tsunami : reconstruire la vague...

Il me semble tout de même que c'est assez calé ; dire que cela s'adresse aux collégiens est peut-être un peu optimiste. Cela dit, c'est clair : ce n'est pas un site de vulgarisation, et personne n'a jamais dit que les maths et la physique étaient faciles.

Extrait :

Les prévisions météorologiques font partie de notre quotidien et sont devenues un élément essentiel de notre mode de vie. Elles  sont effectuées à partir de simulations numériques du comportement de l’atmosphère. Les résultats de ces modélisations numériques se trouvent entachés d’erreurs ayant de multiples origines : méconnaissance de certains phénomènes physiques, incertitudes sur l’état de l’atmosphère, approximations introduites par les algorithmes utilisés, etc.

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Notre avenir radieux grâce au numérique

Reçu de l'un de vous :

Le groupe xx a jusqu'à ce jour travaillé sur les problèmes de surveillance des citoyens, de fichage, de captation des données personnelles, etc. par l'utilisation des technologies de l'information et de la communication.

Pourtant, un pan entier des conséquences du développement de ces technologies n'a jamais été abordé, celui de leur utilisation dans l'industrie, le commerce, le tertiaire, et même les services aboutissant à la destruction de multiples emplois, générateur de chômage et d'inégalités profondes alors que nous n'en sommes qu'au début de leur utilisation industrielle. Imaginons les conséquences de la destruction des emplois de caissier(e)s dans les supermarchés dans les 5 à 10 ans par l'utilisation des RFID.

A ce sujet, je vous recommande la lecture du livre de Jeremy Rifkin - "la fin du travail" - Éditions la Découverte - dans lequel plusieurs chapitres sont consacrés à ces menaces […]

Encore les éditions La Découverte, souvent citées dans ma lettre. On va finir par croire qu'ils font du bon travail :-)

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Mon nuage Google

Vous pouvez accéder aux documents que j'ai déposés dans le nuage (cloud) Google tout simplement en cliquant sur documents alerte .

Mode d'emploi : en cliquant sur le lien vous obtenez une pré-visualisation des fichiers. Il suffit alors de faire un simple clic (simple clic) sur l'icône de pré-visualisation voulue pour que le fichier s'ouvre.

J'y dépose des textes, des images, sans autre critère de sélection que le fait que cela m'a intéressé et que je souhaite vous le faire partager. Vous pouvez piocher, flâner, zapper. Cliquez, vous ne risquez rien...

Quoi de nouveau dans le nuage ?

J'en ai parlé ci-dessus : le texte de Danièle Cogis « Plaidoyer pour se débarrasser de l'erreur d'orthographe », deux textes sur la vie et la mort à propos de la naissance d'un veau, un texte sur l'enseignement de l'algèbre.

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Appel à coopération pour reconstituer la mémoire de ma machine

J'ai perdu une partie des données de mon ordinateur. J'ai un disque externe Lacie de 1 To sur lequel j'avais activé le programme Lacie de sauvegarde automatique. Je pense (j'espère) que cette sauvegarde a sauvegardé les messages électroniques de la messagerie Windows Live Mail que je gardais depuis des années. Mais, s'ils sont sauvegardés, je ne sais pas comment les récupérer depuis Lacie. Je ne peux pas faire « restaurer » car l'ordinateur a été réinitialisé et ne reconnaît plus les sauvegardes de Lacie. Sauriez-vous si ces fichiers de sauvegarde existent, et si oui comment récupérer des années de messages perdus. Merci

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Le bijoutier de Nice

J'avais écrit un article à propos du soutien massif apporté au bijoutier de Nice sur les réseaux sociaux. Article perdu dans le crash de ma machine.

Je suis en accord avec ce que dit Noël Mamère, et les vives inquiétudes qu'il exprime quant-à l'avenir de notre société.

Noël Mamère : nous sommes tous des assassins en puissance

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Diffusion libre à condition de citer la source, [alerte] JM Bérard, et impérativement la date.

La liste de diff comporte environ 200 personnes, et qui plus est les lettres sont disponibles sur internet. C'est pourquoi, lorsque vous m'envoyez des réactions, je les publie sans votre signature. En effet, c'est une chose que d'écrire à des personnes que l'on connaît ou qui sont rassemblées sur la base d'un consensus précis, c'en est une autre d'écrire à une liste à laquelle chacun peut s'abonner sans condition.

jean-michel.berard orange.fr

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Vous pouvez recevoir cette lettre par liste de diffusion.
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fin de la lettre du 2013 9 23 / 23 septembre 2013