[alerte] - JM Bérard - 13 septembre 2013

Sommaire

La solution de l'énigme de L'Écho paroissial

Ce que parler veut dire

Faut arrêter, halte aux critiques systématiques du gouvernement de gauche

Activités périscolaires

École de sélection sociale : et la surcharge des programmes ?

La légion d'honneur pour les enseignants innovants

Pacte national pour la sécurité à Marseille

Internet et le savoir du monde

Mon nuage Google

Suite à un virus tenace, certains mots de cette lettre apparaissent en souligné ou double souligné bleu, sans aucune raison.

La solution de l'énigme de L'Écho paroissial

Dans le dernier numéro de [alerte] j'ai publié une énigme extraite de L'Écho paroissial de St Jean d'Arves en 1933.

L'un de vous me donne la solution, que je n'avais pas trouvée :

Suite à ton appel "au secours", je te livre "ma" réponse à ton énigme non résolue. Il me semble que le mot latin est Amen (homophone de la forme impérative  amène !). Cela me semble assez bien correspondre au contexte de "l'écho paroissial.

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Ce que parler veut dire

L'entraineur, à la fin du match de foot à Tbilissi le 6 sept 2013 : « Nous n'avons pas su trouver le chemin des buts, or dans un match de foot il faut marquer des buts ». Si si, il a dit ça. Quelle est la solution ? Mettre des panneaux indicateurs ? Munir les joueurs de GPS pour trouver le chemin des buts ?

Journal Le Monde daté du 12 9 13 : le gouvernement envisage de faire un geste sur les impôts locaux. Le journal veut sans doute dire : le gouvernement, après avoir étudié la question sous l'angle de la justice sociale, envisage de décider d'abaisser les impôts locaux pour certains ménages peu aisés. Faire un geste ! Vous êtes trop bon, monsieur le duc, merci monsieur le duc de ce beau geste.

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Faut arrêter, halte aux critiques systématiques du gouvernement de gauche

Le vote du budget est en préparation, et, comme cela est tout à fait normal, les journaux reprennent les divers ballons d'essai lancés par le gouvernement pour nourrir le débat. Le gouvernement pourrait baisser le taux de l'impôt sur les entreprises. Le gouvernement pourrait alourdir l'impôt sur les familles (suppression de certaines allocations aux parents d'élèves et d'étudiants, augmentation de certains taux de TVA). Aussitôt les gauchistes bien pensants, dont Mediapart, se révoltent : c'est une politique libérale de droite. Pas du tout. Essayez de comprendre le gouvernement : si l'on baisse l'impôt sur les entreprises, elles vont sans aucun doute aussitôt embaucher massivement, comme elles l'ont promis croix de bois croix de fer, et les familles seront donc largement gagnantes. D'ailleurs il faut cesser ce désamour entre la France et ses entreprises : la sécurité et l'économie ne sont ni de droite ni de gauche. La preuve, la droite aurait pu dire exactement la même chose. J'exagère, ce n'est pas vrai : la droite veut aussi réduire les charges des entreprises, mais ne toucherait jamais à la famille, étendard intouchable...

Qu'est-ce qu'il y a  ? J'ai encore fait une erreur de raisonnement ? Si l'on baisse les charges des entreprises elles n'embaucheront pas massivement mais augmenteront plutôt leurs profits ? Il y a une politique économique de droite et une de gauche ? Bon, je vois, y a quequ'chose qui cloche la d'dans, j'y retourne immédiatement.

Mediapart, Laurent Mauduit, 6 sept 2013 :

Impôts : la contre-révolution conservatrice de Moscovici

(Il faut être abonné pour accéder à l'article.)

Le ministre des finances cherche à amplifier la vaste politique de transferts de charges au détriment des ménages et à l'avantage des entreprises, engagée lors du « choc de compétitivité ». Prochaines victimes de cette politique fiscale injuste : les familles qui ont des enfants lycéens ou étudiants.[...] Tournant le dos à la grande réforme promise pendant la campagne présidentielle pour instiller un peu d’équité dans un système qui, au fil des ans, est devenu gravement inégalitaire et avantage surtout les hauts revenus, les ministres des finances et du budget, Pierre Moscovici et Bernard Cazeneuve, ont à l’évidence une stratégie cachée. Annonçant au compte-goutte leurs mesures nouvelles pour 2014, ils préparent, mais sans le dire publiquement, un immense transfert de charges à l’avantage des entreprises, y compris des plus grandes, et au détriment des contribuables, y compris les plus modestes. En somme, en lieu et place de la « révolution fiscale » promise par François Hollande, c’est une contre-réforme qui prend forme. […] Voilà ce qu’incarne aujourd’hui Pierre Moscovici, le ministre du Medef : une politique fiscale authentiquement conservatrice.

Bon, ne vous faites pas de souci. On sait bien que Mediapart exagère. D'ailleurs cette rubrique de Mediapart s'appelle « Parti pris », c'est tout dire :-) J'ai mis un smiley souriant, mais ce n'est pas drôle !

Moscovici ministre du Medef selon Mediapart, Valls incarnation des thèses de Sarkozy sur la sécurité selon moi. Mme Bricq a été ministre de l'écologie une semaine, avant d'être renvoyée pour avoir déplu à Total. Heureusement il reste Mme Taubira.

« Les majorités de gauche ont conduit au désastre chaque fois qu'elles ont voulu appliquer les politiques de leurs adversaires et pris leurs électeurs pour des idiots amnésiques. » Pierre Bourdieu, en 2002.

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Activités périscolaires

Lors de cette rentrée, un quart des élèves pourront, si leurs parents sont d'accord, bénéficier d'activités périscolaires mises en place par les communes avec des aides de l'État. Selon les communes, ces activités pourront être payantes.

J'ai du mal à m'en réjouir totalement. Ces activités font, au sens large, partie du cadre scolaire et sont subventionnées par l'État, mais la liberté des communes est fort peu encadrée. Dans un question réponse aux parents, le site du ministère dit « Des activités périscolaires seront proposées par les communes (notamment via le redéploiement des activités actuellement prévues le mercredi matin). Ces activités sportives, culturelles, artistiques contribueront à l’épanouissement des élèves et au développement de leur curiosité intellectuelle. » Je sais bien que des mécanismes de régulation sont prévus, mais s'imposeront-ils à toutes les communes ? Des communes élues « démocratiquement » sur des thèses racistes révisionnistes auront-elles une liberté de définition des contenus des activités périscolaires ? Je vois bien de telles communes organiser des ateliers sur la laïcité et le vivre ensemble (sans les musulmans), ou des activités d'histoire de France.

Extrait à nouveau du site du ministère  :

Un PEDT (projet éducatif territorial) est-il obligatoire pour organiser des activités périscolaires ? Non. Le projet de loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’École de la République ne rend pas obligatoire le PEDT pour organiser des activités périscolaires.

Les rôles respectifs des professeurs de l'éducation nationale et des animateurs seront-ils clairement définis ? Rappelons-nous que, en créant les écoles normales d'instituteurs, Jules Ferry avait décidé que les instituteurs seraient recrutés formés et payés par l'État, et pas par les communes comme c'était le cas jusqu'alors.

Comment les associations vont-elles recruter les animateurs, sur quelles compétences, et surtout quels engagements de formation les associations et les communes prendront-elles à l'égard des animateurs ? Tout le monde a à juste titre protesté contre la suppression par la droite de la formation professionnelle des enseignants, par quel miracle les animateurs seraient-ils spontanément compétents ?

Extrait d'un message de l'un de vous, que je considère comme un fin connaisseur des problèmes d'éducation :

Pour ce qui concerne les questions éducatives, je trouve que la réforme dite des rythmes scolaires s'accompagne d'un discours terriblement hypocrite. Je viens de passer devant une école maternelle parisienne où on propose comme ateliers après la classe "éveil corporel" "éveil au langage " pour les 2-3 ans. Dans ces conditions on peut se demander ce que font les instits pendant les heures de classe et si les animateurs ne font pas moins bien que les instits des activités qui relèvent du temps scolaire.

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École de sélection sociale : et la surcharge des programmes ?

Dans Le Monde du 7 septembre 2013, une double page sur «l'incroyable fourre tout des programmes scolaires », avec les spécialistes bien connus de cette question. A mon sens décevant, car les questions essentielles ne sont pas abordées.

Mon point de vue sur la question est beaucoup trop long pour une lettre [alerte]. Je dépose un texte « programmes scolaires » dans le nuage. Cliquer sur documents alertepuis simple clic sur l'icône programmes scolaires.

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La légion d'honneur pour les enseignants innovants

J'ai failli étouffer de rire en lisant cette nouvelle. Le ministre demande aux recteurs de proposer des enseignants innovants sur les listes d'accès dans l'ordre du mérite et dans l'ordre de la légion d'honneur. Après tout, cela part d'un bon sentiment : les enseignants innovants ont été au fil de l'histoire si peu reconnus, parfois critiqués que la nation reconnaissante peut leur rendre hommage, juste retour des choses. Mais tout de même... Beaucoup dont moi pensent avec le sociologue Antibi que l'un des maux de l'école est le souci permanent du classement, de la récompense et de la sanction, du tri, de l'élimination... Une médaille ! Pourquoi pas, si l'on décide en même temps de confier aux enseignants innovants des tâches d'animation pédagogiques, de les faire intervenir dans les écoles de formation d'enseignants, si l'on crée une prise en compte de leurs compétences dans les concours (par exemple le concours de recrutement d'IEN ou le capes interne), si l'on persuade avec persuasion (oui) les éditeurs d'intégrer ces enseignants dans les équipes de rédacteurs de manuels et qu'on les consulte avant diffusion des circulaires pédagogiques du ministère.

Je me demande tout de même si le signataire de cette circulaire ne devrait pas quitter le cabinet, pour avoir ridiculisé son ministre.

J'ai trouvé une solution qui résout tout : Elise Freinet au Panthéon. Ça, cela fera bouger l'école.

Pacte national pour la sécurité à Marseille

15 assassinats dans des « règlements de comptes » à Marseille depuis le début de l'année. Le ministre de l'intérieur décrète que la sécurité à Marseille doit faire l'objet d'un grand pacte d'union nationale et réunit tous les élus. C'est très malin, ou très grosse ficelle. Vous êtes responsable d'un truc, vous ne savez pas quoi faire, vous associez les autres, et du coup ils seront responsables aussi si ça ne marche pas. On le sait, pour Valls la sécurité n'est ni de droite ni de gauche. Il a raison : vu ce qu'il fait et les propos qu'il tient, il n'y a aucune différence entre lui et la droite sous Sarkozy.

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Internet et le savoir du monde

Dans son best-seller médiatique La petite poucette, le philosophe Michel Serre nous dit, p. 19 : « Que transmettre ? Le savoir ? Le voilà, partout sur la Toile, disponible, objectivé. Le transmettre à tous ? Désormais tout le savoir est accessible à tous . Comment le transmettre ? Voilà, c'est fait. Avec l'accès aux personnes par le téléphone cellulaire, avec l'accès en tous lieux par le GPS, l'accès au savoir est désormais ouvert. D'une certaine manière, il est toujours et partout déjà transmis. »

Étonnant, non ? Comment confondre accessibilité matérielle et accessibilité intellectuelle ? Avant internet, il y avait des bibliothèques d'école, des bibliothèques municipales, de comités d'entreprise, que sais-je encore. La culture et le savoir étaient-ils pour autant accessibles à tous ? Il y fallait l'école, la famille, des professeurs, des amis, des passeurs, du travail, de l'intérêt, de la curiosité. Il ne suffisait pas d'avoir le livre sous les yeux.

D'une certaine façon, l'accès au savoir et à la culture par internet est plus difficile que par les livres : un livre a un éditeur, qui a pris la responsabilité du contenu, il est choisi et vendu par un libraire, il est permanent dans le temps, jusqu'à une nouvelle édition elle-même datée. Sur internet, ce « grand bazar » on trouve tout et le contraire de tout, et un travail intellectuel sérieux est indispensable pour trier dans ce fatras et pouvoir travailler sur le contenu.

Et puis que trouve-t-on sur internet ? Compte tenu des développements du traitement des données personnelles, le risque est que, très bientôt, on n'y trouve que ce que l'on y a déjà trouvé. (Tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais déjà trouvé...) Les critères selon lesquels un site arrive en numéro 1 de Google sont déjà opaques. Il semble bien que, prochainement, si ce n'est déjà fait, en collectant tout ce qui traine sur vous sur la Toile, Google vous proposera d'abord ce qu'il sait vous intéresser. Voilà une ouverture sur le monde !! La philo pour les philosophes, les draps de couleur pour les ménagères de 50 ans, le foot pour les supporteurs...

Deux exemples : il m'arrive, je le confesse, d'acheter des livres sur Amazon. Je vois très bien que ce qui m'est proposé en complément de ma commande n'est pas une ouverture sur d'autres horizons, mais un décalque de ce que j'ai déjà acheté sur amazon, kindle et peut-être même (je ne suis pas sûr) des recherches que j'ai faites sur Google. C'est une ouverture de moi à moi.

Autre exemples : à la salle de sports, je trouve le temps long sur mon tapis roulant et regarde internet en marchant. Je tape le nom d'un chanteur que j'aime, il chante, le programme me propose d'autres noms, avec des styles voisins du premier choisi. Et puis, de choix en choix, je me retrouve à écouter des chanteurs que je ne connaissais pas du tout. Un peu comme dans une bibliothèque on est peut remarque le livre sur l'étagère d'à coté. Cette fonction là, j'aime.

L'internet mettrait toute la culture du monde à la portée de tous si ce qui est mis à la portée de tous n'était pas déjà trié par des algorithmes dont nous ignorons les principes, et si, comme pour toute connaissance, un travail d'analyse et compréhension n'était pas indispensable sur le texte ou le document obtenu. Contrairement à ce que semble parfois craindre Michel Serres, il y a encore du pain sur la planche pour les passeurs du savoir.

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Mon nuage Google

Vous pouvez accéder aux documents que j'ai déposés dans le nuage (cloud) Google tout simplement en cliquant sur documents alerte.

Mode d'emploi : en cliquant sur le lien vous obtenez une pré-visualisation des fichiers. Il suffit alors de faire un simple clic (simple clic) sur l'icône de pré-visualisation voulue pour que le fichier s'ouvre.

J'y dépose des textes, des images, sans autre critère de sélection que le fait que cela m'a intéressé et que je souhaite vous le faire partager. Vous pouvez piocher, flâner, zapper. Cliquez, vous ne risquez rien...

Quoi de nouveau dans le nuage ?

Un texte en cours de rédaction sur les programmes scolaires.

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Diffusion libre à condition de citer la source, [alerte] JM Bérard, et impérativement la date.

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jean-michel.berard orange.fr

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fin de la lettre du 2013 9 13/ 13 septembre 2013