[alerte] N° 47 - JM Bérard - 23 mars 2010


Sommaire du N° 47


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J'avais pensé consacrer ce numéro à la justice selon N. Sarkozy, en m'inspirant en particulier de l'article de Mme Delmas-Marty, professeur au collège de France

http://www.mediapart.fr/journal/france/080310/la-surete-de-l-etat-au-detriment-de-l-individu

Et puis, résultats des élections régionales oblige, la réforme de la justice ainsi que l'application de la taxe carbone seraient différées. Nous reviendrons donc sur la justice dans un prochain numéro.


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  1. Bribes
  2. Alerte : démocratie
  3. Citations et réactions de vous tous
  4. Les liens entre nous
    • Le blog de Jacques Fournier
  5. Bienvenue


1 Bribes

Le sport contribue à l'éducation de la jeunesse et stimule le goût de l'effort et d'une saine et chaleureuse émulation

A Paris, certains « supporters » du club de foot-ball sont devenus si violents que des batailles rangées ont systématiquement lieu à l'issue des matchs. Une personne est morte récemment dans l'un de ces affrontements. Désormais, certains matchs auront lieu sans public, et les « supporters » ne pourront plus assister aux matchs ayant lieu en province.

J'ai écrit supporters en italiques non seulement parce que c'est un terme anglais, mais surtout parce que la violence organisée est une étrange forme de soutien au sport. Ou alors elle fait partie du spectacle ?

Sur le Tour de France, les contrôles anti-dopage trop efficaces nuisaient aux profits des professionnels et au succès du spectacle. (Si les coureurs roulent trop lentement, le public ne vient plus.) La méthode d'organisation de ces contrôles a changé, pour être moins harcelante (!) à l'égard des coureurs. Ainsi, par exemple, les coureurs seront prévenus, une demi heure à l'avance, des contrôles d'urine pour déceler les produits dopants. Or on sait que, en prenant d'autres produits adéquats, on peut dissimuler les dopants dans l'urine pourvu que l'on dispose de un quart d'heure. Le prochain tour de France sera un tour sans dopage, du moins sans dopage détecté.

Le spectacle doit continuer. Je n'y connais rien, j'ai l'impression que le cyclisme professionnel remue tout de même moins d'argent que les sommes phénoménales engagées dans le foot. Je n'en suis pas sûr.

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Écologie

Les esprits « libres » prennent leurs distances vis à vis de « l'écologiquement correct » et vitupèrent contre les ayatollahs de l'écologie et les khmers verts. Il est vrai qu'existe un courant écologique radical dont il vaut mieux se méfier, proche de certaines idées d'extrême droite, où la nature est sacrée, plus encore que l'humain.

Mais il ne s'agit pas, à mon sens, de cela dans l'écologie politique qui commence à s'ancrer en France et dans le monde. Simplement une conscience de plus en plus aiguë du fait que l'on ne peut soutenir une croissance indéfinie dans un monde où, forcément, les ressources sont limitées, et que, à trop l'ignorer, on détruira les conditions d'existence de l'espèce humaine. On ne détruira pas la Terre, ni la vie en général : les rats, les araignées, les espèces les plus résistantes survivront. L'homme, lui, est trop fragile.

Cette prise de conscience se heurte à de vives résistances des milieux économiques et, par conséquent, d'une partie de la classe politique.

Si l'on touche aux actuelles façons de produire, on va nuire aux profits et créer du chômage. C'est peut-être vrai, du moins si l'on refuse de changer les modes de production et de consommation. Il s'agit alors de choisir entre mourir du chômage à court terme ou mourir plus tard après avoir détruit nos conditions de vie. De grands états industriels comme les USA et la Chine ont contribué à l'échec du sommet de Copenhague qui visait à réduire les émissions de carbone dans le monde.

En France, après avoir inauguré son mandat en suscitant les très bons accords écologiques de Grenelle, le président change de cap. Au salon de l'agriculture, il affirme aux agriculteurs que « l'écologie, ça commence à bien faire ». Tant pis pour les nappes phréatiques polluées par les engrais, peu importe que l'agriculture biologique offre des débouchés considérables. Il ne faut pas changer une méthode qui a fait preuve de son échec, cela mécontenterait certains milieux économiques.

Ce mardi 23 mars 2010, le gouvernement annonce l'abandon de la taxe carbone, qui avait pour but de réduire les émissions de CO2 et qui était pourtant présentée par le président comme une réforme historique « aussi importante que l'abolition de la peine de mort ». Cette taxe poserait trop de problèmes à l'industrie telle qu'elle est, même si certains démontrent que les industries produisant de façon écologiques des produits écologiques ont un avenir considérable. Ne pas changer les méthodes qui ont fait la preuve de leur échec, en attendant c'est toujours ça de pris. La secrétaire d'état à l'écologie, Chantal Jouanno, fait état publiquement de son désespoir (mot rarement employé en politique)et de son désaccord.

Pour une fois, l'Europe avait adopté une position claire et demandait l'interdiction mondiale de la commercialisation du thon rouge lors d'une conférence internationale . Les industriels de la pêche et les japonais amateurs de sushi ont, à Doha début mars 2010, refusé cette interdiction. C'est logique : il ne faut pas gêner les pêcheurs. Lorsqu'il n'y aura plus du tout de poisson, on verra bien.

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Vidéo-surveillance

On a déjà beaucoup parlé de la vidéo-surveillance, de son coût démesuré, de son efficacité totalement illusoire tant pour la prévention que pour la répression. '' Cela dit, on se rassure en se disant « si je n'ai rien à me reprocher...

Je ne suis pas sûr que les pompiers catalans venus en France faire un stage d'escalade soient de cet avis.

Rappel :

Premier épisode : coups de feu, un policier est tué, un suspect arrêté, plusieurs autres en fuite. Les premiers éléments de l'enquête orientent vers la piste du mouvement terroriste basque ETA.

Deuxième épisode: un commissaire de police en retraite repère dans un supermarché cinq hommes qui font leurs courses. Ces hommes ont été filmés par les caméras de vidéo surveillance. Des témoins "reconnaissent" sur le film les auteurs de l'agression, la police espagnole confirme. Les photos de ces personnes sont diffusées massivement à la télévision et dans la presse.

Alertés par leurs familles, ces hommes appellent aussitôt la police, "pour préserver leur sécurité". Ils n'étaient pour rien dans cette histoire.

Préserver leur sécurité ? Un policier avait été tué, le gouvernement faisait monter la sauce sécuritaire en vue des élections. Qui aurait trouvé anormal que, face à ces "suspects" dangereux, les policiers tirent au moindre geste et abattent l'un des hommes recherchés ? Les pompiers catalans l'ont échappé belle. Je n'ai rien à me reprocher, mais j'ai cependant tout à craindre de la vidéo surveillance...

Au passage admirons la clairvoyance du commissaire de police en retraite qui a alerté ses collègues : les prétendus membres du dangereux mouvement ETA faisaient leurs courses en public dans un supermarché, sous l'œil des caméras. Ils étaient sans doute en manque de gâteau basque. Pour égarer l'adversaire, ils parlaient catalan, et non pas basque. Mais le commissaire de police ne s'est pas laissé abuser par ce subterfuge grossier.

A force de cultiver l'idéologie sécuritaire et la méfiance, combien de faux suspects vont être ainsi soupçonnés, gardés à vue, abattus ?

Rappelons-nous que en 2005 à Londres Scotland Yard a abattu dans le métro, de sept balles dans la tête, un brésilien suspecté d'être un dangereux terroriste, et qui n'avait en fait absolument rien à voir avec tout cela. Son sac à dos avait paru suspect sur les images de vidéo-surveillance. La police a été condamnée, le brésilien est resté mort, les caméras de surveillance se multiplient en Angleterre.

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2 Alerte : démocratie

21 mars 2010; deuxième tour des élections régionales. Je me réjouis de la place incontournable prise par les listes de Europe Écologie, mais ma satisfaction n'est que très mesurée. Un taux important d'abstentions, marquant sans doute le fait que les citoyens estiment que la politique ne peut plus résoudre leurs problèmes. Une présence à un niveau élevé du Front National, que N. Sarkozy pensait avoir mis sur la touche. Une perte d'autorité personnelle du président, qui peut donner des tentations à des « hommes forts ». Montée du chômage, de la pauvreté, manipulation du racisme. Que les historiens me rassurent : sommes-nous en Allemagne en 1930 ?

Un article de Pierre Rosanvallon, dans Libération du 28 mars. « Imaginer et résister, pour un nouvel esprit de l'utopie »

De brefs extraits d'un article dont la concision et la cohérence empêchent tout résumé :

«... Résister à l'insécurité sociale galopante, au naufrage de l'éthos public, au court-termisme, à l'ivresse marchande, à la société du mépris, à la corruption des institutions. Résister à la « droitisation » du monde, en un mot. Certes, mais pas seulement. Il faut donc aussi imaginer. Sinon la résistance s'émousse et se mue en résignation crispée, en réaction intégriste ou en désenchantement dépressif. Les utopies classiques ont été des utopies du modèle, proposant des réorganisations du monde clés en main. A ces naïves utopies d'en haut il faut substituer des utopies d'en bas, fondées sur des expérimentations décentralisées et innovantes dans tous les domaines. La difficulté est que aujourd'hui l'évocation des problèmes à long terme n'entraine pas de changements suffisants des comportements. Le nouvel esprit de l'utopie, c'est de compter sur les possibilités de la démocratie et de faire fond sur ses difficultés.... Il faut, pour aimer la démocratie, la compliquer et s'attacher à lui donner consistance contre tout ce qui prétend la réduire à la légitimation électorale. »

Fin des extraits, se reporter à l'article pour retrouver la cohérence de l'auteur, fortement endommagée par mon hachage. Je peux vous l'envoyer sur demande. :-)

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3 Citations et réactions de vous tous

Déficit

Une analyse de l'une de vous : "la France connait actuellement un déficit budgétaire considérable, réduire ce déficit créera de grandes difficultés sociales, comme le montre la situation en Grèce. La droite a donc tout intérêt à laisser filer le déficit et à ne pas se battre vraiment pour gagner les présidentielles de 2012. Elle léguerait ainsi à la gauche une situation ingérable, la gauche devrait prendre les mesures impopulaires destinées à faire face au déficit, et ouvrirait à la droite un boulevard pour 2017." Surprenante analyse, mais cela fait réfléchir, non ?

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Les contre-pouvoirs menacés par le pouvoir

Message de l'une de vous :

« Ce message a pour but d'ajouter une "pierre" de plus à l'indignation légitime qui commence à voir le jour autour de nous, sur "l'entreprise de démolition" que constitue le staff qui nous gouverne actuellement :

Après la disparition de la Défenseure des enfants, c'est au tour de la Halde (Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité) d'être proche de se faire engloutir dans cette démolition. Or, si l'on en croit la presse qui livre des extraits du contenu de son rapport annuel, c'est, en 2009, pas moins de 10456 dossiers de réclamations que cet organisme a traités, soit une hausse de 21% par rapport au nombre traité en 2008 ; et; parmi ces dossiers, près de la moitié avaient trait au domaine professionnel ! De tels chiffres, prouvent à l'évidence, à quel point il était nécessaire et urgent de la la Haldemettre rapidement sous tutelle serrée ! Où allons-nous, en effet, si on peut tolérer qu'un organisme public défende de plus en plus de citoyens victimes de discriminations diverses et variées, ose bousculer et interpeler les entreprises, et, surtout, a l'insolence d'effectuer des rappels à l'ordre du gouvernement sur des décisions qu'il juge inégalitaires et/ou discriminatoires. '' Certes, pour sauver la face, tout comme la Défenseure des enfants, la Halde devrait être intégrée dans un grand "machin", le Défenseur des droits (qu'il reste à créer), où tout se retrouverait mélangé et bien noyé dans la masse...De quels moyens (et de quelle autonomie) ce nouveau Défenseur tout azimut disposerait-il ? Mystère. Ces opérations de passe passe, réalisées (pour la Défenseure des enfants) ou en préparation (La Halde), ont de quoi éveiller vivement notre inquiétude...'' »

Fin du message de l'une de vous.

Ajoutons que d'autres organismes de contrôle, comme la commission chargée d'enquêter sur les « bavures » policières, sont en passe de subir le même sort.

Dernière minute : le 23 mars, Mme Jeannette Bougrab sera nommée à la tête de la Halde. Sera-t-elle ou non placée sous l'autorité du Défenseur des droits, et donc avec des pouvoirs réduits, la dépêche ne le dit pas.

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4 Les liens entre nous

Le blog de Jacques Fournier

http://jacquesfournier.blog.lemonde.fr/

Le texte d'un entretien sur le service public accordé par J. Fournier à la Ligue de l'enseignement.

Un extrait :

« L’exemple de l’eau est un bon exemple. Elle répond à un besoin fondamental et c’est un bien public par excellence. Dans ce domaine comme dans d’autres, éducation, santé, énergie, transports, etc, il me paraît indispensable que l’activité économique soit organisée d’une manière différente de celle qui résulterait simplement du fonctionnement du marché capitaliste. l’organisation de la satisfaction des besoins incombe à la collectivité publique. Mais cela ne signifie pas nécessairement que la collectivité doive tout faire. la question fondamentale est de savoir qui décide de l’organisation à mettre en place et des règles à respecter. Le problème pour l’eau n’est pas de savoir si telle ou telle ville la gère elle-même en régie ou la confie à une société privée à travers une concession de service public. Je n’exclue pas systématiquement la participation d’opérateurs privés. Ce qui importe à mon sens, c’est qu’il y ait bien un pilotage, des règles du jeu, des obligations imposées, une égalité à assurer entre les bénéficiaires des prestations… »

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5 Bienvenue

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Fin de [alerte] N° 47