[alerte] - JM Bérard - 6 septembre 2018

Table des matières

Rentrée des classes

Irréversible

Appel de 200 personnes pour sauver la planète

Patrimoine : Bern soutient à juste titre les architectes des bâtiments de France

Téléphone

CGU de la lettre alerte, mise à jour du 19 aout 2018

Fin de la lettre du 6 septembre 2018

 


 

 

 

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Rentrée des classes

Dans la précédente lettre, j’ai dit mes hésitations à parler de la rentrée des classes vue par le ministre Blanquer.

J’aimerais beaucoup être philosophe pour pouvoir donner plus de champ à mes remarques. Il me semble que la conception du monde qu’a le président est très individualiste, les facteurs que l’on appelle sociaux et sociétaux y sont peu présents. En simplifiant (de façon un peu caricaturale, mais à peine) dans cette conception, en économie par exemple, le fait que nous soyons dans un système ultralibéral fondé uniquement sur le profit ne fait pas partie des analyses. C’est une analyse de gauche, le président n’est ni droite ni gauche ! Seule compte la mise en valeur de l’effort individuel, du travail en tant que valeur essentielle du « vivre ensemble » chacun pour soi. C’est la théorie du premier de cordée : le type le plus courageux, le plus dynamique, le plus travailleur va entrainer l’ensemble de la cordée de gaulois paresseux et réfractaires au changement. Il n’y a que très peu de prise en compte explicite du fonctionnement global de l’économie libérale fondée sur le profit et aucune prise en compte de la solidarité et de l’action collective, qui ont pourtant, au fil des siècles, été à mon avis sans conteste moteur de progrès social. Attention, je n’ai pas dit moteur de « changement ». Pour le changement, il n’y a pas besoin d’action collective, il suffit d’un être inspiré.

Il me semble que pour le ministre de l’éducation nationale ce sont les mêmes conceptions. De très nombreuses études, de très nombreuses statistiques montrent que l’un des facteurs absolument déterminant des difficultés des élèves à l’école, dès l’école maternelle est l’origine sociale des parents. Il faut certes se méfier des évidences, mais comment peut-on espérer qu’un enfant soit à égalité avec ses camarades si chez lui on ne parle pas français, s’il n’y a pas de livres, si l’on ne regarde que des émissions médiocres à la télé (médiocre ? Bon, d’accord, ce que je dis est peut-être élitiste : qu’est-ce qu’une émission médiocre ? Je suis sûr que, comme moi, vous appréciez Fort Boyard. Non ? Ah bon. Soyez sincères : vous l’enregistrez pour le regarder la nuit quand tout le monde dort chez vous.), sans même parler d’aller à des représentations de spectacle vivant (si, si il y a dans beaucoup de villes des séances pour les enfants) ? Pour le ministre, ce n’est jamais pris en compte dans les analyses. Il faut arrêter d’être complaisant. Ce qui compte c’est le travail, si les enfants travaillent ils n’auront pas de problème. Du coup, puisqu’il ne faut pas mentir aux enfants et aux parents, on multiplie les évaluations. Soyez réalistes, avec de tels résultats comment pouvez-vous même envisager que votre enfant ait au sortir de l’école autre chose qu’un CAP, et encore. Pour ma part, je suis très simpliste. Je ne vois pas du tout en quoi des évaluations très fréquentes où l’enfant sera toujours en échec l’aideront à progresser. Cela développera l’angoisse permanente des parents et des enfants constamment en concurrence, cela ancrera encore plus l’idée que le clivage social est « naturel », cela n’aidera pas à progresser. Ce n’est pas le but, dit implicitement Blanquer. Il faut tout de même que les enfants se rendent compte qu’ils ne sont pas au niveau. Ce n’est pas pour leur donner confiance, c’est pour les rendre réalistes et pour que les « pédagogistes » cessent de chercher des alibis dans l’origine sociale. S’ils travaillent, tous les élèves sont égaux, point. Au fil des ans la proportion d’étudiants issus de milieux aisés augmente dans les reçus à Normale Sup ou à Polytechnique. C’est normal. Les autres n’ont pas assez travaillé. De plus en plus d’instituteurs essaient de réfléchir à des façons de travailler mieux avec des élèves qui, par exemple, maitrisent mal la langue. Halte, dit Blanquer. Toutes ces réflexions sont du nivèlement par le bas. Si si, il dit ça. C’est pourquoi il combat énergiquement les réflexions des « pédagogistes ».

Blanquer est un ministre très populaire. L’idée que le clivage social est naturel et qu’il suffit d’être « exigeant » envers les élèves paresseux est tellement intégrée que la majorité y adhère, y compris ceux qui en sont victimes. Enfin un ministre sérieux qui lutte contre la paresse.

Irréversible

On parle beaucoup de catastrophes écologiques, en disant comment on pourrait les limiter si l’on fait des efforts, éteindre les veilleuses des appareils par exemple. Ça, c’est courageux. C’est la politique des petits pas : ne prendre aucune mesure qui pourrait nuire au profit des entreprises. J’ai peut-être mal compris, je crois que c’est ce qu’a dit le nouveau ministre de l’écologie. Depuis ce lundi 3 septembre 2018 le journal Le Monde décrit huit situations où les dégâts sont totalement irréversibles, huit situations de destruction totale. Du coup, c’est très simple, pour poursuivre efficacement la destruction de notre cadre de vie il suffit de développer ces exemples précurseurs.

Première description : la ville de Djerjinsk en Russie. Stupéfiant, 232 000 personnes y vivent. Résumé partiel : Dans cette ville on fabriquait les armes chimiques soviétiques : ypérite, lewisite, cyanure d’hydrogène, phosgène. Elle est devenue une bombe toxique. Le « lac », sans eau, probablement profond de la hauteur d’un immeuble de sept étages, est composé de déchets toxiques. Dans un coin un tuyau crache une eau couleur orange vif. C’est l’un des sites les plus contaminés de la Russie. La moitié des sites industriels sont encore en marche. Dans la « mer blanche », 54 hectares, ont été déversés 4 millions de m³ de chaux mélangée à des déchets chimiques dont on ignore la nature. Les conséquences de la pollution sur la population n’ont jamais été rendues publiques. Une partie de la population ignore l’existence des déchets, du trou noir et de la mer blanche. Deux femmes enceintes déclarent « Vous voyez bien, nous n’avons pas cinq doigts aux pieds. » Erreur de transcription du journaliste ? Ou alors elles n’en ont que trois, pas cinq ? Il y a bien sûr un grand nombre d’enfants handicapés. Mais les familles n’ont pas le droit d’en parler. L’avenir s’annonce bien, une action efficace va faire que de nombreuses entreprises vont s’installer. En lisant l’annonce de la série publiée par Le Monde, je pensais trouver des descriptions de destruction totale et irréversible. Quelle erreur. Vous voyez bien qu’on peut vivre en enfer et penser à l’avenir.

Prochain épisode : les enfants de Fukushima.

Appel de 200 personnes pour sauver la planète

En écho à la démission de Hulot.

Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité […] Au rythme actuel, dans quelques décennies il ne restera presque plus rien. […] Un gouvernement qui ne ferait pas de la lutte contre ce cataclysme sa priorité concrète ne serait plus crédible. […] De nombreux autres combats sont légitimes. Mais si celui-ci est perdu, aucun ne pourra plus être mené.

Ce texte est signé par 200 artistes, écrivains et scientifiques. Isabelle Adjani, Laure Adler, Pedro Almodovar, […] Jia Zhang-ke, Elsa Zylberstein.

Je ne comprends pas trop le titre « le plus grand défi de l’histoire de l’humanité ». Toujours la compétition. Ce n’est pas le plus grand, c’est le seul et peut-être le dernier.

À une époque il était de bon ton de dire « Bon, ils sont artistes, écrivains, scientifiques, mais quel droit se donnent-ils en intervenant ainsi ? Ils interviennent en dehors de leur compétence. » À la télé ce soir cela n’a pas manqué. Condescendance de l’intervenant, vous pensez vraiment que ces histrions réfléchissent. Je pense le contraire. Ils sont connus, ils ne sont pas idiots, je pense qu’ils ont travaillé et réfléchi, je suis content qu’ils utilisent leur notoriété pour dénoncer les périls. Lisez la liste, ce sont des personnes que je respecte beaucoup. Sans doute Isabelle Adjani connait-elle moins bien la question que Jouzel, mais je suis content qu’elle ait signé à ses côtés.

Robert Poujade, le premier qui ait été ministre de l’environnement disait que c’est le ministère de l’impossible. C’est évident et, avec tout le respect que j’ai pour Nicolas Hulot, son espoir de réconcilier l’écologie et l’économie est stupide. L’économie actuelle est fondée sur le profit immédiat, l’écologie sur la prise en compte respectueuse de l’avenir. Que peut-on réconcilier ? Les écologistes « réalistes », comme le nouveau ministre, pratiquent une politique de « petits pas », c’est-à-dire de tout petits compromis largement médiatisés. Chef, on peut fermer la centrale de Fessenheim, elle est vraiment très vieille ? Vous n’y pensez pas, cela va ruiner l’industrie nucléaire. Mais vous l’aviez promis lorsque vous étiez candidat. Bon d’accord, allez, on la ferme dans 60 ans. 20 ? Allez, vous avez gagné, 40. Merci chef. (Les quelques phrases qui précèdent sont fictives. Je ne crois pas que le président ait pris un engagement clair sur Fessenheim, même à l’horizon de 40 ans.).

Patrimoine : Bern soutient à juste titre les architectes des bâtiments de France

Je n’avais pas compris que le cri d’alarme lancé par Stéphane Bern n’était pas une simple façon de bénéficier de l’aura de la démission de Hulot. Le gouvernement se dit très préoccupé par la résorption de l’habitat indigne et prend donc des mesures dans la loi Elan. Où y a-t-il de l’habitat indigne ? Dans les vieux quartiers. Et où y a-t-il des éléments de patrimoine ancien ? Dans les vieux quartiers. Bon, faut pas rigoler. Si l’on se met à se préoccuper du patrimoine on ne va pas pouvoir détruire le vieux pour faire du neuf. Du coup, pour détruire et construire dans certaines zones patrimoniales protégées, on se passera de l’avis conforme des architectes des bâtiments de France. Sont concernées en particulier les zones de « visibilité » de 500 m de périmètre autour d’un monument historique. Avis conforme, en vigueur actuellement, veut dire que cet avis est impératif. Un avis simple ne sera qu’un avis.

Téléphone

L’une de vous l’a signalé, j’en ai parlé dans la lettre précédente. Orange et SFR proposaient jusqu’à maintenant un abonnement téléphonique « classique », on a un téléphone on le branche sur une prise murale et on téléphone. Cela sera progressivement supprimé, il faudra pour téléphoner, à terme, passer par une box internet. Les opérateurs se veulent rassurants : cette décision est pour eux un moyen de mieux gérer l’ensemble de fils de cuivre qui supportent les lignes téléphoniques. Ce n’est pas pour développer internet (ah bon), la preuve ils proposeront des box uniquement dédiées au téléphone. Bon. En tout cas, un inconvénient important : le téléphone « classique » est totalement indépendant du réseau électrique. Même si l’électricité est en panne chez vous, vous avez encore le téléphone. Ce ne sera plus le cas. Remarque bête : si l’on met tous ses œufs dans le même panier et que le panier tombe ils se cassent tous. Remarque problématique : JM B, avec vos comparaisons ménagères vous semblez prôner le gaspillage, il faut tout en double, le « classique » et le numérique. C’est vrai, et c’est un vrai problème. Bon, il y a quelque temps j’avais un abonnement téléphonique « classique » orange et un abonnement fibre. J’ai tout de même supprimé l’abonnement classique.

CGU de la lettre alerte, mise à jour du 19 aout 2018

Merci des critiques de ceux de vous qui seraient en désaccord avec tel ou tel point de ces CGU, je modifierai.

CGU signifie « Conditions générales d’utilisation. » Ce sont celles que vous n’avez pas l’habitude de lire lorsqu’on vous demande d’attester que vous les avez lues. Moi non plus d’ailleurs, mais j’ai tort, car les conséquences sont parfois désagréables. Les commerçants le savent bien. Ils savent que dans l’ensemble on va signer sans lire, et qu’il faudra attendre les réactions d’internautes plus vigilants ou d’associations pour nous faire prendre conscience.

Ces CGU du 19 aout 2018 sont valables à partir du 19 aout 2018 et jusqu’à nouvelle mise à jour.

Directeur de publication JM Bérard, diffusion JM Bérard Chris Boissin.

Inscription sur la liste de diffusion sur simple demande. On peut aussi se désinscrire, sans même avoir à remplir un long questionnaire pour donner les raisons du départ. Les adresses des destinataires n’apparaissent pas lors de l’envoi.

Tous les textes écrits par JM B dans la lettre sont libres de diffusion, à condition de préciser la source (Lettre alerte JM Bérard) et la date. La lettre elle-même est libre de diffusion, les droits pour les textes cités sont réputés avoir été respectés par JM B.

En application du RGPD ne sont (en principe !!! ) inscrits sur la liste de diffusion de la lettre que ceux qui ont exprimé par un acte explicite l’accord pour être inscrit.

Le fait de recevoir la lettre ne signifie pas qu’on soit en accord avec son contenu. En dehors des gestionnaires JM Bérard et C. Boissin nul ne connait les adresses des destinataires, qui ne sont communiquées ou vendues à quiconque.

Vous pouvez m’écrire à

jean-michel.berard@orange.fr

Ce qui est écrit dans cette lettre n’engage strictement que moi, sauf bien sûr s’il s’agit d’une citation.

Les remarques et réactions que vous m’envoyez concernant ce que j’écris sont précieuses, indispensables, car elles contribuent à la réflexion de tous.

Lorsque je publie l’une de vos réactions, je ne mentionne pas votre nom. La liste de diffusion comporte près de 300 abonnés, qui plus est la lettre est disponible sur internet et je pense que vous ne tenez pas forcément à ce que votre qualité de lecteur de [alerte] soit diffusée ainsi à tous les vents. Je peux selon ce que vous souhaitez citer votre prénom ou vos initiales, ou continuer à garder la mention « reçu de l’un de vous ».

Les messages que vous m’envoyez, s’ils concernent la lettre [alerte], sont réputés pouvoir être diffusés dans la lettre, un peu comme le courrier des lecteurs qui écrivent à un journal, mais sans que votre nom soit cité. Si en m’envoyant une réaction à propos de la lettre vous ne souhaitez pas du tout qu’elle soit publiée,
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Fin de la lettre du 6 septembre 2018